1322 : Sacre de Charles IV, le Bel
Mort sans enfants – comme ses deux frères, ayant régné avant lui, Louis X et Philippe V – Charles est le dernier des trois garçons de Philippe le Bel, qui a eu également une fille, Isabelle, mariée au roi d’Angleterre.
Il sera donc le dernier « capétien direct » : après lui, la couronne passera aux Valois, avec Philippe VI.
Mais ce sera le prétexte, et le début, de la Guerre de Cent ans : en tant que petit-fils de Philippe IV, le roi d’Angleterre, Edouard III, fils d’Isabelle, quatrième enfant de Philippe le Bel, estimera avoir autant de droits, sinon plus, que Philippe VI de Valois.
Sur la fin des « capétiens directs », à la mort de Charles IV, voir notre éphéméride du 1er février.
Et, pour un « Essai de bilan » des capétiens directs, par Michel Mourre, voir notre éphéméride du 2 février.
1738 : Mort d’Armand de Madaillan, à l’origine de l’Hôtel de Lassay
En 1720, le marquis de Lassay suggéra à la duchesse de Bourbon (l’ex-Mademoiselle de Nantes, fille de Louis XIV et de Mme de Montespan) d’acheter les vastes terrains qui s’étendaient sur la rive gauche de la Seine, de la rue de Bourgogne à l’esplanade des Invalides.
Ces terrains se situaient en face de ce qui devait devenir plus tard la place Louis XV (aujourd’hui, Place de la Concorde).
La duchesse y fit construire un palais à l’italienne avec jardins, terrasses et pièces d’eau, et, à côté de ce beau palais, le marquis se fit construire pour lui-même un magnifique petit hôtel, donnant également sur la Seine.
Voltaire a fait l’éloge de cet élégant hôtel et en a « admis » l’architecte dans son Temple du goût.
Le palais ne fut achevé qu’en 1725, le marquis ayant alors soixante-treize ans (il mourut le 21 février 1738, âgé de quatre-vingt-six ans).
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1793 : Deuxième Lettre de Sanson, établissant les faits sur l’exécution de Louis XVI
Charles-Henri Sanson, né le 15 février 1739 et mort le 4 juillet 1806, était le bourreau de Paris, issu d’une famille de bourreaux normands qui ont exercé de 1688 à 1847, cette charge officielle restant donc dans la famille pendant plusieurs générations, jusqu’à ce que que Henri-Clément (auteur de Les Mémoires des Sanson), ruiné par ses dépenses somptuaires et le jeu, soit révoqué en 1847.
Charles-Henri Sanson a administré la peine capitale durant plus de quarante années et a exécuté de sa propre main près de 3.000 personnes, dont le roi Louis XVI ainsi que différents révolutionnaires comme Danton ou Robespierre.
Cette maison, ancien manoir du fief de Thumery, est la demeure familiale des Sanson. Charles-Henri Sanson est exécuteur des jugements criminels, c’est-à dire « bourreau de Paris », pendant la Révolution. Au lendemain de l’exécution du roi Louis XVI, il vient se reposer à Thumery.
Dans deux lettre datées du 20 et du 21 février 1793, il réagit à la version du Thermomètre du Jour en consignant son propre témoignage de l’exécution :
• Lettre du 20 : »Arrivé au pied de la guillotine, Louis XVI considéra un instant les instruments de son supplice et demanda à Sanson si les tambours s’arrêteraient de battre. Il s’avança pour parler. On cria aux bourreaux de faire leur devoir. Pendant qu’on lui mettait les sangles, il s’écria : « Peuple, je meurs innocent ! ». Ensuite, se tournant vers ses bourreaux, Louis XVI déclara: « Messieurs, je suis innocent de tout ce dont on m’inculpe. Je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français. » Le couperet tomba. Il était 10 heures 22. L’un des assistants de Sanson présenta la tête de Louis XVI au peuple, cependant que s’élevait un immense cri de : « Vive la Nation ! Vive la République ! » et que retentissait une salve d’artillerie qui parvint aux oreilles de la famille royale incarcérée. »
• Lettre du 21 : (le roi) « a soutenu tout cela avec un sang froid et une fermeté qui nous a tous étonnés. Je reste très convaincu qu’il avait puisé cette fermeté dans les principes de la religion dont personne plus que lui ne paraissait pénétré ni persuadé. »
Alexandre Dumas père, dans ses Causeries, raconte par ailleurs une rencontre, vers 1830, avec le fils de l’exécuteur, alors présent :
« Eh bien, vous disiez que vous désiriez quelque chose, monsieur Dumas ?
– Vous savez combien les auteurs dramatiques ont besoin de renseignements précis, monsieur Sanson. Il se peut qu’il arrive un moment où j’aie à mettre Louis XVI en scène. Qu’y a-t-il de vrai dans la lutte qui s’engagea entre lui et les aides de votre père, au pied de l’échafaud ?
– Oh ! je puis vous le dire, monsieur, j’y étais.
– Je le sais, et c’est pour cela que je m’adresse à vous.
– Eh bien, voici : le roi avait été conduit à l’échafaud dans son propre carrosse et avait les mains libres. Au pied de l’échafaud, on pensa qu’il fallait lui lier les mains, moins parce qu’on craignait qu’il ne se défendît que parce que, dans un mouvement involontaire, il pouvait entraver son supplice ou le rendre plus douloureux. Un des aides attendait donc avec une corde, tandis qu’un autre lui disait : « Il est nécessaire de vous lier les mains. »
À cette proposition inattendue, à la vue inopinée de cette corde, Louis XVI eut un mouvement de répulsion involontaire. « Jamais ! s’écria-t-il, jamais ! » Et il repoussa l’homme qui tenait la corde. Les trois autres aides, croyant à une lutte, s’élancèrent vivement. De là, le moment de confusion interprété à leur manière par les historiens.
Alors, mon père s’approcha, et, du ton le plus respectueux : « Avec un mouchoir, Sire » dit-il. À ce mot, Sire, qu’il n’avait pas entendu depuis si longtemps, Louis XVI tressaillit; et, comme au même moment son confesseur lui adressait quelques mots du carrosse : « Eh bien, soit; encore cela, mon Dieu ! » dit-il. Et il tendit les mains. »
On sait, par le journal du républicain modéré Léon Dufresne, ce qu’a dit l’abbé au roi : « Sire, je vois dans ce nouvel outrage un dernier trait de ressemblance entre Votre Majesté et le Dieu qui va être sa récompense. »
En réalité, Sanson avait essayé d’échapper à cette terrible exécution. Mais cela était impossible, car lui et sa famille étaient, légalement, les seuls à pouvoir « officier ».
Il en perdit d’abord la parole, puis peu à peu la raison. En mourant, il laissa une somme importante pour fonder une messe anniversaire annuelle à la mémoire du Roi.
Sanson, l’exécuteur du roi et de la reine, offrant au péril de sa vie un mouchoir à son Roi, au lieu de la corde, signe d’infamie, réservée aux criminels et aux « gibiers de potence »; eût-il été entendu dire à voix basse Sire au Roi, à quelques mètres seulement, quelques dizaines de centimètres peut-être même, des assassins/représentants de la Convention, c’était l’arrestation immédiate, puis, à n’en pas douter, la mort assurée : Sanson, royaliste ! Si les Français connaissaient l’Histoire, leur Histoire, voilà qui en étonnerait plus d’un. (Illustration : le caveau de la famille Sanson, à Montmartre).
A quoi dut-il penser lorsqu’il exécuta, à leur tour, les Girondins (vrais auteurs de la Révolution, et surtout leur chef, Brissot), Hébert, Danton, Robespierre, Fouquier-Tinville et autres monstre du même tonneau ? Peut-être à ce que dira Bainville, plus tard : « La seule chose qui rende supportable les récits de la Révolution, c’est qu’on peut dire à la plupart des imbéciles et des scélérats qui ont coopéré aux actes révolutionnaires : « Toi non plus tu n’en as pas pour longtemps ».
A lire : extranet.editis.pdf
1885 : Naissance de Sacha Guitry
Quelques uns de ses traits d’esprit.
• On peut faire semblant d’être grave. On ne peut pas faire semblant d’avoir de l’esprit.
• Oh, privilège du génie ! Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui suit est encore de lui.
• Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d’eux, ils en diraient bien davantage !
• Il faut trois hommes à une femme : un de soixante ans, pour le chèque ; un de quarante, pour le chic ; et un de vingt, pour le choc…
• Être Parisien ce n’est pas être né à Paris : c’est y renaître; et ce n’est pas non plus y être, c’est en être; et ce n’est pas non plus y vivre, c’est en vivre… Car on en vit, et on en meurt. Être de Paris ce n’est pas y avoir vu le jour; c’est y voir clair.
• On nous dit que nos rois dépensaient sans compter,
Qu’ils prenaient notre argent sans prendre nos conseils.
Mais quand ils construisaient de semblables merveilles,
Ne nous mettaient-ils pas notre argent de côté ?
Et, à propos de l’inoubliable « Si Versailles m’était conté« , voir notre éphéméride du 6 juillet
1898 : Naissance de Bournazel
Officier intrépide, surnommé « l’Homme Rouge », il mourut le 28 février 1933, lors des guerres coloniales au Maroc, dans le Jbel Saghro.
Il fit l’objet dans les années 1930 à 1950 d’un véritable culte patriotique, devenant l’un des modèles du jeune officier.
En même temps, il est un exemple type de ces héros authentiques, dont l’énergie et la vaillance furent employées au loin, dans un Empire finalement éphémère, sans autre résultat durable pour le pays que la gloire, la beauté du geste, l’exemple de la plus grande bravoure, ce qui n’est certes pas rien; mais qui illustre parfaitement la justesse du point de vue de Bismarck, souhaitant que la France se taille un Empire colonial afin de la « distraire » de ses frontières naturelles, et afin qu’elle épuise ses forces dans des entreprises lointaines, plutôt que de se concentrer sur son principal intérêt : l’achèvement de la conquête de ses limites naturelles, et la possession d’une frontière sûre sur la rive gauche du Rhin.
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1916 : Début de la bataille de Verdun
A 7h30 du matin, les fantassins allemands commandés par le chef d’état-major Erich von Falkenhayn, se lancent à l’assaut des forts et des tranchées de Verdun. Les trois divisions françaises présentes sont pilonnées par l’artillerie allemande pendant neuf heures et sur près de quinze kilomètres.
La puissance de feu est telle que la colline appelée « Côte 304 » perd sept mètres de hauteur. Les premières positions de la rive Sud de la Meuse sont prises par les troupes allemandes. La riposte française sera dirigée par le général Philippe Pétain (ci dessous).
La bataille de Verdun prendra fin 10 mois plus tard, le 15 décembre 1916. Le bilan sera un des plus lourds de la Première Guerre mondiale : 700 000 morts.
C’est le 10 avril que le général Pétain lancera son mot d’ordre mythique : « Courage ! On les aura !… » (éphéméride du 10 avril) et le 3 décembre 1919 que sera pris le Décret prescrivant l’édification de l’Ossuaire de Douaumont (éphéméride du 3 décembre).
Créé en 1967, le Mémorial de Verdun a été entièrement repensé, ré-organisé et rénové : ce « nouveau » Mémorial a ouvert ses portes le jour anniversaire du centenaire de la bataille, en 2015…
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1928 : Mort d’Ernest Cognacq
Fondateur de La Samaritaine, il avait réuni, avec son épouse Marie-Louise Jaÿ, une superbe collection d’objets d’art du XVIIIème siècle français. Le couple n’ayant pas d’enfants, Ernest Cognacq légua ses collections à la Ville de Paris : le Musée Cognacq-Jaÿ est, aujourd’hui, l’un des plus attachants petits musées de la Capitale.
Il est installé dans l’Hôtel Donon (du XVIe siècle), dans le Marais.
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A propos du bourreau Sanson, je relève une contradiction dans le texte. Il est écrit : »En réalité Sanson avait essayé d’échapper à cette terrible exécution. Mais cela était impossible, car lui et sa famille étaient légalement les seuls à pouvoir « officier ». Il en perdit d’abord la parole, puis peu à peu la raison. Trois mois plus tard, il mourut de chagrin ».
Or, au début de l’article, il est écrit : »Charles Henri Sanson, né le 15 février 1739 et mort le 4 juillet 1806, était… » etc…
1806 n’est pas 1793.
(A A. Plantevin) En effet, Sanson est mort en 1806, et le paragraphe « trois mois plus tard… », reliquat de la première notice, trop longue et donc raccourcie, était de trop : il avait échappé à notre vigilance à la relecture, il n’a pas échappé à la vôtre : merci de nous l’avoir signalé…