Par Hilaire de Crémiers.
Notre ami François Schwerer, écrivain de Marine connu et apprécié, qui a déjà écrit plusieurs livres sur la Marine française pendant la guerre de 14-18 et une biographie remarquable de son arrière-grand-père, l’amiral Schwerer, nous donne aujourd’hui une vie de l’amiral Courbet, Anatole, Amédée, Prosper.
Il l’intitule À l’école de l’Amiral Courbet, parce que l’homme fut exemplaire. Et de fait il fut, dans les débuts de la IIIe République, autour des années 1880, le chef admiré et le modèle vénéré de toute une génération d’officiers de marine qui s’illustrèrent par la suite et notamment pendant la Grande Guerre, nombre d’amiraux dont précisément l’amiral Schwerer.
Si on aime la France et son histoire, il faut lire ce livre, fort savamment documenté et facile à lire, clair, simple, direct sans surcharge, car il donne une idée de ce que pouvait être naguère un homme de devoir, droit, aimable, intelligent, ouvert, mais en même temps ferme et d’une autorité souveraine, assumant toutes ses responsabilités, ce dont on rêve aujourd’hui ! La France n’a vécu, continué, prospéré que grâce à des hommes – et bien sûr des femmes ! – de cette trempe, tels que justement la France chrétienne, traditionnelle, instruite, civilisée était capable d’en forger.
Il épate tous ses supérieurs, comme ingénieur et marin
Famille simple d’Abbeville et parfaite formation qui le mène à Polytechnique. Fantaisie d’adolescent orphelin qui perdurera toute sa vie, mais rigueur de l’intelligence et droiture des mœurs. Il choisit la Marine. Carrière où il épate tous ses supérieurs. Non seulement comme ingénieur mais comme marin. Dans son jeune temps, comme tant d’autres, il avait couru sur les barricades de 1848. Il le regrettera amèrement par la suite quand il devra subir dans les années 1880 les ordres stupides des politiciens républicains qui se sont emparés du pouvoir en France et qui ne comprennent rien à rien dans leur bêtise électorale et leurs prétentions insupportables à tout diriger à la place des gens compétents. On connaît ça et c’est toujours d’actualité ! Même un Ferry dont la réputation coloniale est usurpée, comme le reste.
Et c’est ainsi que le chef admirable qui a réussi à définitivement rattacher l’Annam et le Tonkin à la France malgré la sottise des ordres gouvernementaux, et imposé – bien plus élégamment que les Anglais – sa loi à la vieille Chine, jusqu’à la prise des îles Pescadores, finit sa vie sur son navire amiral, Le Bayard, épuisé par tant de labeur, mais toujours chef, aimant ses officiers et ses matelots, vrai chef jusqu’au bout. La Marine qui sait reconnaître les siens, lui rendra les honneurs qu’il méritait, à défaut de la République. ■