Par Olivier Perceval.
A force de parler à tort et à travers sans jamais dire la vérité, nos ministres n’ont plus recours qu’à la communication. Mais UFC Que Choisir* n’a pas été impressionné par le numéro de claquettes de Bercy.
Olivia Grégoire, la ministre déléguée au commerce, exulte et Bruno Le Maire le patron de Bercy, vous savez, celui qui annonçait l’écroulement de l’économie russe, se pavane devant les mesures anti-inflation prises par le gouvernement. D’après eux « en moyenne, depuis sept semaines, les prix des produits du Trimestre anti-inflation ont baissé de 13% », mais UFC-Que choisir a mis ses équipes sur le coup et tombe sur des résultats différents. En effet, dans son numéro de Que Choisir de septembre, Elsa Casalegno et Grégory Caret, vrais journalistes d’investigation (ils se font rares) constatent qu’en réalité, dans les cinq plus grosses enseignes participant à l’opération anti-inflation (Auchan, Carrefour, Casino, Inter Marché, Système U) les prix des paniers anti-inflation évoluent de -03% à +1,5%.Difficile de comprendre d’où vient le delta, d’autant que le détail de l’étude de la direction de la concurrence et des fraudes sur laquelle s’appuie le ministre est inaccessible.
Ces chiffres rendent Bruno Le Maire malade, et il crie à la cantonade, qu’UFC Que Choisir est malhonnête.
Le problème est que UFC QC ne s’est pas trompé : les spécialistes de la défense des consommateurs étayent leurs chiffres, comparent les paniers, et démontrent que s’il y a malhonnêteté, ce n’est pas chez eux.
Le vrai problème est que l’inflation reste soutenue. La focale de l’État sur les paniers, occulte une inflation à deux chiffres, depuis 2022, nous informe Que Choisir, sur l’ensemble des produits du quotidien (alimentation, hygiène, droguerie, beauté). Le record a été atteint en mai 2023, selon leurs calculs le rayon alimentation a encore grimpé de 19% sur un an pour ne citer que cet exemple.
Et qu’on arrête de nous servir le sempiternel couplet des causes incontournables : Covid, sécheresse et guerre en Ukraine. Si des flambées de prix ont été ponctuellement provoquées par ces causes, rien ne justifie la durée et surtout l’ampleur. C’est une manière de se dédouaner d’une inflation bien installée dans le temps. Les augmentations des produits alimentaires étaient justifiées par l’explosion des cours des matières premières sur les marchés mondiaux. Mais depuis mars 2023 elles ont diminué un peu partout mais pas pour les produits alimentaires. L’OFCE (Observatoire Français des Conjonctures Economiques) rappelle que « le poids de l’alimentaire dans le budget des ménages est d’autant plus élevé que le niveau de vie est bas »
Comme nous ne sommes pas complotistes, il faut citer la Banque centrale européenne ou l’OCDE qui sont d’accord pour dénoncer les marges des multinationales dans divers secteurs juteux comme l’énergie, les transports, les banques, négoce de matière premières agricoles, agroalimentaire, etc…Elles ont réalisé des bénéfices parfois colossaux depuis deux ans à l’instar de Coca-Cola, Unilever, l’Oréal ou encore Nestlé, Danone et Procter & Gamble.
J’ai beau chercher, il n’y a décidément rien dans cet État que nous puissions conserver. ■
* Que Choisir n°627 bis septembre 2023
OLIVIER PERCEVAL
Action française
Il y a lieu de rappeler que, il y a quelque chose comme une dizaine d’années, les experts financiers signalaient les avertissements de je ne sais plus exactement quelle espèce de «banque centrale européenne», laquelle indiquait que les prix ne pouvaient pas quasi stagner comme cela se passait et qu’il y avait nécessité urgente de reprendre une courbe inflationniste pour pouvoir maintenir le système fonctionnel… N’ayant aucune compétence en matière financière et/ou économique, je ne dispose pas de la bonne mémoire pour donner de bonnes précisions, mais je suis bien certain que d’autres, mieux armés en la matière que je ne le suis, sauront retrouver les propos d’alors et les placer dans les bonnes bouches qui les claironnaient à plus ou moins grands renforts de trompes.