Cette tribune a étté publié hier, 28.11, sur FigaroVox. Nous la livrons à la réflexion des lecteurs de Je Suis Français. On peut bien sûr en débattre si on le souhaite.
Par Laurent Lemasson.
TRIBUNE – Le drame de Crépol a de nouveau mis en lumière l’impuissance de l’État, analyse le docteur en droit Laurent Lemasson. Face au risque que des Français soient tentés de se faire justice eux-mêmes, les gouvernants doivent prendre en compte l’exaspération qui monte, plaide-t-il.
Laurent Lemasson est docteur en droit public et science politique, et ancien directeur des publications de l’Institut pour la Justice.
Protéger la vie, les biens et l’intégrité physique des innocents et punir comme ils le méritent ceux qui s’en prennent à eux est le devoir fondamental des pouvoirs publics.
Dans la nuit du 18 au 19 novembre, Thomas, 16 ans, a été poignardé à mort dans le village de Crépol, une commune de 500 habitants située dans la Drôme. Très vite ce meurtre est devenu une affaire nationale, agitant la classe politique, mobilisant les médias. Les raisons n’en sont pas difficiles à comprendre. Le meurtre de Thomas a en lui tous les ingrédients pour devenir un symbole : le symbole de «l’ensauvagement» ou de la « décivilisation » reconnus désormais au plus haut niveau de l’État et constatés presque quotidiennement par les Français.
Tout d’abord le très jeune âge de la victime, presque encore un enfant. Ensuite, les circonstances de sa mort : un bal de village, dans cette France rurale que n’épargne plus la montée de la violence, une occasion de réjouissance et de convivialité qui se transforme en tragédie. Ce que l’on devine, à travers les témoignages, des motifs de ce meurtre : une «embrouille» à propos des filles entre les jeunes du village et d’autres jeunes gens venus, avec des intentions agressives, de la «cité sensible» de la ville la plus proche. Et enfin, cet élément que la justice s’efforce de cacher, mais qui a filtré dans les journaux, les prénoms des principaux suspects : Chaïd, Yasir, Mathys, Fayçal, Kouider, Yanis. À quoi il faut ajouter que l’auteur présumé des coups mortels est, selon la formule rituelle, «bien connu des services de police« et avait déjà été condamné à des amendes pour recel de vol et possession d’arme blanche.
Et, hélas, la mort de Thomas n’est pas la première du genre. Ces dernières années un nombre conséquent de meurtres présentant peu ou prou la même configuration se sont produits et ont fait la une des médias, ulcérant chaque fois un peu plus l’opinion publique. Mais cette fois, un palier nouveau, et très inquiétant, a été franchi.
Une semaine après le meurtre de Thomas, 80 personnes se sont rendues au quartier de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, d’où sont issus les principaux suspects. Pour la plupart cagoulés ou le visage dissimulé, certains armés de barres de fer, aux cris de « justice pour Thomas » ou de « Islam hors d’Europe », ces militants de l’ultra-droite ont défilé dans les rues du quartier, suivi de près par les CRS.
Car cette manifestation avait été largement anticipée par les pouvoirs publics, des forces de l’ordre très conséquentes avaient été dépêchées sur place et ont procédé à de nombreuses interpellations. Six participants ont d’ores et déjà été condamnés en comparution immédiate à des peines de prison ferme. Il est donc un peu ridicule de parler, à propos de cette manifestation, d’une « agression de l’extrême droite en bande armée contre un quartier populaire », comme l’a fait Jean-Luc Mélenchon, ou de « ratonnade » comme l’ont fait plusieurs parlementaires de gauche. Il y avait certainement bien plus de CRS que de « fachos » sur place et aucun incident grave n’est à déplorer, fort heureusement. Mais il est incontestable qu’une telle manifestation est une première et qu’elle aurait pu dégénérer. Et il est fort à craindre qu’elle ne soit pas une dernière.
Ne tournons pas autour du pot : protéger la vie, les biens et l’intégrité physique des innocents et punir comme ils le méritent ceux qui s’en prennent à eux est le devoir fondamental des pouvoirs publics. Le devoir qui l’emporte sur tous les autres en urgence et en importance, la condition sine qua non de la vie en société. Lorsque les pouvoirs publics ne remplissent plus ce devoir élémentaire, il est inévitable que les individus estiment légitime de faire par eux-mêmes ce que l’État ne veut ou ne peut pas faire ou qu’ils profitent de cette faiblesse pour poursuivre un agenda politique. On peut le déplorer, on doit s’en inquiéter, mais on ne peut pas l’ignorer.
Or ce que révèle le meurtre de Thomas, et bien d’autres avant lui, c’est précisément la faillite des pouvoirs publics sur ce point capital.
Il ne sert à rien d’objecter, comme a pu le faire par le passé le ministre de la Justice, que «la France n’est pas un coupe-gorge», parce que le taux d’homicide y reste historiquement bas. Ce qui exaspère, à juste titre, les Français ordinaires, ce ne sont pas les statistiques, c’est l’impuissance publique : ce sentiment que la situation est hors de contrôle, que les délinquants bénéficient trop souvent d’une sollicitude déplacée ou d’une indulgence coupable, que les criminels sont trop rarement châtiés à la hauteur de leurs crimes.
De la même manière, il est inutile d’objecter que les suspects du meurtre de Thomas sont de nationalité française. Tout le monde comprend bien qu’il est pratiquement certain qu’ils sont issus d’une immigration récente. Et ce qui exaspère l’opinion est bien moins leur origine que l’impuissance publique : le sentiment que la situation est hors de contrôle, que l’État est incapable de réguler les flux migratoires, que ceux qui s’installent illégalement en France bénéficient trop souvent d’une sollicitude déplacée ou d’une indulgence coupable.
Les Français ont fini par comprendre que leur justice est devenue un théâtre d’ombres, dans lequel tout est fait pour tromper l’opinion publique. D’un côté un Code pénal qui, dans l’ensemble, prévoit des peines sévères pour la plupart des crimes et délits, et que législateur durcit d’ailleurs régulièrement, au gré des «faits divers». De l’autre côté, un code de procédure pénale qui détricote en grande partie les peines prévues par le Code pénal. Au milieu, des magistrats qui doivent composer avec les injonctions contradictoires du pouvoir politique – être plus sévères mais sans envoyer plus de gens en prison, du fait de la sous-dotation carcérale criante – et avec le manque de moyens de tous ordres.
Ils ont également fini par comprendre que la «maîtrise de l’immigration» promise par tous les gouvernements était un pieux mensonge, dont le caractère mensonger est aujourd’hui beaucoup plus évident que le caractère pieux, tant le législateur est désormais limité, gêné, empêché de tous côtés, par les cours de justice et les normes internationales.
Une telle situation est grosse de périls. L’homme ne vit pas seulement de pain mais aussi de justice et l’indignation, autant que la crainte, pousseront tôt ou tard de plus en plus d’individus à se défendre et à se faire justice eux-mêmes avec, au bout du processus, la guerre de tous contre tous.
On pourrait espérer que la conscience de ce péril pousse enfin les pouvoirs publics à se ressaisir. Malheureusement, il existe également une autre alternative : que l’État, impuissant à assurer ses missions régaliennes, reste néanmoins suffisamment puissant pour empêcher les individus de les assurer par eux-mêmes.
Paul Valéry disait : «Si l’État est fort, il nous écrase, s’il est faible, nous périssons». Peut-être sommes-nous actuellement en train de découvrir une troisième possibilité : un État trop faible pour nous protéger mais encore assez fort pour nous écraser. ■
Nom de Nom de nom de Nom !!! Quel événement !… De qui se moque-t-on en considérant le tout petit rassemblement d’une centaine de gaillards courageux comme l’indice d’un «basculement» quelconque… Que les petits bourgeois repus se rassurent, un certain «basculement» a déjà eu lieu, avec leur complicité, passive ou active, c’est selon les tempéraments et les convictions plus ou moins humanistement abruties.
À Romans, donc, un centeron de jeunes gens est allé montré que, eux, tout du moins, n’avaient pas peur ; ni peur de la racaille ni peur de la volaille ni de la valetaille appointée ; félicitations, encore une fois, à ces jeunes gens !
Ils sont allés manifestés contre le scandale d’un meurtre, dans le quartier même où celui-ci est prémédité chaque jour. Ils n’ont pas été picoré des p’tits fours en dissertant sur le fait que l’État ceci et cela, ils ont un peu agi… Et il faudrait les accabler, d’un côté, les emprisonner, d’un autre, et, d’un troisième, les observer comme un symptôme. Non, ce n ’est pas une «bande de jeunes», dont «certains étaient porteurs de barre de fer», comme on a le toupet de le colporter à l’envi en se bouchant un peu le nez, vaguement à la manière du démocrate patenté en vient à palabrer autour des pauvres pékins «dans les quartiers, qui sont les premiers à souffrir» ! Non, ces pauvres pékins des quartiers, si certains souffrent, en effet, nombre d’autres vivent bel et bien des trafics ; cela figure fiduciairement dans le calcul des taux de «croissance»…
Aller sur place pour protester est un acte de bravoure dont on doit se féliciter que d’aucuns l’aient accompli…
Je n’ai trouvé nulle part les motifs juridiques pour lesquels cinq ou six d’entre eux ont écopé des mois de prison ferme «avec mandat de dépôt»… Si cela avait été pour «port d’armes», sans doute, les commentateurs s’en seraient-ils régalés le gosier, en l’absence de telle régalade, j’ose imaginer que, peut-être, les motifs juridiques doivent devoir leur rester en travers de la gorge, au fond. Qui les connaît, s’il vous plaît ? Qu’on me les indique, j’y tiens.
Je me rappelle de similaires sacripants ayant eu l’audace de déployer des banderoles sur quelques toits, banderoles portant des inscriptions susceptibles de défriser l’émotion des familles de dealers du quartier de la Monnaie et de quelques autres de ces quartiers mirobolants, et ceux-là, rappelez-vous, ils furent également condamnés : «La République gouverne mal, mais elle se défend bien.» On ne le sait que trop, depuis qu’un Anatole France et/ou un Charles Maurras l’ont lancé à la gueule de la gueuse.
Il n’y a aucun scandale à ce que l’on manifeste contre les responsables d’un meurtre «socialement» prémédité, car c’est de cette préméditation-là qu’il s’agit : les «racailles» sont en état de préméditation de meurtres, pour cette raison manifeste que ces racailles en commettent régulièrement, dans des conditions plus ou moins similaires et que, se déplacer avec dagues, grands «opinels» et révolvers attestent que l’on a au cœur des intentions d’un humanisme tout particulièrement d’avant-garde…
Assez des dissertations politicailleuses, déroulées à longueur de componctions républicaines phraséologiques, un peu de c*** au c***, bon Dieu ! un peu de cette cochonnerie, que je viens de décliner avec dégoût de la langue employée, au lieu des traîtreuses précautions que l’on prend pour ne plus être capable de même susurrer quelque chose que l’on n’ose déjà plus réfléchir un seul instant…
Il FAUT un «basculement» supplémentaire : le basculement permettant à tout un chacun qui est civilisé de s’élever pour porter haut la civilisation qui est la nôtre : celle de la chrétienté, de son honneur, de son courage, de ses vertus charitables, ce que Léon Bloy appelait «les chevaleresques indignations de la conscience chrétienne»… Voilà à quoi nous devons en appeler, avec ou sans barres de fer, selon les circonstances et les capacités de chacun.
Vive Dieu, la France et le Roi !
[…] manifester, à l’infinitif ! … Fait’ z’excuse !
Du très bon Gattegno. Et presque partout compréhensible. Bravo !
Oui, David.
Oui Monsieur David CATTEGNO …Ceci est bien claire et bien français. Que rajouter si ce n’est la triste vérité de ce que le peuple français subi depuis trop longtemps . Vous invoquez DIEU le père…Mais DIEU se rit de CEUX qui chérissent les causes dont ils dénoncent les conséquences!
Les » CAUSES » sont les élus du PEUPLE qu’ils trahissent ensuite.