Tous sur le pont pour soutenir RSF contre CNews !
Par Didier Desrimais*.
Cet excellent article – comme toujours ceux de cet auteur – est paru dans Causeur le 7 de ce mois. On l’appréciera sans doute. Nous laissons le lecteur en juger. Sans ajout de commentaire.
Pour la gauche, au nom de la liberté d’expression, CNews doit… disparaître. Ou, pour le moins, se conformer à l’idéologie dominante. Une inquiétante régression intellectuelle. Récit.
Mensonges, attaques personnelles, procès d’intention… Les matons des médias ne savent pas quoi inventer pour faire interdire CNews. Morceaux choisis.
Les journalistes de CNews ayant eu l’audace de s’offusquer des manœuvres d’intimidation de Reporters sans Frontières et des menaces du Conseil d’État, le magazine Télérama tente de démontrer la légitimité des remontrances faites à la chaîne d’information. Comme d’autres médias, Télérama estime que, au nom de la liberté d’expression et du pluralisme, CNews et ses journalistes doivent disparaître ou, pour le moins, se conformer à l’idéologie dominante.
Le point culminant de la carrière de Samuel Gontier
Pour dézinguer CNews, tout le monde est sur le pont, à commencer par le maton médiatique d’extrême gauche Samuel Gontier. Sur le site de Télérama, ce spécialiste du petit écran poste régulièrement de longues diatribes contre les opposants à l’ordre médiatico-culturel actuel – le plus souvent de laborieuses transcriptions des propos des récalcitrants accommodés de ce qu’il appelle « des petites touches d’humour et d’ironie », qui sont en réalité de très courtes notes uniformes et paresseuses. Gontier, c’est Daniel Schneidermann en plus fainéant. Même obsession des heures sombres, du ventre fécond, de la bête immonde, mais un vocabulaire plus pauvre, une grammaire encombrée d’une ponctuation énervée et une syntaxe confuse reflétant un désordre intellectuel qui confine à la bêtise. Dans son billet du 15 février 2023, après avoir passé la journée devant la chaîne honnie, Samuel Gontier affirme que, sur CNews, la liberté d’expression est surtout celle « des racistes, des xénophobes, des identitaires, des intégristes, des zemmouristes et des lepénistes ». Original ! Selon lui, la chaîne « musarde sur les chemins complotistes » ; Olivier Dartigolles, Julien Dray et Philippe Guibert ne sont pas vraiment de gauche ; un policier syndicaliste qui se dit ni de gauche ni de droite est vraisemblablement un « apolitique d’extrême droite » ; lors des débats, seuls « des zemmouristes » affrontent « des lepénistes », et seuls « des négationnistes » font face à « des suprémacistes ». Il semblerait que de nombreux représentants de LFI, Jean-Luc Mélenchon en tête, adorent les bulletins policiers et les tracts islamo-gauchistes de Samuel Gontier. Cela n’a rien d’étonnant. Ce téléphage cafardeur pratique sans effort le mouchardage, la diffamation, le mensonge et l’affabulation dont sont friands les petits-bourgeois révolutionnaires d’extrême gauche. Si nous ne craignions pas d’offenser ces adorateurs d’une certaine religion de paix et d’amour, nous dirions qu’ils sont copains comme cochons et qu’ils grognent de concert.
Télérama alerte en une sur le « grand remplacement » de l’info
Le Télérama n° 3867 du 20 février consacre un dossier entier à « la fabrique CNews, aujourd’hui rattrapée par un devoir de pluralisme renforcé ». Pour soutenir sa thèse – CNews défendrait une « vision identitaire de la société », ses chroniqueurs seraient « majoritairement recrutés à droite et à l’extrême droite », Pascal Praud serait « une sorte de sociologue énonçant sa vérité qui doit s’imposer à tous » – Télérama s’est tourné vers une pointure, un champion du monde du décryptage télévisuel, un « sémiologue spécialiste des médias », François Jost, le même François Jost qui a avoué sur Sud Radio[1] ne tenir compte que de l’opinion du Monde pour savoir qui est d’extrême droite, et qui a benoîtement expliqué sa misérable méthode de « travail » – assez proche finalement de celle de Samuel Gontier – pour démontrer l’absence de pluralisme sur CNews. Le ridicule ne tuant pas, Télérama cite également le pape actuel de la liberté d’expression encadrée, l’ordonnateur des basses œuvres médiatiques, j’ai nommé Christophe Deloire, le directeur de RSF et instigateur de cette incroyable opération de dénonciation de ses confrères journalistes, en tout cas de ceux qui se tiennent à l’écart de la ligne idéologique de l’ONG et de la majorité des médias français. Le magazine télévisuel rapporte les propos d’une autre sommité, Aymeric Caron[2], protecteur des moustiques et membre de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale débattant actuellement sur le renouvellement des fréquences TNT de 14 chaînes, dont CNews :« Si Vincent Bolloré veut faire une chaîne d’opinion, qu’il le fasse ailleurs que sur la TNT. » Tout le monde avait plus ou moins compris que tout ce ramdam n’a pas d’autre objectif que de préparer l’opinion publique à une possible prochaine sanction de cet ordre – grâce à M. Caron, plus aucun doute n’est permis.
Laurence Ferrari, vous êtes le maillon faible
La deuxième partie du dossier est exclusivement consacrée à Laurence Ferrari, « un fer de lance de la ligne idéologique du groupe », selon Télérama. Les témoins affligés du profond changement qui s’est soi-disant opéré chez cette journaliste défilent à la barre. Ils sont déçus : Laurence Ferrari, qui était « quelqu’un de doux », qui était « si modérée », qui ne se « mettait pas en avant », est devenue une réac qui « balance des trucs catégoriques » sur les plateaux de CNews. Le gentil Michel Drucker n’en revient pas. Hapsatou Sy pense qu’elle a été « contaminée par le virus CNews ». C’est grave docteur ? Oui, c’est d’autant plus grave que Laurence Ferrari a été la seule à poser une question, une vraie question, précédée d’une solide description des chantiers qui attendent le gouvernement et que les Français considèrent comme prioritaires, à Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse du 16 janvier. Les journalistes ayant pignon sur rue sont tellement habitués à courber l’échine que la prestation de Laurence Ferrari leur est apparue comme un crime de lèse-majesté présidentielle. Parmi les plus serviles, ceux de Télérama ont apprécié que le président remette « sèchement à sa place » l’insubordonnée.
Thomas Legrand se charge de Sonia Mabrouk
Laurence Ferrari n’est pas la seule journaliste de CNews à devoir subir les foudres de ces médias si ouverts, tolérants et pluralistes. Le journal Le Monde ne veut rien avoir affaire, de près ou de loin, avec Christine Kelly. Cette dernière organise des conférences à la salle Gaveau ? Ni une, ni deux, Le Monde, qui proposait à ses abonnés des places pour assister aux conférences se tenant dans la célèbre salle de concert, a annulé son partenariat avec cette dernière – pas question de faire de la publicité à cette « journaliste bollorisée ». De son côté, Thomas Legrand, journaliste à Libération et sur France Inter, a cru bon de mettre en doute le travail journalistique de Sonia Mabrouk. La bouche humide de rage contenue, le petit Legrand crache dans le micro : « Sonia Mabrouk passe son temps à inviter des confrères généralement de la bollosphère qui n’ont pas fait de reportages[3]. » La charge est grossière, si grossière que même Léa Salamé semble gênée. Sonia Mabrouk n’a pas manqué de passer un savon, et un sévère, à ce donneur de leçons. « Qui êtes-vous pour parler ainsi, du haut de quel magistère vous exprimez-vous ? » lui a-t-elle demandé en lui frottant les oreilles[4]. À n’en pas douter, Thomas Legrand s’exprime du haut du magistère de la Gauche Absolue et du Wokisme Radieux, c’est-à-dire des idéologies qui justifièrent hier, justifient aujourd’hui et justifieront demain les atteintes à la liberté, à toutes les libertés, la liberté d’expression en premier lieu.
Oui, la gauche est en train de perdre un monopole, et c’est douloureux pour elle
Dans un remarquable essai[5], le philosophe Philippe Nemo retrace l’histoire du monopole de la gauche sur l’enseignement et les médias depuis l’après-guerre. Il décrit la mainmise de cette unique famille idéologique sur la communication officielle et, conséquemment, le remplacement des vrais débats sur des problèmes de fond par un « bavardage dont la règle, implicite mais scrupuleusement observée, est qu’aucun de ceux qui sont invités à parler ne s’aventurera à sortir des paradigmes dominants ». Il suffit de regarder et d’écouter les chaînes et les radios publiques pour souscrire à ce triste constat. L’audiovisuel public est chimiquement et purement de gauche, aucune substance intellectuelle ou politique ne vient altérer cet alliage de gauchisme, d’écologisme et de wokisme. On retrouve cette composition chimique dans nombre de médias se conformant à l’orthodoxie régnante. Le bavardage connivent ayant remplacé le débat, la règle est l’éradication des contradicteurs, individus ou médias hétérodoxes.
« Aux personnes qui énoncent des faits et des arguments au sujet de l’immigration, des mœurs familiales et sexuelles, de l’école, de la sécurité, de la politique pénale, etc., n’allant pas dans le sens de l’orthodoxie régnante, on n’oppose pas d’autres faits ou d’autres arguments, mais une fin de non-recevoir. On ne veut pas discuter avec elles, on veut qu’elles disparaissent purement et simplement de l’espace public et que la société soit purifiée de leur présence », écrit Philippe Nemo. La France, ajoute-t-il, qui se targue d’être le pays de la liberté, n’a eu de cesse depuis quarante ans d’inventer des dispositifs permettant d’interdire, de censurer, d’empêcher la libre parole « non plus seulement dans l’enseignement et les grands médias, mais dans tout l’espace public ». Il y a effectivement de quoi être inquiet : sur la base d’un rapport commandité par une ONG et reposant sur un travail de flicage que n’auraient pas renié les fonctionnaires de la Stasi, le Conseil d’État intime l’ordre à un comité de surveillance médiatique de se pencher spécifiquement sur un média privé pour le remettre sur le droit chemin. Catéchisés depuis au moins quatre décennies par l’idéologie politique de gauche, décérébrés depuis au moins quatre décennies par un enseignement idéologiquement de gauche, désinformés et anesthésiés depuis au moins quatre décennies par des médias majoritairement de gauche, assiégés aujourd’hui par le gauchisme universitaire, l’écologisme et le wokisme, les Français réagissent mollement face aux manœuvres de destruction de la liberté d’expression dans leur pays.
Mais les Français ont-ils encore le goût de la liberté ? Ou plutôt : ont-ils encore les capacités intellectuelles, morales et politiques de concevoir ce qu’est la liberté et, éblouis par sa supériorité sur l’égalitarisme qu’ils gobent depuis quarante ans, de la désirer ? Si la réponse est non, ce que nous devons craindre, cela voudra dire que ces quarante dernières années de décervelage sous la férule de la gauche dogmatique ont porté leurs fruits et que l’idéologie mortifère et totalitaire de cette dernière a triomphé. ■
[1] « SudRadio média » du 15 février 2024, Valérie Expert et Gilles Ganzmann.
[2] Député d’extrême gauche de Paris et… présentateur des journaux de I-Télé (future CNews) de 2006 à juin 2008 [NDLR].
[3] « Matinale » de Nicolas Demorand et Léa Salamé sur France Inter, 20 février 2024.
[4] CNews, 21 février 2024.
[5] Philippe Nemo, La Régression intellectuelle de la France, 2011, Texquis.
* Amateur de livres et de musique, scrutateur des mouvements du monde.
Les Gobeurs ne se reposent jamais : 22,00 €
Hélas je ne puis que me souvenir de ma bien-aimée grand-mère maternelle qui disait : la gauche c’est la pourriture du pays, elle nous a toujours amené le guerre ici.