Nous poursuivons ici notre survol barrésien des dimanches de cette année 2023, avec, pour le mois de septembre, l’annonce de la réédition de son roman Au service de l’Allemagne, premier tome de la trilogie « Les bastions de l’est ».
Le dimanche 23 septembre 1928 fut organisée une cérémonie en l’honneur de Maurice Barrès dans son bastion de l’Est, à Sion-Vaudémont, en Lorraine.
Charles Maurras n’avait pas pu s’y rendre, à cause d’un « absurde accident » – selon ses propres mots -, mais il tint à adresser une lettre au maréchal Lyautey, « fondateur de notre empire marocain » qui faisait partie des personnalités invitées à tenir discours d’hommage à cet immense écrivain que fut Barrès.
Maurras reproduisit ladite lettre dans L’Action Française.
Lettre de Charles Maurras au maréchal Lyautey
17 septembre 1928.
Martigues, chemin de Paradis.
Monsieur le Maréchal,
Les suites d’un absurde accident ne me permettent pas, à mon très grand regret, de me rendre à l’invitation que vous me faites l’honneur de m’adresser, mais je tiens à vous dire que je serai uni, de cœur et d’esprit, à cette commémoration d’un grand Français par un grand Français : il convenait que le fondateur de notre empire marocain présidât cet hommage au restaurateur de l’esprit national dans la métropole. Ces deux grandes œuvres se vérifient l’une par l’autre. Barrés avait rétabli les titres du beau sang français à la vie, à l’honneur, en montrant qu’il n’avait ni faibli ni démérité, et votre action a fait paraître, Monsieur le Maréchal, de quelles vastes entreprises il était encore capable !
Le noble rendez-vous donné aux fiertés et aux fidélités sur la roche historique de Sion-Vaudémont va certainement obliger les consciences françaises à méditer l’action de Maurice Barrés. On en fera l’histoire. On en rappellera les débuts modestes, véritables prédications dans le désert, puis l’efficacité naissante, les rapides progrès et, finalement, la haute, participation aux héroïsmes de la guerre et aux tangibles résultats de la victoire. Bien que la Loi n’ait pas inscrit son nom parmi ceux qui ont bien mérité de la patrie, l’histoire véridique, en rectifiant cet oubli, rendra les grâces dues à ce grand homme d’action intellectuelle et politique pour ce que sa philosophie nationale et sa poésie universelle surent ajouter au tonus du monde gouvernemental et au moral des armées combattantes.
Monsieur le Maréchal, en un jour de triomphe où l’on ne veut songer qu’à l’immortalité du héros, il y a peut-être une sorte d’indécence à prolonger le deuil et à répéter, comme au lendemain du malheur : « Quelle catastrophe ! » Mais, si les Français vivants étaient jamais capables de s’habituer à la perte de Maurice Barrès, la France, la France éternelle, ne pourrait pas s’en consoler : les coups qu’elle a reçus, les diminutions qu’elle a subies depuis celte éclipse, les cruelles menaces qui se lèvent sur le ciel français et lorrain permettent aux esprits clairvoyants de concevoir, avec beaucoup de netteté, la différence entre l’époque où la haute influence barrésienne put s’exercer et les temps d’où elle a si brutalement, disparu !
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Maréchal, l’hommage de l’admiration d’un Français fidèle.
Charles Maurras.
Nombre de pages : 152.
Prix (frais de port inclus) : 21 €.
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