Par Nicolas Baverez.
Cet article à tous égards remarquable pour sa tonalité annonciatrice des pires situations et, en définitive, pour sa lucidité, est paru dans Le Figaro d’hier lundi 4 décembre. Nicolas Baverez, fervent de la démocratie libérale et européiste ou européenne, n’a pas la réputation de parler pour ne rien dire, ni à la légère. Son expertise et son sérieux sont généralement reconnus et respectés. Le voici dressant le tableau très noir – financier, économique, et aussi bien au-delà de ces seuls domaines – de l’univers mental, politique et, bien sûr, progressiste, sur quoi nos élites ont vécu, et en quoi elles ont peut-être cru, depuis des décennies. Cette élite ou semble-élite, voit s’écrouler en ces temps devenus difficiles et même dangereux, à peu près tout de ce qui faisait tenir debout l’édifice France, Europe, Occident, etc. Inutile d’énumérer tous les domaines en crise, tous les pans de ces édifices qui sont en voie d’effondrement : structures sociales (ou « sociétales »), éducation, culture, services publics, ordre public, administration et institutions de l’État, démographie, tensions migratoires et internationales de haute intensité. Comme Nicolas Baverez, tout ce que nos élites comptent d’esprits ouverts, s’effraie de cet ébranlement global dont, finalement la crise économique privilégiée ici n’est qu’une conséquence ou qu’un épiphénomène. Dans le même numéro du Figaro, Luc Ferry qui se pique lui aussi maintenant de lucidité retrouvée donne un entretien qui serait à lire et méditer aussi et dont le titre à soi seul est révélateur des graves « soucis » actuels : « La frénésie du bonheur liquide la morale sur l’autel du narcissisme ». Le bonheur ne semble plus être une idée neuve en Europe… Saint-Just qui l’avait annoncé n’est plus à la page, après deux siècles de catastrophes universelles.
CHRONIQUE – Le caractère stratégique de l’agriculture a été remis en lumière ces dernières années avec la pandémie de Covid, la guerre en Ukraine et le réchauffement climatique.
« La France va droit à un choc financier majeur, indissociable d’une profonde crise politique dont l’Argentine permet de mesurer les risques. »
CHRONIQUE – En ancrant dans l’esprit des Français la conviction que l’argent public était illimité et gratuit au moment même où les conditions de financement des États se tendaient brutalement, Emmanuel Macron a aliéné la souveraineté de la France, analyse Nicolas Baverez.
Depuis plusieurs décennies, la France semble défier les lois de l’économie et de la finance, donnant tort à ceux qui, dans la lignée du rapport de Michel Pébereau, en 2006, alertent sur le caractère insoutenable de la dette publique. Celle-ci est passée de 20 % du PIB en 1980 à 58 % en 2000, 85 % en 2010 et 111,8 % en 2022. Elle atteint 3050 milliards d’euros à la fin du premier semestre 2023, soit 44.850 euros par Français, alors que le salaire annuel plafonne à 39.300 euros. La France a réagi à tous les chocs qui se sont multipliés depuis le krach de 2008 par une envolée des dépenses publiques qui culminent à 58,2 % du PIB. Dans le même temps, la croissance moyenne a chuté de 3,7 % dans les années 1970 à 0,2 % depuis 2010 et le chômage de masse s’est installé, ne revenant jamais en dessous de 7 % des actifs. Pourtant, la dette française n’a jamais été attaquée par les marchés, contrairement à la Grèce en 2009, l’Italie et les pays méditerranéens en 2011, le Royaume-Uni en 2022.
L’impunité dont a joui la dette publique française s’explique par trois raisons. Tout d’abord, le cycle de baisse combinée de l’inflation et des taux d’intérêt – avec pour point d’orgue le passage en taux négatifs durant la pandémie de Covid -, qui a permis de diminuer le service de dette alors même que son montant explosait. Ensuite, la tolérance inouïe des Français à l’impôt doublée de l’efficacité du ministère des Finances pour en maximiser les recettes et lever de la dette – 285 milliards en 2023 -, efficacité qui n’a d’égale que son incompétence chronique pour favoriser la création de richesses et d’emplois autres que publics. Enfin, la protection de la zone euro liée au caractère systémique de la dette française pour la monnaie unique et à la garantie implicite de l’Allemagne.
L’effondrement économique de la France
Aujourd’hui, tout a changé. L’effondrement économique de la France s’amplifie avec une croissance potentielle nulle, la chute de 5 % de la productivité depuis 2019, la remontée du chômage vers 8 % des actifs, un déficit public de 4,9 % du PIB et un déficit commercial supérieur à 100 milliards d’euros en 2023. Mais l’environnement s’est radicalement transformé.
Avec le retour de l’inflation, les taux d’intérêt se sont vivement redressés, passant pour la BCE de 0 % au printemps 2022 à 4 % depuis septembre 2023. La charge de la dette progressera de 40 milliards en 2021 à près de 80 milliards en 2027, devenant le premier budget de l’État et dépassant les recettes de l’impôt sur le revenu. Surtout, les taux d’intérêt réels sont désormais supérieurs à la croissance nominale, ce qui oblige à augmenter le surplus primaire du budget (avant paiement des intérêts), sauf à placer la dette sur une trajectoire explosive. Or la France est en déficit primaire de 2,9 % du PIB en moyenne. La dette publique française est donc programmée pour s’envoler et tendre vers celle de l’Italie (140 % du PIB), qui se trouve sous la pression des marchés.
Par ailleurs, les prélèvements obligatoires atteignent un niveau record de 48 % du PIB – très au-dessus de la moyenne de 41,2 % au sein de la zone euro – et la grande jacquerie des « gilets jaunes » contre la taxe carbone comme l’affaiblissement de la compétitivité des entreprises françaises soulignent qu’il n’existe plus aucune marge pour augmenter les impôts dans notre pays.
Enfin, la France est devenue, aux côtés de l’Italie, le maillon faible de l’Europe. Son déficit sera le plus élevé de la zone euro à partir de 2024, au moment où le Portugal ou l’Irlande affichent des excédents de 1 % et 1,6 % du PIB. L’envolée de sa dette contraste avec la diminution enregistrée dans la zone euro (88,6 % du PIB). Surtout, l’Allemagne est rattrapée par la crise de son modèle économique mercantiliste et de ses finances publiques depuis la sanction par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe de la débudgétisation par les fonds spéciaux, plaçant en apesanteur le financement de la transition écologique à hauteur de 60 milliards d’euros. Berlin, à couteau tiré avec Paris, a moins que jamais la volonté et la possibilité de réassurer la dette française.
Je ne sais pas s’il faut parler de la démagogie t de la lâcheté de nos dirigeants ou de leur incapacité. Ils ont sûrement peur, peur des réactions de la rue peur de prendre des décisions peur de perdre leur place ils ne font rien ou pire ils oscillent entre les partis en gagnant du temps , en clair ils sont nocifs et au mieux ils ne font rien. Ce sont des potiches inutiles et malfaisantes et nous en subissons l’emprise.
Merci à Nicolas Baverez et à toutes les Cassandre, nous sommes prévenus et il parait qu’un homme prévenu en vaut deux
La dette est volontairement crée par des réductions d’impôts aux catégories sociales les plus aisées pour faire croire qu’il n’y a plus d’argent pour maintenir un haut système de protection sociale. Baverez comme tout néolibéral tombe volontairement dans ce panneau. Tout comme le dogme de la monnaie forte à tout prix depuis plus de 30 ans.
Nicolas Baverez n’est jamais qu’un économiste néolibéral comme tant d’autres. La théorie du ruissellement à l’origine du néolibéralisme façon Thatcher et Reagan n’a jamais été démontré quant à son exactitude. Elle repose sur un postulat. Bref Nicolas Baverez a tout faux, est d’un total conformisme.
J’ai vu le Sauveur de la France, s’en allait dignement, pour ne pas devenir un dictateur vieillissant.
J’aimerai voir celui dont nous subissons tous, tous les jours, sa démocrature révoltante, finir ses jours, dans le puits du Château de Joux, devenu prison d’Etat pour Toussaint Louverture le héros des esclaves de St Domingue.
Sinon, alors, je veux bien substituer ma requête pour voir la prophétie de L’ecclésiaste s’abattre sur mon pays dont le prince est un enfant.
Quant aux autres partisans de ce prince, ils n’emporteront rien, les américains les trahiront comme ils l’ont toujours faits avec leurs « amis ».