NE CULTIVONS PAS LES HAINES MÉMORIELLES RECUITES, MAIS N’OUBLIONS PAS QU’ENTRE SEPTEMBRE 1939 ET JUIN 1941, LES PREMIERS DES COLLABOS FURENT LES COMMUNISTES FRANÇAIS
Par Jean Sévillia.
Commentaire – Cet article est paru dans le Figaro magazine de la semaine du 9 juin dernier. Article particulièrement opportun au moment où systématiquement et sur un mode la plupart du temps ridicule toutes les composantes du camp national sont accusées de fascisme, collaboration, racisme, et autres références tout aussi hors le temps et hors de propos.
La vidéo a couru sur les réseaux sociaux le mois dernier. Il s’agit d’un film tourné à Moscou, en 1941, à l’occasion de la parade militaire du 1er mai. On y voit des invités d’honneur gagner leur place au premier rang, sur la place Rouge, puis une brochette de généraux soviétiques les saluer. Choc : ces invités d’honneur sont des officiers de la Wehrmacht. Le 23 août 1939, un pacte de non-agression avait été signé entre l’Allemagne et l’URSS, dont un protocole secret convenait du futur partage de la Pologne.
Le 1er septembre, le Reich avait attaqué le territoire polonais par l’ouest, les Russes quinze jours plus tard par l’est, et la malheureuse Pologne avait été partagée, pendant que la Seconde Guerre mondiale avait commencé. Le pacte germano-soviétique de 1939 est un des grands tabous de l’Histoire, un épisode sur lequel la gauche en Quartiers Libres général et les communistes en particulier n’aiment guère s’étendre.
Les historiens soviétiques présentaient l’affaire comme une ruse tactique de Staline qui aurait voulu s’accorder un répit pour préparer la défense de l’URSS tout en sachant qu’une attaque allemande était inévitable.
L’historien Jean-Jacques Marie, spécialiste de l’Union soviétique et du communisme, rouvre le dossier dans un livre qui bouscule les idées reçues. Il explique d’abord que c’est dès mars 1939 que commencent les tractations entre Hitler et Staline, dont l’opposition idéologique dissimule une complicité liée aux caractéristiques communes à leurs systèmes, deux dictatures totalitaires fondées sur la terreur.
Mais l’auteur montre que le maître du Kremlin avait plusieurs fers au feu, car il avait aussi envisagé une alliance avec les démocraties occidentales. Jean-Jacques Marie rappelle encore que Staline sera stupéfait par l’attaque allemande contre l’URSS, le 22 juin 1941, et que la désorganisation de l’armée soviétique aura offert un chapelet de victoires aux Allemands, avant l’échec de la Wehrmacht devant Moscou et Stalingrad en 1943. En 1944, les Soviétiques laisseront les Allemands écraser la révolte de Varsovie, ce qui leur évitera de le faire eux-mêmes car les insurgés étaient des patriotes anticommunistes qu’ils auraient dû réduire pour prendre le contrôle de la Pologne à la fin de la guerre : dernier acte de la collaboration Staline-Hitler. La Collaboration Staline-Hitler. ■
La Collaboration Staline-Hitler. 10 mars 1939-22 juin 1941. Août-septembre 1944, de Jean-Jacques Marie, Tallandier, 352 p., 22,90 €.
Publié le 10 juin 2023 – Actualisé la 23 août 2023
Comme Hannah Arendt l’a montré il y a une parenté étroite entre nazisme et communisme, ce qui faut rappeler constamment à la gauche ; leur rappeler aussi au moment où ils ressortent l’épouvantail du pétainisme, que c’est l’assemblée du front populaire qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain
Sans compter le fait que de nombreux français pensaient que le maréchal Pétain « roulait Hitler dans la farine ».