A l’heure ou on ne parle de l’aventure française outre-mer que pour la dévaloriser, il est bon de se rappeler que certains ex-colonisés indépendantistes, après la décolonisation, ont osé dire le bien qu’ils continuaient à penser de notre domination passée.
C’est notamment le cas du Marocain Mohamed Khair-Eddine (Photo de droite), un des auteurs autochtones au programme scolaire officiel du Royaume chérifien où il a retrouvé Ahmed Sefrioui, un temps banni, lui, des écoles marocaines car jugé trop laudatif à l’égard des 44 ans du Protectorat français (1912-1956). Sefrioui a été réhabilité sous le présent règne de Mohamed VI, pourtant lui-même moins amical à notre égard que son père et prédécesseur, Hassan II.
Pax Gallica
Voici donc ce qu’écrit Khair-Eddine dans un de ses succès littéraires, Il était une fois un vieux couple heureux, plongée dans la vie d’humbles musulmans marocains au moment où l’Empire chérifien récupère sa souveraineté extérieure, mise sous tutelle française depuis le Proconsulat à Rabat du maréchal Lyautey (1912-1925) :
« (…) Cette époque (avant Lyautey) où la rapine était de rigueur. Tout le monde redoutait des visites nocturnes. On se barricadait dès la nuit tombée et jusqu’au lever du jour. Les voleurs eux-mêmes qui vivaient avec leur famille avaient peur des autres voleurs. En fait tout le monde volait alors tout le monde. (Photo ci-dessus : Tafraout à l’époque du Protectorat). Ce désordre cessa avec l’arrivée des Français, qui mirent au pas les bandits coriaces et les têtes brulées. Mais seule la peur du bagne eut véritablement raison de cette engeance. A ce souvenir, Bouchaib (un des personnages du livre) sourit et pensa : « après tout, la France nous a apporté la tranquillité. Une paix sublime. Il serait idiot de ne pas reconnaitre ses bienfaits, qui sont nombreux. Avant elle, avant sa venue, il n’y avait aucune route dans tout le pays, aucune autorité non plus. Et pas la moindre sécurité. Il y a eu du changement depuis l’arrivée de la France. Ceux qui ne s’en rendent pas compte ou qui ne veulent pas l’admettre se leurrent. Eh ! Mais toutes ces routes ont été taillées sur le flanc de la montagne par des légionnaires au fur et à mesure que l’armée (franco-chérifienne) avançait… Depuis ce temps, toutes les denrées et autres marchandises arrivent du souk, plus la peine d’attendre des mois et des mois le retour des caravanes … » etc. etc.
Vanneste contre Chirac …
Faut-il alors classer Khair-Eddine parmi les agents du « néo-colonialisme » ? Oh ! Que non car cet auteur marocain fut un nationaliste proclamé mais lucide et reconnaissant envers l’œuvre française. Il alla d’ailleurs en Algérie y soutenir le grand poète pied-noir mais indépendantiste Jean Sénac (1926-1973), que la branche islamiste des services secrets algériens fit tuer faute de pouvoir le faire taire sur le désastre post-indépendance.
C’est en s’appuyant sans doute sur des textes du type de celui de Khair-Eddine, que le député gaulliste Christian Vanneste (Photo de gauche) tenta audacieusement, en 2004-2005, d’introduire dans nos lois la notion de « rôle positif » de la présence française outre-mer, Maghreb compris évidemment. Mais l’élu fut lâchement abandonné par les siens, au premier rang desquels le faux gaulliste et vrai démagogue Chirac, tous affolés par le vindicatif courant politically correct ambiant …
Cependant nul n’a pu supprimer le puissant petit livre de Khair-Eddine qui continue donc à dire ce que fut la Pax Gallica dans l’un des plus beaux fleurons de feu notre empire colonial . Bien sûr, d’autres textes fiables existent pour dire les bienfaits de la France coloniale en Indochine, Polynésie, Antilles, Afrique noire et jusque dans les trois petits royaumes indigènes de Wallis-et-Futuna. ■
Mohamed Khair-Eddine. Il était une fois un vieux couple heureux. Editions Al Oumma. Habous. Casablanca. Maroc. Réédité en 2015. 153 pages.
Peroncel-Hugoz. Assassinat d’un poète (Jean Sénac). Suivi d’un inédit de Sénac, Heures de mon adolescence. Préface de Tahar ben Jelloun. Editions Jeanne Laffitte. Marseille. 160 pages illustrées.
Longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, Péroncel-Hugoz a publié plusieurs essais sur l’Islam ; il a travaillé pour l’édition et la presse francophones au Royaume chérifien. Les lecteurs de JSF ont pu lire de nombreux extraits inédits de son Journal du Maroc et ailleurs. De nombreuses autres contributions, toujours passionnantes, dans JSF.
Retrouvez les publications sous ce titre…
Merci de nous rappeler cet écrivain et son juste hommage à la France au Maroc…
Il est valorisant de voir que des écrivains ne manquent pas de reconnaître les bienfaits apportés par la colonisation de la France.