1375 : Pose de la première pierre de la Chapelle du Collège de Beauvais
Aujourd’hui totalement disparu, le Collège de Beauvais se trouvait dans le Vème arrondissement, dans l’actuelle rue Jean-de-Beauvais, anciennement rue du Clos-Bruneau.
Il avait été fondé le 8 mai 1370, par Jean de Dormans, évêque de Beauvais et chancelier de France. Seule sa chapelle, dite de Saint-Jean l’évangéliste, est parvenue jusqu’à nous (ci dessous, au 9 bis, rue Jean de Beauvais) : c’est aujourd’hui une église roumaine orthodoxe, l’Église des Saints-Archanges.
Elle fut édifiée en 1375 par l’architecte Raymond du Temple, qui travailla également au Louvre et de Vincennes : elle est le seul monument qui nous reste de lui, et l’un des témoin de la splendeur et de la grandeur de l’université parisienne au Moyen-Age; et l’un des rares vestiges des nombreux collèges médiévaux de la rive gauche (avec bien sûr, le collège des Bernardins et la Sorbonne).
Aujourd’hui église roumaine de Paris, elle possède un somptueux plafond peint du XVe siècle, et porte, sur sa façade, une plaque en cuivre rendant hommage à Constantin Brancusi, ainsi qu’un panneau de la ville de Paris sur Cyrano de Bergerac, ancien résident du collège de Beauvais.
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1673 : Naissance de Louis-Marie Grignion de Montfort
Durant son assez courte vie (il mourut le 28 avril 1716, à 43 ans), le Père de Montfort prêcha soixante-douze missions dans l’Ouest de la France, dont les deux tiers dans le territoire de ce qui deviendra, un peu plus tard, la « Vendée militaire », et qui était, en son temps assez largement déchristianisée.
Les résultats de ses missions furent tels qu’il n’est pas exagéré de voir en son action, et dans la rechristianisation de ces terres opérée grâce à sa prédication, l’une des causes principales de la résistance de toute la région aux atteintes portées à le religion catholique par la nouvelle religion républicaine.
Pie XII ne s’y est pas trompé, lui qui – lorsqu’il canonisa le Père de Montfort en 1947 – proclama, dans son panégyrique du nouveau saint, que « sa prédication a été la source même dans laquelle la Vendée martyrisée a puisé son indomptable énergie dans sa lutte héroïque contre la révolution satanique de 1793, splendide épopée écrite dans le sang. »
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1793 : Discours de Danton sur les frontières naturelles
Un temps capitale de l’Empire romain, Trèves, et sa Porta nigra (ci-contre)
Il faut tout d’abord préciser que, de fait, l’expression « frontières naturelles » s’emploie, le plus souvent, pour parler du Rhin, et de sa rive gauche.
Encore faut-il bien rappeler, dans ce cas-là, qu’il ne s’est jamais agi, ni pour l’opinion publique française en général, ni pour les rois de France en particulier, de la totalité de la rive gauche du Rhin : ni sa partie sud (la Suisse; où se trouve le Glacier du Rhin…)), ni sa partie nord (la Hollande, son embouchure sur la Mer du Nord…) ne furent jamais désirées, ni par l’opinion, ni par les rois. Lorsqu’on parlait de « rive gauche du Rhin », ou de « frontières naturelles », il ne s’agissait « que », si l’on peut dire, de la partie centrale de la rive gauche du Rhin : Alsace, Palatinat et Rhénanie, jusqu’à Cologne.
La première mention des frontières naturelles apparaît en 1642 dans un testament apocryphe de Richelieu. On connaît la formule célèbre de Vauban : « Sérieusement, le Roi devrait songer à constituer son pré carré« . Cependant, pour les Rois, il ne s’agissait pas d’un programme rigide, comme l’explique très bien Michel Mourre : il s’agissait d’une « inspiration prudente, empirique, respectueuse du possible, définie par des préoccupations immédiates et changeantes ».
Ainsi, Henri II acquiert les Trois Evêchés (Toul, Metz et Verdun), sans lesquels la progression vers l’Est de Louis XIV (Franche-Comté puis Alsace) et de Louis XV (réunion de la Lorraine, occupée mais pas rattachée à la Couronne) n’aurait pas été possible. Encore Louis XIV a-t-il été bien près de réussir sa « politique des réunions« , à laquelle il dût finalement renoncer, face à une trop importante coalition militaire de nos ennemis.
Philippe Buache – géographe français du XVIIIème siècle – avait pour sa part théorisé sur l’organisation en bassins versants, ce qui a été repris par certaines politiques de délimitation des frontières (Chili/Argentine)
Turgot, lui, pensait que le fait d’ajuster les territoires sur des « bornes naturelles » garantirait la paix perpétuelle car c’était se conformer à un ordre préexistant.
Il faut cependant attendre 1786 pour que cette notion soit réellement théorisée. Le baron Jean-Baptiste Cloots, allemand, natif de Clèves, publie cette année-là les Vœux d’un gallophile et se prononce pour le rattachement à la France de la rive gauche du Rhin, « borne naturelle des Gaules ».
A partir de là, le discours de Danton marque une rupture : là où la Royauté française agrandissait le territoire national régulièrement, et « avançait », parfois lentement, mais sagement, les révolutionnaires français, dès 1790, vont exacerber ce désir d’extension du territoire, en le haussant à la hauteur d’un mythe, mais un mythe guerrier et idéologique : là où la Royauté attendait, pour saisir, à chaque occasion (mariage, héritage, guerre, succession…) la possibilité d’acquérir une Province supplémentaire, les Révolutionnaires prétendirent forcer le destin et la marche des choses.
Après Valmy, le 20 septembre 1792, la Convention exhorta les soldats à chasser les armées prussiennes de l’autre côté du Rhin. Pour le général Custine, commandant de l’Armée du Rhin, « si le Rhin n’est pas la limite de la République, elle périra« . Le 17 décembre, la Convention adopte le Décret sur l’administration révolutionnaire française des pays conquis, prélude à l’annexion de la Belgique par la France. Celle-ci fut demandée par Danton le 31 janvier 1793 en ces termes : « les limites de la France sont marquées par la nature, nous les atteindrons des quatre coins de l’horizon, du côté du Rhin, du côté de l’Océan, du côté des Pyrénées, du côté des Alpes. Là doivent finir les bornes de notre République. »
DANTON : LA RÉUNION DE LA BELGIQUE A LA FRANCE (Extrait)
Cette attitude belliqueuse et déraisonnable aboutira, en fin de compte, à l’inverse du résultat espéré : après avoir déclaré une guerre à l’Europe qui durera 23 ans et qui s’achèvera par la défaite complète de la France, amenant les coalisés à Paris, non seulement la France n’aura pas « conquis » la rive gauche du Rhin, mais elle aura même perdu des territoires qu’elle possédait sous Louis XVI, et une population estimée par Bainville à 500.000 hommes :
Coblence (en latin Cofluentes, au confluent du Rhin et de la Moselle) vue depuis la rive droite du Rhin
La France perdait, en 1815, après les Cent jours, les territoires suivants, qu’elle n’avait pas perdus en 1814 :
• les forteresses de Philippeville et Marienbourg (cédées toutes deux à Louis XIV en 1659) ainsi que Bouillon (la ville de Godefroy, qui conquît Jérusalem !…), actuellement en Belgique.
• les villes de la Sarre, aujourd’hui allemandes (Sarrelouis, fondée par Louis XIV en 1681 et Sarrebrück) et aussi Landau, aujourd’hui dans le Palatinat, mais qui fit longtemps partie de la décapole alsacienne (ville française depuis 1648 !);
• Versoix, sur la rive nord du Léman, et une partie du pays de Gex, français depuis Henri IV, aujourd’hui en Suisse (les six communes de Versoix, Preny-Chambésy, Collex-Bossy, Grand-Saconnex, Meyrin et Vernier furent cédées à Genève).
• Avec, en prime (!), uneoccupation de trois ans et une « amende » de 700 millions de francs !
Après cet épisode douloureux, on trouve encore chez Chateaubriand l’expression d’un désir de « frontière naturelle« : « … Nous, nous voulons avoir la ligne du Rhin, , depuis Strasbourg jusqu’à Cologne… » (Mémoires d’Outre-tombe, La Pléiade, Tome II, page 274). Et Bainville explique que, lorsqu’il fut renversé, Charles X s’apprêtait « à donner à la France la rive gauche du Rhin ».
Après la Guerre de 14, et malgré les immenses sacrifices consentis, Clémenceau lui-même reconnut : « Nous n’avons pas obtenu ce que nous aurions pu et du obtenir… ». Les chefs militaires (Foch, Joffre, Mangin…) demandaient la frontière du Rhin, ainsi que les ténors du nationalisme : Barrès, Bainville, Maurras.
Et même, le 12 février 1945, encore, de Gaulle déclara : « Le Rhin doit être une grande avenue française… »
Cologne, et sa cathédrale ogivale, où sont les reliques des Rois mages
Mais, d’une part, nos alliés anglo-saxons des deux Guerres ne le voulurent pas et nous en empêchèrent; d’autre part, le cours naturel des choses avait été interrompu par la Révolution de 1789, et, avec elle et à cause d’elle, la marche en avant incessante du peuple français vers ses « frontières naturelles », du moins du côté du Rhin. Dix jours après avoir assassiné le roi Louis XVI – le fédérateur – Danton – le révolutionnaire – demandait une fédération, mais autour d’un mythe, d’une abstraction, d’une idéologie. Cela n’a pas marché.
Et aujourd’hui, sans même parler de la Belgique (Flandre et Wallonie), Mayence, Coblence, Trèves, Bonn, Cologne, Aix-la-Chapelle… qui étaient en Gaule, ne sont pas incluses dans les limites territoriales du pays qui a succédé à la Gaule.
Deux exemples les plus parfaits de ces dirigeants anglo-saxons dont la politique constante a toujours été d’œuvrer dans le sens d’une limitation, et chaque fois qu’ils le pouvaient, d’une réduction de la puissance française : le président Wilson, (éphéméride du 3 février) et l’économiste Keynes, (éphéméride du 24 avril).
1861 : Naissance de Jacques-Emile Blanche
L’essentiel de sa peinture est consacré, à travers ses célèbres portraits, à la représentation du monde brillant dans lequel il est né, de la Belle Époque aux Années folles.
Cent vingt-six de ses tableaux sont visibles au Musée des Beaux arts de Rouen.
Etude pour le portrait de Bergson
1944 : Mort de Jean Giraudoux
• « Ceux qui ne voient que l’amour dans le monde sont aussi bêtes que ceux qui ne le voient pas. »- La guerre de Troie n’aura pas lieu
• « On ne tue bien que ce qu’on aime. » – La guerre de Troie n’aura pas lieu
• « L’humanité est une entreprise surhumaine. » – Intermezzo
1977 : Inauguration du Centre Culturel Georges Pompidou (Beaubourg)
Ses concepteurs l’ont peut-être voulu comme rassemblant en un même lieu différentes activités culturelles (bibliothèque, expositions temporaires, musée d’Art moderne…), mais beaucoup lui reprochent d’être une monstrueuse usine à gaz, effroyablement laide; une verrue défigurant un quartier historique de Paris; et un gouffre financier, asséchant les budgets de la Culture (l’année de son inauguration, le septième du budget de l’Etat pour la Culture est allé au Centre).
Certains ont surnommé Beaubourg : Notre-Dame de la Tuyauterie, ou encore le Pompidolium. D’autres ont raillé un « hangar de l’art », une « usine à gaz », une « raffinerie de pétrole », un « fourre-tout culturel » ou une « verrue d’avant-garde »…
Jean d’Ormesson est peut-être celui qui aura résumé le mieux la pensée des détracteurs de Beaubourg :
« Le Centre Georges-Pompidou est le premier monument de la révolution culturelle qui consiste à remettre en question la notion même de beauté. C’est l’encyclopédie d’une culture de l’angoisse. »
Long rectangle bleu, sur cette photo, à deux pas de l’Hôtel de Ville. On l’a peut-être voulu comme un temple de l’Art, mais il est manifestement conçu – et situé – dans un esprit de rupture et d’opposition.
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Une faute souvent commise : Louis-Marie GrignIon de Montfort avec un « i » après le « gn ».
Il n’a aucun lien avec le tortionnaire des « Colonnes Infernales » Grignon.
Merci de votre suivi précieux de nos éphémérides où il y a toujours à reprendre, corriger, améliorer, actualiser. Du point de vue historique, factuel, orthographique, graphique, iconographique, sans compter la ponctuation selon les règles françaises à respecter. Nous avons corrigé l’erreur que vous nous avec signalée. Cordialement.
Le Pompidolium de Beaubourg eut, peu après, un petit frère, le siège des Lloyd’s à Londres, conçu dans le même « style » par l’architecte britannique Richard Rogers, principal auteur du centre Beaubourg . Un mot assez savoureux circulait alors : « Chez les animaux, les boyaux et autres viscères sont entassés à l’intérieur et débouchent sur un discret « trou du c.. »; Au Lloyd’s, c’est le contraire, les boyaux sont dehors et les trous du c.. sont à l’intérieur ».
Nota: en anglais comme en allemand, ces « trous » (asshole, Arschloch) correspondent plus ou moins à nos crétins, voire pis !
J’ai mis autant d’années à apprécier le Centre Pompidou que mes arrière grands-pères à accepter la Tour Eiffel. Qui concevrait aujourd’hui Paris sans Beaubourg ? Chaque fois que j’y passe, je vois une ruche bourdonnante pleine de gens qui sont heureux de pouvoir y être.
Je dis cela non par provocation, mais parce que je relativise les partis-pris archaïsants que nous pouvons tous avoir. Je rappelle qu’à la place des colonnes de Buren, qui ont revitalisé le Palais-Royal, il y avait le triste parking du Conseil d’État…