Par Front Populaire, La Rédaction.
Commentaire – Nous n’ajouterons pas de commentaire à cet article dont nous partageons en gros les analyses. Il est paru avant-hier 18 septembre dans Front Populaire. On pourrait faire remarquer que les différentes sortes de démocratie, toujours plus ou moins formelles, plus ou moins illusoires, plus ou moins confisquées par des forces qui ont peu à voir avec la volonté populaire – celles de l’argent, notamment – ne sont pas sans risques quand elles ne se combinent pas avec avec quelque ‘élément de transcendance aux jeux partisans, d’unité, de permanence et d’impartialité, que sont, par exemple, les institutions monarchiques de nombre d’États européens. En l’occurrence, la rédaction de Front populaire nous semblent avoir correctement décrypté, par ailleurs, le piège antinational tendu aux États par la technocratie bruxelloise par le biais d’une prétendue participation citoyenne directe avec elle-même enjambant les nations. Ce doit être le Niet le plus radical et le plus puissant possible !
ARTICLE. Le Parlement européen a voté un rapport appelant l’UE à se doter d’outils visant à donner davantage de poids aux citoyens dans les institutions européennes. Une nouvelle manœuvre des faussaires de la démocratie ?
Décidément, aucun oxymore n’effraie les européistes. Ce jeudi 14 septembre, les parlementaires européens ont adopté à 316 voix contre 137 (et 47 abstentions) un rapport censé appeler l’Union européenne (UE) à se doter d’outils participatifs afin de donner plus de poids aux « citoyens européens » pour influencer son processus décisionnel. Derrière cet aveu implicite du caractère peu démocratique des institutions européennes, le rapport dresse une liste à la Prévert des « machins » censés remédier à cette lacune.
À commencer par la création d’une Agora européenne, que le rapport définit comme un « mécanisme de participation structuré » composé de citoyens qui délibéreraient chaque année sur les priorités de l’Union, et nourriraient ainsi le plan de travail de la Commission. Les deux rapporteurs, un eurodéputé Renew roumain (Alin Mituța) et un écolo allemand (Niklas Nienass), préconisent aussi un recours accru aux panels de citoyens européens tirés au sort : un mécanisme expérimenté par la Commission en début d’année dans le prolongement de la Conférence sur l’avenir de l’Europe (CoFoE) — un autre « machin » mis en place pour développer la participation démocratique à l’échelle européenne, mais qui n’a intéressé personne.
Les « experts » du rapport préconisent de rendre ces « panels de citoyens européens » plus « inclusifs », notamment en y associant davantage les jeunes générations. Ils auraient tort de se priver d’un public biberonné à la propagande européenne depuis le berceau. Mais — on n’est jamais trop prudents — le rapport préconise aussi la mise en place de « consultations citoyennes paneuropéennes » en ligne pour améliorer la connaissance du fonctionnement de l’UE par les citoyens et évaluer le degré de confiance de ces derniers envers le processus décisionnel des institutions européennes. La démocratie au forceps.
Du Macron à l’échelle européenne
Mais ce n’est pas tout. Le rapport suggère également la mise en place de référendums à l’échelle de l’UE sur les politiques majeures. « L’idée n’est pas d’échanger la démocratie représentative, […] mais de l’améliorer en l’adaptant à l’évolution rapide de la société, en donnant aux citoyens la possibilité de donner leurs idées », explique le co-rapporteur Niklas Nienass. Objection de son collègue portuguais Paulo Rangel (socdem) : « Lorsque nous parlons de référendums, d’agoras permanentes, nous risquons de passer d’une démocratie représentative à une démocratie directe ». Or, ajoute ce dernier, « l’histoire nous a toujours appris que le premier pas vers la dictature est la démocratie directe ». Rassurez-vous : Paulo Rangel n’est pas historien.
Faut-il néanmoins saluer cette volonté affichée d’impliquer davantage les Européens dans le processus de décision des institutions européennes ? De prime abord, il pourrait en effet paraître contradictoire de reprocher le caractère anti-démocratique de l’UE et « en même temps » critiquer l’adoption de ce rapport — qui n’a, pour l’instant, aucune valeur législative. Mais Emmanuel Macron l’a suffisamment démontré : les soi-disant outils mis en place tels que la Convention citoyenne pour le climat n’ont en rien résolu la crise démocratique et les Français attendent toujours une consultation référendaire. Faire du Macron à l’échelle européenne, à quoi bon ?
D’autre part, il ne fait aucun doute que cette initiative ressemble surtout à une volonté d’affaiblir les processus démocratiques nationaux en tentant de donner un semblant de substance supplémentaire au concept abstrait de « citoyen européen » institué par le traité de Maastricht en 1992. Et cela en pariant sur la stratégie du fait accompli. Mais les prophéties autoréalisatrices ne marchent que rarement dans le monde réel. ■
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