1328 : Mort de Charles IV, le Bel, fin des Capétiens directs
Mariage de Charles IV le Bel et de Marie de Luxembourg, par Jean Fouquet (xve siècle).
C’est la fin de la lignée des Capétiens directs, dont Bainville avait signalé l’exceptionnelle longévité en donnant pour titre au chapitre V de son Histoire de France :
Pendant 340 ans, l’honorable maison capétienne règne de père en fils
Cette mort posa un problème inédit : à qui allait revenir la couronne ?
Jusqu’à Philippe Auguste inclus, les six premiers capétiens directs avaient fait sacrer leur fils de leur vivant : Hugues Capet, Robert II le Pieux, Henri 1er, Philippe 1er, Louis VI et Louis VII.
Philippe Auguste, septième capétien direct, fut le premier à se dispenser de cette précaution, le trône étant désormais solidement établi dans la famille : son fils, Louis VIII, lui succéda en effet tout naturellement, sans qu’aucune contestation ne s’élevât.
Ensuite, et jusqu’au quatorzième capétien direct – Charles IV – il y eut toujours un héritier direct incontestable : un fils jusqu’à Philippe le Bel, et ensuite les trois fils de celui-ci :
• Louis X (et son fils Jean 1er le Posthume, qui ne vécut que quatre jours);
• Philippe V;
• Charles IV.
Quand celui-ci se sentit près de sa fin, il fit appeler les grands seigneurs qui étaient à sa cour, et leur dit « que si la reine accouchait d’un fils, il ne doutait point qu’ils ne le reconnussent pour leur roi ; mais que si elle n’avait qu’une fille, ce serait aux grands barons de France à adjuger la couronne à qui elle appartiendrait ; qu’en attendant il déclarait Philippe de Valois, son cousin, régent du royaume. »
Après la mort de Charles, toute la haute noblesse s’étant assemblée, confirma la régence à Philippe de Valois, et la reine ayant accouché d’une fille, Philippe fut aussitôt couronné roi. C’est ainsi que la branche des Valois monta sur le trône.
Mais on avait là le prétexte aux prétentions anglaises sur le Royaume de France : le quatrième enfant de Philippe le Bel, Isabelle de France, ayant épousé, en 1308, Edouard II, roi d’Angleterre. Leur fils, Edouard III, et ses successeurs affirmèrent tenir par elle des droits au trône de France…
Maurice Druon a utilisé ce contexte historico/politique dans ses célébrissimes Rois maudits. (voir l’éphéméride du 19 avril)
Ce sujet se prolonge, demain, par un essai de bilan des Capétiens, écrit par Michel Mourre : voir l’éphéméride du 2 février.
1669 : Première représentation publique de Tartuffe ou l’imposteur
Comédie en cinq actes et en alexandrins de Molière :
toutmoliere.net/oeuvres/tartuffe
Inoubliable Louis Jouvet jouant Tartuffe [Extrait]
1688 : Mort de Duquesne
Portrait d’Abraham Duquesne, par Antoine Graincourt, Cercle militaire de Versailles.
netmarine.net/bat/fregates/duquesne
1801 : Naissance d’Emile Littré
« Un dictionnaire, une légende, un trésor. Le Littré est un roman, le roman de la langue française » (Jean d’Ormesson).
littre.reverso.net/dictionnaire-francai
1920 : Premier Prix d’Amérique
Voulu par le député de la Manche Emile RIOTTEAU, en hommage au soutien des Etats-Unis pendant la première guerre mondiale et aux soldats américains morts sur le sol français, le Grand Prix d’Amérique est la plus grande course hippique de trot au monde; il se déroule le dernier dimanche de janvier sur l’hippodrome de Vincennes.
HISTOIRE-ET-PALMARES-DU-PRIX-D-AMERIQUE
Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, a admirablement exprimé le respect et la passion que l’Homme porte au cheval :
« La plus noble conquête que l’homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal, qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats; aussi intrépide que son maître, le cheval voit le péril et l’affronte; il se fait au bruit des armes, il l’aime, il le cherche et s’anime de la même ardeur: il partage aussi ses plaisirs; à la chasse, aux tournois, à la course, il brille, il étincelle. Mais docile autant que courageux, il ne se laisse point emporter à son feu; il sait réprimer ses mouvements. non seulement il fléchit sous la main de celui qui le guide, mais il semble consulter ses désirs, et, obéissant toujours aux impressions qu’il en reçoit, il se précipite, se modère ou s’arrête: c’est une créature qui renonce à son être pour n’exister que par la volonté d’un autre, qui sait même la prévenir; qui par la promptitude et la précision de ses mouvements, l’exprime et l’exécute; qui sent autant qu’on le désire, et se rend autant qu’on veut; qui, se livrant sans réserve, ne se refuse à rien, sert de toutes ses forces, s’excède, et même meurt pour obéir. »
Le cheval tient une place éminente dans la culture et la civilisation française : trois autres de nos éphémérides lui rendent l’hommage qu’il mérite : 2 avril (« Aux origines du Haras du Pin ») ; 3 juin (ouverture du Musée du Cheval à Chantilly) ; et 20 juin(« Première présentation au public du Cadre noir »)
1933 : Léon Daudet annonce la guerre avec Hitler
En première page de L’Action française, ce 1er février 1933, Léon Daudet met en garde contre l’ancien putschiste de Munich, devenu légalement et au gré de la logique démocratique, chancelier d’Allemagne.
Sous le titre Hitler et l’œuvre de Briand, l’ancien député royaliste de Paris alerte ses lecteurs devant le péril qui se précise :
« …Voici Hitler dans le fauteuil de Bismarck. Le « chef de bande » du Petit Parisien, le « peintre en bâtiment » du Journal, le « maboul » du Matin est aujourd’hui, avec son programme guerrier, le maître absolu, en l’absence du Kronprinz, d’un pays de soixante-dix millions d’habitants, qui ne rêve que plaie et bosse. Les bonnes gens de chez nous ne se doutent pas qu’ils ne sont plus séparés d’une guerre d’extermination que par une feuille de papier à cigarette. »
La même année, un peu plus tard, en novembre, c’est Jacques Bainville qui alertera, dans son Journal, contre Hitler, et sera le premier à dénoncer les persécutions juives dans sa note du 9 novembre.
Trois ans plus tôt, le 26 juin 1930, et dans son même Journal, Jacques Bainville dénonçait « l’énergumène », le « monstre », le » « Minotaure ».
L’Action française a fait tout ce qu’elle a pu. Elle a analysé, froidement, lucidement, la réalité. Elle a annoncé les conséquences tragiques des renoncements et des « nuées ». Le Pays légal n’a pas voulu entendre, trahissant le pays qu’il avait la charge de servir; l’opinion publique a préféré le lâche assoupissement, et ne rien voir.
On a eu les conséquences.
1954 : L’appel de l’Abbé Pierre
De son vrai nom Henri Grouès, l’Abbé Pierre déclencha, avec cet appel radiophonique prononcé à 1 heure du matin sur Radio Luxembourg, l’Insurrection de la bonté.
Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l’avait expulsée…
Chaque nuit, ils sont plus de 2000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu.
Devant l’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent !
Écoutez-moi : en trois heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l’un sous la tente au pied du Panthéon, rue de la Montagne Sainte Geneviève ; l’autre à Courbevoie. Ils regorgent déjà, il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe, et où l’on lise sous ce titre CENTRE FRATERNEL DE DEPANNAGE, ces simples mots :
« TOI QUI SOUFFRES, QUI QUE TU SOIS,
ENTRE, DORS, MANGE, REPREND ESPOIR, ICI ON T’AIME »
La météo annonce un mois de gelées terribles. Tant que dure l’hiver, que ces centres subsistent, devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure.
Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l’âme commune de la France. Merci !
Chacun de nous peut venir en aide aux « sans abri ». Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain :
• 5000 couvertures,
• 300 grandes tentes américaines,
• 200 poêles catalytiques
Déposez les vite à l’hôtel Rochester, 92 rue de la Boétie. Rendez-vous des volontaires et des camions pour le ramassage, ce soir à 23 heures, devant la tente de la montagne Sainte Geneviève.
Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou sur les quais de Paris.
Merci ! »
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