Par Antiquus.
Ces réflexions sont reprises d’un échange dans les commentaires reçus dans JSF. Elles répondent à un lecteur dubitatif sur les raisons – mal fondées selon lui – qu’ont les maurrassiens de citer Anatole France et de se référer en bonne part à certains de ses propos. Le commentaire d’Antiquus nous paraît éclairer la question. Nous en reprenons l’essentiel. (Echange du 20.10.2023).
… Nous aimons tous Anatole France.
Oui Anatole France avait des options de Gauche, oui, il a été un des fondateurs du Parti communiste, mais il y avait une contradiction totale entre ses options explicites et ses fidélités implicites.
D’abord, il aimait la pureté de la langue, celle de Racine et de Corneille ; Esthétiquement il était un classique, et il justifiait ce choix par des raisonnements très élaborés ; Il se disait de Gauche, mais il n’y mettait aucun esprit de parti ni sectarisme, alors même que tous ses amis politiques prenaient position, cela ne l’empêchait pas de prendre l’opinion contraire: par exemple il prit parti pour la paix séparée avec l’Autriche en pleine guerre de 1914 ; Jamais il ne rompit avec un ami sous prétexte d’opinions différentes ; il aimait l’esprit aristocratique et le jugeait nécessaire au développement de la beauté ; il détestait le sans-culottisme et en fit une critique impitoyable dans « Les Dieux ont soif » ; il n’aimait pas l’arbitraire de l’État, mais pas plus celui de l’État de Droite que celui de Gauche. … ■
A. France, évoquant son enfance dans « Le livre de mon ami », ce « petit moi que j’ai perdu et que je regretterais à jamais, si je ne te retrouvais embelli dans mon fils ! »
« C’est en abordant la Grèce qu’il vit la beauté dans sa simplicité magnifique »
Un peu plus loin :
« la réalité ne me gâtait point mon rêve, parce que j’aimais bien mes vieilles rue de faubourg dont les pierres m’avaient vu grandir. Un soir, je lus des vers d’Antigone [de Sophocle] à la lanterne d’un marchand de marrons, et je ne puis pas, après un quart de siècle, me rappeler ces vers :
Ô Tombeaux ! ô lit nuptial ! Retraite souterraine, ma prison à jamais… !
sans revoir l’Auvergnat soufflant dans un sac de papier et sans sentir à mon côté la chaleur de la poêle où rôtissaient les marrons. Et le souvenir de ce brave homme se mêle harmonieusement dans ma mémoire aux lamentations de la vierge thébaine… Ainsi je fis mes humanités. »
Comment ne pas l’aimer ?
Et comment ne pas être ravi des propos que tient l’abbé Lantaigne à M. Bergeret sur la démocratie dans » L’orme du mail », premier volet de « L’histoire contemporaine » ?