PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
COMMENTAIRE – Cet article est paru dans Le Figaro de ce samedi matin 14 octobre. Nous n’y trouvons rien d’important qui doive être discuté. Tout au contraire. Ce qui est en revanche hautement critiquable ce sont les politiques migratoires menées dans l’inconscience coupable par le Pouvoir, le grand patronat français pour d’assez sordides raisons d’intérêt, par les idéologies dites antiracistes portées par la gauche et finalement adoptées par la Droite et par tout ce que Jean-Marie Le Pen, en son temps, nommait l’Établissement. A quoi se superpose l’immigrationnisme des organisations internationales libre-échangistes et mondialistes au premier rang desquelles l’ONU et la prétendue Union Européenne, celle de Bruxelles. Ce qui est également coupable, c’est la politique de l’Église de France et du Vatican lui-même prêchée urbi et orbi au nom d’une charité mal ordonnée, empiètement dans l’ordre politique dont l’influence négative s’est parfois exercée jusque dans nos propres cercles, feignant de croire et de dire comme les médias « mainstream » que la question migratoire – l’immigration massive s’entend, illégale ou non – n’est pas la première ni la plus importante préoccupation des Français soucieux à la fois de leur sécurité personnelle, familiale, professionnelle et du destin existentiel du Pays. Tout ce beau monde aux relents archaïques démochrétiens s’est trompé, par erreur, lâcheté intellectuelle ou calcul. Mathieu Bock-Côté a ici le courage d’écrire que dans l’ordre de l’Histoire – et non des ou d’un parti(s) – la France est appelée à « une forme de Reconquista ». Nous le disons depuis bien longtemps. Et voici justement la France d’aujourd’hui au pied du mur, y compris sa population d’origine étrangère qui aime et respecte la France. Lorsqu’il parle d’une nécessaire « reconquista » française, qu’il faut entendre au sens large, pas seulement « territorial », Mathieu Bock-Côté a raison. Il se place dans l’hypothèse qui doit être – au moins méthodologiquement – la nôtre d’une France qui ne veut pas mourir.
CHRONIQUE – L’attaque de vendredi dans un lycée d’Arras montre de nouveau que l’islam radical est omniprésent en France. Désormais, une question se pose : que faisait sur le territoire le terroriste présumé, un Tchétchène fiché S ?
« À l’échelle de l’histoire, la France est appelée à une forme de « Reconquista ». Je sais le terme chargé, mais pour peu qu’on le décharge de toute signification partisane, c’est celui qui convient. »
Depuis une semaine, ils étaient nombreux à répéter, à la manière d’une prière réclamant la clémence des dieux, que les événements du Proche-Orient ne se répercutent pas en France. Mais c’était, ils le savaient aussi au fond d’eux-mêmes, une prière vaine. Car l’islam radical, celui qui a frappé Israël samedi dernier, est installé en France depuis longtemps, et l’a souvent frappé, et seuls les sots pouvaient s’imaginer qu’ils ne frapperaient plus jamais. L’appel lancé par Khaled Mechaal, l’ancien chef du Hamas, qui exigeait des musulmans du monde entier qu’ils fassent connaître leur colère, a été entendu, et le sera encore pour un bon moment, car on trouve en chaque pays des cellules dormantes et des individus « radicalisables » qui, tôt ou tard, entendront la voix de l’islam radical. Le monde occidental porte en lui une entité qui le rejette et veut l’anéantir.
Le terroriste présumé d’Arras, qui a égorgé un enseignant au cri d’« Allah Akhbar », était un Tchétchène fiché S. La même question vient alors à l’esprit de chacun : que faisait-il en France ? Le questionnement peut se généraliser à la grandeur du monde occidental : par quelle perversion juridique et philosophique a-t-il cru nécessaire et moralement impérieux d’accueillir dans ses frontières des hommes résolus à la combattre, et plus largement des communautés qui le conspuaient, et qui transposaient sur son territoire ce qu’on a appelé le choc des civilisations ? On ne se trompera pas : il y a en la matière un continuum allant de l’agression symbolique jusqu’aux violences directes, et ceux qui, depuis samedi, ont manifesté non pas pour soutenir la quête nationale des Palestiniens, mais l’agression génocidaire du Hamas, sont complices indirectement de la frappe d’Arras.
Henry Kissinger l’a dit à la manière d’une confession cette semaine dans un entretien à Politico : « C’était une grave erreur de laisser entrer autant de personnes de culture, de religion et de concepts totalement différents, car cela crée un groupe de pression à l’intérieur de chaque pays qui fait cela. » Cette lucidité tardive, qui s’accompagne souvent d’une rhétorique du « si on avait su », s’accompagne d’un angle mort : il était parfaitement possible de savoir, et on pourrait accuser de négligence criminelle ceux qui ont rendu possible l’immigration massive dans nos contrées. Des intellectuels et des écrivains, des hommes politiques et des philosophes ont tout fait pour alerter leurs contemporains sur les dangers de l’immigration massive. Ils expliquèrent que l’irénisme diversitaire est une folie, que les frontières sont civilisatrices, et qu’une société exagérément fragmentée est une « dissociété ». Ils furent traités comme des parias, alors qu’ils plaidaient, finalement, pour le respect du principe de précaution. Il suffisait de prononcer leur nom sans le vomir pour que les brigades de la vertu progressiste en appellent aux plus dures sanctions.
Quant à ceux qui, hier, semblaient incapables de prononcer le mot « terroriste » et qui, aujourd’hui, ne parviennent pas à prononcer celui d’« islamisme », il est difficile de ne pas les accuser de collaboration. Les plus cléments, les modérateurs de profession, nous inviteront à parler d’aveuglement, comme on a pu le constater avec cet article lunaire dans La Voix du Nord, qui mettait en garde jeudi contre « l’extrême droite » à l’école, qui menacerait les enseignants. On aimerait dire que cette hallucination se décomposera devant le choc de la réalité, car, en France, ce n’est pas au nom de Marine Le Pen ou d’Éric Zemmour qu’on égorge les enseignants, mais au nom d’Allah. On ne s’illusionnera toutefois pas : l’esprit public a vite renoué avec les interdits imposés par la gauche radicale après Charlie Hebdo, après le Bataclan et après Samuel Paty, et il n’y a pas de raisons de croire qu’il en ira différemment aujourd’hui. Demain encore, on entendra le grand sermon du pas d’amalgame.
Les prochains jours comme les prochaines semaines nous vaudront un grand lot de déclarations martiales. Chacun sait en France qu’il porte au front une cible. On cherchera autant que possible à se rassurer en plaçant un jour un policier devant chaque lycée, sans se rendre compte que cette société infernale que l’on cherche à sécuriser par tous les moyens est le contraire de la civilisation retrouvée. On parlait il y a vingt ans des « territoires perdus de la République ». Cette formule a d’abord fait scandale, elle fut ensuite jugée banale, et on la juge désormais terriblement insuffisante. La vérité voudrait qu’on parle de territoires conquis par l’islamisme, où la société française est désormais étrangère chez elle et risque, lorsqu’elle enseigne, un coup de lame vengeur. La France est appelée à reprendre le contrôle de ces territoires. Ce défi se situe à l’échelle de l’Histoire. ■
Mathieu Bock-Côté
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois(éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] – le Le Nouveau Régime(Boréal, 2017) – Et La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, Presses de la Cité, avril 2021, 240 p., 20 €.
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Vos lecteurs remarqueront que, suite aux centaines d’attentats islamistes qui ont endeuillé la France dans les dernières décennies, JAMAIS la communauté musulmane « dite modérée » n’a appelé ses membres à descendre dans la rue pour protester contre ces attentats et soutenir la France et les Français de souche.
Ne pensez-vous pas que le PR – très malmené et à bon droit dans les sondages de popularité – s’honorerait en suggérant, directement et par le canal de ses ministres, préfets et autres hauts fonctionnaires, aux communautés musulmanes nationale, régionales et locales d’organiser des manifestations pour témoigner de leur attachement à la Nation française et rejeter clairement et sans ambiguïté les actes terroristes du Hamas et l’assassinant inqualifiable du professeur de français d’Arras ?
Si comme je le crains malheureusement ces appels vers les musulmans de France à se joindre à la communauté française s’avèrent un flop, nos concitoyens pourront en tirer des conclusions FONDEES SUR DES FAITS sur le degré de patriotisme de la communauté musulmane de France.