Pour les lecteurs qui n’ouvriront pas l’éphéméride du jour, cette vidéo rappellera l’horrible souvenir de la mort d’un admirable courage de la reine Marie-Antoinette. Sa détention, l’indigne procès, le verdict infame, la dignité de ses derniers moments, son courage face à la mort, tout flétrit ses bourreaux et tout témoigne de la barbarie des révolutions, dont la nôtre est l’archétype, reproduit partout à travers le monde aux siècles suivants.
La France moderne, on le sait, a acquitté la reine Marie-Antoinette, aujourd’hui aimée des Français. Faut-il dire qu’au cours de cette vidéo on se serait passé du très faux parallèle entre Marie-Antoinette et Lady Diana ? Cela va sans-dire. L’influence de l’actualité sur les historiens leur fait proférer parfois de grosses sottises que le recul et le temps mettront crûment en lumière. Ainsi va le mouvement des opinions.
Notre reine martyre et notre roi auraient été canonisés s’ils étaient orthodoxes; n’aurions-nous pas la possibilité de le faire?
Comme c’est l’évêque du lieu qui doit présenter la demande; Monseigneur le Comte de Paris pourrait-il approcher Monseigneur Aupetit?
Cette France haineuse et répugnante a ensuite payé cher ses faute, car parmi la foule qui hurlait de joie en voyant la pauvre Reine aller vers le supplice, combien subiront la mort de leur fils, sans parfois revoir le corps, lors des guerres de la révolution et de l’Empire????
Les Français aujourd’hui révoltés par la barbarie musulmane savent ils que les révolutionaires Français ont pratiqués les mêmes horreurs en Vendée et ailleurs. Ils ont aussi violés, éventrés les femmes et bien d’autres actes barbares. J’ai une grande affection pour le Roi Louis XVI son épouse la Reine, madame Elisabeth et leurs enfants martyrs. Leur sang retombe sur la France actuellement.
Nous ne devons jamais oublier que la reine Marie Antoinette a été l’une des victimes INNOCENTES les plus atteintes au cours de cette période de folie. Prions pour le repos de son âme !
De Léon Bloy :
«Jusqu’à ce jour, 16 octobre 1793, on avait bien vu des reines décapiter des reines, on n’avait pas vu de reine guillotinée juridiquement par la Canaille, cette goujate majesté des temps actuels. Un tel arrêt ne devait pas manquer à la jurisprudence des abolisseurs de Dieu.
C’est l’inauguration d’une société et la fin d’un monde, dit-on. Moi, j’y découvre LA FIN DE LA LOI SALIQUE, et c’est ce que n’a pas vu la grandiose imbécillité révolutionnaire.
Marie-Antoinette a fait comme saint Denys. Elle a ramassé sa tête coupée et elle s’est mise à marcher et à régner toute seule, cette tête à la main. Règne durable, celui-là, que ne pourront désormais abolir, ni les émeutes, ni les échafauds, ni les fusillades, ni les mitraillades, ni les incendies des capitales.
La Reine Guillotinée, première du nom, règnera par-dessus tous les diadèmes des empereurs et des rois et par-dessus le tortil d’abjection de nos burgraves parlementaires. Cela jusqu’à ce que s’éteigne en Europe le dernier cœur du dernier homme, la dernière pudeur de la dernière femme et la suprême étincelle des chevaleresques indignations de de la conscience chrétienne !»
(«La Chevalière de la Mort», publiée pour la première fois par une revue belge, «Magasin littéraire de Gand», en 1891.)
Merci David d’avoir exhumé ce texte magnifique.
Je me joins à ce remerciement d’Henri.
Oui, le texte de Bloy est magnifique.
Encore que, personnellement, je suis, dans l’ordre politique, partisan du maintien de la loi salique qui a permis à la France d’avoir toujours à sa tête une dynastie nationale, ce qui n’a pas été le cas de l’Espagne, notamment.
Mais je ne suis pas sûr que ce soit la question qui importe dans le texte de Bloy.
Merci à David Gattegno.
Quel est le rapport entre l’assassinat de Marie-Antoinette et la loi salique heureusement dégottée en 1328, à la mort de Charles IV pour éviter que les anglais puissent devenir Rois de France ? Quel rapport ?
Je ne comprends à ce texte ; il est vrai que je n’ai jamais lu une ligne de ce Léon Bloy et ne sais pas même à quelle époque il a vécu…
à Pierre Builly : Ma foi, si on ne «comprend» ce texte, on peut toujours l’apprécier pour sa beauté, sa verve.
Ne pas avoir lu Léon Bloy (mort, septuagénaire, en 1917) et ne pas savoir quand il a vécu n’est pas bien grave («on ne peut pas tout connaître», dit un de nos lieux communs, dont, justement, Bloy entreprit l’«Exégèse», dans le but, dit-il d’«obtenir enfin le mutisme du Bourgeois, quel rêve !»), mais il est dommage de n’avoir pas connu le hasard de rencontrer l’un des plus grands et spectaculaires écrivains français.
Outre cette «Chevalière de la mort» (son premier livre), il faut découvrir ses deux romans inouïs («Le Désespéré» et «La Femme pauvre»), son «Journal», ses textes furieux ou exemplairement reconnaissants : d’un côté, contre Zola et le naturalisme ; de l’autre, sur Jehan Rictus, Barbey d’Aurevilly, Villiers de L’Isle-Adam, ses aperçus lumineux sur Lautréamont ; etc., etc., etc. Je n’en finirais pas de mentionner des pans de son œuvre, dans laquelle on gaillardement pioché les uns et les autres, notamment, Bernanos et Céline (jusqu’au félon Maritain !), le premier ayant su le dire quand le second s’en est bien gardé (du moins, à la connaissance limitée que j’ai de ce timide suiveur), d’autant qu’il existe un texte de Bloy intitulé «Le Salut par les juifs»… À savoir encore que, outre-Rhin, Ernst Jünger l’a beaucoup lu ; je ne crois pas que ce fût tant connu.
On a tout dit de Bloy : «imprécateur», «prophète», jusqu’à taxer son catholicisme abasourdissant de «luciférien», afin de le mieux reléguer dans les soutes purgatorielles ménagées pour ce genre d’authentiques inspirés.
Il est vrai que, n’ayant épargné personne, il s’est attiré bien de la vindicte de ses contemporains, du fait de son génie littéraire, du rythme emporté de sa syntaxe, des formules hallucinées par lesquelles il dénonçait les abominations apparues et celles dont il pressentait la cuisine, dans les alcôves de l’Église en cours de modernisation, dans les cabinets ministériels et jusque dans les cabinets de littérateurs.
Il s’intitulait lui-même «Entrepreneur de démolitions», et il a su s’appliquer à cette tâche salutaire. Il y fut si mal appointé qu’il était réduit à la mendicité, se présentant alors ès-qualités de «Mendiant ingrat».
Son œuvre est de toute première importance «culturelle», de toute beauté textuelle, et son inspiration … : bouleversante.
Quant au rapport entre «la Reine Décapitée», apparentée à saint Denys, et la Vision d’«abolition de la loi salique», il est de nature SYMBOLIQUE, évidemment. C’est-à-dire qu’il revêt une signification qui l’emporte sur la méchant et brutal «factuel», grossièrement observé et réfléchi ; cela fait entrer cette dame de royauté française dans l’économie des «prophéties de la fin des temp. Évidemment, on peut toujours avoir l’idée sarcastique qu’elles sont des vues de l’esprit, mais il y a lieu d’admettre que l’Œil de l’Esprit vaut mieux que, par exemple «L’Histoire de l’œil» (titre d’une ignominie romanesque signée Georges Bataille, séminariste défroqué, amateur exclusif de pornographie et intellectuellement «Assis», au sens rimbaldien du terme) ou de se montrer «borgne de l’œil droit», selon le mot d’Arthur de Gobineau dans «Les Pléiades».
Léon Bloy est de la race de ceux à la compréhension desquels on peut accéder exclusivement selon ce que, dans «La Lettre de Lord Chandos», Hugo von Hoffmannsthal avait invoqué comme «des rapports nouveaux, féconds en pressentiments», mais, conclut-il, à la condition que «nous nous mettions à penser avec le cœur».