Par Henri Bec*.
« Les événements internationaux des dernières années, guerre en Ukraine et au Moyen-Orient notamment, illustrent, une nouvelle fois, l’incapacité du régime républicain à développer une politique extérieure sérieuse et exemplaire. »
Lors de sa dernière conférence prononcée à Science-Po Paris, le Président Pompidou avait salué l’ouvrage de Charles Maurras Kiel et Tanger comme un des meilleurs traités de politique étrangère. La première édition, de 1905, sera suivie de nombreuses autres. Elle est plus que jamais d’actualité.
La question traitée et analysée dans cet ouvrage était simple : « la République, avec sa nature de gouvernement d’opinion, de gouvernement de partis, de gouvernement divisé fatalement diviseur », peut-elle avoir une véritable politique extérieure cohérente et continue ? Maurras annonçait déjà l’évolution du paysage international sans cesse plus instable que nous connaissons, le renforcement des grands empires et le morcellement de petites nations séparées.
La France pourrait, au milieu de ce concert, jouer un rôle pacificateur, marquer de son empreinte les relations internationales et peser d’une autorité certaine sur les turbulences qui agitent tant de pays et continents.
Mais, démontrait-il, pour que la France puisse prendre part au débat, être entendue et faire la preuve d’une influence reconnue et respectée, comme cela avait été le cas sous les Capétiens, encore faudrait-il qu’elle soit à l’intérieur unie, harmonieuse et structurée.
Pendant plus de cinquante ans, il n’a eu de cesse d’enseigner et de tenter de convaincre que la réponse est d’abord politique. Il faut, écrit-il dans ce livre majeur « une tête unique et puissante, pourvu que sa puissance ne soit pas un effroi. Il y faut la tête d’une France bien ordonnée, c’est-à-dire couronnée par un roi de France » … « Le maximum de notre force intérieure ayant été atteint par la constitution de la monarchie … nous aurons obtenu, par la constitution du robuste faisceau de nos amitiés, le maximum de notre force extérieure … en vue d’une paix qui mérite enfin d’être appelée la paix française, seule digne du genre humain ».
Les événements internationaux des dernières années, guerre en Ukraine et au Moyen-Orient notamment, illustrent, une nouvelle fois, l’incapacité du régime républicain à développer une politique extérieure sérieuse et exemplaire. Certes la personnalité brouillonne du Président ne permet pas de donner l’image que l’on attend d’un chef de l’État. Mais surtout, règle immuable du système, les arrière-pensées électorales commandent les prises de décision, ou plutôt les postures, interdisant toute réflexion sur le long terme, où le souci de l’intérêt national servirait de guide premier. Nos interlocuteurs l’ont bien compris : la France ne représente plus rien. La Russie la moque, la Chine la méprise, l’Afrique l’expulse. Et Macron se figure, comme tous ceux qui l’ont précédé, qu’il gagnera en prestige et en puissance par la mise en œuvre d’une politique extérieure qu’il imagine brillante, en réalité toute désordonnée. Tous oublient le principe de base que l’examen des expériences historiques confirme : une diplomatie efficace ne peut être que la résultante, que la prolongation, que la traduction d’une politique intérieure assise sur des institutions rationnelles et pertinentes. Force est de constater que nous en sommes loin. ■
* Président de la Restauration Nationale – Action Française.
Repris du périodique Aspects de la France.