1190 : Philippe Auguste désigne les 6 membres du premier conseil municipal de Paris
Ces échevins, pour rappeler la dépendance de leurs activités au trafic fluvial de la Seine, adoptent pour devise « Fluctuat nec mergitur » (« il fluctue, mais ne coule pas »), ainsi qu’un blason orné d’un bateau aux couleurs rouge et bleu.
1590 : Mort de Germain Pilon
Avec Jean Goujon, Germain Pilon (1537-1590) – issu d’une famille originaire de la région du Mans – fut l’un des plus grands sculpteurs français. Le paradoxe est que, comme pour Jean Goujon, on sait fort peu de choses sur lui.
De l’Encyclopedia universalis :
« Germain Pilon, fut avec Jean Goujon, le plus grand sculpteur de la Renaissance française. Dans son œuvre, qui plonge ses racines dans la sculpture médiévale française, mais dont le style a subi l’influence décisive de l’art des Italiens de Fontainebleau, la Renaissance et le maniérisme italiens s’allient à la tradition française. L’étude des documents de l’époque fait apparaître l’image d’un homme de culture humaniste, occupant une position sociale élevée. Grâce à ses nombreux élèves, le sculpteur prépara la naissance de la statuaire du XVIIème siècle français.
Germain Pilon est né à Paris. De son père, le sculpteur André Pilon, originaire de la région du Mans, il est presque certain qu’il reçut les premiers éléments de sa formation artistique. Mais aucune des créations d’André Pilon n’a été conservée, de sorte que l’on ne peut apprécier son style. Certaines commandes révèlent toutefois sa prédilection pour les statues en bois peint et pour la terre cuite, ce qui laisse supposer qu’il se rattachait au monde des formes médiévales.
Germain Pilon, en plus des leçons de son père, profita d’une formation qui était restée inaccessible aux générations précédentes de sculpteurs. Il fit, en effet, des études à l’Université : en l’an 1540, il est qualifié d’ « écolier, étudiant en l’université de Paris« . Pilon put ainsi acquérir des connaissances qui le distinguaient des « imagiers » du Moyen Âge. On comprend donc que l’orfèvre Richard Toutain ait déclaré à son propos, en l’an 1573 : « Et j’estime qu’il est l’ung des plus scavans hommes de ce royaume en cest estat ».
Artiste éclectique, il travaillait aussi bien le marbre, la pierre et le bronze que le bois ou la terre cuite.
Il fut l’un des artistes préférés de la Cour de France, et réalisa les monuments funéraires de François Ier et Henri II, dans la basilique de Saint Denis, dans lesquels il a donné la pleine mesure de son génie.
Mais il sait aussi se montrer plus intimiste : commandée par Catherine de Médicis pour faire partie, à l’origine, du décor sculpté de la rotonde des Valois à la basilique de Saint-Denis (chapelle funéraire d’Henri II), sa Vierge de Douleur (ci dessous) correspond à la mystique de la Vierge Marie souffrant une passion parallèle à celle de son fils :
Il s’y montre très novateur dans sa composition, la Vierge étant seule sur le rocher du Calvaire, contrairement aux époques antérieures où elle était systématiquement représentée avec son fils mort sur les genoux (Pietà).
Le musée du Louvre conserve la modèle en terre cuite de cette oeuvre, souvent considérée comme la réalisation maîtresse de l’artiste.
Son talent était si varié, et il l’appliquait à tant de domaines différents, que même la numismatique fut profondément influencée par lui. Ci dessous, son rené de Birague, pièce en bronze :
On lui doit aussi les 385 mascarons (masques grotesques) du Pont Neuf de Paris (ci dessous). Les mauvaises langues de l’époque prétendaient qu’il aurait profité de ce travail pour caricaturer certains des gentilshommes de la Cour.
Pour en savoir plus sur Germain Pilon
1689 : Première d’Esther
Depuis Phèdre (1677), Racine n’écrit plus pour le théâtre : il se consacre essentiellement à son rôle d’historiographe de Louis XIV. Mais la pièce lui est commandée par Madame de Maintenon, épouse secrète de Louis XIV, qui vient de créer Saint-Cyr pour des jeunes filles nobles mais sans fortune.
Madame de Maintenon fait appel à lui pour qu’il écrive sur « quelque sujet de piété et de morale, une espèce de poème où le chant fut mêlé avec le récit ». Cette commande permet donc à Racine non seulement d’unifier la tragédie et l’opéra, très en vogue à l’époque, mais encore de renouer avec cette tradition issue des anciennes tragédies grecques qui consistait à mêler le chant à l’action (ce qu’il fait dans Esther grâce au personnage d’Elise) : il va prendre Boileau comme metteur en scène, et Lully comme compositeur.
hoche.versailles/esther
1753 : Naissance de Stofflet
Comme on peut le lire dans l’ouvrage d’Edmond Stofflet, paru en I875, et présenté dans le lien ci-dessous, « trop d’historiens n’ont vu en Stofflet qu’un militaire de second plan, placé au devant de la scène par la disparition des chefs. A tort.
Il fut un officier de premier ordre, intrépide au combat, et un vigoureux meneur d’hommes. Soldat du régiment de Lorraine-Infanterie, puis garde-chasse du comte de Colbert à Maulévrier (Maine-et-Loire), Stofflet fut appelé dès le début de l’insurrection de mars 1793 à la tête des insurgés.
Comme Cathelineau, il était issu du peuple et voua sa vie à la résistance vendéenne. Sa grande valeur militaire révélée lors de la Virée de Galerne et son rôle dans l’armée, injustement occulté par d’autres noms aussi prestigieux, s’affirmèrent pleinement à partir de février 1794.
Après la mort de La Rochejaquelein en janvier 1794, Stofflet mena en Anjou une guérilla implacable contre les armées de la Convention qu’il chassa des Mauges à la fin 1794.
Chef de guerre au caractère intraitable, il refusa toute négociation avec la République et condamna le traité de la Jaunaye. Contraint de signer la paix, le 2 mai 1795, il reprit la lutte dès le début de l’année 1796.
A la fois pieux Lorrain et fidèle Angevin, Stofflet a sacrifié sa vie pour la Vendée et mérite à ce titre sa place au Panthéon des Géants. »
vendee-chouannerie/Stofflet-et-la-Vendee-1753-1796 Edmond-STOFFLET
L’acte de baptême de Nicolas Stofflet
Dans notre album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, « Guerres de Géants » voir les deux photos « Stofflet » et « L’Obélisque de Stofflet »
En 1796, lorsque, après une trêve, il reprit les armes contre les terroristes révolutionnaires, il lança à ses soldats la proclamation suivante :
« Braves Amis,
Le moment est venu de vous montrer. Dieu, le roi, le cri de la conscience, celui de l’honneur, et la voix de vos chefs vous appellent au combat.
Plus de paix ni de trève avec la république. Elle a conspiré la ruine entière du pays que vous habitez. Vous enchaîner sous ses lois barbares, vous associer à ses crimes, arracher de vos mains le fruit de vos travaux, vos dernières ressources ; tels sont ses projets. Vous abandonner pour quelques jours pour écraser, par la masse entière de ses forces, vos compagnons d’armes, et revenir ensuite subjuguer, vexer, affamer, désarmer vos contrées, tel est son but.
Mais le souffrirez-vous ? Non. Les braves soldats que pendant deux années j’ai conduits au combat, ne deviendront jamais républicains. Jamais le déshonneur ne flétrira les lauriers qu’ils ont moissonnés.
Ressaisissez donc avec l’énergie dont vous êtes capables, ces armes terribles que vous ne déposâtes qu’en frémissant : volez au combat, je vous y précéderai ; vous m’y distinguerez aux couleurs qui décoroient Henri IV à Yvri. Puissent-elles être pour nous, comme pour lui, le signal de la victoire ! Vive le Roi Louis XVIII ! »
1909 : Naissance de Simone Weil, à Paris
La défaite de 1940 pousse Simone Weil, comme tant d’autres, sur les routes de l’exode, jusqu’à Marseille où elle participe à l’aventure des Cahiers du Sud, aux côtés de Jean Ballard et de Joë Bousquet.
Désireuse de travailler aux champs, elle trouve une place d’ouvrière agricole en Ardèche, chez le philosophe catholique Gustave Thibon : de leur profonde amitié intellectuelle naîtra La Pesanteur et la Grâce, recueil d’aphorismes et de textes brefs consacrés à l’amour, la beauté, la croix ou Israël.
Gustave Thibon évoque cette amitié (dans Au soir de ma vie) :
« Je la revis une dernière fois à Marseille, début mai. Nous qui, au début, n’étions d’accord à peu près sur rien, à la fin nous étions d’accord sur tout. Je me rappelle cette nuit presque entière à Marseille comme un divin échange. Elle savait ce que j’allais lui dire. Je savais ce qu’elle allait me dire. Nous achevions les propos l’un de l’autre. Avec elle, le temps s’abolissait.
– Je crois – lui dis-je – que nous sommes de la même espèce.
– Je n’en ai jamais douté – me dit-elle-…
…Quand bien plus tard, en 1964, je reçus le Grand prix de Littérature de l’Académie Française, François Mauriac, qui ne m’aimait guère, déclara :
– Je voterai pour l’homme qui nous a révélé Simone Weil. »
1924 : Mort du président Woodrow Wilson, utopiste naïf et malfaisant.
Elle est bien longue, la cohorte de ces rois ou chefs d’Etat, chefs de guerre ou puissant de tous ordres qui ont eu, au fil des siècles, une influence néfaste pour la France sur le cours des évènements; qui ont pesé de tous leur poids pour nous accabler; qui sont responsables de bien de nos malheurs et dont l’action a été malfaisante en tous points, si l’on considère nos intérêts majeurs, voire vitaux.
Parmi ces êtres, malfaisants pour nous, le président des Etats-Unis Woodrow Wilson (ci contre) – qui devait connaître une fin sans gloire, et même pitoyable, six mois après (mais six mois trop tard !) fut sans conteste l’un des pires.
Au mépris de la lucidité politique la plus élémentaire, il s’acharna à empêcher la France victorieuse (mais à quel prix ! : un million cinq-cent mille jeunes Français, « couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue ») de récolter le fruit de sa victoire : l’Allemagne ne fut pas démembrée (son unité « forcée » par Bismarck, de la façon que l’on sait, n’avait que quarante-huit ans…); elle ne fut pas envahie, et ne vit pas son territoire un tant soit peu abîmé, elle qui avait saccagé, quatre années durant, quatorze départements français; elle garda ses forces intactes, la rive gauche du Rhin ne fut pas la barrière qu’elle devait devenir entre elle et nous : soit par l’indépendance accordée aux divers séparatismes rhénans, soit par toute autre forme d’organisation qui l’aurait retiré de l’administration directe de la Prusse, pour la placer dans un état de fait où elle aurait été ouverte à nos influences.
En agissant de la sorte; en imposant avec les autres anglo-saxons – comme Keynes, ci-contre – sa vision angélique des choses (mais, « qui veut faire l’ange fait la bête », comme le dit Pascal…) Wilson est directement cause – vingt ans après – de l’arrivée au pouvoir du nazisme, de la Seconde Guerre mondiale et de toutes les atrocités qu’elle a générées.
Certes, des Français ont prêté la main, par aveuglement, idéologie et anticatholicisme primaire, à ces folies Wilsoniennes : au premier rang desquels Clemenceau, Briand et tant d’autres membres du Pays légal.
Il n’empêche : en ce qui concerne la France et les Français, le président Woodrow Wilson reste, à tout jamais, l’un des hommes les plus funestes qui aient été.
1945 : Charles Maurras compose son poème « Où suis-je ? »
Le « verdict infâme » vient d’être prononcé : Maurras a été condamné (éphéméride du 28 janvier).
Alors que le procès des responsables du désastre n’a pas eu lieu, et n’aura jamais lieu, ces mêmes responsables reviennent, cinq ans après la catastrophe qu’ils n’ont ni su, ni voulu, ni pu éviter, et s’érigent en juges de Maurras :
• qui a tant demandé que l’on prépare la guerre qui venait ;
• qui, avec Bainville, a tant et tant mis en garde, depuis la victoire de 1918, contre le sabotage de cette victoire et la renaissance de l’Allemagne, avide de revanche ;
• qui, dès le 15 juillet 1936, dans L’Action française, condamnait le racisme hitlérien, « folie pure et sans issue » et qui avait écrit ces lignes, dans L’Action française du 30 mars 1933 : « Le racisme et l’étatisme ne peuvent correspondre qu’à des sociétés imparfaites. Une société dans laquelle la civilisation a atteint ses sommets les plus rares ne peut se contenter de telles significations ; l’édifice des valeurs les plus aristocratiques et les plus rares ne saurait abriter ces religions grossières, dont la pauvreté spirituelle n’a d’égale que la malfaisance et la stérilité »;
• alors que, de son côté et dès 1930, dans la même Action française, Bainville dénonçait en Hitler l’énergumène, le monstre, le minotaure, et, dès 1933, les persécutions juives !
Malgré tout cela, Maurras ne fut pas écouté par ceux qui avaient le pouvoir, lui qui faisait mettre comme « manchette » de la Une de L’Action française : « armons, ARMONS, ARMONS ! ».
Pire, en 45, une partie de ceux-ci reviennent le condamner « pour intelligence avec l’ennemi » !… : c’était le temps de la sinistre Epuration, une nouvelle Terreur (pour parler comme Daudet), pendant laquelle le Parti communiste tenait le haut du pavé, parce qu’il était la force la plus puissante, la mieux organisée, et qu’il profitait pleinement de l’aide du « génial Staline » . Aragon officiait au Comité national des écrivains, en tant qu’épurateur en chef, sorte de Fouquier-Tinville (éphéméride du 11 mai, sur l’inique confiscation/spoliation des « Biens de presse »).
Pourtant, le Parti communiste avait bel et bien entériné la Pacte de non-agression germano-soviétique, du 23 août 1939 au 22 juin 1941, et c’est pourquoi elle fut interdite en 1939 (éphéméride du 25 août); elle alla même, un an plus tard, jusqu’à célébrer la paix avec Hitler (éphéméride du 28 août) : on le voit, les premiers « collabos », même en ayant changé de conduite par la suite, avaient évidemment beaucoup de choses à faire oublier, et c’est la raison pour laquelle ils ont « frappé si fort »… sur les premiers à avoir alerté contre le danger du réarmement allemand, en général, dès 1919, et, dès 1930, contre le danger du nazisme en particulier : c’était eux, les royalistes et l’Action française, qui furent ainsi les premiers « résistants »; cela n’empêcha pas les communistes, qui furent bien les premiers « collaborateurs » avec Hitler, de les briser avec l’Epuration (!) : ainsi vont la brutalité et le mensonge révolutionnaires.
Maurras est en prison, et il y mourra : on le libérera juste avant sa mort, en lui octroyant une « grâce médicale » permettant au Régime d’échapper au reproche d’avoir laissé Maurras mourir en prison. Mais il ne reverra plus son « Martigues plus beau que tout. ».
Dans son discours de réception à l’Académie, le duc de Lévis Mirepoix, élu au fauteuil de Charles Maurras et prononçant donc son éloge eut cette formule à demi heureuse : « Il eût à subir, comme Socrate, la colère de la Cité. ». À demi heureuse seulement, sauf à accepter que les épurateurs d’après-guerre et les partisans désormais maîtres du Pouvoir politique incarnaient vraiment la Cité dans son entier.
Et précisément, emprisonné à Riom, comment réagit Maurras : avec le détachement, la grandeur d’âme, la Sagesse du philosophe : dans la nuit du 2 au 3 février, il écrit ce superbe poème, Où suis-je ?
Ce poème fut récité par Jean Piat lors du colloque tenu à l’Institut en 2002 pour le cinquantenaire de la mort de Maurras.
Cette éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :
Souvent, je me récite cette poësie, ainsi que la « Prière de la fin ».
Et encore : la cigale est éphémère, le rossignol est content des nuits blanches qu’allumèrent les étoiles du printemps. Et la mort n’est plus amère au vieil homme qui prétend aux leçons des fils d’Homère qui revivent en chantant, etc.
Madame de Maintenon,avec Esther, Gustave THIBON et Simone Weil, Charles MAURRAS,que d’anniversaires…….on suit
avec peine………!