1710 : Victoire décisive de Louis-Joseph de Bourbon, duc de Vendôme, à Villaviciosa
L’arrière-petit-fils d’Henri IV, brillant général qui s’est acquis dans l’Histoire le nom flatteur de « grand Vendôme », avait été envoyé en Espagne par Louis XIV, à la demande expresse de Philippe V, pour redresser une situation qui pouvait sembler à maints égards désespérée : la brillante victoire qu’il remporta à Villaviciosa sur les troupes anglaises du général Stanhope fut décisive, en ce sens qu’elle marqua, enfin, le tournant de cette interminable Guerre de Succession d’Espagne, qui laissait toute l’Europe épuisée.
L’année précédente, à Malplaquet, bien que vaincue, l’armée française avait infligé de telles pertes aux anglos-prussiens que ceux-ci avaient dû renoncer à envahir la France. (Photo : Le grand Vendôme, par Jean-Gilbert Murat, vainqueur à Villaviciosa)
Dans quelques mois, le Maréchal de Villars remportera la victoire de Denain.
Vendôme fit apporter les 54 drapeaux et les 14 étendards pris aux anglais, hollandais, palatins et catalans. Il en couvrit le dormeur et en pavoisa sa tente. Le lendemain, à l’aube, il dit au roi : « Votre majesté a dormi dans le plus beau lit où jamais roi ait couché ! »
Don Pedro de Veca alla porter à Marly la nouvelle de cette victoire, qui assurait définitivement la possession du trône d’Espagne à la maison de Bourbon. Louis XIV était à table : « Pour ce surprenant changement dans les affaires d’Espagne, dit-il, il n’a fallu qu’un homme de plus, mais cet homme était Vendôme... » C’est Philippe V lui-même qui avait sollicité de son grand-père la présence, à ses côtés, du grand général : le duc d’Anjou, devenu roi d’Espagne, avait alors vingt-sept ans, et il était de robuste constitution; mais, le soir de la bataille, après être resté si longtemps à cheval, il était épuisé : on jeta un manteau sur la neige durcie et il s’y endormit.
Jacques Bainville a montré le bien-fondé de cette Guerre de Succession d’Espagne, la dernière du règne, aussi longue et aussi épuisante qu’elle ait été : dans notre album Maîtres et témoins (II) : Jacques Bainville., voir la photo « Un Bourbon sur le trône d’Espagne : le « bon choix ».
1822 : Naissance de César Franck
Écouter Panis Angelicus interprété par Elina Garanča
1901 : Premières attributions du Prix Nobel
Elles ont lieu cinq ans après le décès de leur fondateur, Alfred Nobel.
Il ne convient sans-doute pas d’adopter envers ces distinctions une posture exagérément révérencielle : l’idéologie qui inspire sur bien des sujets les comités organisateurs n’est pas nécessairement dans la tradition politique et culturelle française. Les distinctions accordées ont néanmoins une autorité universelle et méritent d’être mentionnées ;
Parmi les les cinq « bienfaiteurs de l’humanité » (selon les termes mêmes de son testament) récompensés cette année-là, figurent Sully Prudhomme (Littérature) et Frédéric Passy, qui partage son Prix Nobel de la Paix avec Henry Dunant, le fondateur de la Croix Rouge.
Depuis cette date, les français ont reçu :
• 15 Prix Nobel de Littérature : Sully Prudhomme (1901); Frédéric Mistral (1904); Romain Rolland (1915); Anatole France (1921); Henri Bergson (1927); Roger Martin du Gard (1937); André Gide (1947); François Mauriac (1952); Albert Camus (1957); Saint John Perse (1960); Claude Simon (1985); Gao Xingjian (2000); Jean-Marie Le Clézio (2008); Patrick Modiano (2014).
• 10 Prix Nobel de Médecine (pour 13 récipendaires) : Charles Louis Alphonse Laveran (1907); Alexis Carrel (1912); Charles Robert Richet (1913); Charles Jules Henri Nicolle (1928); André Cournand (1956); François Jacob, André Lwoff et Jacques Monod (1965); Roger Guillemin (1977); Jean Dausset (1980); Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier (2008). Jules Hoffmann (2011).
• 7 Prix Nobel de Chimie (pour 9 récipiendaires) : Henri Moissan (1906); Marie Curie (1911); François Grignard et Paul Sabatier (1912); Frédéric et Irène Jolliot-Curie (1935); Jean-Marie Lehn (1987); Yves Chauvin (2005); Jean-Pierre Sauvage (2016).
• 14 Prix Nobel de Physique (pour 13 récipiendaires) : Antoine Becquerel, Pierre et Marie Curie (1903); Gabriel Lippmann (1908); Jean Perrin (1926); Louis de Broglie (1929); Alfred Kastler (1966); Louis Neel (1970); Pierre-Gilles de Gennes (1991); Georges Charpak (1992); Claude Cohen-Tannoudji (1997); Albert Fert (2007); Serge Haroche (2012); Gérard Mourou 2018.
• 3 Prix Nobel d’Economie : Gérard Debreu (double nationalité, française/états-unienne), 1983; Maurice Allais, 1988; Jean Tirole (2014).
Yves Chauvin reçoit le prix Nobel 2005 de chimie des mains du roi Charles XVI Gustave de Suède, le 10 décembre à Stockholm.
Il est à noter que Marie Curie est la seule femme à avoir reçu deux Prix Nobel : Physique (1903, avec Pierre Curie et Antoine Becquerel) et Chimie (1911); que Jean-Paul Sartre a refusé son Prix en 1964; et que 10 Prix Nobel de la Paix ont été distribués, à des Associations ou a des personnes, dont Albert Schweitzer, en 1952.
Il n’y a pas de Prix Nobel de Mathématiques. Pour pallier ce manque, deux récompenses ont été créées.
• la Médaille Fields en 1936.
Elle est décernée tous les quatre ans seulement, à des chercheurs de moins de 40 ans (à un ou, au maximum, quatre récipiendaires). 11 français l’ont obtenue :
• Laurent Schwartz (1950);
• Jean-Pierre Serre (1954);
• René Thom (1958);
• Alexandre Grothendieck (1966);
• Alain Connes (1982);
• Pierre-Louis Lions et Jean-Christophe Yoccoz (1994);
• Laurent Lafforgue (2002);
• Wendelin Werner (2006);
• Ngô Bao Châu et Cédric Villani (2010);
• Artur Avila (2014).
Avec 12 lauréats sur les 56 médailles Fields décernées depuis 1936, la recherche mathématique française occupe le deuxième rang mondial.
• le Prix Abelen 2003.
Il est décerné chaque année, comme le Prix Nobel.
Les français ont obtenu quatre fois cette récompense :
– le premier Prix Abel, en 2003, est allé à Jean-Pierre Serre;
– en 2008, le Prix a été attribué à Jacques Tits;
– en 2009, au franco-russe Mikhaïl Leonidovich Gromov (naturalisé français en 1992);
– en 2017, à Yves Meyer.
1957 : Albert Camus condamne le Terrorisme
Camus se voit remettre le Prix Nobel de littérature le 10 décembre 1957. A Stockholm, pressé de questions par les journalistes, l’écrivain déclare : « En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est cela la justice, je préfère ma mère » .
Ceux qui faisaient déjà partie du politiquement correct à l’époque (« le mot » n’existait pas, alors, mais « la chose », oui…); les intellectuels fascinés par la Révolution bolchévique, au point d’en perdre leur liberté de jugement et de pensée, et pour qui le marxisme était l’horizon indépassable de l’humanité; bref, tous ceux qui ne lui pardonnent pas de s’éloigner chaque jour un peu plus de cette extrême-gauche où il a débuté : tous ceux-là vont déformer son propos, et se livrer à un exercice qu’ils ne connaissent que trop bien : la désinformation et le mensonge, typiquement révolutionnaires.
Le propos initial, déformé, va devenir : « Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère. » Mille fois répété, et partout, c’est cette phrase, jamais dite, et dont la signification est tout autre, qui sera retenue, et non la phrase et la pensée originelle : Camus n’opposait pas la justice à sa terre natale, mais dénonçait, en situation, le terrorisme : que ce soit pour une bonne cause ou pour une mauvaise, le terrorisme reste le terrorisme. Lancer des bombes au milieu de gens dont le seul tort est d’exister est inadmissible.
Peu de temps auparavant, en 1955, dans ses Chroniques algériennes, Camus avait écrit :
« Quelle que soit la cause que l’on défend, elle restera déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente, où le tueur sait d’avance qu’il atteindra la femme et l’enfant. ».
Et peu de temps après, en décembre 1959, juste avant son dernier séjour à Lourmarin (il devait mourir tragiquement le 4 janvier 1960), il écrira :
« L’Algérie c’est comme ma mère. Jamais je ne serai pour son abandon, peut-on abandonner une mère ? Et cela pour bien des raisons, dont la principale est que, livrée à son propre sort, elle retomberait en une décennie en l’état où nos ancêtres l’ont trouvée. Serait-il juste que plus d’un siècle de dur labeur, de souffrances, de larmes, soit balayé par ce soi-disant vent de l’histoire ? Et qu’il n’en reste plus rien ? Non, il doit exister une solution. A nous, gens de bonne volonté, de la trouver et de l’appliquer « .
Sa dernière déclaration, faite à Jean Bloch-Michel, après le discours sur l’autodétermination, fut :
« S’il y a un référendum sur l’affaire algérienne, je ferai campagne contre l’indépendance dans toute la presse algérienne. Je maintiens qu’Algériens français et musulmans doivent cohabiter »
• Sur Albert Camus, sa pensée, son évolution, voir l’éphéméride du 23 octobre et du 17 octobre
La tombe de Camus, à Lourmarin
Inauguration de Lascaux 4
Lascaux
Sur Lascaux, et la découverte de la grotte, voir l’éphéméride du 12 septembre.
Cette éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_Abel
Le récipiendaire de la médaille Fields en 1950 est Laurent Schwartz et non Louis
Je me permets d’ajouter au commentaire sur Camus que de toutres façons, cette querelle sémantique était un faux problème, car la mère de Camus était la Justice. Cette femme analphabéte d’origine espagnole ( Sintès) et à moitié sourde, qui vivait aux environs de Mondovi près de Bône, dans une ferme où son mari était tonnelier, le voit partir en 1914 à 29 ans où il va tomber à la bataille de la Marne. Camus a un an et son frère ainé 4 ans. La malheureuse qui a 32 ans, vit à Alger sous la domination de sa mère dans un quartier pauvre d’Alger: Belcourt. Elle est comme ces veuves de 14-18 que j’ai bien connues, qui acceptèrent leur sort sans parler, toujours en noir, toujours fidèles à la mémoire de leur époux, allant à la messe de 7h30, le dimanche avec 3 sous pour la quête et la chaisiére, élevant leurs enfants dans la dignité. L’une d’elles que j’ai rencontrée jusqu’en 1960 à Oran , avait encore sur sa porte, la plaque en cuivre de 1914 au nom de son mari : » Oswald *** », les mêmes meubles , les mêmes photos,. Son père d’origine alsacienne avait vu arriver à un mois d’intervalle, en 1914, ses 2 filles veuves , avec chacune un bébé dans les bras. A l’époque , les « pensions » n’existaient pas encore puisque c’est Clemenceau en 1917 et Lugol qui instaurérent une législation de « pupilles de la nation ». Il n’y avait pas de « cellules de soutien psychologique » et on n’entendait pas parler de « dépression nerveuse » .
J’ajoute que, curieusement, Camus a attendu , bien après la guerre 39-45, pour aller se recueillir sur la tombe de son père mort à Saint Brieuc des suites de ses blessures. La mère d’Albert Camus est morte la même année que son fils, en 1960, à 78 ans, avant l’indépendance de l’Algérie. En apprenant l’accident de son fils, elle aurait dit « C’est trop jeune. »
Très intéressant. Merci infiniment.
La victoire des armées de Louis XIV sous la conduite du « Grand Vendôme » nous donne l’occasion de relire ces pages de Charles Maurras sur Lois XIV et l’Homme Roi:
« L’homme-roi n’a cessé de vivre, de marcher, d’entreprendre ; le front haut comme l’âme, il abordait les difficultés réunies de l’Ennemi contemporain et du ténébreux avenir. Jeu terrible, il est matériellement impossible d’y gagner à tout coup ! Mais si l’on convient, une fois pour toutes, que le positif compte seul et que l’on s’y tienne, on est ébloui. Et non pas de l’action, ni de la pensée, ni même de leurs fruits répandus dans toutes ces œuvres de l’homme-roi et projetés fort loin dans le temps, mais de la grandeur immatérielle inhérente à leur style. #
Cela peut se sentir par la simple différence entre la plus sincère emphase jacobine ou napoléonienne et les sept lignes de la fameuse lettre au duc de Savoie :
-Monsieur, puisque la religion, l’honneur, l’alliance et votre propre signature ne sont rien entre nous, j’envoie mon cousin, le duc de Vendôme, à la tête de mes armées, pour vous expliquer mes intentions. Il ne vous donnera que vingt-quatre heures pour vous déterminer.-
Propriété. Justesse. Choix. Cela est beau sans doute. Comme pour tout ce qui s’est fait sous le grand règne plus beau encore est ce dépouillement simple, ce rejet naturel de ce qui ne concourt pas au sublime.
Un tel style portait tout droit vers les hauteurs. Encore fallait-il le défendre, dans la mesure du possible, contre les puissances d’affaiblissement. »* ( fin de citation)
Avouons que nous sommes loin des débats pitoyables que nous inflige la Télévision, avec leurs petites phrases, les non-dits, le politiquement correct….et même le « doigt d’honneur » d’Eric Zemmour qui a parfaitement compris à travers Bainville , la grandeur de la Monarchie, mais n’a pu se débarrasser de ses huit ans d’enfance à la Résidence Faidherbe à Drancy, et c’est dommage. Il l’avoue lui-même.