Nous ne sommes pas les derniers royalistes. Nous sommes peut-être tout simplement les premiers à être conscients de la nécessité royale. Au travail !
Par Jean-Philippe Chauvin.
La nécessité royale, aujourd’hui ? Pas simple à faire reconnaître, mais il serait encore plus vain de renoncer à elle… Ne serait-ce que par égard pour la France !
Le temps passe et les royalistes trépassent, aussi : ces dernières années ont vu la disparition de quelques noms et visages qui m’étaient familiers et, parfois, amis. Si je peux en concevoir de la tristesse, je n’en renonce pas pour autant à ce que furent nos combats, nos intentions, parfois nos illusions. « Sur nos tombeaux, les blés seront plus beaux », affirme un vieux chant des Camelots du Roi, mais encore faut-il les semer, les soigner avant que de les moissonner. Une nouvelle génération de royalistes prospère aujourd’hui qui doit trouver ses propres marques et qu’il s’agit, pour les anciens comme moi, d’aider et de guider parfois, mais sans les brider ou les décourager par certaines de nos prudences, ou de nos craintes : l’empirisme organisateur, valorisé par Maurras, n’est pas la répétition de quelques formules faciles et rassurantes, ni le radotage de quelques expériences lointaines, mais l’étude circonstanciée des conditions réelles des événements survenus et des cycles historiques, économiques comme politiques, étude qui ne doit pas négliger la nécessaire humilité devant le temps et les faits tout comme la non moins utile « tradition critique »… Si l’histoire est « notre maîtresse en politique », comme l’assurait le théoricien de l’Action française, elle ne doit pas nous faire perdre la tête ou nous entraîner sur des chemins de traverse qui pourraient bien se révéler des impasses : vouloir copier l’hier, c’est ne pas saisir l’aujourd’hui ni apercevoir le lendemain ! Il s’agit plutôt de s’inspirer de ce qui a été, d’en tirer des leçons et d’en saisir, pour ce qui est de l’action royaliste, les possibles opportunités en d’autres occasions et en d’autres temps.
La Cinquième République n’est ni la Troisième ni la Quatrième, et la République macronienne, s’inscrivant pourtant dans les mêmes institutions que celle du général de Gaulle et de François Mitterrand, n’est pas, dans sa pratique comme dans sa figuration, celle de ses deux prédécesseurs encore vivants : il paraît nécessaire d’en tenir compte pour être plus efficace dans la critique de la République et de préparer le recours royal, même si celui-ci, éminemment nécessaire, ne semble pas extrêmement proche… Dans ses traditionnels vœux de nouvelle année, Pierre Pujo, inamovible directeur du journal de l’Action française (de 1966 à sa mort, survenue en 2007), annonçait ou plutôt espérait le retour du roi sur le trône pour l’année qui débutait : cela nous faisait sourire, mais quelques verres de mousseux suffisaient à nous convaincre dans la soirée de l’inéluctabilité de cet avènement promis ! Ah, si les choses étaient aussi simples… Mais elles ne sont jamais forcément impossibles, comme Pierre Pujo, en d’autres occasions, a pu le prouver… (1)
Le climat d’incertitude actuel et le fait que le président n’arrive ni à rassurer ni à convaincre nos concitoyens sont autant d’éléments qui, a contrario, rappellent que l’autorité, en fait, ne s’improvise ni ne se décrète, et qu’elle doit trouver un cadre institutionnel qui lui permette, en toutes occasions, d’être et de s’affirmer, même si le Chef de l’État, dans sa personnalité même, n’est pas un homme d’autorité. La Cinquième République a cru trouver la formule la plus crédible en faisant du Chef de l’État le maître du jeu institutionnel et politique, ce qui était fort intelligent et plutôt efficace quand le Parlement, en ses deux chambres, n’était plus ce Sénat romain qui monopolisait toute l’attention et concentrait la réalité du pouvoir législatif en empêchant, selon son bon plaisir, les gouvernements de gouverner vraiment (sauf mémorables exceptions qui, justement, n’étaient que des exceptions…). Mais le quinquennat a affaibli la présidence de la République (tout en la durcissant paradoxalement dans son exercice) et plonge le pays dans une présidentielle permanente, qui fait que le monde politicien ne pense plus qu’à 2027 quand nous vivons juste les premiers jours de l’année 2024, bissextile de surcroît… Quelle autorité peut alors avoir un Chef de l’État dont les partis, les parlementaires et les journalistes, annoncent déjà la sortie ? La brièveté du mandat (que d’aucuns voudraient réduire encore, dans une sorte de rage déconstructiviste fort néfaste car infondatrice…) est un handicap pour la magistrature suprême de l’État et pour l’efficacité même de celui-ci. Elle dessert l’autorité car elle ne voit plus en la présidence qu’une place toujours à prendre même quand elle est déjà prise et occupée.
L’un des grands avantages et intérêts de la Monarchie royale pour laquelle les maurrassiens, bernanosiens et autres fidèles de la dynastie capétienne, militent, c’est justement d’échapper à cette présidentielle permanente, la magistrature suprême de l’État en royauté ne devant rien à l’élection et à ses jeux et manœuvres partisans et tout au hasard de la naissance et à celui de la mort (qui est aussi celui de la vie…), le roi ne sachant généralement pas lui-même quand il sera appelé à régner ni quand il laissera la place (sauf cas d’abdication qui n’est pas, en fait, dans la tradition capétienne) par sa mort. Cela peut lui assurer une indépendance statutaire fort utile quand il s’agit d’incarner l’autorité d’arbitrage (et non d’arbitraire…) et d’imposer certaines décisions qui, au-delà de la popularité ou de l’impopularité, s’avèrent utiles au bien commun de la nation et de ses citoyens. L’autorité royale ne se mesure pas à la popularité du prince (même si, favorable, elle peut être un élément bienvenu) mais à cette indépendance et possible hauteur de vue que lui confère son statut d’externalité (2) au sein des institutions et de l’appareil d’État qu’il surplombe tout en l’incarnant aux yeux des citoyens comme des nations étrangères. Un autre élément d’autorité qui s’affirme par la forme royale des institutions est l’enracinement historique du monarque qui, en France, poursuit l’œuvre entamée il y a plus d’un millénaire et assume toute l’histoire de France, qu’elle soit royale, impériale ou républicaine : le roi de France est le roi de toute l’histoire de France, sans exclusive.
Devant la crise d’autorité que traverse la République et qu’elle ne sait comment surmonter malgré les déclarations médiatiques de l’actuel locataire de Mme de Pompadour, les quelques vérités politiques évoquées plus haut méritent d’être connues, diffusées, voire discutées. Si l’on veut éviter l’autoritarisme d’un aventurier de passage (qu’il soit de droite, de gauche ou d’ailleurs) comme il en émerge tant dans le monde aujourd’hui, c’est l’autorité royale à la française qu’il faut établir à nouveau, non dans un mouvement de nostalgie (3), mais dans une action proprement politique et soucieuse de pérennité et de crédibilité face aux enjeux d’un monde contemporain (re)devenu dangereux… Un programme militant royaliste pour renouer avec le grand projet royal inauguré il y a plus de mille ans déjà, quelque part dans un recoin de France… ■
(1) : En voici un exemple qui, je l’avoue, m’a beaucoup marqué. A l’automne 2004, à l’annonce chiraquienne d’un référendum sur le projet de Constitution européenne (rédigé sous l’égide de Valéry Giscard d’Estaing, disait-on alors), Pierre Pujo affiche en gros titre de L’Action française « Le non peut gagner ! ». Un titre qui pouvait faire sourire, les premiers sondages accordant moins de 25 % au refus du projet. Beaucoup d’entre nous étions donc fort sceptiques mais cela n’empêcha pas que nous engagions nos maigres forces royalistes dans la bataille comme nous l’avions fait en 1992 lors du débat référendaire sur le Traité de Maëstricht. Sans illusions mais pas sans ardeur, ruminant l’incantation traditionnelle et magique « Le désespoir en politique est une sottise absolue », celle-là même qui nous sert parfois plus à assumer nos défaites sans honte qu’à préparer la victoire… Le 29 mai 2005, le titre « fou » de l’AF devenait réalité : le non a gagné ! Hier moqué, Pierre Pujo savoura cette petite revanche sur ses détracteurs et cette grande victoire politique pour le camp nationaliste (qui ne se limitait pas, en ce cas précis, aux seuls nationalistes proclamés et aux souverainistes, mais s’étendait jusqu’aux confins de la Gauche radicale).
(2) : Ce que je nomme le statut d’externalité, c’est le fait que le monarque n’entre pas dans les combinaisons qui, en République, « font » le prince-président, et qu’il est complètement « extérieur » à tout ce qui fonde les éléments de la souveraineté parlementaire (sans pour autant les méconnaître ou s’abstenir d’en écouter les différentes expressions partisanes et législatives), mais sans être, pour autant, un fantôme politique. Échappant à la politique quotidienne, il n’en est que plus indispensable à la possibilité de celle-ci, en s’inscrivant dans l’éternité, ne serait-ce que par la reconnaissance du vieux principe « le roi est mort ; vive le roi ! », totalement libre, essentiellement, de toute actualité parlementaire et gouvernementale…
(3) : En politique, la nostalgie peut nourrir un courant sentimental (ce qui n’est pas forcément toujours malvenu selon le passé considéré…), mais elle ne peut fonder de politique concrète, pratique et crédible sur le long terme.
Source:
Jean-Philippe ChauvinRoyaliste français
Tout est dit !
SAR le Prince Jean sur le trône !!!
Eh bien non ! Le roi n’a rien à «assumer»… Cette très «up to date» question de savoir “assumer” m’apparaît comme une espèce d’illusion d’étudiant de Sciences-po un peu mieux éduqué que ses condisciples de synthèse… Tout cela remonte aux classes militaires de Napoléon, caporal sans mèche ni moustache, qui se targuait d’une inscription au bas de siècles qui auraient «pris le temps» de le contempler… «J’assume tout, de Clovis au Comité de salut public», disait-il à peu près. Eh bien non ! L’abominable Comité constitue une solution qui rompt toute espèce de continuité.
Non, non et non, donc ! Le roi n’aura rien à assumer, dût-il redresser… Et s’il a pouvoir de restaurer, c’est qu’il ne meurt pas, si bien que sa restauration annule le cours des temps de subsidiarité politique, pour revenir, retourner, redevenir…
Apparût-il “perdu”, le roi trône en majesté par-delà les tribulations. S’il revient au temps où nous sommes, c’est par le MÊME fait «historique» que le fait qui le fit roi au premier temps que l’on consent à se rappeler…
L’empirisme organisateur est une doctrine intellectuelle fait pour rendre le mieux efficace le contre-complot tramé pour le retour du roi, contre les complots opérant continûment pour le maintien des usurpateurs. Ce retour avenu, aucun empirisme organisateur n’aura plus à guider quiconque de nous – il n’y aura plus de “royalisme”, d’ailleurs – ; le Royaume sera la voie, en somme.
Le Royaume n’est pas un exercice, mais l’état de conformité à l’Ordre ; c’est-à-dire qu’il faut comprendre cela étymologiquement : il y a qualification COSMIQUE, d’après le grec «Kosmos» : “Ordre…
Hors l’ordre royal, la politique peut aisément griser les esprits les mieux ordonnés, au rythme de ses anarchies doctrinales diverses ; les cas de Georges Bernanos, Georges Valois et autres «dissidents de l’Action française» peuvent présenter des illustrations très significatives et/ou révélatrices.
La formule de Jean-Philippe Chauvin, selon laquelle, «le roi de France est le roi de TOUTE l’Histoire de France, sans exclusive» est un leurre après lequel s’essoufflent à courir et concourir toutes les idéologies modernes, qui, toutes, sans exception, sont des branches de la république impérialiste.
Le royaume est inconcevable sans roi, même au sens politique, et, réciproquement, le roi ne se conçoit pas sans royaume. Roi et royaume sont des SYMBOLES, c’est-à-dire qu’ils donnent vie, vie “politique” jusques et comprise – à commencer par le “drapeau blanc”, auquel le comte de Chambord commençait par ne surtout pas renoncer… Le drapeau blanc, comme tout symbole véritable, n’est pas une futile allégorie monnayable, politique ou littéraire, mais un SANG sans lequel toute existence est robotique.
Alors, Monk ?… Ma foi, pourquoi pas. Mais qu’est-ce que Monk, par les temps qui courent et en termes d’empirisme organisateur ? Eh bien, c’est l’équivalent de Franco ou de la «divine surprise» de Vichy ; aussi indigeste cela puisse-t-il paraître à qui n’a pas d’estomac.
Certes, le problématique Zemmour joue à «assumer Vichy» aussi, mais c’est à la lumière d’un fade bonapartisme qui entend faire savoir que la royauté n’est évidemment pas raisonnable, à cors et à cris de code-civil-laïque-napoléon, quelque indulgente sympathie consentît-il à accorder pour les quelques royalistes qu’il a pu croiser…
Que faire alors ?… Que faire “historiquement”, veuillez-je dire. Autrefois, Julius Evola envisageait des “Veilleurs”. Ceux-ci doivent entretenir; cultiver, «aider et guider, en effet, comme le dit Jean-Philippe Chauvin, mais “bien guider”, selon la conception des doctrines traditionnelles : guider selon les principes supérieurs. Ceux-là ne sont pas nés de réflexions humaines, mais comiquement transmis, inspirés par l’ORDRE constant, immobile, auquel l’homme à l’arbitrale liberté de ne pas se conformer, et ce, sans autre effort que celui d’avoir à encadrer périodiquement le fatal miroir dans lequel il savoure l’image contemplative des siècle précédents.
La formation que l’on doit à nos cadets consiste à leur enseigner la vertu d’humilité, non seulement l’accessoire et bienséante humilité individuelle, mais surtout, l’humilité devant l’Ordre, la simplicité franciscaine, la discipline spirituelle ignacienne, l’héroïsme de Jeanne, le SERVICE : «Dieu premier servi».
Le reste sera donné PAR SURCROÎT.
« La nécessité royale » : oui bien sûr….Mais dans une démocratie contemporaine, comme ailleurs en Europe…Que le pouvoir exécutif et l’autorité symbolique n e reposent pas sur la même tête! et sans référence à Maurras! L’échec de Macron qui sera de plus en plus évident au fur et à mesure qu’on s’approchera de la fin du quinquennat prouvera qu’il avait raison…en 2015, dans « Le 1 ».
Essayons de rendre la démocratie moins « déceptive », de corriger son « incomplétude », qu’un référendum demande au Prince Jean d’occuper le « siège vide » et cessera enfin « l’interrogation permanente sur la figure présidentielle ».
Mais comme le fait justement remarquer J.P. Chauvin, encore faut-il semer les blés, « les soigner avant la moisson ».
« Comme ailleurs en Europe ». Perspective consternante, d’un conformisme décalé d’au moins trente ans en arrière. Tout ce qui plait à Noël et qu’il voudrait imposer avec ce totalitarisme moralisateur propre aux libéraux, tout cela est fini, méprisé, réputé ringard, rejeté par les peuples de l’ouest européen ! Partis, politiciens, parlements, etc. etc. Fini tout ça et Noël ne le sait pas.
Les royautés n’ont qu’un principe, c’est le principe dynastique qui les lie au Commun, au BienCommun. Pour le reste, elles sont ce queles circontances, ce que le mouvement des choses commandent.
Les schémas préétablis ne valent rien ou presque même s’ils viennent de cerveaux aussi emplis de certitudes autoritaires que celui de notre collègue Noël.
Tu as raison David, tu l’as dit magnifiquement, il ne s’agit pas de tomber dans le piège d’assumer, ce qui est par nature inapte à fonder quoi que ce soit. Plus précisément les Rois se doivent de réparer ce qui a été cassé, comme ils l’ont fait au cours de l’histoire, avec les hommes qui peuplaient le Royaume. avant leur retour. Cela n’annule pas l’émouvant appel de Jean-Philippe Chauvin , qui tire la leçon de nos tribulations, et prône un retour à la légitimité transcendant nos passions. Oui, nous voulons un Roi incarnant le Bien commun tourné vers l’avenir sinon nous continuerons à tourner en rond pour notre perte. C’est ce qu’ont découvert tous les français lucides et aimant leur pays sous le Directoire, tirant la leçon des dévastations des guerres civiles, initiées par 1789, et s’e poursuivant ensuite dans une folle fuite en avant. (simple question, qui connaît aujourd’hui en France l’origine du nom donné à la place de la Concorde pour exorciser le règne de la guillotine) Napoléon lui-même malgré son génie n’a pu retarder que de quatorze ans le règne réparateur des Bourbons.
Oui, nous ne pouvons rien fonder de durable, en dehors de ce recours à un ordre transcendant supérieur , ce qui fut férocement nié par notre Terreur, matrice ( non reconnue ! ) des totalitarismes passés et d’aujourd’hui renaissant, « logique d’une idée folle « ( désincarnée ! ) comme l’a si bien dit Hannah Arendt
Mais ce n’est pas assumer l’erreur que de vouloir rester présents à notre histoire, si dévastatrice fut-t-elle, et comme tu le dis, le Roi ne meurt pas, ni nous qui , qui sommes attachés à sa vocation , que ce soit sous la révolution ou à notre époque. Comme le répétait cet historien italien Guglielmo Ferrero , partisan d’un pouvoir légitime, il existe « les constructeurs » souvent bien démunis face aux « destructeurs » qui ont la partie facile et le vent en poupe comme aujourd’hui, et cet historien se désolait en 1944 de deux siècles de guerres civiles qui ont failli tuer l’Europe de 1792 à 1945 ; finalement seuls les premiers peuvent nous faire survivre à toute période agitée de l’histoire/ Ils ont œuvré à refonder l’avenir souvent dans l’ombre. Monk, n’est-ce pas celui qui a su en sortir au moment décisif ? .
David, tu as aussi raison de démasquer la tentation napoléonienne et l’impasse où s ’est fourvoyé E.Z Certes, il n’est pas question d’assumer ce qui a détruit volontairement et en profondeur notre royaume de France, mais n’existe -t-il pas une autre manière de renouer le lien : persévérer avec des Veilleurs au cœur de la nuit, pour ne pas interrompre ce que tu rappelles : « Dieu premier servi » , pour notre pays . Bref, faire naitre et renaitre des vocations, et assumer ce risque à toute époque, c’est peut-être ce que voulait suggérer Jean-Philippe Chauvin : assumer pour réparer ?
Dans le dilemme Noël-J.P..Raulot, le point sur lequel il y a lieu de reprendre le premier tient essentiellement à ce que je ne peux considérer que comme une sottise, pour peu que l’on y réfléchisse. Je veux parler de cette revendication de la «séparation» à opérer entre deux choses. Premièrement, les choses sont ce qu’elles sont par nature, ce en quoi elles peuvent être séparées l’une de l’autre ou – tout au contraire ! – essentiellement solidaires, inséparables, indifférenciables. C’est exactement le cas pour ce que que Noël appelle de manière confuse «autorité symbolique» et «pouvoir exécutif». Il faut dire autorité SPIRITUELLE et pouvoir TEMPOREL, voilà où il y a distinction, mais non «séparation». Distinction, parce que le spirituel dirige le temporel, non séparation parce que le temporel est indéfectiblement soumis au spirituel. Sans le spirituel, le temporel est privé d’âme, de vie, de respiration, de substance vitale…
Le recours à Montesquieu et Locke sur la «séparation des pouvoirs» n’est qu’un snobisme de vagues penseurs modernes et, finalement, concerne exclusivement les cas où les «pouvoirs» ont échu entre des mains ayant perdu la pureté fondant leur légitimité… L’idée royale résout le dilemme dans ce qu’il faut finalement appeler la «fusion» des pouvoirs, tandis que l’AUTORITÉ veille «symboliquement», c’est-à-dire par recours à la plus haute réalité que celle des jours à chacun desquels est assigné la «peine» et le «travail», la parturition et la sueur du front. Relisons Matthieu (VI, 25-33) et Luc (XII, 22-31) et «cherch[ons] d’abord le Royaume de Dieu», quant au boire, au manger, au vêtement, au gouvernement (ce qui veille à la bonne existence corporelle, en somme), ce nous sera donné «par surcroît».
Que le «peuple» puisse «ne pas savoir ce qu’il veut», selon les prémisses dialectiques des XVIIIe-XIXe siècles, ne saurait fonder quoi que ce soit de «raisonnable», pour le motif majeur qu’il serait déraisonnable que vous et moi ne le sachions pas, tout simplement. Ce que nous pouvons ne pas savoir tient à ce qui ne nous regarde pas ; à savoir, par exemple, ce que peut bien être un «symbole»… Celui qui ne sait pas cela ne doit donc s’en occuper en rien. Il n’empêche que cet ignorant sait bien cependant ce qu’il veut pour s’abreuver, se nourrir et, par une espèce de conséquence très raisonnable, il entend être aussi bien gouverné qu’il se veut bien vêtu. Mais, pour en arriver à cela, il y a nécessité de SAVOIR aspirer au «Royaume des Cieux», dont on peut alors saisir qu’il est le «symbole» de ce que l’on aspire à voir régner sur les royaumes de la Terre et, en l’occurrence, comme l’a formulé opportunément Jeanne d’Arc, ce règne est entre les mains du «Lieu-tenant du Christ» qui est roi de France. Et la France est la Terre des peuples libres («francs»), ainsi que toutes les contrées NATALES : seules «Nations» qui vaillent, terres des hommes libres, des hommes véritables – ainsi que se désignent les peuples, à leur origine vitale. Il n’y a qu’à aller se renseigner sur ce que signifient les noms de chacun des peuples les plus anciens. Ces noms sont le symbole parlant de ce qu’ils sont ou, plutôt, par le symbole sonore du nom, ils reçoivent la vie qui les fonde en tant que peuple, exactement comme il est dit dans la Genèse pour les habitants d’Éden.
Ce peut paraître un peu lointain pour les peuples dégénérés que nous sommes devenus, dégénérés au point que le mot désignant notre terre, le mot «France» est progressivement abandonné au profit de «République» ou «territoire»… Moyennant quoi, pour nous y retrouver; nous devons «faire retour en la patrie» (selon la formule poétisée par Novalis dans «Henri d’Ofterdingen»), revenir d’où nous avons été extrait, d’où nous sommes partis. Telle est la Ré-action «politique» nécessaire : l’action du retour à ce qui a fait naître chacun de nous, à ce qui fonde l’action à laquelle nous sommes commis…
Mais me voilà passé apparemment un peu trop outre, sans doute… Il suffit de rapprocher ce que je dis de ce qui «se passe» ici et maintenant – avec la précision, évidemment, que «ce que je dis» ne vient pas de moi mais est redit d’après ce que j’ai pu apprendre d’autres autorités, qui le dirent bien mieux que je ne sais le répéter à mon tour. Que l’on aille donc y voir avant d’interpréter ces dires seulement d’après ce que je m’échine à en dire.
Merci pour ces commentaires sur l’article de janvier. Juste une petite remarque avant une réponse plus longue : « assumer » toute l’histoire de France ne signifie pas oublier ce qu’elle a pu être et les fautes des régimes politiques qui se sont succédé depuis deux siècles, ni les accepter. Mais je reste persuadé que l’on ne fait pas de politique sur des « exclusives » ou sur des nostalgies, et je rappelle que la Monarchie royale n’a plus occupé la magistrature suprême de l’État depuis presque deux siècles maintenant : nier ce qui a été depuis ce temps déjà fort lointain, même ce qui nous paraît malheureux, n’est ni possible ni crédible. De plus, pratiquer l’empirisme organisateur et sa « tradition critique » impose, me semble-t-il, de ne pas négliger l’état d’esprit de nos contemporains qui ne connaissent souvent rien (ou pas grand-chose) de la Monarchie royale qui leur semble désormais réservée au Royaume-Uni… La « royalisation » des esprits et des cœurs ne peut se faire dans le seul éther des idées : il faut s’appuyer sur les réalités du moment si l’on veut en changer le cours pour l’avenir. Cordialement.
On ne saurait préciser tous les arguments dans le cadre des «commentaires» JSF et encore moins épuiser la discussion. J’ai surtout «réagi» à la formule «assumer tout», qui a bien trop fait florès à mon goût. J’en ai profité pour argumenter dans le sens qui me paraît devoir être le principal.
Lorsque Jean-Philippe Chauvin dit que «La “royalisation” des esprits et des cœurs ne peut se faire dans le seul éther des idées», il met le doigt sur le nœud de la question «politique» et m’inciterait donc à développer bien trop longuement pour le cadre dans lequel nous devons tâcher de nous tenir. Néanmoins, je mentionne l’«idée» de saint Augustin selon laquelle la politique doit être un exercice de la vertu de Charité ; c’est-à-dire qu’elle doit s’appuyer sur les «réalités» de l’esprit pour infléchir les «réalités du moment»… Cela dit un peut lapidairement pour renverser la proposition finale du commentaire de Jean-Philippe Chauvin, dont le sens accordé aux termes choisis me semble pouvoir résumer ceux du débat : ou bien, «politique d’abord» selon Maurras, ou bien, «Dieu premier servi» selon Jeanne… À moins que, comme cela s’impose invinciblement à la réflexion, il ne faille rigoureusement associer les deux, bien entendu, mais à savoir poser convenablement lequel se tient «sous» autorité de l’autre……………………………………
Autant plus cordialement qu’il est requis de savoir se montrer.
Je n’imagine pas qu’après plus de 200 ans de tumulte révolutionnaire on ne puisse pas prendre en compte les profonds sillons qui ont marqué la France. En bien ou en mal, là n’est pas la question.
Par exemple imaginer que si Trône il y avait on pourrait en écarter les femmes ; qu’on tolèrerait un monarque simple d’esprit (je crois que l’aîné de la fratrie de Jean était anormal), qu’on reviendrait sur un catholicisme d’État, ou sur l’avortement ou sur l’égalité des hommes et des femmes. Et on ne changerait pas les couleurs du drapeau tricolore, ni la Marseillaise.
C’est comme ça : il y a plein de choses qui sont des acquis des deux siècles.
Dire le contraire, c’est rêver…
Bah, rien n’est jamais acquis. Nous le voyons tous les jours en nous en désolant. Ni les règles de grammaire, ni l’élégance des femmes, ni la mémoire du passé, ni la beauté des paysages, ni les promesses des communiants. Alors franchement, je ne vois pas pourquoi « la Marseillaise » échapperait au sort commun. Du reste nous en parlons comme si seules les paroles étaient dures à avaler. La musique de ce chant exprime tout le contraire de ce que doit être un hymne national, c’est-à-dire une prière dans l’unité. Cette musique stridente, ponctuée de vociférations musicales (Aux aaarmes, citoyens) se braille plutôt qu’elle se chante et « convient plutôt à des ivrognes qu’à d’honnêtes gens », disait le P. Doncoeur.
Désolé , en dehors de toute polémique, la » Marseillaise » ne passe pas. Lire Jean de Viguerie. à ce sujet. Aucun « sang n’est impur », ni le mien , ni celui de mes ennemis, relire Antigone! Maintenant je sais , oh combien , me sont fraternels mes compatriotes qui chantent la » Marseillaise comme un gri- gri, en fait parce qu’ils sont blessés dans leur identité, leurs cœurs , et veulent manifester leur solidarité à leur communauté de naissance; je suis avec eux du tréfond de mon âme, mais n’est-ce pas dérisoire dans le contexte actuel de violence institutionalisée de relancer cette violence? Personne ne peut me forcer à chanter ce chant de guerre civile, c ‘est le contraire de ce que je pense , et je me renierai à le faire, sans rien fonder. . . Maintenant je suis prêt à chanter le vive Henri IV. Quant la question du drapeau, les deux me sont chers, parce que ce qu’ils représentent de bravoure, ,mais ma préférence à terme, va sans conteste à la fleur de Lys.., Louis Philipe, le Roi sage, n’a rien gagné à cette concession, car aucune concession n’est fondatrice en en dehors du gagner du temps . pour rien parfois, , et le véritable esprit de résistance, c’est Charette.
La remarque de Pierre Builly est frappée du sceau du bon sens. Le roi revenant devra prendre la France comme elle est et non comme il voudrait qu’elle fût. Au début du moins, car il y a des choses qui devront changer (sinon, je ne sais pas si cela vaut la peine de se battre).
Que les paroles de « La Marseillaise » soient choquantes et même ridicules, j’en conviens volontiers. Il y a une bonne cinquantaine d’années un doux rêveur, l’abbé Jean Toulat, avait entrepris une sorte de croisade pour les changer. D’autres « humanistes » s’y sont aussi efforcés… mais que peut-on à ne pas voir que c’est le chant de la victoire de 1918 et de la Libération de 1944 ?
« Vive Henri IV » c’est magnifique, nous en sommes bien d’accord ; mais à l’heure où, selon un sondage la moitié des jeunes gens ignore quand a commencé la Révolution française (https://www.lefigaro.fr/actualite-france/seule-la-moitie-des-jeunes-savent-dater-le-debut-de-la-revolution-francaise-le-sondage-alarmant-sur-les-lacunes-en-histoire-20240107) il me paraît un peu utopique d’évoquer la mémoire d’un Roi assassiné en 1610.
Et de la même façon, il se peut bien que Louis-Philippe ait eu tort de choisir le drapeau tricolore en 1830… mais il a été renversé il y a 175 ans…
Réveillez-vous, ne jouez pas à la Belle au bois dormant…
Les révolutionnaires n’ayant pas «pris la France comme elle est» mais ont voulu qu’elle devienne autre ; nécessairement, le roi devra RESTAURER, autrement, il ne serait pas roi mais un vulgaire «président». Pour ma part, je n’en veux évidemment pas, exactement comme je ne veux pas du Maqueron. Cependant, le Maqueron est là malgré moi, alors, évidemment, il y a plus de chance pour un pseudo-roi tel que l’envisagent Pierre Builly et Grégoire Legrand, une espèce de de duplicata de «Ve République», de la gaullerie révisée maqueron-delors, c’est-à-dire notre vilain aujourd’hui, au fond. Cependant, Grégoire Legrad remarque que cela ne vaudrait cependant pas la peine de se battre…
Soyons sérieux, Pierre et Grégoire,, si vous installiez ce que vous dites, cela revient à tout simplement déposer un bulletin dans l’urne, en espérant que la loterie électorale nous soit plus favorable demain quelle ne le fut hier… Bref, faire ce que j’envisage de bêtement répéter le prochain coup qu’il y aura des bulletins distribués dans les bouêt’s à lett’s, mais je sais bien qu’aucun roi, pas même qu’i’s’rait d’pacotille, ne peut sortir des urnes.
Quant à «La Marseillaise», peuchère ! que c’est méchamment vulgaire ou, plutôt, affreusement grossier. Et, pour le drapeau, je cite l’immense poète Pierre Pascal, qui parle d’être
«Inspirés par l’Esprit, contre la Bête peinte
de bleu, de blanc, de rouge ! – Ombre, dans nos tombeaux,
par quelle mort pourrait notre braise être éteinte?»
C’est mon propos : la monarchie restaurée devra préalablement prendre les choses en l’état, sauf à déclencher une révolution contraire et à imposer les réformes par le fer et le feu ; les révolutionnaires l’ont fait, je ne sache pas qu’ils soient un modèle à suivre. Donc il faudra accepter pas mal de choses, au moins au début. Une fois les institutions rétablies, il sera temps de restaurer le reste.
Comme disait Maurras, il faut se défaire de la Révolution comme idée, mais s’accommoder de la révolution comme fait. Raisonner autrement, c’est se bercer d’illusions. Permettez que je laisse cette tâche aux blancs d’Espagne. Quant à nous, soyons politiques.
Le réalisme, c’est de dire par charité comme Andersen que le Roi est nu. .Certes respecter le sentiment patriotique , mais ne pas chanter un chant qui donne raison aux exactions de nos ennemis, sinon on étreint le vide.