Par Radu Portocala.
Je regarde très rarement CNews, et toujours à petites doses. Mais cela, bien entendu, n’a aucune importance. Ce qui est important, c’est que Reporters sans Frontières, organisation autrefois respectable, ait saisi le Conseil d’État au sujet des émissions diffusées par cette chaîne, et de ce que les délateurs considèrent être une absence de « pluralisme » et de « diversité des courants de pensée » tant chez les modérateurs que chez les invités. Le Conseil d’État, ayant trouvé que la délation était opportune, a demandé à l’ARCOM de faire le nécessaire.
Il faut se demander, d’abord, qu’entend-on par pluralisme d’une chaîne d’information. Faut-il, avant de les embaucher, vérifier les sympathies politiques des journalistes et organiser des rédactions bigarrées – qui, par la force des choses, se trouveraient dans un blocage permanent ? Faut-il, en préparant une émission, prendre soin d’avoir sur le plateau un représentant de chaque mouvement politique et faire signer à ces gens, auparavant, une déclaration sur l’honneur ? Faut-il compter, à la seconde près, leur temps de parole, afin que l’équilibre soit parfait ? Ou faut-il, tout simplement, pour être acceptable, n’avoir que des journalistes de gauche et des invités de gauche, qui débattent exclusivement des bienfaits de la politique de gauche ?
De vastes opérations de censure se mettent en place – et pas seulement en France, mais dans tout le monde occidental. La bien-pensance totalitaire est sur le point de s’installer dans nos sociétés, et rien, ou presque rien, ne s’y oppose. Des écrivains – et non des moindres – ont été interdits de publication et doivent se contenter de « samizdats » comme dans l’URSS de Brejnev. Des journalistes n’ont plus leur place dans aucune publication. Des conférences sont interdites par les révolutionnaires. Des journaux sont punis par le retrait des réclames. On finira bien par museler ou interdire une chaîne de télévision.
Et on se contentera de rouspéter un temps, puis on oubliera. On oubliera même qu’une époque fut où il était possible de dire et d’écrire ce que l’on pensait. Et quand on sera tous muets – et, finalement, contents de l’être – ILS ne seront plus embêtés pas qui que ce soit et ILS pourront laisser ouvertes les portes de la prison. Parce que l’envie ou les raisons d’en sortir auront été étouffées par le grand, le sinistre silence de l’ordre nouveau. ■
Court billet comme toujours excellement écrit et pensé, paru le 14 février sur la page FB de son auteur.
Pour bien estimer les dimensions de ce qui est en train de se produire – dans tous les domaines, sans aucune exception –, il faudrait recourir aux unités de mesure adaptées. Celles-ci devraient être – à la fois ! – intellectuelles et socio-politiques, mais avec domination de l’intellectuel, parce que, EN TOUT PREMIER LIEU le socio-politique doit s’y soumettre, faute de quoi les rapports de dimensions sont contrecarrés. Mais, encore faudrait-il que l’intellect fût considéré pour ce qu’il est et non pour ce à quoi on aest sensiblement parvenu à le réduire. Rappelons-nous Jean-Paul Sartre qui sut faire avaler sa définition de «l’intellectuel», digeste, seulement si l’élipse de l’orientation idéologique univoque allait de soi. La chose est désormais établie de manière pavlovienne. C’est-à-dire que l’unité de mesure impérative tient au centimètre de tolérance consenti du côté de l’extrémité gauche de ce qu’ils appellent «l’échiquier», sans doute par réminiscence des «échiquetés», chers aux tableaux de loge.
On n’a jamais tant voulu observer un quasi «excès de transparence» qu’en ces temps d’opacité, jamais tant parlé d’équilibre que depuis l’arrivée au pouvoir d’individus déséquilibrés, et ce, par formation universitaire délibérée.
L’idéologie en a fini avec le politique, pour devenir exclusivement sociologique. C’est un bouleversement mental dont on se refuse à envisager les origines et, par conséquent, dont on ne saurait mesurer les conséquences, sauf, lorsque celles-ci sautent aux yeux – il est alors évidemment beaucoup trop tard pour pouvoir entrer en opérative «réaction».
J’observe avec un amer sentiment de pitié ces intellectuels – évidemment «de gauche» et, par conséquent, PSEUDO-tels –, tels Michel Onfray, Céline Pina, Guillaume Bigot, Élisabeth Lévy et autres agents des modes cérébrales changeantes. Ils sont les plus formels responsables de ce qui est en train de se produire, pour cette raison majeure qu’ils sont modérément sourds, vaguement aveugles et si sensiblement parfumés qu’ils donnent l’illusion de respirer un semblant d’odeur.
Et ce sont ces gens-là qui s’offusquent des «excès de transparence», tant ils ont de choses à se cacher à eux-mêmes.
Ils sont probablement plutôt «sympathiques», illustrations désespérantes de l’adage selon lequel l’Enfer est pavé de bonnes intentions.
Le plus grotesque tient à ce que ce sont ces gens-là qui observent, interdits, que les Maqueron et Darmanin d’Attalage, attelés et s’étalant, emploient désormais gaillardement l’adjectif «radical» pour qualifier leurs simagrées d’intention.
Contre les perspectives réellement épouvantables qui jaillissent devant nous, il n’y a plus aucun recours raisonnable. Il va falloir que quelque chose «d’inédit» se découvre, que des Camelots s’improvisent en les moindres lieux pour le commerce et la propagande du simple bon sens, pour la gaie promotion du «sens commun» invoqué par Chesterton.
Comme le poisson un régime pourrit par la tête: présidence de la République, Conseil d’Etat, Conseil Constitutionnel
Pour obéir il faut admirer
L’illustre inconnu D Gattegno (?) qui a « de la pitié » pour des têtes pensantes comme Michel Onfray, Céline Pina, Guillaume Bigot, Élisabeth Lévy « et autres agents des modes cérébrales changeantes »?
C’est un peu comme l’hôpital qui se moque de la Charité !!!
Bien cher Jean-Maurice Parnet, lisez donc un peu mieux quel est l’objet de ma pitié, à savoir, l’illusion de réveil de ces «têtes pensantes», alors qu’elles dorment toujours autant sur les lauriers de leur autosatisfaction mentale.
Je ne comprends pas trop votre allusion hospitalière : faudrait-il impérativement être un «illustre CONNU» pour savoir se montrer charitable – et, donc, «cognitivement» tel, s’il vous plaît…
À toutes fins utiles, sachez que je ne vous connais pas plus illustrement que vous ne me connaissez, cela n’invalide en rien ce que vous pouvez avoir à dire… Mais, au fait, que voulez-vous dire exactement ?
Serait-ce que, pour «illustres connues» qu’elles sont, les célébrités se situeraient d’emblée au-dessus de la pitié qu’elles pourraient inspirer ? Ayez la bonté de m’expliquer cela, si tel était ce que vous avez à dire, ou bien, dites-moi plutôt clairement ce que vous avez oublié d’argumenter, au passage.