« Est-ce le début de la fin pour Joe Biden ? Sera-t-il toujours le candidat démocrate le 5 novembre 2024 lors du scrutin présidentiel ou sera-t-il remplacé d’ici là ? Officiellement, la réponse est oui ! En vérité rien n’est moins sûr. » C’est Richard de Seze qui a signalé l’article d’où ce chapeau est extrait, paru lundi (12.02) sur F.ACTUEL. Nous le reprenons ici comme agréable à lire, intéressant pour l’avenir immédiat géopolitique immédiat et pour ce qu’il nous incite à penser des qualités intrinsèques de toute démocratie de masse; « Formelle » disait jadis le Comte de Paris (Henri VI).
Joe Biden est le président sortant. Il a droit à un second mandat. Il est candidat. Il n’a pas d’opposant crédible dans le cadre des primaires. Donc la question ne devrait même pas se poser. Mais il y a son âge et son acuité mentale.
Joe Biden a 81 ans et chacune de ses apparitions publiques tourne au désastre du fait de ses difficultés d’expression, de ses lapsus et de ses trous de mémoire.
De ce point de vue, la semaine qui s’achève a été la pire de sa présidence. Biden a commis des gaffes d’une telle énormité, que même ses supporters les plus convaincus se posent des questions. Et un magistrat, sans que l’on lui demande, l’a envoyé à la retraite…
Retour sur ces péripéties et leurs conséquences.
Le 4 février, lors d’un point presse, Joe Biden, a confondu Emmanuel Macron avec François Mitterrand. Il a évoqué une conversation qu’il aurait eue lors du G 7 de 2021 avec « Mitterrand », qu’il a qualifié de « leader de l’Allemagne » ! François Mitterrand est mort en 1996 et il fut président de la République française. L’initiale « M » commune à Macron et Mitterrand pourrait expliquer le lapsus. Mais associer Mitterrand et l’Allemagne… ?
Deux jours plus tard, lors d’un diner de levée de fonds à New York, Joe Biden a plusieurs fois confondu Helmut Kohl et Angela Merkel. Tous deux furent chancelier d’Allemagne, mais Kohl, décédé en 2017, fut chancelier de 1982 à 1998. (À l’époque de la présidence de François Mitterrand en France entre1981 et 1995). Or Biden parlait de 2021… Il semble que sa mémoire ne cesse de le renvoyer aux événements des années 1990. Une confusion fréquente chez les personnes âgées, dont la mémoire immédiate faillit et qui retournent plusieurs décennies en arrière.
Le lendemain, lors d’un briefing sur la situation à Gaza et les négociations concernant la libération des otages toujours détenus par le Hamas, Biden a été incapable de se souvenir du nom de cette organisation terroriste palestinienne. Il l’a qualifiée « d’opposition », avant qu’un journaliste ne vienne à son secours et lui suggère le nom de « Hamas ». Le trou de mémoire, en soi, était embarrassant. Mais qualifier le Hamas, organisation désignée comme terroriste par les États-Unis et l’Union européenne, « d’opposition », comme s’il s’agissait d’un parti légitime, est invraisemblable.
Le 8 février enfin, à nouveau devant la presse, Joe Biden a confondu l’Égypte avec le Mexique. Il a parlé d’Abdel Fattah al Sissi, le président égyptien comme du « président du Mexique ». Il se trouve que les États-Unis font face à une crise migratoire sans précédent le long de leur frontière avec le Mexique. Joe Biden doit donc gérer les deux dossiers de front. Ce qui est le lot de tous les présidents. Une capacité à garder sa lucidité tout en gérant de multiples crises, est même une qualité essentielle pour un chef d’État ou de gouvernement. À l’évidence Biden en est incapable. Les choses se mélangent dans sa tête…
Cela serait sans importance s’il n’était pas président des États-Unis. Or non seulement il l’est mais il postule à un nouveau mandat, c’est à dire quatre années supplémentaires… Quatre année de trop disent certains car il n’est plus en mesure de faire face aux exigences de la fonction.
Si cela ne suffisait pas, un rapport d’enquête inopiné est venu plomber un peu plus sa semaine.
Robert Hur, procureur spécial désigné en janvier 2023 par le ministre de la Justice, Merrick Garland, pour enquêter sur la détention illicite de documents classifiés par Joe Biden a publié son rapport dont les conclusions sont dévastatrices. Non pas quant à la culpabilité de Joe Biden mais sur ce qu’il écrit au sujet de la mémoire et de l’acuité mentale du président.
Le procureur Robert Hur est parvenu à la conclusion que Joe Biden a « délibérément et consciemment détenu des documents classifiés ». En dépit de cela, il a renoncé à l’inculper du moindre crime ou délit. Pour trois raisons. D’abord parce que la justice américaine suspend les poursuites contre un président en exercice. Ensuite parce qu’il n’a pas jugé les preuves à sa disposition suffisantes pour démontrer de la part de Joe Biden une « intention » de violer la loi ; démonstration essentielle pour obtenir une condamnation. Enfin parce que, « Joe Biden est un vieil homme bien intentionné, mais à la mémoire défaillante », et qu’en cas de procès « il s’attirerait sans doute la sympathie du jury », rendant plus difficile un verdict de culpabilité.
C’est cette partie-là du rapport qui est la plus dévastatrice pour Joe Biden. Robert Hur écrit que lors de ses entretiens avec le président celui-ci a démontré avoir « une mémoire défaillante », étant incapable de replacer certains événements dans le temps ou de justifier certains actes. Mark Zwonitzer, un écrivain et cinéaste, engagé pour rédiger les mémoires de Joe Biden et qui a eu avec lui des rencontres régulières depuis 2017, a confirmé ces défaillances lors d’entretiens séparés avec Robert Hur.
Le procureur cite « les capacités diminuées » de Joe Biden « liées à son âge avancé » comme une raison supplémentaire l’ayant incité à ne pas inculper le président. Dans leurs conversations, Biden n’a pas été capable d’indiquer lors de quelles années il avait été vice-président, ne sachant plus si ses mandats s’étaient terminés en 2013 ou en 2017. Il n’a pas été capable d’indiquer la date de la mort de son fils ainé Beau Biden (2015). Alors que Beau était son fils préféré et que cette perte fut une tragédie l’ayant profondément marqué.
Bref, le portrait que Robert Hur dresse en filigrane de Joe Biden dans son rapport est celui d’un vieil homme coopératif mais partiellement sénile. Les mots qu’il emploie pour le décrire sont empreints de compassion, mais cela ne fait que rendre la charge plus lourde s’agissant du président des États-Unis, commandant en chef des armées, l’homme le plus puissant de la planète à la tête de l’armée la plus puissante avec prétention à être le « leader du monde libre », selon l’expression consacrée.
Les médias soutiens de Biden sonnent l’alarme
Ce rapport a été immédiatement commenté sur les ondes et les réseaux sociaux. Avec une conclusion commune, à droite comme à gauche : Joe Biden n’est plus en capacité d’assumer sa fonction de président. CNN et MSNBC, soutiens inconditionnels de Joe Biden jusqu’à récemment, ont sonné l’alarme, appelant à ce que le parti Démocrate se cherche un autre champion pour l’élection présidentielle du 5 novembre prochain. Ils craignent un accident de santé du président et ils doutent qu’il ait l’énergie nécessaire pour mener une campagne crédible et convaincre les électeurs de lui accorder quatre ans de plus à la Maison Blanche. Trois raisons suffisantes pour lui chercher un remplaçant.
Il n’est pas trop tard pour cela. Mais le temps presse. Toutefois une telle recherche n’est possible que si Biden renonce de son propre gré, ou s’il est déclaré officiellement en « incapacité ».
Le premier cas de figure est rejeté catégoriquement par Biden lui-même. Pas question pour lui de renoncer. « Pourquoi vous obstinez-vous à être candidat ? », lui a demandé une journaliste de CNN après la publication du rapport Hur. « Parce que je suis le meilleur et le mieux placé pour l’emporter et que je veux finir le travail commencé », lui a-t-il répondu.
La règle électorale veut que le candidat du parti soit désigné lors de la convention nationale. Pour les Démocrates, celle-ci aura lieu à Chicago du 19 au 22 août. D’ici là, tout reste possible. Toutefois, lors de cette convention c’est le candidat ayant rassemblé le plus de délégués lors des élections primaires qui est désigné. Or celles-ci ont déjà commencé. Biden est le seul candidat crédible en lice. Dean Phillips un élu du Minnesota s’est bien déclaré candidat contre lui, justement pour alerter ses collègues et les électeurs sur les difficultés de Joe Biden, mais il est resté largement inaudible.
Biden a aisément remporté les primaires du New Hampshire et de Caroline su Sud. Il se dirige vers des victoires décisives dans les primaires organisés simultanément dans quinze États, dont la Californie et le Texas, le 5 mars prochain, lors du « super-mardi ». Il aura alors peut-être déjà suffisamment de délégués pour être assuré de la nomination.
De plus, il bénéficie du soutien de l’appareil du parti. Dès lors, il est inenvisageable qu’un candidat se dresse sur sa route dans le cadre du processus réglementaire des primaires.
Mais aucun parti politique, nulle part, ne s’engage dans une campagne électorale avec la certitude d’être battu à l’arrivée. Or si Biden reste en lice il sera très vraisemblablement battu. Les sondages le donnent perdant dans tous les cas de figure. Seul contre Donald Trump et face à deux candidats si Robert Kennedy Jr. maintient sa candidature indépendante. Il perdrait le vote national de cinq points (ce qui est énorme dans le contexte américain actuel) et surtout il perdrait dans les « États clés », les « swing states » qui font la décision, d’un scrutin à l’autre.
Ce qui laisse deux cas de figure.
Cas numéro un. Les Démocrates font pression sur l’entourage de Joe Biden, en particulier son épouse Jill, pour les persuader de convaincre Joe de se retirer. Pour les Biden, la famille prime sur tout. Joe a toujours affirmé « faire de la politique en famille ». Son épouse, Jill, sa sœur, Valerie, son frère, James, et même son fils, Hunter, ont toujours participé à ses campagnes. Ce sont des conseillers que Joe Biden écoute, et en qui il a confiance. Il n’est pas acquis cependant qu’ils souhaitent voir Joe se retirer. Une fois redevenu simple citoyen Joe Biden pourrait être poursuivi pour les nombreux faits de corruption que les Républicains lui reprochent. Plus il prolonge son bail au pouvoir, plus il repousse l’échéance de payer pour ses abus passés…
Cas numéro deux, les Démocrates le déclarent en incapacité et invoquent le 25e amendement.
Le 25e amendement de la Constitution américaine autorise le transfert du pouvoir au vice-président si le président est dans l’incapacité d’assurer sa fonction. Dans ce cas Kamala Harris deviendrait présidente et serait sans doute nommée candidate, avec un vice-président de son choix, lors de la convention de Chicago.
C’est un cas de figure possible, mais peu probable.
D’abord parce que le 25e amendement n’a jamais été invoqué pour retirer durablement sa charge à un président. Ensuite parce que la déclaration d’incapacité du président requiert un vote des deux-tiers des deux Chambres du Congrès. Seul un accident de santé majeur de Joe Biden serait de nature à précipiter un tel vote.
Ensuite, Kamala Harris est très impopulaire auprès des Américains et elle n’a pas la confiance des dirigeants du parti Démocrate. Sa vice-présidence est une succession d’échecs. Elle s’est montrée incapable de gérer les dossiers qui lui ont été confiés, notamment la question de l’immigration clandestine. Bien que première dans la ligne de succession de par sa fonction de vice-présidente, elle suscite le doute quant à ses compétences. Beaucoup considèrent qu’elle n’a tout simplement pas « la carrure » nécessaire à l’emploi. Candidate elle serait battue par Trump avec une marge encore plus large que Biden.
Mais d’autres personnalités attendent en coulisse, en particulier le gouverneur de la Californie Gavin Newsom, qui rêve, sans le dire, de se mesurer à Donald Trump et de démontrer que son progressisme débridé peut triompher sur le conservatisme nationaliste de Donald Trump. Pour l’heure Newsom « soutient à 100% » Joe Biden. Il attend 2028 et une confrontation annoncée avec Ron De Santis le gouverneur Républicain de la Floride.
Gretchen Whitmer, gouverneur du Michigan, est une personnalité également fréquemment mentionnée dans les médias américains. Elle est à la tête d’un « État clé », ce qui ferait du duo « Newsom-Whitmer » un ticket solide pour les Démocrates en novembre. Mais comme tous les élus et candidats potentiels démocrates, elle se tient coi et jurent de son soutien sans faille à Joe Biden.
Les interrogations concernant la santé et les capacités défaillantes de Joe Biden ne sont pas nouvelles. Elles sont dénoncées depuis longtemps par les Républicains. Certains Démocrates s’en sont inquiétés dès 2023, à l’approche de la campagne présidentielle. Mais jusqu’à présent, la stratégie du parti a été de faire corps derrière son candidat. Les Démocrates sont dans le déni. Plutôt que de reconnaître les difficultés de Joe Biden, que tous les Américains constatent, ils se focalisent sur Donald Trump. Leur objectif est d’en faire un tel épouvantail que les Américains se sentent contraints de voter contre lui, c’est-à-dire pour Biden, et que ce dernier emporte ainsi un second mandat, sans faire campagne, comme en 2020.
Cette stratégie prévaut encore. Mais chaque nouvel incident, chaque nouveau lapsus ou faux pas de Joe Biden, la rend plus intenable, et ils sont quasi quotidiens. La question n’est plus de savoir si Biden peut gagner en novembre mais s’il peut tenir jusque-là. ■
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