Par Yves MOREL.
La logique des partis exige que les futurs probables vaincus s’allient. Le RN se sentant des ailes et LFI ayant choisi la contestation radicale, le Centre macronien va donc rassembler tous les valeureux antifascistes dans une union pour la majorité présidentielle qui rassurera les bourgeois. Mais leur permettra-t-elle d’exercer le pouvoir ?
Jamais, au moins depuis les débuts de la Ve République, l’avenir politique du pays n’a paru aussi incertain qu’aujourd’hui. La bipolarisation semblait être la règle d’or et le mode incontournable de fonctionnement de la vie politique, caractérisée par une opposition pérenne gauche/droite, chacune de ces deux tendances étant structurée autour d’un parti dominant (le parti socialiste pour l’une, une grande formation conservatrice, changeant de nom au gré des circonstances pour l’autre), et toutes deux alternant au pouvoir. Tel n’est plus le cas présentement, surtout depuis les législatives de juin 2022. Ces dernières ont engendré une véritable tripolarisation de la vie politique. Trois forces s’opposent mutuellement : la nébuleuse macronienne (Renaissance, Horizons, MODEM et quelques autres), actuellement au pouvoir, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (l’inénarrable NUPES), amalgame disparate de formations de gauche unies en 2022 dans un but purement électoral, et le Rassemblement national (RN).
Deux anciens partis dominants désormais privés de leurs clientèles respectives habituelles
Les Républicains (LR) peuvent-ils prétendre jouer un rôle de premier plan, et transformer cette tripolarisation en une nouvelle « bande des quatre » semblable à celle que dénonçaient, durant les années 1980, ceux qui ne se reconnaissaient dans aucun des grands partis d’alors : RPR, UDF, PS, PCF ? Ça ne semble pas du tout certain. En 2017, ils ont complètement manqué, tant à la présidentielle qu’aux législatives, l’occasion de succéder au pouvoir à des socialistes vomis par les électeurs (à tel point que le président sortant, Hollande, n’osa pas se représenter au suffrage populaire, par peur de l’humiliation d’un score ridicule), et se sont fait damer le pion par Macron et sa toute nouvelle République en marche (rebaptisée Renaissance en 2022) ; et, l’année dernière, ils ont vu leur candidate à l’Élysée essuyer un cuisant échec (arrivée en cinquième position, avec 4,78 % des voix), avant de perdre la moitié de leurs députés aux législatives suivantes. Ils semblent, comme le parti socialiste, avoir perdu leur raison d’être. La nébuleuse macronienne a absorbé à la fois les conservateurs libéraux, clientèle des Républicains et les nombreux éléments modérés du PS, héritiers des Fabius, Rocard, Jospin, Hollande, Valls et tutti quanti. Depuis 2017, tous ceux qui sont satisfaits ou ne sont pas trop mécontents du pouvoir votent Macron et Renaissance (ou Horizons ou MODEM) et non plus LR ou PS. Ces deux formations politiques se sont fait voler leurs électeurs par Macron et les siens. Et cela explique l’échec retentissant, humiliant, de leurs candidates respectives lors de la dernière présidentielle, Mesdames Pécresse et Hidalgo. Depuis le milieu des années 1980, le social-libéralisme des socialistes avait suscité un tel écœurement que les électeurs le rejetèrent massivement en 2017 et que, depuis, celui-ci n’est jamais parvenu à les reconquérir. Mais la tornade macronienne, la même année, a frustré les Républicains du bénéfice de la traditionnelle alternance gauche/droite qui semblait devoir leur être favorable. Et, depuis, ils n’ont pas su ni pu endosser le rôle d’une alternative à la politique du pouvoir macronien, d’avec lequel les électeurs ne voient pas la différence. Ils sont condamnés à un piétinement perpétuel devant les portes du pouvoir qui leur restent fermées. Et ils ne peuvent espérer reconquérir le pouvoir en 2027, d’autant plus qu’ils sont dépourvus d’alliés sur la scène politique actuelle.
Nous sommes donc en présence de deux partis en déshérence, privés de leurs clientèles électorales respectives, et donc dans l’impossibilité de revenir à la tête d’un pays qu’ils avaient gouverné à tour de rôle des décennies durant.
La situation périlleuse de la nébuleuse macronienne
La situation de la nébuleuse macronienne n’est pas plus enviable. L’actuel président de la République a institué de fait un régime personnel qui a, de fait également, remplacé la démocratie jacobine de la Ve République par une démocrature. Il a, au mépris du vœu de plus de 80 % de la population et de la représentation nationale à l’Assemblée nationale (dont les députés sont élus au suffrage universel direct) imposé une réforme drastique des retraites dont presque tous les économistes s’accordent à dire qu’elle ne sauvera pas le système actuel des pensions par répartition. Les Français sont sortis de la crise politique suscitée par cette réforme résignés mais amers. Et, même si le temps écoulé entre 2023 et 2027 atténuera quelque peu leur rancœur, il ne la dissipera pas suffisamment, on peut l’augurer, pour qu’ils ne fassent pas payer cher leur mécontentement et leur indignation au candidat qui prétendra (fût-ce de manière voilée et hypocrite) à la succession de l’actuel locataire de l’Élysée, et aux candidats de la nébuleuse macronienne aux législatives, qu’ils sollicitent un premier mandat ou leur réélection. Ces candidats risquent de se voir tirés comme des pipes dans une fête foraine, de tomber comme des mouches victimes d’un jet insecticide. Le prochain président de la République pourrait sortir des rangs de l’opposition actuelle (de la NUPES ou du Rassemblement national). Et, s’il appartient à la nomenklatura macronienne, il se retrouvera très probablement dans une situation épineuse. Les dernières législatives ont vu Macron perdre la majorité absolue dont son gouvernement disposait à l’Assemblée nationale. Les prochaines, dans quatre ans, pourraient priver un président issu du sérail macronien de toute majorité parlementaire, même relative.
La nécessaire union, à terme, des macroniens, de LR et du PS
Il est inutile de dire que les caciques de la macronie sont parfaitement conscients de ces risques, et qu’en bons politiciens qu’ils sont, ils songent, dès aujourd’hui, à éviter leur massacre. Simultanément, les notables du PS et des LR ont le souci de sortir d’une situation de disgrâce électorale qui les condamne à une opposition permanente et stérile et, dans le cas du PS, à une marginalité digne de celle que connaissent les groupuscules d’extrême gauche (NPA, LO et autres). Tous savent que la seule façon d’éviter un holocauste analogue à celui du PS aux législatives de 2017 et à la présidentielle de 2022 (pour Renaissance et autres formations macronistes) ou la confirmation de leur relégation dans une opposition interminable et impuissante (cas du PS et des LR) est de s’allier pour briser la vague des deux blocs d’opposition radicale au pouvoir actuel, à savoir le Rassemblement national (RN) et la NUPES (amputée du PS). Et tout les invite, voire les oblige, à une telle alliance.
Tout d’abord, la loi de la nécessité, répétons-le. S’ils ne s’unissent pas, les uns et les autres seront broyés par les deux blocs rivaux de la NUPES et du RN.
La raison politique, ensuite. Force est de reconnaître qu’il n’existe pas de motifs sérieux de désaccord, en matière de gouvernement du pays, entre la nébuleuse macronienne, les Républicains LR et le PS. Au pouvoir, les Républicains et les socialistes appliqueraient, à quelques inévitables nuances près, la même politique que Macron et ses proches, lesquels sortent tous des rangs du PS ou des LR, et ne font que poursuivre, avec beaucoup plus de détermination et de succès, la politique des Hollande et Valls ou des Juppé et Fillon. Les commentateurs ont beau nous rebattre les oreilles au sujet des différences existant entre les uns et les autres, il reste que celles-ci ne sont perceptibles que par les économistes, les journalistes et les politologues habitués à analyser les programmes et projets politiques et n’apparaissent pas à l’esprit des millions d’électeurs, lesquels ont, au contraire l’impression d’une similitude parfaite entre ces prétendus rivaux, et le sentiment justifié que voter pour les uns plutôt que pour les autres ne changera rien à leurs conditions d’existence (dont ils se plaignent le plus souvent). Les mécontents votent pour la NUPES (La France insoumise particulièrement) ou le RN, les électeurs satisfaits ou pas trop insatisfaits optent pour les macroniens. Or, ces derniers verront leur électorat s’amenuiser considérablement en 2027, cependant que le PS et LR (pépinières des macroniens, en 2017, ne l’oublions pas) ne retrouveront pas le leur. L’union des uns et des autres s’imposera donc. Évidemment, l’accord entre le PS, LR et la nébuleuse macronienne ne se fera pas en un jour. Il ne sera conclu qu’au terme d’un long chemin, difficile, tortueux, émaillé de désaccords ponctuels et de péripéties diverses. Mais la raison et l’instinct de survie l’emporteront, nécessité fera loi.
Les macroniens n’ont vraiment pas le choix : la conclusion d’alliances en dehors de leur nébuleuse, à gauche et à droite, leur est indispensable pour éviter leur immolation. Les Républicains, eux, savent qu’ils ne pourront revenir aux affaires sans une alliance avec un parti propre à leur servir de marchepied. Les socialistes, eux, en ont plus qu’assez de la NUPES qui les a sauvés du total anéantissement en 2022, mais les condamne à végéter dans une opposition permanente et les place, comme toute la gauche, sous la tutelle de fait de La France insoumise, dont ils réprouvent totalement le projet politique, sans pouvoir se faire entendre. Les dernières élections internes au PS, pour le renouvellement de l’équipe dirigeante, lors du congrès de Marseille (27-29 janvier dernier), ont vu s’affronter très durement Olivier Faure, premier secrétaire du parti, et son challenger, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, au sujet de la ligne du parti et de son maintien ou non au sein de la NUPES, le second se prononçant pour la rupture d’avec cette dernière et le retour à l’orientation sociale-libérale et européenne du PS, qui avait prévalu entre le milieu des années 1980 et les élections de 2017. Olivier Faure fut finalement réélu de justesse, mais doit, depuis, partager le pouvoir avec un Mayer-Rossignol, soutenu par des notables socialistes aussi importants que Carole Delga (qui a tenu récemment des propos incendiaires conte l’actuel chef du parti), Anne Hidalgo, Hélène Geoffroy, sans parler des vieux « éléphants » comme Stéphane Le Foll. Bernard Cazeneuve, lui, ancien Premier ministre, a quitté le PS depuis mai 2022. Et, lors de la législative partielle de la 1ère circonscription de l’Ariège, Martine Froger fut réélue, le 2 avril, grâce au soutien de la fédération de ce département contre la direction nationale du PS qui lui refusa son investiture. Le PS est au bord de l’explosion, et Faure le dirige de plus en plus difficilement. Il est probable qu’en fait la ligne hostile à la NUPES l’emportera, et que le PS, redevenant social-libéral, se verra alors obligé, étant donné sa faiblesse actuelle, de s’allier aux macroniens et, par voie de conséquence, aux Républicains LR, lesquels comptent parmi eux une tendance « sociale » affirmée, menée par Aurélien Pradié.
Encore une fois, ce tripartisme inédit macroniens-LR-PS ne se fera pas sans difficultés, loin de là. Mais il s’imposera aux dirigeants de chacun de ces trois groupes comme la seule manière d’éviter leur laminage par la NUPES et le RN en 2027.
Une entreprise risquée mais pouvant réussir
Il reste qu’il ne leur sera pas facile de convaincre les électeurs de voter pour eux, et donc pour le « système », honni aujourd’hui de l’immense majorité de la population. Les uns et les autres auront bien du mal à défendre leurs bilans respectifs. Ils peuvent cependant tabler sur la totale inexpérience et la dangereuse incompétence de leurs adversaires communs de la NUPES (LFI, écologistes, PCF) et du RN, et les risques de catastrophe que leur politique ferait courir au pays, tant au plan politique et diplomatique (conflits avec l’Union européenne, bouleversement des institutions) qu’économique et social, ce qui ne manquerait pas d’endetter et ruiner l’État, et donc les Français eux-mêmes, à commencer par les plus humbles, que les ennemis du système prétendent représenter et aider. Ils pourraient également jouer sur le réflexe « républicain » et appeler les Français à se ressaisir et à ne pas s’abandonner à la fange du populisme de gauche ou de droite, lequel aboutit censément à une dérive dictatoriale de type anarcho-communiste ou poujadiste (voire poujado-pétainiste).
Les limites de l’efficacité de ce front républicain inédit
En somme, nous verrions émerger une forme inédite de « front républicain », hostile à la fois à la NUPES et au RN, et appelant à la défense de la démocratie (républicaine elle aussi) contre une extrême gauche populacière, fanatique et irresponsable et une extrême droite incompétente et toujours ancrée dans un passé pétainiste et fasciste, qui fut la période des « heures les plus sombres de notre histoire », suivant la vieille rengaine bien connue.
Ainsi définie, l’alliance macroniens (ou post-macroniens)-LR-PS trouverait un certain crédit auprès des électeurs, et pourrait voir son candidat sortir vainqueur de la prochaine présidentielle. Il semble toutefois douteux qu’elle puisse donner à celui-ci une majorité à l’Assemblée nationale. Surtout, elle n’éviterait vraisemblablement pas le succès d’une motion de censure contre le ministère qui en ressortirait, la NUPES (ou ses successeurs) et le RN renonçant occasionnellement à leur excommunication réciproque habituelle et s’accordant tacitement sur un vote commun. ■
Yves Morel a publié La névrose française. Essai sur les causes de l’éternel malaise politique de notre nation, Dualpha,éd. 2022, et aussi La fatale perversion du système scolaire français, Via Romana, 2011.
Cet article semble avoir été écrit à l’usage d’une classe de Terminale tant il est simpliste et pompeux.
Et puis quelle rage puérile vis-à-vis du Rn à qui Morel reproche des accointances pétainistes et fascistes ! Et dont il craint que le succès crée des problèmes avec la « Communauté européenne » !!!
Comme si ce n’était pas la meilleure chose qui pouvait nous arriver !!!
Yves Morel analyse brillamment la tentative probable des partis politiques traditionnels, résidus du régime, de sauver leur place ou leur peau par des alliances de circonstances. C’est notre écume. Il oublie un peu de préciser les enjeux actuels : Le premier c’est que les Français sont plus que las de notre politique migratoire, qui est non pensée, et qu’ils demandent à aussi bien au gouvernement qu’à la justice de leur garantir leur sécurité- ce que chacun a eu à le subir dans sa propre famille- ce qui est quasiment nié sous des prétextes fallacieux, ensuite l’un ne va pas sans l’autre que la souveraineté de notre pays soit respectée et qu’il ne soit ni otage ni de l’Europe de Bruxelles, ni bien sûr de la puissance américaine, par exemple de sa volonté d’escalade dans le conflit ukrainien. Que ses entreprises ne soient pas désossées comme pour l’Alsthom ; l’EDF mise sous tutelle ;Bien sûr mettre fin- est-ce possible- à la déliquescence de l’ ’éducation nationale, otage de minorité idéologiques , illustrée par le dernier ministre, et enfin que les réformes sociétales drastiques poussés par des minorités ultra violentes , ne fassent pas perdre aux Français tout goût de vivre dans leur pays-leur destin ne serait-il que d’être euthanasiés de leur vivant moralement et physiquement ? . Ne parlons pas du de la politique sanitaire qui nous a mis en sidération.
Seul des petits partis ou des cercle de réflexions sont clairs la dessus : défendre les français touchés dans leurs libertés, des patriotes de Florian Philippot, ‘ » de debout la France » , avec tous les autres qui réfléchissent. Et bien sûr JSF . Quant au RN il a rassemblé, faute de mieux, les français blessés dans leur appartenance, même si Marine le Pen à force de vouloir se dédiaboliser, risque bien se rallier au mondialisme comme Meloni ?
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IL ne me parait donc pas judicieux , comme le fait Yves Morel de mettre dans le même sac le populisme d’extrême gauche avec le RN, c’est aussi reprendre jusqu’à plus soif des arguments biaisés de guerre civile dont nous ne voulons plus : ceux de la Nupès finalement, qui joue sans complexe ce jeu, en bonne héritière des fantasmes sanglants de la révolution française, qui ont su faire leur chemin !
Les enjeux sont simples, bien mis en lumière par HDC ici même : rassembler les Français « de bonne volonté » s’opposant à ces dérives mortelles pour notre pays, rentrer en résistance, la vraie- sans état d’âme malgré les dangers- et rassembler sur ce sursaut. . Nous royalistes nous savons bien que le régime par son ADN se décompose sous nos yeux , las notre pays– sommes nous aveugles ?- et qu’il ne peut trouver en lui la force de résister à sa pente fatale, mais devons- nous être simplement ses « harkis » pour le sauver. comme en ….. et reniés ensuite ? Nous ne voulons pas, grand dieu, imposer notre idéologie, ni nos ambitions, mais simplement patiemment renouer le fil, retrouver le chemin de nos libertés-de notre destin- celui donc d’un pouvoir incarné au service, non pas du simple intérêt général, mais d’un vrai Bien Commun.
La défiance d’Yves Morel envers le « régime des partis » – expression gaullienne s’il en est – me paraît légitime et même nécessaire. Ils ont cette capacité redoutable par quelques accointances plus ou moins sincères avec le sentiment populaire de susciter parmi nos concitoyens des illusions toujours déçues un jour ou l’autre. L’Histoire contemporaine l’enseigne surabondamment et je trouve qu’Yves Morel rappelle à bon droit qu’aucun parti ne fait exception à ce jour.
Qu’il le fasse avec raideur me semble aussi évident. Observons comment Mathieu Bock-Côté lui-même tombe dans le panneau droitier et conservateur d’un Sarkozy comme recours pour la France.!!!
Pour le RN qui passe son temps à hâter sa mise en conformité avec le Système, je nourris les mêmes réserves. Même si l’on peut espérer qu’il lui reste caché sous le tapis quelque chose d’un vieux fond anti-système aujourd’hui en sommeil. Ce n’est qu’en sortant de ce sommeil de mauvais aloi , en le dépassant qu’il pourrait retrouver le sens du vrai service de la France.
Mettons de côté la raideur mais tenons ferme notre critique du régime des partis. De tous les parties, évidemment, fût-ce avec des nuances et des degrés.
Les références historiques d’Yves Morel sont parfois hors saison car elles instrumentalisent l’histoire, ce que fait après tout Mélenchon et certain de ses séides. Alors qu’on doit la laisser aux historiens et à notre liberté, Quant au reste nous sommes bien d’accord , nous sommes dans l’impasse Maintenant raison de plus pour serrer les ranges et je suis sûr que bien des militants Nupes ont été écœurés par leur leader. On ne peut se rencontrer par personnes, qu’en élevant le niveau: le refus de ce qui inacceptable pour notre pays, et qui touche à son âme et à son corps, donc se délivrer des passions .
L’erreur initiale ne fut elle le remplacement du Septennat par le Quinquennat, proposée par Jacques Chirac, et votée par le peuple ?
On serait tenté de rappeler qu’ Alain Peyrefitte, dans le tome 1 , page 447 note l’exclusion par le Président De Gaulle du quinquennat .
Entendu , dans une ancienne émission TV que Michel Debré, le père de la constitution de la Ve avait initialement pensé à une durée de 10 ans , obtenue par calcul de la moyenne de durée des règnes successifs de la Monarchie.
Je persiste à penser que cet article de Morel est d’une banalité consternante et qu’il paraît s’adresser à des adolescents en faisant mine de jouer dans la cour des vrais journalistes politiques.
J’approuve pour ma part des deux mains là dédiabolisation du RN.
Faut tout de même savoir si Zemmour, Philipot, Dupont-Aignan ou, pourquoi pas? « L’Alliance royale » (je ne sais plus comment s’appelle le fondu qui avait lancé ça) ont une chance d’être au second tour ….
Ah ! Oui. Le second tour !
L.e «fondu» tient ferme intellectuellement ; il s’appelle toujours Yves-Marie Adeline. Marion Maréchal a fait à lui (entre autres) pour enseigner dans son institut.
Certes, L’Alliance royale a raté son coup ; mais il faut tenir compte de ce que, à l’origine, L’Alliance royale avait misé sur la proportionnelle complète qui régissait les élections européennes, et c’est dans cette perspective qu’elle avait été fondée. L’erreur a été de ne pas renoncer, dès lors, que le système a été modifié…
Je partage l’erreur, puisque je faisais parti de l’aventure et que, lorsqu’il s’est agi de nous prononcer sur l’interruption ou la poursuite, je me suis pronocné pour la poursuite… Décision qui tenait essentiellement à ce que nous avions travaillé ensemble durant quelque temps et que nous ne nous imaginions disparaître. Réaction sentimentale, sans aucun doute, qui n’excuse rien, mais ne fait pas pour autant de nous des «fondus»…
Pour dire vrai, quant à moi, «fondu», je le suis bel et bien Mais je pense que, politiquement et à la lumière de ce que le monde moderne est, tout royaliste sincère l’est effectivement. Logique que Pierre Builly porte donc ce jugement, mais il ne doit pas oublier de se tremper lui-même dans le bain de forge.
Reste que l’aventure de l’Alliance royale était une belle erreur, d’autant plus surprenante qu’Adeline avait mis en garde contre la stratégie des partis dans l’excellent « La droite piégée ».
Je ne parviens pas à comprendre quel aurait été l’intérêt d’obtenir un élu au Parlement européen. Si ce n’est avoir un peu de sous pour le parti. Ce qui n’est pas négligeable, mais demeure très limité.
Une autre question est celle de « l’entrisme » dans les partis sérieux. Question je n’ai pas de religion bien faite. Les trotskistes ont pu imprimer leur marque sur le PS il y a quelques années… Justin, Cambadélis, Dray… mais après ?
Que pourrions-nous faire ?
Que de fautes de frappe de ma part !
Évidemment il faut lire que l’entrisme est une question sur quoi « je n’ai pas de religion bien faite » et qu’il ne s’agit pas de « Justin » mais de Jospin…
Honte sur moi !
Sur le fond : que penser d’une stratégie électorale qui présenterait aux suffrages un parti royaliste ? Nous n’y sommes pas opposés par principe mais par expérience.
Notre objectif c’est un changement de Régime. Or l’Histoire montre qu’aucune Assemblée parlementaire n’a jamais été à la source d’un tel événement. Même après 1870 où l’assemblée était massivement monarchiste. Et Napoléon III, même en position de Président de la République a dû se résoudre au coup d’Etat pour devenir Empereur.
Le suffrage universel est conservateur, l’électeur moyen craint tout vrai changement. On vote pour défendre ses intérêts immédiats ou ses passions… Les seuls partis qui « marchent » sont ceux qui cultivent ces ressorts très primaires sous l’emballage de grands principes ambigus et creux (cf. la théorie des « résidus » et « dérivations » de Pareto).
Or, le royalisme, surtout après deux siècles d’interruption, n’est pas une passion mais un raisonnement élaboré de droit constitutionnel. Même chez nos militants nous le savons, les motivations qui les mobilisent relèvent plus de motivations « métapolitiques » que politiques. C’est pour cela que la fonction de l’Action Française comme école de pensée est indispensable : il s’agit de transformer des passions patriotiques, contrerévolutionnaires, des désirs de libertés, des humiliations historiques, des rejets esthétiques des laideurs modernes, etc., en « nationalisme intégral », c’est-à-dire en royalisme politique. Puis à un second niveau de transformer une partie de ces « royalistes politiques » qui en auraient la vocation en « royalistes de conspiration ».
Pour autant nous ne nous désintéressons pas des élections ; c’est la posture narcissique de certains « émigrés de l’intérieur » qui ne veulent pas se « salir les mains » (c’est pourquoi ils n’ont pas de mains dirait Péguy) . Nous ne devons pas nous priver du micro-pouvoir que le Système nous accorde, même s’il est le plus souvent dérisoire et au mieux permet de choisir le moindre mal.
« Par tous les moyens, même légaux ». Nous ne refusons pas à priori le dispositif électoral classique. Nous savons qu’on ne peux en tirer que ce qu’il peut donner ; s’opposer à un changement (comme ce fut le cas pour la Communauté Européenne de Défense dans les années 50, ou au référendum de 2005 sur le Traité de constitution européenne. En revanche une majorité parlementaire n’initiera jamais un changement de Régime ; tout-au-plus peut elle l’accompagner en cas de défaite massive comme en 1870, 1940 ou devant la menace des parachutistes en 1958. Mais dans ces cas là, la couleur idéologique des parlementaires est de peu d’importance.
Renforcer un parti de « passion patriotique », ou comme les trotskyste lambertistes faire de l’entrisme dans la nébuleuse d’un « parti de gouvernement » ? Pourquoi pas ? Mais sans illusion. Cela se négocie en dehors de tout « patriotisme de parti ». Et cela se négocie avec un appareil qu’il s’agit, au delà de l’Ecole de pensée, de construire.