Ce que dit à propos de ces images le site Les Yeux d’Argus
Émouvant et presque irréel, ce rare petit extrait de film muet et en noir et blanc nous montre le peintre Claude Monet peignant dans son jardin de Giverny… Ces quelques images rendent si vivante cette fameuse peinture « en plein-air » des peintres impressionnistes !
Il s’agit d’un extrait du court-métrage de 22 minutes intitulé Ceux de chez nous réalisé par Sacha Guitry en 1915. Dans ce court-métrage, Guitry filme ceux qu’il considère comme les plus grandes personnalités de son temps, « dans leurs attitudes les plus familières, c’est-à-dire au travail, chaque fois que cela fut possible ». On y voit entre autres Edgar Degas, Auguste Rodin, Auguste Renoir … mais l’extrait présenté est consacré à Claude Monet.
Ce dernier apparait, âgé de 74 ans, marqué par les épreuves de la vie. Les années qui viennent de s’écouler ont vu la disparition d’êtres chers : sa deuxième épouse, Blanche Hoschedé en 1911 puis son fils aîné Jean en 1914 à la suite d’une longue maladie. Sa santé se dégrade et il perd notamment progressivement la vue, en raison d’une double cataracte. Malgré ces difficultés, le vieil artiste s’est remis au travail. Depuis quelques mois, il consacre toute son énergie à la réalisation de son grand projet décoratif circulaire, Les Nymphéas, visible aujourd’hui au musée de l’Orangerie.
Les premiers instants du film nous montrent Monet discutant avec Guitry dans les jardins de Giverny. Le visage du peintre est peu visible, caché dans l’ombre de son chapeau. Puis, la caméra parcourt rapidement le jardin, son étang couvert de nénuphars et enjambé par le célèbre pont japonais, si souvent immortalisé par Monet. La dernière séquence présente Monet, très élégant dans son complet blanc, la cigarette à la bouche, installé sous un immense parasol blanc, peignant une grande toile. La caméra ne nous permet malheureusement pas de voir quelle est l’œuvre à laquelle l’artiste travaille. En revanche, il est intéressant d’observer comment Monet s’est installé : il a posé sa toile perpendiculairement (et non face) à l’étang qu’il représente et jette régulièrement des coups d’œil en coin pour observer son sujet.