D’entre tous les riches commentaires que David Gattegno adresse régulièrement à Je Suis Français – qui l’en remercie – il nous a paru bon d’extraire celui-ci, reçu le 10 décembre. Il fait écho à l’article de Jérôme Serri de même date : Non aux crèches de Noël ! Oui au Plug anal !
Par David Gattegno.
Le propre de toute révolution est la destruction… Dans un de ses discours, Saint-Just déclare effectivement : « Ce qui constitue une république, c’est la destruction de tout ce qui lui est opposé. » (Cité par Jean-Marc Varaut, dans « Poètes en prison », Perrin, 1989, p. 102.)
Il s’ensuit immanquablement qu’une république ne saurait être réellement « constituée » qu’à la condition d’actes répétés « de destruction massive ». On peut toujours ergoter en arguant que Saint-Just (« l’archange de la Terreur », le surnommait-on) avait quelques adversaires tout aussi républicains que lui… En effet, mais en dépit de leur opposition, ils savaient s’entendre sur ce premier point du traitement de ce qui leur était opposé ; moyennant quoi, ce sont ces bénévoles amis républicains qui, partageant communiellement le même point de vue politique, le firent monter sur la bascule à Charlot, à la suite de Robespierre, prime fervent apôtre…
Depuis le temps que des républiques se succèdent, il apparaît qu’elles ne réussissent décidément pas à savoir s’imposer avec toute « persuasion », quelques couperets aiguisés eussent-ils décapité, la guillotine doit ensuite avoir recours à plus subtil bourreau que les Messieurs de Paris, Lyon et autres lieux. Et c’est ainsi qu’apparaissent les disciples du marquis de Sade, les sophistes modernes, d’ailleurs, diantrement moins bien talentueux que le dit-vain-marquis, et ceux-ci s’en vont colporter leur lugubre « pédagogie » afin de mieux éduquer le peuple qu’il ne l’est, à commencer par les « élites » universitaires et artistiques, lesquelles sont ainsi formées à régurgiter du marxisme poussé aux extrémités « philospophiques » que l’on sait. Aaaaah ! la secondaire « théorie révolutionnaire », à la pointe du progrès en matière de revendications des Conseils, soviets et autres commissions paritaires présidentielles. Pour peu que l’on consente à aller jeter un œil chez les Debord et autres Vaneigheim, on observera de quelle manière criante les « wokismes » divers procèdent très directement de ces bien malheureux humanistes. Ce sont des « enragés », tels qu’ils se sont proclamés en mai-68, revendiquant l’héritage conséquent de la Terreur du siècle et demi d’avant, qui les a fait naître doctrinalement, Terreur réelle, très justement, réelle et historique. Elle préside aux petites bourgeoises menées constituo-législatives des parvenus politiques du jourd’hui.
Il faut encore se rappeler qu’en 68, « sous ce soleil, exactement », un des plus fiers apologues de ce qui est artistiquement égrené sur nos places publiques – très exactement pour procéder à la DESTRUCTION archangelo-terroriste des crèches, au premier chef –, apologue adulé par tout l’Occident culturellement administré, je veux nommer l’infâme (et supérieurement organisé intellectuellement) Pierre Boulez ; se rappeler que, en 68, donc et comme par un fait exprès, l’infâme Boulez déblatérait à l’adresse des galapiats de l’établissement scolaire Victor de Laprade, à Montbrison : «Si vous ne niez pas, si vous ne faites pas table rase complète de tout ce que vous avez reçu comme héritage, si vous ne remettez pas en question cet héritage, si vous n’émettez pas, vis-à-vis de ce qui vous a précédé, un doute fondamental quant à la validité des choses, eh bien, vous ne progresserez jamais ! » («Points de repère», Christian Bourgois/Le Seuil, 1981, p. 486.)
Ce disant, non sans avoir préalablement gravé dans le marbre du papier :
«Notre civilisation occidentale aurait besoin de gardes rouges pour éliminer un bon nombre de statues ou même les décapiter.» (« Par volonté et par hasard », entretiens avec Célestin Deliège, Éditions du Seuil, 1975, p. 40.)
Tant et si bien que nous avons mission de répéter véhémentement que, comme le rappelle ici JSF, « la Révolution n’est pas achevée, qu’elle continue, sous des formes nouvelles mais toujours en tant que mélange constant d’horreurs, de sang et de meurtres, de désordres, de destructions et, finalement de bêtise, au plein sens du mot ».
Les Danton, Robespierre et Saint-Just se font néanmoins périodiquement la politesse de s’entrexécuter, par un effet d’une « providence » dont aucun d’eux n’a pu prendre la mesure inéluctablement conçue : providence diabolique, aux desseins dont ils aspirent toujours à mieux savoir bander les yeux de leur « justice » à manches de lustrine. ■