COMMENTAIRE – Cet éditorial (Le Figaro du 22.01) , sans-doute, manque de distinguer le souci écologique authentique qui est non seulement compatible avec la Tradition mais en est même une composante originelle essentielle, et l’écologie idéologique gaucharde qui en est la caricature, en effet nuisible au Bien Commun. Par ailleurs, ce même édito feint de supposer que Gabriel Attal pourrait chercher, vainement, y est-il précisé, « à sortir du funeste en même temps ». Supputation impossible, si l’on peut dire, à deux titres : le premier serait de supposer que Gabriel Attal ne partage pas l’idéologie d’Emmanuel Macron – ou les liens qui attachent ce dernier aux tenants de cette idéologie ou des intérêts qui la déterminent ; la seconde impossibilité serait de penser que Gabriel Attal ignore que sa liberté d’action est infime, presque nulle, par rapport à Emmanuel Macron. Cela dit, reconnaissons que Vincent Trémolet écrit là une vigoureuse critique des Institutions européennes ou pseudo européennes et aussi de l’idéologie libre-échangiste. Le tout étant plutôt en dissonance avec le libéralisme et la ligne européiste du Figaro à l’ancienne mode. Le mur des réalité fait loi, quelquefois.
L’ÉDITORIAL DU FIGARO – Le double jeu du pouvoir avec nos agriculteurs – intraitable à Bruxelles, compatissant à Paris – alimente la colère.
« Une révolte désespérée contre l’Union européenne. Nous y sommes. De Berlin à Paris, de Varsovie à Amsterdam »
Nos gouvernants feraient bien de se plonger dans Sérotonine, le roman de Michel Houellebecq paru en 2019. On y trouve une description poignante du malaise paysan, le tableau aussi d’une révolte désespérée contre l’Union européenne. Nous y sommes. De Berlin à Paris, de Varsovie à Amsterdam, les éléments de circonstances diffèrent, mais la structure de la crise est la même. Elle est la conséquence d’une logique inquiétante, d’un décroissantisme qui ne dit pas son nom, d’une contre-vérité doublée d’une immense prétention. Le postulat – l’Europe première coupable du réchauffement climatique – est faux ; la conclusion – nous serons la région du monde la plus vertueuse – est folle. S’ensuivent un certain nombre de décisions au nom bucolique: «pacte vert», «restauration de la nature», mais qui recouvrent une ivresse normative qui impose la réduction des cultures et facilite l’importation de ce que l’on pourrait aisément produire nous-mêmes. Ce n’est ni écologique ni profitable : le Père Ubu est à Bruxelles.
Nos agriculteurs retournent les pancartes des villes pour nous dire que l’on marche sur la tête mais ce ne sont pas eux qui mettent la France à l’envers, c’est ceux qui nous imposent des règles auxquelles échappent les tierces puissances: Chine, États-Unis, Amérique du Sud… trop contentes de déverser chez nous à bas prix ce que l’on n’a plus le droit de produire nous-mêmes.
Notre ministre repousse sa loi, Emmanuel Macron demande une pause normative, mais, là aussi, nous marchons sur la tête. À Bruxelles, c’est le très puissant président de la commission de l’Environnement, Pascal Canfin, qui mène la danse. Haute figure du macronisme écologique, il élabore et promeut au Parlement les lois qui bientôt tenteront de s’inscrire dans le droit français. C’est le même groupe Renaissance qui a voté contre l’intégralité des députés européens français l’accord commercial avec la Nouvelle-Zélande qui permet l’importation de lait en poudre depuis le bout du monde. Ce double jeu du pouvoir avec nos agriculteurs – intraitable à Bruxelles, compatissant à Paris – alimente un peu plus la colère.
Si Gabriel Attal cherche vraiment à sortir du funeste « en même temps », il trouve là l’occasion d’une clarification. Les paysans l’attendent et les Français aussi. ■
Seule la Restauration rétablira une politique française dans l’agriculture comme ailleurs