Par Radu Portocala.
Parlant des difficultés qu’a le nouveau ministre des Affaires étrangères à s’exprimer dans un français au moins acceptable, je notais hier que tout le discours politique français est devenu un baragouin vide et sans intérêt.
Je découvre aujourd’hui, reproduits dans Le Figaro, des extraits de l’homélie d’Emmanuel Macron à ses ministres.
Il me faut revenir ici à un vieux souvenir déjà évoqué dans un autre billet. Étudiant, je passais un examen oral de relations internationales avec un très sérieux professeur. L’un de mes condisciples s’était lancé dans une interminable réponse à la question qui lui avait été posée. À un moment donné, le professeur l’interrompit pour lui demander s’il avait fait l’ENA. « Non », répondit l’autre, visiblement flatté. « Pourquoi ? » Avec un vague sourire le professeur lui expliqua : « Parce vous parlez très bien sans rien dire. »
M. Macron a fait l’ENA. Et il parle assez mal sans rien dire. Son discours « mobilisateur » me fait penser à ses activistes des divers partis communistes est-européens qui essayaient de porter « la bonne parole » dans les années ’50. Harangues inutiles sur le pont du navire qui sombre, ses propos tiennent de l’enthousiasme creux.
Il lui arrive, cependant, de se vouloir inventif. Hélas ! dépourvu de talent, ses inventions sont absurdes, ridicules même. Après avoir, dans un discours précédent, le mot « réarmement » (de qui ? avec quoi ? contre qui ?), il semble avoir trouvé maintenant une autre formule qui l’enchante. Avec fougue, il a exhorté les membres de son improbable gouvernement : « Gardons notre esprit de dépassement ! » Diable ! Qu’est-ce qu’un esprit de dépassement ? Lui seul le sait et ceux qui comprennent sa novlangue.
La trouvaille lui plaît et il insiste : « J’ai décidé de nommer le premier ministre le plus jeune de la Ve République pour poursuivre cette voix du dépassement, avec une volonté d’agir et d’accélérer dans l’action. » Il doit trouver cela très beau, une « voix de dépassement » (ou peut-être est-ce « une voie » que le journal a mal copié – ça n’a aucune importance). Il pense peut-être enflammer les esprits.
Une personne normale, écoutant ces incongruités, se serait levée de sa chaise et aurait quitté la salle. Mais, malheureusement… ■
Billet comme toujours excellement écrit et pensé, paru le 16 janvier sur la page FB de son auteur.
On cherche ce qu’il a dit, après qu’il a parlé (les femmes savantes)
Juste une précision : Stéphane Séjourné (MAE) est dyslexique, ce qui explique son peu de goût pour les discours et quelques cuirs au fil de l’eau.
Merci à Kardaillac de la précision qu’il donne à ceux qui ne savaient pas. À mon avis, quand on est dans le cas de Séjourné on privilégie le travail de bureau, on est surtout homme de dossiers ou de contacts entre quatre-z-yeux et on envoie des collaborateurs, ou ses diplomates, face aux caméras et surtout aux micros. Faire tant de fautes de langue en seulement quelques phrases peut s’expliquer dans le cas du concerné mais demeure inadmissible quand on porte une parole publique au nom de la France.