Par François Moustié. Responsable formation à l’AF-Aix-en-Provence.. Ce sont là des notes, un résumé, d’une intervention donnée le 20.10.2023 à l’Action Française Aix-en-Provence. Avec ce sujet, nous sommes au cœur de la confrontation de deux idéologies. Le contractualisme : courant philosophique du XVIIe siècle qui considère la société comme un contrat originaire entre les humains, par lequel ceux-ci acceptent une limitation de leur liberté en échange de lois garantissant la perpétuation du corps social (cf. Le contrat social) La politique naturelle : définie par Charles Maurras dans « Mes Idées politiques » (1937), repose sur des constats de bon sens, replaçant l’individu dans la réalité concrète : celle d’une cellule sociale (la famille) et d’une temporalité (l’homme ne naît pas majeur, indépendant, et libre). I. La théorie du contrat socialLe contractualisme définit une dichotomie entre un « état de nature » où l’homme existait seulement en tant qu’individu isolé. Ces individus auraient ensuite pris la décision de s’unir en s’accordant sur un « contrat social » pour faire société et ainsi passer dans un « état social ». Cette théorie implique donc que l’individu est antérieur à la société et celle-ci étant une œuvre de la volonté des individus. Le contractualisme est de ce fait le fondement anthropologique du libéralisme. « Le libéralisme est la doctrine qui fait de la liberté le principe fondamental par rapport à quoi tout doit s’organiser en fait, par rapport auquel tout doit se juger en droit », C. Maurras. Il existe différentes variantes de la théorie du contrat social selon les auteurs : T. Hobbes (1588-1679. Les individus recherchent la sécurité par la création d’un État absolutiste), J. Locke (1632-1704. Le contrat social doit garantir la propriété privée), J-J. Rousseau (1712-1778. L’homme n’est devenu mauvais que par la corruption de la société. Il faut refonder un contrat social, qui soit en accord avec sa nature d’individu libre et égal aux autres, sur le principe de la volonté générale). II. La critique maurrassienne du contractualismeLa société n’est pas la somme des individus qui la composent. La personne humaine est avant tout le produit de la société. Seul « un très petit nombre d’individus transforment la société ». La société est une réunion de personnes tendant de concert vers une même fin. Elle n’est pas formée au hasard ni de manière transitoire : elle est permanente par nature. Ainsi les sociétés naturelles sont : familles, tribus, cités, nations. Ce qui marque la différence entre ces sociétés naturelles, c’est leur finalité. La fin de la société civile, ou publique, ou nationale, embrasse tous les citoyens, car elle réside dans le bien commun. Elle réunit les hommes pour former une nation. Les sociétés naturelles qui la composent poursuivent des fins privées (par exemple : les biens et la propriété d’une famille). De cette politique naturelle, Maurras en arrive à l’idée de civilisation : cette société qui préexiste à l’homme a déjà un capital matériel et moral accumulé depuis des générations et dont le citoyen bénéficie. Cet héritage impose des devoirs, qui fondent l’équilibre de la société, contrairement aux principes des Droits de l’homme. L’homme est un héritier où même le plus pauvre, s’il fait partie d’une civilisation ancienne, bénéficie de ce capital matériel et moral. L’homme adulte devenu citoyen n’agit jamais seul : « L’inégalité des valeurs, la diversité des talents sont les complémentaires qui permirent et favorisèrent l’exercice de fonctions de plus en plus riches, de plus en plus puissantes. Cet ordre né de la différence des êtres engendre le succès et le progrès commun ». Le contrat entre les hommes existe, mais il n’a de chance de durer que s’il couronne l’association naturelle. Pour que la liberté de l’homme s’exerce, il faut donc de fortes communautés naturelles : familles, villes, provinces, professions, nation. Il n’y a pas de « Contrat social » à l’origine de la société, il n’y a qu’un état de nature qui est l’état social. III. Les conséquences du contractualismeLe contractualisme en distinguant un état de nature et un état social crée une opposition entre le naturel et le culturel. Il amène à rejeter tout ce qui est issu d’une « construction sociale » pour retrouver un individu prétendument originel, ce qui est la source de différentes idéologies progressistes comme le féminisme ou la théorie du genre. Il s’agit tout simplement d’une atomisation de la société, de l’interchangeabilité des individus. La volonté générale rejoint la volonté démocratique, constituée par les intérêts personnels convergents, mais un groupe assez puissant pourrait faire primer ses intérêts particuliers d’où la nécessité de détruire toute communauté intermédiaire entre l’individu et l’Etat et d’effacer toute identité influencée et de faire table rase du passé. Pour la pensée contre-révolutionnaire « La tradition c’est une expérience qui a réussi » C. Maurras ConclusionComme Robert Brasillach, grand écrivain, poète et dissident de l’Action française, le résumait : « Cette Politique naturelle […] est un Anti-Contrat Social, et plaise au ciel qu’il en naisse autant de réflexions bonnes et justes qu’il en est né de nuisibles et de fausses de l’œuvre de Rousseau ». |
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Mots-clésContrat, naturel, culturel, tradition, devoir, héritage, société, communauté |
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BibliographieCharles Maurras, La Politique naturelle Charles Maurras, Qu’est-ce que la civilisation ? Léon de Montesquiou, Le Contrat social de J.J. Rousseau
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