1226 : Sacre de Louis IX
Sa mère, Blanche de Castille, assure la régence car le futur Saint-Louis n’a que 12 ans.
Elle est l’une de ces six femmes – dont quatre d’origine étrangère, ce qui était évidemment son cas – à avoir exercé la totalité du pouvoir en France, sous la monarchie :
• Blanche de Castille (régente pour Saint Louis);
• Anne de Beaujeu (pour Charles VIII);
• Louise de Savoie (pour François 1er);
• Catherine de Médicis (pour Charles IX);
• Marie de Médicis (pour Louis XIII);
• Anne d’Autriche (pour Louis XIV).
Qui plus est, et là le fait est unique, elle exercera deux fois la Régence, au nom de son fils Louis IX :
• en 1226 (régence de minorité),
• et en 1248 (à partir du 24 août), son fils partant pour la Septième croisade.
Le roi ne rentrera en France, contraint et forcé, que lorsqu’il apprendra le décès de sa mère.
(Illustration : Blanche de Castille, Miniature du XIVe siècle)
Louis IX, qui allait devenir saint Louis, devait avoir un grand prestige international :
« Sa réputation de justicier– écrit Michel Mourre – le fit choisir comme arbitre dans de nombreux différents européens: en 1264, le roi de France eut à rendre sa sentence la plus célèbre, la « mise d’Amiens », qui trancha le conflit entre Henri III et les barons anglais révoltés… »
« …C’est bien en effet la sainteté qui fait l’unité de cette puissante personnalité qui n’avait cessé de combattre, à l’intérieur comme à l’extérieur, pour une justice pleine de force et d’autorité. Son règne vit l’apogée de la civilisation française au Moyen-Age : rayonnement de l’Université de Paris, où enseignait Saint Thomas d’Aquin; fondation de la Sorbonne (1257); construction de la sainte Chapelle; sculpture de la façade de Reims (ci dessous). Louis IX, qui avait eu pour successeur son fils, Philippe III le Hardi, fut canonisé dès 1297 par le pape Boniface VIII… »
« Saint Louis continuera ses prédécesseurs – écrit pour sa part Jacques Bainville . Seulement il les continuera en développant un élément que, jusqu’à lui, la dynastie capétienne n’avait qu’à peine dégagé. Les qualités de sa race, il les poussera jusqu’à la vertu, jusqu’à la sainteté. La royauté française était un peu terre à terre. Par lui, elle prendra un caractère de grandeur spirituelle dont elle gardera toujours le reflet. On a remarqué que la plupart des autres maisons royales ou impériales d’Europe avaient pour emblèmes des aigles, des lions, des léopards, toutes sortes d’animaux carnassiers. La maison de France avait choisi trois modestes fleurs. Saint Louis a été la pureté des lis… »
Il ne faut cependant pas croire naïvement que la vie et le règne de Louis IX furent un long fleuve tranquille : le roi fut à la fois le premier roi de France à être fait prisonnier sur le champ de bataille (voir l’éphéméride du 11 février) et le premier roi de France mort à l’étranger (voir l’éphéméride du 25 août) !
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes voir la photo « Louis IX, pris pour arbitre par l’Europe entière »
1314 : Mort de Philippe le Bel
Le roi meurt à l’âge de 46 ans, et après trente années de règne.
De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre V, Pendant 340 ans, l’honorable maison capétienne règne de père en fils :
« …Philippe le Hardi mourut en 1285 au retour d’une deuxième expédition, cette fois en Catalogne. Son fils, Philippe le Bel, n’avait que dix-sept ans, mais il était singulièrement précoce. Il jugea bientôt que cette affaire de Sicile était épuisante et sans issue et il s’efforça de la liquider avec avantage et avec honneur. Il appliquait déjà sa maxime : « Nous qui voulons toujours raison garder. » Il n’était pas raisonnable de courir des aventures lointaines lorsque la France n’était pas achevée. Et puis, les dernières croisades, suivies de ces affaires italiennes et espagnoles, avaient été dispendieuses. Il fallait créer des impôts qui mécontenteraient le contribuable et demander de l’argent à tout le monde, même au clergé, ce qui fut l’origine des démêlés du nouveau roi avec le pape.
C’est la première fois que nous avons à parler d’une crise financière. Mais la monarchie avait créé des finances, organisé l’administration. Ce qui se faisait autrefois au hasard, les dépenses qu’on couvrait par des moyens de fortune, par des dons plus ou moins volontaires, tout cela devenait régulier. La machine de l’État commençait à marcher, à distribuer de la sécurité, de l’ordre, mais elle coûtait cher. Faire la France coûtait cher aussi. Ces difficultés, que nous connaissons de nouveau aujourd’hui, dureront des siècles.
À beaucoup d’égards, il y a une curieuse ressemblance entre le règne de Philippe le Bel et celui de Louis XIV. Tous deux ont été en conflit avec Rome. Philippe IV a détruit les puissances d’argent, celle des Templiers surtout, comme Louis XIV abattra Fouquet. Philippe le Bel, enfin, a été attiré par la Flandre comme le sera Louis XIV, et cette province, d’une acquisition si difficile, l’engagera aussi dans de grandes complications. Il y a comme un rythme régulier dans l’histoire de notre pays où les mêmes situations se reproduisent à plusieurs centaines d’années de distance… »
Affaire des Templiers (éphéméride du 13 octobre) et affaire dite « de la Tour de Nesles » : Maurice Druon – avec beaucoup de talent – a raconté la fin du règne du grand roi, et celle des Capétiens directs, dans Les Rois maudits, excellent roman mais où, justement, certains éléments purement romanesques viennent interférer avec la vérité historique (éphéméride du 19 avril).
1516 : Paix de Fribourg ou « Paix Perpétuelle » entre la France et les Cantons suisses
Cette Paix ne sera rompu qu’à la Révolution, et à cause de la Révolution (massacre des Suisses en 1792, invasion du territoire helvétique en 1798.
De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre VIII, François 1er et Henri II : la France échappe à l’hégémonie de l’empire germanique :
« …À la veille de la mort de Louis XII, on s’apprêtait à reconquérir le Milanais. François 1er, prudent malgré sa jeunesse et son désir de briller, s’assura qu’il n’y aurait pas, cette fois, de coalition à craindre et franchit les Alpes hardiment. Il ne tarda pas à rencontrer les Suisses qui étaient là comme en pays conquis. Curieuse histoire que celle de ces cantons, qui, enivrés de leurs victoires pour la liberté, avaient pris goût à la guerre et, d’opprimés, étaient devenus oppresseurs. Histoire qui s’est répétée vingt fois, qui a été celle de presque tous les peuples affranchis. Les Suisses étaient de rudes soldats et François Ier put être fier de les avoir mis en fuite à Marignan après une bataille de deux jours. Il y gagna Milan et une réconciliation avec le pape : le premier Concordat, qui durera jusqu’à la Révolution, date de là. Il y gagna aussi l’estime de ceux qu’il avait battus. Une paix perpétuelle fut signée à Fribourg avec les cantons suisses : de part et d’autre, exemple presque unique dans l’histoire, le pacte a été observé… »
En trois siècles et demi, un million de Suisses serviront la France, et la Monarchie, dont 600.000 périront au combat ou des suites de leurs blessures.
Parmi les différents régiments, celui des Gardes Suisses est un régiment d’élite devenu permanent en 1616. Formé de soldats de grande taille, triés sur le volet, il a été chargé jusqu’à la fin de l’Ancien Régime d’une triple mission :
• garde et service d’honneur auprès du Roi, à l’extérieur des châteaux royaux avec le régiment homologue des Gardes Françaises;
• maintien de l’ordre à Paris et en Île de France;
• participation à la guerre en première ligne, comme les Gardes Françaises, pour une partie, au moins, du régiment;
Jusqu’en 1755, il n’y a pas de casernes pour ces soldats en région parisienne. Ils sont logés chez l’habitant. Il y eut une compagnie à Rueil, et d’autres à Vanves, Issy, Colombes, Argenteuil, Saint Denis… L’arrivée des Gardes Suisses à Rueil s’est faite dès le début de la création du régiment et leur présence a été constante jusqu’au drame du 10 août 1792 (leur massacre aux Tuileries). Deux cents militaires vont cohabiter pendant plus d’un siècle avec la population du village de Rueil estimée à 1300 habitants vers 1700.
Puis, en 1755, selon la volonté de Louis XV, trois casernes identiques sont construites à Rueil, Courbevoie et Saint Denis. Elles reçoivent chacune, au minimum, un bataillon de gardes.
Rodolphe Kreutzer – à qui Beethoven dédia sa célébrissime Sonate n°9 pour piano et violon – était musicien du Roi dans les Gardes Suisses (éphéméride du 15 novembre).
Renaud Capuçon dirige, au violon, l’Orchestre national de France dans un arrangement pour violon et orchestre à cordes de la Sonate n° 9 en la majeur, op. 47 « à Kreutzer » de Beethoven.(38′)
Au Musée Franco-Suisse de Rueil Malmaison (« Des Gardes Suisses… à la Légion Etrangère ») dans l’ancien poste de garde de la caserne des Suisses.
• Sur l’horreur absolue que constitua le massacre des Gardes Suisses lors des atrocités de la journée insurrectionnelle du 10 août 1792, voir l’éphéméride du 10 août.
• Et, pour admirer les drapeaux de cette « nation fidèle », voir notre album Drapeaux des Régiments du Royaume de France (472 photos): sa partie III (81 photos) est intégralement consacrée aux Drapeaux des Suisses : « Au début furent les Cent Suisses… »et les photos suivantes.
1677 : Naissance de Guillaume Coustou
Neveu du grand sculpteur Coysevox (voir l’éphéméride du 10 octobre), Coustou est surtout admiré pour ses deux Chevaux de Marly – ci-dessous, en marbre de Carrare – exécutés à la demande de Louis XV pour remplacer, de chaque côté de l’abreuvoir de Marly, le Mercure et la Renommée de son oncle, Coysevox.
En 1795, les Chevaux furent transportés à Paris et placés, à l’entrée des Champs-Elysées. Trop exposés aux intempéries, les originaux ont été transportés au Louvre, et remplacés par des copies.
1689 : Naissance de Jacques-Philippe Mareschal
Ingénieur militaire du Roi Louis XV et directeur des fortifications de la Province de Languedoc, c’est lui qui créa en 1750, à la demande du Roi, les magnifiques Jardins de la Fontaine de Nîmes.
Il les dessina sur l’emplacement du site antique de Nîmes, la Nemausus des romains, ayant le crocodile dans ses armes car c’étaient des vétérans des Légions ayant servi en Egypte qui avaient reçu des terres pour s’y établir.
Les Jardins de la fontaine sont les premiers jardins publics dans l’histoire de France et parmi les premiers d’Europe. Situés au pied du mont Cavalier, en haut duquel se dresse la Tour Magne, ils se décomposent en deux parties : le niveau inférieur est occupé par un jardin à la française, aux larges allées et aux massifs tirés au cordeau, parsemés de balustres de pierres et de statues. On y trouve la source dédiée à Nemausus, génie des eaux et dieu tutélaire de la cité. Puis, l’ascension au sommet du mont, mène à la Tour Magne : cette grande tour octogonale est un présent de l’empereur Auguste à la colonie de Nîmes en l’an 15 avant J.C.
nimes
1776 : Tromelin devient française
Lors d’une opération de sauvetage d’esclaves abandonnés sur une petite île aux larges de l’île Bourbon (aujourd’hui île de la Réunion) et de l’île-de-France (aujourd’hui île Maurice), le Chevalier de Tromelin, lieutenant des vaisseaux du Roi, dressa le pavillon français sur ce petit bout de terre, perdu au milieu de l’immensité de l’océan. Il lui donna son nom, prenant possession – ce 29 novembre – de l’île Tromelin au nom du Roi de France, Louis XVI.
De retour à l’île-de-France, les 8 survivants qu’il ramena furent déclarés libres. Il y avait un enfant, dans ce petit groupe : l’intendant lui donna asile, ainsi qu’à Eve, sa mère et à Dauphine, sa grand-mère; le nourrisson fut baptisé; ce sont les premières pages de l’histoire « française » de ce minuscule morceau de France.
Les-esclaves-oublies-de-Tromelin
C’est grâce à des lieux comme Tromelin, ou Cliperton que la France possède, aujourd’hui, le deuxième domaine maritime mondial, avec plus de onze millions de kilomètres carrés de ZEE (Zone Economique Exclusive) :
Dans notre album L’Aventure France racontée par les cartes, voir la photo « La deuxième puissance maritime mondiale ».
1787 : Édit de Tolérance
Dès 1784, en effet, Louis XVI avait émis des Lettres Patentes permettant aux juifs l’exercice de l’agriculture, du commerce et de l’artisanat.
Et, en 1787, juste après ses mesures fortes vis-à-vis des protestants, le Roi chargera Malesherbes de préparer un Edit similaire envers les Juifs (éphéméride du 28 septembre).
Avocat d’un immense talent, Pierre Antoine Berryer fut un grand défenseur du peuple, grand perdant de la révolution de 1789. Il devint royaliste par empirisme en voyant la condition ouvrière et les désastres révolutionnaires. A la Chambre, il fut le porte-parole de l’opposition Légitimiste, et protesta fermement contre le Coup d’Etat du 2 décembre 1851.
• BERRYER
• Comme tout député, il a droit à sa biographie officielle :
assemblee-nationale – berryer
• Sa réputation est telle qu’elle a donné lieu à « La Berryer » : la-conference-berryer
Photographié par Nadar
Sous le titre Pierre-Antoine BERRYER, Défenseur de la justice, des libertés et du Roi, le Comité du Vieux Marseille a publié un ouvrage de Michel FRANCESCHETTI.
Il présente la vie de Pierre-Antoine Berryer qui fut considéré comme le meilleur avocat du XIXe siècle. [Cliquer sur l’image pour en savoir plus].
Quelques jours avant sa mort, le 18 novembre, il envoya une lettre au comte de Chambord, dans laquelle il témoignait de son inaltérable fidélité à la cause légitimiste :
Ô Monseigneur, Ô mon Roi,
On me dit que je touche à ma dernière heure. Je meurs avec la douleur de n’avoir pas vu le triomphe de vos droits héréditaires, consacrant le développement des libertés dont la France a besoin. Je porte ce vœu au Ciel pour Votre Majesté, pour Sa Majesté la Reine, pour notre chère France. Pour qu’il soit moins indigne d’être exaucé par Dieu, je quitte la vie armé de tous les secours de notre Sainte Religion.
Adieu Sire, que Dieu vous protège et sauve la France.
Votre fidèle et dévoué sujet,
Berryer
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