1575 : Naissance de Pierre de Bérulle
Cardinal, ministre, diplomate, c’est lui qui fonda, le 11 novembre 1611, l’Oratoire de France, dans le but de restaurer la sainteté du sacerdoce. Il s’agissait, dans son esprit, de créer « une société de prêtres, sans obligation de vœux, où l’on tendra de toutes ses forces à la perfection sacerdotale, pour en exercer toutes les fonctions et pour former à la piété ceux qui y aspirent ».
Ci-contre, portrait du cardinal de Bérulle, par Philippe de Champaigne.
Parmi les oratoriens « célèbres », on relèvera cependant Louis-Antoine de Saint-Just, Billaud-Varenne (le théoricien de la Terreur), Pétion (Girondin régicide), Joseph Le Bon (le guillotineur d’Arras, prêtre défroqué), et Joseph Fouché le « noyeur-canonneur » de Lyon (qui, lui, ne fut pas prêtre).
Balayée par la Révolution, que certains de ses membres ont si bien servie, la Congrégation fut refondée en 1852, mais dut quitter la France après la séparation de l’Eglise et de l’Etat, jusqu’en 1920, où elle put de nouveau y exercer ses activités.
1881 : Naissance de Cavaillé-Coll
Sur l’un de ses chefs d’œuvre : l’orgue de Saint Sernin, à Toulouse :
basilique-saint-sernine/grandes-orgues/saint-sernin
1941 : Date probable de la Lettre de Saint Exupéry à André Breton
Ou : quand un vrai patriote éreinte le pseudo-pacifiste d’avant-guerre, qui, avec les siens, dans la gauche antimilitariste et pacifiste, a tout fait pour désarmer ou non-armer la France, préparant ainsi la victoire d’Hitler, et toutes les catastrophes qui en ont découlé, dont ils portent une grande part de la responsabilité.
André Breton n’était pas chrétien, ce qui était son droit le plus strict : mais, lui répond Saint Ex, dans la défaite, alors que Breton est devenu, soudainement, un enragé signataire de manifestes enflammés, « ...l’homme a besoin, non de haine, mais de ferveur... »
Et, à Breton qui parle, maintenant, de guerre, de combat, de résistance, Saint Ex objecte : « …Vous avez usé votre vie à démanteler tout ce dont l’homme pouvait se réclamer pour accepter la mort. Non seulement vous avez lutté contre les armements, l’union, l’esprit de sacrifice, mais vous avez lutté contre la liberté de penser autrement que vous, la fraternité qui domine les opinions particulières, la morale usuelle, l’idée religieuse, l’idée de Patrie, l’idée de Famille, de maison et plus généralement toute idée fondant un Être, quel qu’il soit, dont l’homme puisse se réclamer. Vous êtes partisan fanatique de la destruction de tous ces ensembles. Vous êtes sans doute anti-naziste, mais au titre même où vous êtes anti-chrétien. Et vous êtes moins attaché à lutter contre le nazisme que vous en vous êtes acharné à ruiner les faibles remparts qui s’opposaient encore à lui…« (extrait de la lettre dont vous pouvez consulter l’intégralité en cliquant sur la photo ci dessus).
C’est de tout cela que Saint Ex accuse Breton, et contre tout cela que s’exerce cette « sainte colère » contre tous ceux qui ont passé leur temps à désarmer la France, à coup de « repentance » et d’expiation imposée, de « haine de soi », de haine de son Histoire, de ses Traditions, de ses Racines; et aussi à coup d’ « excommunications et exclusives » à l’égard des mal-pensants.
Texte intégral
Antoine-de-Saint-Exupery-Lettre-a-Andre-Breton
1944 : Première d’Antigone, de Jean Anouilh
Le 4 février 1944 était créée, à Paris, au Théâtre de l’Atelier, l’Antigone de Jean Anouilh.
Tous les professeurs de français (ou presque) vous le diront : Antigone incarne l’esprit de résistance et Créon l’esprit de compromission.
Si vous avez un doute, consultez Wikipédia (?) : « Le personnage d’Antigone est l’allégorie de la Résistance s’opposant aux lois édictées par Créon/Pétain et qu’elle juge iniques. Anouilh s’inspire du geste de Paul Collette, un résistant français, qui avait tiré sur Pierre Laval chef du gouvernement de Vichy, le 27 août 1941. »
Point de vue beaucoup trop caricatural pour être satisfaisant.
Certes, dans la France occupée, l’insoumission de la jeune fille qui dit non à la raison d’Etat de Créon devait rencontrer quelque écho. Mais, ne l’oublions pas, dès la première représentation, on a reproché à Anouilh de défendre l’ordre établi en faisant la part belle à un Créon finalement très humain. C’est peut-être Pierre Vidal-Naquet (préface aux Tragédies de Sophocle, 1973) qui, en rapprochant Créon et Laval, a donné du poids à l’interprétation « résistantialiste ».
Même admiration du personnage d’Antigone chez les « traditionalistes », lesquels, à l’instar de Maurras, vénèrent dans la jeune héroïne la « Vierge-Mère de l’Ordre », en somme une Antigone qui incarnerait la légitimité contre un Créon représentant de la légalité. Conception forcément manichéenne qui a cependant le mérite de situer le débat à un niveau un peu plus élevé. Mais c’est à l’Antigone antique, celle de Sophocle, chez qui le conflit entre la loi humaine (Créon) et la loi divine (Antigone) est le fondement de la tragédie, que se réfère Maurras et non à son avatar contemporain dénué de toute véritable dimension religieuse.
En fait, Anouilh est foncièrement pessimiste et, manifestement, il ne choisit pas entre la lucidité, l’absence d’illusions et le sens des responsabilités de Créon et la jeune fille qui trouve en elle-même, et en elle-même seulement, les motifs de son héroïsme.
Il laisse donc la porte ouverte. Les uns pourront, aujourd’hui comme en 1944, persévérer dans l’image reçue, confortable et politiquement correcte des deux personnages. D’autres éprouveront de l’agacement pour l’entêtement capricieux d’Antigone (icône de tous ces adolescents prétendument « rebelles » qui, comme elle, ont une exigence de bonheur immédiat et que caressent dans le sens du poil des « maîtres » un tantinet démagogues) et de la sympathie pour l’engagement véritablement civique de Créon (cible facile des imbéciles aux mains propres mais qui, comme dirait l’autre, n’ont pas de mains).
Anouilh est aussi l’auteur de « Fables » du plus grand intérêt : dans notre éphéméride du 15 janvier, à propos de la parution de Les Dieux ont soif, nous reprenons la morale de sa Fable « Le loup et la vipère ».
« Petits garçons heureux,
Hitler ou Robespierre,
Combien de pauvres hères
Qui seraient morts chez eux »
Le mythe d’Antigone
Directement lié au mythe d’Œdipe (dont Antigone est la fille) le mythe d’Antigone est l’un des plus importants de la mythologie grecque, et fonde une bonne part des bases mêmes de la sagesse et de la philosophie antique.
Il n’est donc pas inutile de revenir aux sources de notre héritage culturel, et avant même que d’évoquer l’immensité des ouvertures et des réflexions que nous propose le mythe, qui touchent à l’essentiel, de retrouver et raconter d’abord l’histoire.
Nous en donnerons deux versions. La première, assez courte, est proposée par Mario Meunier dans son très beau La légende dorée des Dieux et des Héros (Albin Michel, 400 pages) ; la seconde, beaucoup plus développée, est tirée de Mythes et légendes de la Grèce antique (contés par Eduard Petiska, illustrés par Zdenek Sklenar, Gründ, Paris, 188 pages) :
I : Cadmos et Œdipe (Mario Meunier) : Cadmos et Oedipe , Mario Meunier.pdf
II : Œdipe et Antigone (Eduard Petiska) : Oedipe et Antigone (Eduard Petiska).pdf
1995 : Première édition de La Folle Journée de Nantes
follejournee
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Parmi les oratoriens célèbres: Louis-Antoine de Saint-Just, Billaud-Varenne le théoricien de La Terreur, Pétion le Girondin régicide, Joseph Le Bon le guillotineur d’Arras, prêtre renégat, et Joseph Fouché le « noyeur-canonneur » de Lyon qui, lui, ne fut pas prêtre. Mais tous furent bien des assassins.
Merveilleux cadeau que vous nous faites en publiant (cachée sous une photo) la lettre de St-Exupéry à Breton. Je n’en avais jusque là trouvé que des extraits. Comme toujours St-Ex met de la hauteur où il en manquait cruellement. Certains passages sur la liberté d’expression sont vraiment encore les bienvenus à notre époque. Merci encore.
Merci de ne pas manquer désormais au 4 février
4 février 1505, mort de Sainte Jeanne de France à Bourges
04 février
Sainte Jeanne de France (*1464 † 1505)
fille de roi (Louis XI) – sœur de roi (Charles VIII) – épouse de roi (Louis XII) et Reine de France
Jeanne de Valois, fille du roi Louis XI, vint au monde, le 23 avril 1464 à Nogent-le-Roi, laide et contrefaite, mais, en revanche, le Ciel révéla en elle, dès ses plus tendres années, une âme d’élite. Sa piété envers la Sainte Vierge marquait son âme du sceau des prédestinés. Elle avait cinq ans lorsque la Mère de Dieu daigna lui apprendre qu’elle était appelée à fonder en son honneur un ordre dont le but principal serait l’imitation de ses vertus.
Jeanne fut mariée malgré elle à un prince, son cousin qui deviendrait Louis XII. Il l’avait en aversion et ne la regarda jamais comme son épouse. Après quelques années pleines d’épreuves pour elle, le roi Louis XI étant mort, ainsi que son fils le roi Charles VIII, ce mariage, contracté en des conditions déplorables, à la demande du mari, le nouveau roi Louis XII, fut déclaré nul par le souverain pontife : « Que Dieu soit glorifié, mes chaînes sont brisées ; c’est Lui qui l’a voulu, afin que désormais je puisse mieux Le servir que je ne l’ai fait jusqu’ici » . En fait cette annulation était la condition pour Louis XII de pouvoir épouser la Duchesse Anne de Bretagne, qui apportait la Bretagne au Royaume de France.
Ses adieux au prince furent touchants: «Je vous dois, une grande reconnaissance, puisque vous me retirez de la servitude du siècle. Pardonnez-moi mes torts ; désormais, ma vie se passera à prier pour vous et pour la France.»
Dès lors la prière devint la compagne inséparable de Jeanne. Son ardent amour pour Jésus-Christ lui fit embrasser les mortifications volontaires, et plus d’une fois on la vit, à genoux au pied d’une croix, se frapper la poitrine avec une pierre et répandre un torrent de larmes, à la pensée de ses péchés et des souffrances de Jésus-Christ.
Consoler les pauvres, les servir à table, laver et baiser leurs pieds, voilà quelles étaient les occupations chères à son cœur. Son humilité aurait voulu cacher à tous les yeux les prodiges de sa charité ; elle n’aurait désiré que Dieu seul pour témoin, car elle ne cherchait que Lui dans la pratique de toutes les vertus.
L’eucharistie était sa force mystérieuse ; elle ne la recevait jamais que toute baignée de larmes, et c’est au pied du tabernacle qu’elle trouvait tous les trésors de dévouement qu’elle prodiguait autour d’elle.
Elle put, avant sa mort, fonder, selon la promesse de la Sainte Vierge, l’ordre des Annonciades. Une clarté extraordinaire parut pendant plus d’une heure dans sa chambre, au moment de sa mort, le 4 février 1505 à Bourges. On trouva son corps couvert d’un cilice, avec une chaîne de fer.
Puisqu’il est question d’Antigone et de Jean Anouilh, je me permettrai de faire un lien entre Antigone et Bastien Thiry, Créon étant évidemment le locataire de l’Elysée de cette époque dramatique. Je pense même que dans quelques siècles, ce sera le seul théme qui survivra si l’épique trouve un Sophocle à la hauteur.
Quant à Jean Anouilh, dont les Fables ne parurent en 1962 qu’en Suisse , je vous communique, ci après, son échange avce JL Barrault très amusant.
Contre les subventions, Jean Anouilh
Opposé au gouvernement de Charles de Gaulle, Anouilh refuse toute subvention de cet État, mais y paye ses impôts, alors qu’il lui suffirait de demander de les payer en Suisse où il est résident avec un livret C depuis 1950 ! Un restaurateur de Saint-Paul-de-Vence, ayant présenté son livre d’or à Jean Anouilh, eut la surprise, après les signatures de Charles de Gaulle et d’Yves Montand, d’y lire : « Après deux acteurs : enfin un auteur : Jean Anouilh ! »
La Compagnie Renaud-Barrault souhaitait reprendre La Petite Molière pour une tournée aux États-Unis. Or, Anouilh restait fidèle à sa logique : il ne voulait rien devoir à une institution qu’il désapprouvait. Antimilitariste, il avait fait son service militaire pour ne pas avoir à solliciter sa réforme. Comme son personnage, Julien, dans Colombe. Il sera cohérent : il refusera d’être joué dans tout théâtre qui reçoit des subventions d’un État qu’il déteste.
Lettre à Jean-Louis Barrault du 13 mars 1963 :
J’ai avisé Maurice Escande ((1)) avant-hier lundi 11 que je ne pouvais décidément pas être joué dans un théâtre d’État et que je ne pouvais pas lui donner mon adaptation de Richard III.
Je te prie pour la même raison de considérer que les pièces de moi que tu as jouées ne sont plus à ton répertoire et de prendre des dispositions ou remplacer La Petite Molière de la tournée américaine.
Barrault insiste. En demande les raisons. Anouilh lui répond le 27 mars 1963 :
Pour les mêmes raisons qui m’ont fait renoncer à Richard III au Français, parce que tu reçois de l’argent d’un État [sic !] avec lequel je ne veux plus avoir d’autres rapports que des contraventions et les feuilles d’impôt et, sous toutes réserves, les feuilles de route.
Amicalement à toi, J. A.
Correction : époque et non épique