Par Aristide Ankou.
Une longue et remarquable publication, pessimiste et lucide, particulièrement bienvenue à la veille de la rentrée. Pour paraphraser ce qu’avait écrit l’auteur de cette étude, en publiant son précédent article (sur la Country Music) : C’est (encore) les vacances : vous avez donc du temps pour lire…
Une revue américaine m’a sollicité récemment pour expliquer à ses lecteurs ce qu’il en est de notre fameuse « Éducation nationale ».
Vaste programme, comme aurait dit le général, et d’autant plus ardu qu’il s’agit de tracer un état des lieux et de poser un diagnostic en quelques pages seulement. Mais enfin, n’écoutant que mon courage (ou ma témérité), j’ai essayé.
Et puisque la rentrée est à nos portes, je me suis dit qu’il n’y avait pas de raison que je ne vous fasse pas profiter de mon effort, enfin, de la version française dudit effort, puisque vous ne lirez certainement jamais la revue en question.
Le voici donc.
« La liberté est une chose fragile et elle n’est jamais à plus d’une génération de l’extinction ».
Cette célèbre citation de Ronald Reagan pourrait facilement être étendue à l’existence même d’une nation, car si on nait homme, on devient citoyen. Les citoyens sont le produit d’un art, cet art humain par excellence qu’est l’éducation, par lequel chaque génération cherche à transmettre à la suivante certaines connaissances, certaines opinions fondamentales et certaines mœurs, avec des résultats toujours incertains. Chaque génération est un recommencement.
Cette éducation est assurée par une multitude d’institutions et de structures, à commencer bien sûr par la famille. Mais, dans les nations modernes, pour toute une série de raisons, l’école a pris une place centrale. Et parmi les nations modernes, la France est peut-être celle qui a le plus investi dans son école. Investi dans tous les sens du terme : dans aucun autre pays occidental, à ma connaissance, l’école – ou, pour le dire plus précisément, le système éducatif mis en place et administré par les pouvoirs publics – n’occupe une telle place dans la conscience que la nation a d’elle-même.
En France, l’instauration de la République a coïncidé avec le développement de ce qui allait devenir notre actuelle Éducation nationale. En effet, la Troisième République (qui a débuté officiellement en 1875), le premier régime démocratique durable qu’ait connu la France après la révolution de 1789, a développé l’enseignement public précisément dans l’idée de faire de chaque petit Français un bon républicain, et de chaque petit républicain un bon Français. Depuis la fin du XIXe siècle, « l’école de la République » est au cœur de l’idée que la France se fait d’elle-même en tant que nation démocratique, moderne et laïque.
Le grand romancier Marcel Pagnol, dont le père était instituteur, à l’aube du XXe siècle, raconte dans ses Souvenirs comment « Les Ecoles normales primaires étaient à cette époque de véritables séminaires, mais l’étude de la théologie y était remplacée par des cours d’anticléricalisme. » La mission sacrée de ces « hussards », dont l’uniforme était noir comme ceux des prêtres, était de « lutter contre l’ignorance, glorifier la République, et garder le chapeau sur la tête au passage des processions. »
« Comme les prêtres, disait mon père, nous travaillons pour la vie future : mais nous, c’est pour celle des autres. »
Cette « école républicaine » était bien sûr loin d’être irréprochable, et Pagnol nous en rappelle discrètement les défauts avec ce sens du comique qui l’a rendu célèbre, mais on peut dire que, dans le meilleur des cas, cette école était aussi une grande et belle chose dont les Français dans leur ensemble ont fini par concevoir une légitime fierté, même ceux qui n’étaient pas particulièrement républicains.
L’école publique était à la fois le creuset où l’on forgeait les futurs citoyens en leur inculquant les principes de la République, et le temple du Savoir, où l’on initiait les élèves aux mystères de la Science et de la Beauté, ainsi qu’à la grandeur de la France. Ceux qui sortaient du lycée (une infime minorité de la population, bien sûr) possédaient une culture scientifique et humaine vaste et solide et, bien sûr, une parfaite maîtrise de la langue française. Ils étaient également habitués à un effort intellectuel intense. Pour citer une dernière fois Marcel Pagnol : « En somme, nous restions au lycée onze heures par jour, sauf le jeudi dont la matinée était remplie par une étude de quatre heures : c’était la semaine de soixante heures, qui pouvait encore être allongée par la demi-consigne du jeudi ou la consigne entière du dimanche. »
Mais tout cela appartient désormais à une époque révolue, qui semble parfois aussi lointaine que le Jurassique. En moins de deux générations, cette gloire de nos pères (pour reprendre le titre du plus célèbre roman de Pagnol) a été presque entièrement détruite.
Pendant un temps, les idéologues qui ont pris le contrôle du ministère de l’Éducation nationale ont tenté de nier la réalité, en prétendant que les alertes concernant l’effondrement du niveau scolaire des enfants français n’étaient que des mensonges malveillants. En réalité, le niveau montait : jamais les enfants de France n’avaient été aussi bien formés à tout ce qu’ils devaient savoir. (« Le niveau monte » est d’ailleurs le titre d’un livre célèbre publié en 1989 par deux sociologues, Christian Baudot et Roger Establet, qui entendaient réfuter le « discours décliniste » sur l’école. C’est aujourd’hui un objet de dérision quasi universel).
Mais peu à peu les preuves irréfutables se sont accumulées et aujourd’hui plus personne ne nie sérieusement qu’il y ait quelque chose de pourri au royaume de l’Éducation nationale.
La France n’a cessé de reculer dans les classements Pisa depuis 2000, passant des 15ème et 11ème aux 23ème et 25ème en lecture et en mathématiques : plus de 40% des élèves de Sixième ne maîtrisent ni la lecture, ni l’écriture, ni le calcul. Quant aux enseignants, le métier n’est à l’évidence plus attractif : les démissions se multiplient et le niveau de recrutement de certaines catégories d’enseignants est devenu dramatiquement bas, faute de candidats. Régulièrement, les rapports des jurys de concours montrent qu’il est possible de devenir enseignant avec des notes très inférieures à la moyenne, parfois 4 ou 5 sur 20.
Et tout enseignant de plus de cinquante ans pourra apporter des témoignages édifiants de cet échec scolaire. Il y a quelques années, un professeur de mathématiques d’une soixantaine d’années m’a dit avoir retrouvé par hasard les épreuves qu’il avait dû passer pour entrer en Sixième : il m’a assuré qu’aujourd’hui les étudiants de première année en mathématiques à l’université (auxquels il enseignait) seraient incapables de passer une telle épreuve.
Donnant moi-même des cours à l’université depuis près de vingt-cinq ans, j’ai pu constater de visu que les étudiants arrivent chaque année avec un peu moins de connaissances et un peu moins de capacité de travail que ceux de l’année précédente. Leur culture générale est inexistante, leur orthographe déplorable, leur syntaxe atroce et leur capacité à comprendre et à reproduire des raisonnements simples est des plus réduites. Sans parler de leur capacité de concentration. Ce n’est pas la bonne volonté, ni même la gentillesse qui leur fait défaut, mais les bases d’une éducation sérieuse n’ont jamais été posées et, lorsqu’ils arrivent devant moi, il est malheureusement bien trop tard pour y remédier, sauf exception.
Le désastre éducatif français n’est pas dû à un manque de moyens, puisque le budget s’élevait cette année à 60,2 milliards d’euros pour 12 millions d’élèves. Au total, la France consacre 5,2 % de son PIB à l’enseignement scolaire, ce qui est supérieur à la moyenne de l’OCDE (4,9 %).
Et malgré ces sommes considérables, le niveau de vie des enseignants n’a cessé de baisser, ce qui explique en grande partie la difficulté à les recruter : au début des années 1980, un enseignant débutant dans le secondaire gagnait environ 2,2 fois le SMIC, aujourd’hui ce même enseignant ne gagne plus que 1,3 fois le SMIC.
Que s’est-il passé ?
D’une manière générale, et forcément schématique, l’école française a été frappée de plein fouet par deux phénomènes qui se sont conjugués pour en faire la ruine qu’elle est aujourd’hui.
Le premier phénomène est ce que l’on pourrait appeler l’égalitarisme radical, qui, de l’égalité en droits naturels de tous les êtres humains, déduit faussement l’égalité de tous les êtres humains dans toutes les dimensions importantes de l’existence, et en particulier l’égalité d’intelligence.
En 1964 est paru un livre qui a fait date : « Les héritiers », de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron. La thèse des deux auteurs était que la réussite scolaire dépend en grande partie d’un « capital culturel » acquis au sein de la famille et que, par conséquent, l’école, loin de corriger les « inégalités sociales », aura tendance à les perpétuer : les fils de la « bourgeoisie » réussiront toujours mieux que les fils d’ouvriers parce que l’école valorise le type de « capital culturel » que possèdent les enfants de la bourgeoisie.
En soi, l’idée que la famille joue un rôle décisif dans la réussite scolaire est à la fois incontestable et triviale. Mais la thèse sous-jacente du livre de Bourdieu et Passeron était que ce « capital culturel » censé être détenu par la bourgeoisie n’a aucune valeur intrinsèque : il n’est pas lié à l’excellence intellectuelle et ne sert qu’à perpétuer les privilèges de la bourgeoisie en tenant les gens du peuple à l’écart. En d’autres termes, la notion de mérite académique est arbitraire et ce qui en tient lieu n’est qu’un instrument de domination d’une classe sociale sur une autre. C’est pourquoi Bourdieu et Passeron appellent ceux qui possèdent cette culture valorisée par l’école « les héritiers », sous-entendant qu’il s’agit en fait d’une sorte d’aristocratie héréditaire qui, comme celle de l’Ancien Régime, occupe les premières places sans avoir pris d’autre peine que celle de naître.
Un siècle et demi avant « Les héritiers », Tocqueville écrivait que « les peuples démocratiques (…) ont pour l’égalité une passion ardente, insatiable, éternelle, invincible : ils veulent l’égalité dans la liberté, et, s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage. Ils tolèreront la pauvreté, la servitude, la barbarie, mais ils ne tolèreront pas l’aristocratie ».
En assimilant les bons élèves à des aristocrates, Bourdieu et Passeron donnaient donc le baiser de la mort à la méritocratie scolaire. Bien sûr, même si leur livre a connu un succès retentissant, les auteurs des « Héritiers » ne peuvent être tenus pour seuls responsables de la révolution éducative qui s’en est suivie. Leur livre s’inscrivait dans un mouvement de fond en faveur d’un égalitarisme radical, perceptible dans toutes les démocraties modernes, mais en France il a puissamment contribué à accélérer ce mouvement de destruction de toutes les hiérarchies intellectuelles.
A partir des années 1970, le système éducatif français a commencé à dériver de plus en plus rapidement vers les rivages enchantés de la « réussite pour tous ». Et pour que tous puissent réussir à l’école, il n’y avait en fait qu’une seule solution : ne plus évaluer sérieusement les élèves et ne leur demander que ce que les intelligences les plus médiocres étaient capables de réaliser, tout en relâchant au maximum la discipline scolaire, afin de n’« exclure » aucun élève, même le moins disposé à apprendre.
En 1985, le ministre socialiste de l’Éducation nationale, Jean-Pierre Chevènement, a fixé à son administration l’objectif de conduire 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat (l’examen qui sanctionne la fin des études secondaires et permet l’entrée à l’université). En 1985, ce taux n’était encore que de 30 %. L’objectif de 80 % a été atteint au début des années 2010. Aujourd’hui, le taux de réussite au baccalauréat avoisine les 95 % aux épreuves écrites. Et ceux qui, malgré toute la bonne volonté des examinateurs, n’ont pas réussi à être admis aux épreuves écrites, sont presque tous « rattrapés » lors des épreuves orales.
Autrement dit, l’Éducation nationale est devenue depuis longtemps un vaste village Potemkine et les statistiques de réussite aux examens officiels sont l’équivalent des statistiques de production industrielle en URSS : une mesure de l’activité de la bureaucratie, destinée à impressionner les naïfs, et absolument pas une mesure de la quantité de biens réels produits, que ce bien s’appelle « éducation » ou « paire de chaussures ».
Certes, dans le marasme général, il existe encore quelques îlots plus ou moins préservés : des établissements où le travail est encore une activité plus ou moins satisfaisante pour les enseignants et d’où les élèves sortent, sinon plus cultivés et alertes, du moins pas plus ignorants ou stupides ; un peu comme, jusqu’à la fin, il y avait des endroits secs sur le Titanic. Mais les eaux glacées de l’égalitarisme radical montent inexorablement…
Ainsi, par exemple, le précédent ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, dont les propres enfants ont fréquenté l’un de ces îlots préservés – la très sélective École alsacienne de Paris – a employé le peu de temps qu’il a été en fonction à essayer de contraindre les écoles privées à accepter autant de « diversité sociale » que les écoles publiques, c’est-à-dire à ouvrir grand leurs portes aux élèves dépourvus de toute compétence et appétence scolaires, rendant ainsi universel le village Potemkine et réalisant l’égalité dans la barbarie dont parlait Tocqueville. Tocqueville ajoutait d’ailleurs, de manière prophétique : « S’il est des peuples qui se laissent arracher la lumière des mains, il en est d’autres qui l’étouffent eux-mêmes sous leurs pieds ».
L’autre phénomène qui a consommé la destruction de l’école française est l’immigration de masse, qui a commencé au début des années 1970.
Longtemps, comme pour la baisse du niveau de l’enseignement, la réalité a été niée, grâce notamment au refus des autorités françaises d’établir des statistiques dites « ethniques » ; jusqu’à ce que cette réalité devienne impossible à nier sans se couvrir de ridicule. En l’espace de deux générations, la France a connu le plus grand bouleversement démographique de son histoire, avec l’arrivée sur son territoire d’une masse énorme d’immigrés, notamment en provenance du continent africain. Aujourd’hui, dans certaines communes, notamment autour des grandes métropoles comme Paris, Lyon et Marseille, la substitution ethnique est presque totale : la proportion des 0-18 ans nés d’immigrés non européens dépasse les 50 % et parfois même les 75 %.
Cette substitution, qui touche toutes les parties du territoire, fait sentir ses effets dans tous les domaines de la vie publique et certains, de plus en plus nombreux, prophétisent qu’elle conduira soit à une guerre civile ouverte, soit à une situation comme celle du Liban ou de l’Afrique du Sud : une juxtaposition de communautés ethniques et religieuses indifférentes ou hostiles les unes aux autres, au lieu d’une nation une et indivisible.
Pour l’Éducation nationale, cette immigration massive se traduit par l’arrivée à l’école d’un nombre croissant d’enfants qui ne possèdent ni la langue, ni les mœurs, ni la culture françaises, et dont certains – notamment ceux issus des anciennes colonies du Maghreb – sont ouvertement hostiles à la France.
Il aurait fallu une volonté de fer et des convictions de granit pour maintenir les exigences de l’école face à ces nouveaux venus. Mais c’est précisément à cette époque, comme nous l’avons vu, que l’école française a commencé à douter de la légitimité de ses exigences et du bien-fondé de son mode de fonctionnement.
En conséquence, l’immigration de masse a accéléré la débâcle scolaire : pour éviter l’échec massif de tous ces enfants « issus de la diversité », il a fallu assouplir encore plus vite les exigences en matière de savoir et de discipline. De plus, la transmission de ce qui pouvait ressembler à une culture nationale, notamment à travers l’histoire et la littérature, s’est rapidement diluée dans un vaste gloubiboulga « inclusif », qui n’a certes pas rendu les écoliers plus savants en matière de cultures étrangères, mais qui les a rendus remarquablement ignorants de l’histoire et de la culture françaises.
« Venez comme vous êtes » (et repartez comme vous étiez) : le slogan de McDonald’s est devenu celui de l’école. Tel que vous êtes, c’est-à-dire avec vos identités ethniques et religieuses en bandoulière, votre smartphone à la main, et aujourd’hui votre « identité de genre » bien en évidence. L’école est devenue un lieu où apprendre à lire, écrire et compter est souvent la moindre des activités des écoliers, désormais trop occupés à apprendre le « développement durable » et à lutter contre les « préjugés raciaux » et les « stéréotypes de genre », entre autres activités essentielles.
Cet effondrement du système scolaire n’est pas propre à la France, et un Anglais ou un Américain, par exemple, y reconnaîtra certainement un phénomène familier. Mais en France, il est ressenti plus douloureusement qu’ailleurs et, par conséquent, il contribue plus qu’ailleurs au sentiment de déclin et au ressentiment à l’égard des gouvernements successifs qui ont produit ce déclin. Les Français ont longtemps été fiers de leur école, non sans raison, et ils l’ont été encore après que cette fierté ait cessé d’être justifiée. Mais aujourd’hui, cette fierté a été remplacée par le désarroi, la colère et le mépris de soi.
Et il n’y a aucun signe d’amélioration en vue. Le fait que les Français soient globalement très mécontents de leur système scolaire ne signifie pas qu’il y ait, dans le pays, la volonté nécessaire pour lui redonner au moins une partie de son lustre d’antan. Les forces de désintégration sont trop puissantes, et tout ce que l’on peut raisonnablement espérer aujourd’hui, c’est qu’il sera possible de préserver pendant un certain temps ces espaces de liberté dans lesquels s’éveillent et se forment, malgré tout, de jeunes esprits curieux et désireux d’apprendre. Mais même cela n’est pas assuré.
Personnellement, je suis heureux que mes enfants en aient fini avec l’Éducation nationale, car je soupçonne qu’en ce qui concerne le système éducatif, l’avenir sera pire que le présent. ■
Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur (28 août 2023).
La sobre clarté de l’exposition est bien la marque de M. Ankou. Je souhaiterais le lire sur un aspect laissé de côté ici : les médias (au sens large), riches et surpuissants, vulgaires, marchands, tentateurs, racoleurs, menteurs,… ne contribuent-ils pas chaque soir à défaire le fragile travail de l’école publique? L’État n’est-il pas une sorte de Pénélope, faisant et laissant défaire sans cesse ? Un État abandonné aux « prétendants », sans Ulysse ni Télémaque en vue.
AMOR FATI
J’ai toujours pensé qu’il fallait substituer aux objectifs égalitaristes (qui obligent à chercher une voie unique), une voie inverse qui pourrait se traduire par « la multiplication des voies d’élite ». Le compagnonnage montre que c’est possible pour les travaux manuels. Une voie littéraire (avec latin et grec) de haut niveau devrait être instituée. Bref, au lieu proposer la coquecigrue d’une voie unique égalitaire, où chacun aurait l’illusion de pouvoir devenir Président de la République ou milliardaire, il faudrait s’ingénier à mettre en place des voies de perfectionnement pour chaque état. Penser l’éducation comme voie unique aboutit à la compétition de tous avec tous. Certains sont socialement plus armés pour cette compétition : cela aboutit au découragement de beaucoup et, même ceux qui « réussissent » leurs études s’aperçoivent qu’ils sont comme l’écureuil enfermé dans sa roue qui descend au fur-et-à mesure qu’il en gravit les échelons. Cette tension permanente ne peut se résoudre que par une baisse généralisée du niveau. Au lieu de faire miroiter le mirage de l’ascenseur social, pourquoi ne pas chercher d’abord à permettre à chacun de perfectionner sa vocation propre dans l’état où la Providence l’a placé ? Les institutions sociales ne sont pas là pour changer la nature d’une société, mais servir la vocation de chacun et pour la rendre plus « vivable » à ses membres.
@Marc Vergier
Judicieux commentaire. Aristide Ankou est toujours excellent.
Oui , bien sûr, l’élément mentionné par Marc Vergier , c’est ce qui manquait à la bonne analyse d’ Aristide Ankou.
Je suis professeur d’histoire et géographie depuis 25 ans, en Lycée depuis 14 ans et je valide à 200% cette analyse
Je valide tout ce qui a été écrit, l’analyse d’ Aristide Ankou et les commentaires, à une réserve près, il s’agit d’être lucide, mais non pessimiste.
Deux remarques quand même :
-Oui l’école publique était belle du temps magnifique de Pagnol et Péguy, mais le ver état dans le fruit dès l’origine, et Pagnol plus lucide que Péguy là-dessus. Aucune école ne doit « être le chien de garde « d’un régime, sinon c’est une école totalitaire qui se démasque aujourd’hui avec le wokisme et tutti quanti . On ne ment pas aux enfants qui nous sont confiés, et on doit vérifier les mensonges dont on nous a abreuvé et l’histoire officielle enseignée était au moins un mensonge par omission, par sa prétention à juger, nous ôtant toute liberté d’’aller voir plus loin J’ai dû me battre dès l’âge de 8 ans pour rétablir l’équilibre en complétant par d’autres lectures, en écumant les bibliothèques ( je ne crois pas à une histoire définitive, elle est toujours remise en question, mais les faits sont sacrés) . Quand les Français lisaient encore ils pouvaient rectifier le tir. L’école publique a en outre longtemps vécu sur des valeurs qui la précédaient, notamment la capacité d’attention dont parle si bien Simone Weil et dont l’origine est tout sauf laïque que et obligatoire mais spirituelle, et des dévouements secrets de maitres , maintenant elle est nue devant leurs effacements.. Quand à l’attention il faut la récréer dans chaque cours, j’en fus témoin, pendant toute ma carrière.
Deuxième remarque d’actualité : Un grand monde s’esbaudit sur le Ministre de L’Éducation, Attal, qui interdit les abayas à l’école ; N’est ce-pas éponger la mer ? Ces élèves souffrent d’un manque d’identité, leur revendication comble un vide, cette béance que nous leur offrons dans une société consumériste jusqu’à l’os. . Bien sûr il faut réagir, mais comment, quand le Titanic est touché en plein cœur pour colmater les brèches sans au minimum redonner sens à la mission de l’école ? Comme le dit fort bien Michel Michel nous éveiller à notre vocation, à notre liberté, et à nos talents ,non nous laisser programmés « ad nauseam « . Le ministre devrait plutôt « lâcher le maillot » à l’école hors contrat, la considérer avec bienveillance, comme un aiguillon, non la contrôler âprement .
Conclusion :On n’ achète pas la liberté de nos enfants avec l’argent public, ni à l’école publique, ni à l’école vraiment libre, mais on la rend possible …
Dernier point inutile d’être pessimiste, aussi préoccupante que soit la situation tant que nous avons la volonté farouche de lutter et de transmettre dans et hors l’école à nos enfants, petits enfants, ( neveux et nièces c’est déjà plus difficile ! ) Si vous saviez combien ces enfants issus de la diversité ont soif de nous voir consistants , réagir, affirmant notre identité, et en reculant pas ; c’est aussi un service à leur donner. Tout recommence à chaque instant.. .