C’est à (environ) la 28e minute de cette vidéo que se déroule l’entretien Mathieu Bock-Côté – Pierre Manent, avec la participation d’Arthur de Watrigant. Durée : ure une vingtaine de minutes.
L’entretien avec le philosophe politique Pierre Manent porte sur la question européenne. La mort de Jacques Delors renvoie à ses origines contemporaines. Pierre Manent les rappelle. Les élections du mois de juin prochain en font une question politique – voire politicienne – de première importance au cours du semestre qui s’ouvre. Les analyses de Pierre Manent, tout en finesse et nuance mais non sans réalisme et lucidité, ne s’en tiennent évidemment pas là. En quoi consiste vraiment la réalité européenne actuelle ? Est-elle déjà fédérale ou pas vraiment ? Pourquoi les nations européennes et l’ensemble politique qu’elles prétendent constituer ont-ils renoncé à la puissance ? Pierre Manent propose des réponses de fond à ces questions. Et ce sont des réponses tragiques, comme l’est l’Histoire. Nous laissons au lecteur le soin de les découvrir.
La question européenne – toujours présente au fil des siècles de l’Histoire qui nous est commune – ne se règle pas en quelques phrases. Sur ce sujet, la pensée de Pierre Manent est profonde et riche. Bonne écoute !
Pierre Manent raisonne juste sur des concepts idéaux qu’il formule avec pertinence. Son idée d’une Europe se menottant elle-même est lumineuse. Il surestime, semble-t-il, la puissance de ces vérités fondamentales, face aux perversions langagières, aux possibilités de détournement que cette « inexistence de l’Europe » permet en pratique, sous nos yeux, jour après jour, manœuvre après manœuvre, mensonge après mensonge. Ainsi, par le double jeu des politiques, quelque chose finit par exister qui pèse très lourd, coûte cher, et tend à détruire les institutions nationales au profit d’un machin autocratique. De Sirius, le penseur nous prédit que cette construction, fondée sur du sable, s’écroulera un jour. Il a probablement raison. Mais quand et avec quelles conséquences? Pouvons-nous nous abandonner à la perspective d’un « jugement dernier » quand les Delors, consorts et successeurs, se sont rendus maîtres du temps lui-même?