1607 : Aux origines de la Place Dauphine
Espace triangulaire, dans l’ouest de l’Île de la Cité, la Place Dauphine fut ainsi nommée en l’honneur du Dauphin, futur Louis XIII, fils de Henri IV.
A ce grand roi bâtisseur on doit la Place Royale – aujourd’hui « des Vosges » -, la Galerie du Bord de l’eau, reliant le Louvre aux Tuileries, et le grandiose projet, hélas non réalisé du fait de son assassinat, de ce qui aurait été la superbe Place de France (éphéméride du 5 avril).
Henri IV fit aménager la Place Dauphine sur l’emplacement de trois îlots alluvionnaires à fleur d’eau – l’île aux Bœufs, l’îlot de la Gourdaine et l’île aux Juifs, sur laquelle fut brûlé Jacques de Molay, le grand maître des Templiers, le 18 mars 1314 (éphéméride du 18 mars).
La construction du Pont neuf (de 1578 à 1607, voir l’éphéméride du 16 mars), entreprise par Henri III avait entraîné, logiquement, l’unification des trois îlots et leur rattachement à l’île de la Cité : Henri IV décida de faire aménager cette nouvelle « pointe ouest » de l’île de la Cité en bel espace résidentiel, et en fit don – par un bail à cens et à rentes du 10 mars 1607 – à Achille de Harlay, premier président à mortier du Parlement de Paris. Henri IV récompensait ainsi celui qui l’avait loyalement et fidèlement servi durant les troubles de la Ligue.
Achille de Harlay reçut donc l’autorisation de créer une place triangulaire, à charge pour lui de construire les nouveaux bâtiments dans l’esprit de la Place Royale et conformes au plan imposé par le roi et le Grand Voyer Sully : un « promenoir » entouré de maisons « d’un même ordre », comprenant deux étages, dont les trumeaux seraient décorés de tables de pierre se détachant sur la brique, et dont les arcades du rez-de-chaussée abriteraient les boutiques.
Achille de Harlay fit bâtir originellement trente-deux maisons identiques en chainage de pierre blanche, briques et combles en ardoise, de deux étages, avec un rez-de-chaussée à arcades pleines (comportant un rez-de-chaussée à galerie, deux étages carrés et un étage de comble), autour d’une place triangulaire quasiment fermée, ne s’ouvrant que par deux passages à ses extrémités, dont seul celui situé à l’ouest subsiste encore de nos jours, et débouche sur la statue équestre d’Henri IV.
Malheureusement – et à l’inverse de ce qui s’est passé Place Royale, qui a conservé intégralement son splendide ordonnancement originel – les propriétaires successifs défigurèrent la place, ne respectant pas l’uniformité primitive : des trente-deux maisons uniformes d’origine, il ne reste intacts que les deux pavillons d’angle sur le Pont Neuf, les autres bâtiments étant modifiés ou rehaussés.
Mais le pire devait arriver en 1874, à l’initiative de Viollet-le-Duc – qu’on avait connu mieux inspiré – qui fit démolir le côté pair de la rue De Harlay (La base du triangle de la place) pour dégager la façade arrière du palais de Justice construite à partir de 1854 ! Des arbres sont aujourd’hui plantés à l’espace qu’ils occupaient jadis.
La Place Dauphine partage donc avec la Place des Victoires (éphéméride du 26 mars) le triste privilège d’avoir été largement défigurée et mutilée, au point d’avoir perdu, sinon la totalité, du moins une très large part de sa splendeur d’antan.
Telles qu’elles nous apparaissent aujourd’hui, cependant, ces deux places conservent assez d’éléments de leur beauté passée pour que l’on puisse se faire une idée assez précise de ce que fut cette très grande beauté.
1628 : Naissance de Girardon
Portrait, par Hyacinthe Rigaud (Dijon, Musée des Beaux-Arts)
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1661 : Prise du pouvoir par Louis XIV
Le jeune roi (il a 23 ans) s’adresse d’abord en ces termes au chancelier Pierre Séguier :
« Monsieur, je vous ai fait assembler avec mes ministres et secrétaires d’Etat pour vous dire que jusqu’à présent j’ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par feu M. le Cardinal. Il est temps que je les gouverne moi-même. Vous m’aiderez de vos conseils quand je vous le demanderai. »
Puis, se tournant vers les quatre ministres qui se partageaient l’administration des affaires, il ajouta :
« Vous, mes secrétaires d’Etat, je vous défends de rien signer, pas un sauvegarde, pas un passeport, sans mon ordre, de me rendre compte, chaque jour, à moi-même, et de ne favoriser personne. »
De Jacques Bainville, Histoire de France, Louis XIV :
« Le long règne de Louis XIV – plus d’un demi-siècle -, qui ne commence vraiment qu’à la mort de Mazarin, a un trait principal dominant : une tranquillité complète à l’intérieur. Désormais, et jusqu’à 1789, c’est-à-dire pendant cent trente années, quatre générations humaines, c’en sera fini de ces troubles, de ces séditions, de ces guerres civiles dont le retour incessant désole jusque-là notre histoire
Ce calme prolongé joint à l’absence des invasions, rend compte du haut degré de civilisation et de richesse, auquel la France parvint. L’ordre au-dedans, la sécurité au-dehors – ce sont les conditions idéales de la prospérité. La France en a remercié celui qu’elle appela le grand roi par une sorte d’adoration qui a duré longtemps après lui. Voltaire, avec son Siècle de Louis XIV, est dans le même état d’esprit que les contemporains des années qui suivirent 1660. Il souligne, comme le fait qui l’a le plus frappé et qui est aussi le plus frappant : « Tout fut tranquille sous son règne. » Le soleil de Louis XIV illuminera le règne de Louis XV. Et ce n’est que plus tard encore, après quinze ans du règne de Louis XVI, que le charme sera rompu, que nous entrerons dans un nouveau cycle de révolutions.
Avec Louis XIV, le roi règne et gouverne. La monarchie est autoritaire. C’est ce que souhaitent les Français. Puisqu’ils ne veulent ni des Ligues, ni des Frondes, ni du « ministériat », le gouvernement personnel du roi est l’unique solution. Dès que l’idée du jeune souverain fut comprise, elle fut populaire, elle fut acclamée. De là ce concert de louanges que la littérature nous a transmis, cet enthousiasme, qui étonne quelquefois, chez les esprits les plus libres et les plus fiers, et qu’on prend à tort pour de la flatterie. La France, comme sous Henri IV, s’épanouit de bonheur dans cette réaction. Sous toutes les formes, dans tous les domaines, elle aima, elle exalta l’ordre et ce qui assure l’ordre : l’autorité. Du comédien Molière à l’évêque Bossuet, il n’y eut qu’une voix. C’est ainsi que, dans cette seconde partie du dix-septième siècle, la monarchie eut un prestige qu’elle n’avait jamais atteint.
L’originalité de Louis XIV est d’avoir raisonné son cas et compris comme pas un les circonstances dans lesquelles son règne s’était ouvert et qui lui donnaient en France un crédit illimité. Il l’a dit, dans ses Mémoires pour l’instruction du Dauphin, en homme qui avait vu beaucoup de choses, la Fronde, les révolutions d’Angleterre et de Hollande : il y a des périodes où des « accidents extraordinaires » font sentir aux peuples l’utilité du commandement. « Tant que tout prospère dans un État, on peut oublier les biens infinis que produit la royauté et envier seulement ceux qu’elle possède : l’homme, naturellement ambitieux et orgueilleux, ne trouve jamais en lui-même pourquoi un autre lui doit commander jusqu’à ce que son besoin propre le lui fasse sentir. Mais ce besoin même, aussitôt qu’il a un remède constant et réglé, la coutume le lui rend insensible. » Ainsi Louis XIV avait prévu que le mouvement qui rendait la monarchie plus puissante qu’elle n’avait jamais été ne serait pas éternel, que des temps reviendraient où le besoin de liberté serait le plus fort. Désirée en 1661 pour sa bienfaisance, l’autorité apparaîtrait comme une tyrannie en 1789 : déjà, sur la fin de son règne, Louis XIV a pu s’apercevoir que la France se lassait de ce qu’elle avait appelé et salué avec enthousiasme et reconnaissance. Il avait prévu cette fatigue, annoncé ce retour du pendule, et, par là, il a été meilleur connaisseur des hommes que ceux qui prétendent qu’il a donné à la monarchie le germe de la mort en concentrant le pouvoir.
Ce règne de cinquante-quatre années, si chargé d’événements au-dehors, ne compte au-dedans que deux faits, la condamnation de Fouquet au début et, plus tard, la révocation de l’Édit de Nantes. Deux faits d’accord avec le sentiment général, approuvés ou réclamés par l’opinion publique.
Si un homme semblait devoir succéder à Mazarin, c’était le surintendant Fouquet (ci contre), plus riche, presque aussi puissant que le roi lui-même. Fouquet avait édifié une immense fortune aux dépens des finances publiques, à l’exemple du cardinal qui avait au moins, pour excuse à ses voleries, les services rendus à la nation. Louis XIV, au lendemain de la mort de Mazarin, avait pris lui-même la direction des affaires, travaillant avec ses ministres, ne déléguant son autorité à aucun d’eux. Il redoutait le surintendant qui avait de grands moyens financiers, une nombreuse clientèle, un cortège de protégés, des amis partout, dans l’administration, dans le monde, chez les gens de lettres. De plus, Fouquet selon une habitude qui remontait au temps des guerres civiles, avait acquis à Belle-Isle un refuge, une place forte d’où il pouvait, en cas de disgrâce et de malheur, tenir tête au gouvernement. C’est ce dangereux personnage politique, aspirant au rang de premier ministre, que le roi voulut renverser. Ce serait le signe qu’il n’y aurait plus ni maire du palais ni grand vizir et que nul n’aurait licence de s’enrichir à la faveur du désordre et aux frais de l’État. La dissimulation et la ruse avec lesquelles Louis XIV procéda avant d’arrêter le surintendant montrent qu’il le craignait et qu’il n’était pas sûr de réussir. Fouquet brisé plus facilement qu’on n’avait cru, la chute, acclamée par la France, de cette puissance d’argent qui aspirait à la puissance politique : l’exemple fut retentissant et salutaire. Rien désormais ne s’opposa plus à Louis XIV… »
Statue équestre de Louis XIV en Empereur romain, Montpellier, Promenade du Peyrou
Dans L’Action française du 11 mars 1911, Jacques Bainville publiera un article extrêmement intéressant, sur un aspect inattendu de Boileau, qui félicita Louis XIV pour cette « prise de pouvoir » : Boileau royaliste.
1764 : Mozart donne ses premiers concerts publics en France
Mozart fera trois séjours dans la capitale, mais ne parviendra pas à s’y faire reconnaître. Incompréhension de l’artiste – de la part du public – et déception personnelle – de la part du musicien – : en définitive, ce sera un rendez-vous manqué entre Mozart et Paris, mais ses trois séjours en France n’auront pourtant pas été sans intérêt, ni sans importance, pour la formation de son talent et le développement de sa musique…
Il y composera, entre autres, la Symphonie 31 en D major, d’ailleurs appelée « Paris ».
En 1778, à l’occasion d’une de ces tournées parisiennes, la mère de Mozart décèdera, d’ailleurs, à Paris, où elle est enterrée, en l’église Saint Eustache.
Ci-contre, la dalle funéraire bien visible à l’intérieur de l’édifice (éphéméride du 3 juillet).
1793 : Révolte de Machecoul
Depuis l’annonce de la conscription de 300.000 hommes pour aller combattre sur le front est, la région vendéenne est en proie à une agitation grandissante.
Lorsque les « patriotes » en charge de la conscription (habillés en bleu, d’où leur surnom) arrivent à Machecoul, la population accueille les tirages au sort avec des fourches. Le conflit tourne à l’affrontement entre paysans et patriotes.
En quelques jours, ce sont plusieurs villages, tels que Chemillé, Saint-Florent-le-Vieil, ou encore Tiffauges qui se rebellent.
1793 : Création du Tribunal révolutionnaire
De Michel Mourre (Dictionnaire encyclopédique d’Histoire, page 4528) :
TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE. Tribunal d’exception créé par la Convention durant la Révolution française. A la suite de mauvaises nouvelles reçues de l’armée (prise d’Aix-la-Chapelle par le prince de Cobourg, 1er mars 1793), les sections parisiennes s’agitèrent et réclamèrent une lutte plus énergique contre les ennemis de l’intérieur. On put croire que Paris allait revoir les massacres de septembre 1792. Malgré l’opposition des Girondins, la Convention, sur les interventions de Danton, fit droit à l’une des revendications des sections et décida la création du Tribunal révolutionnaire (10 mars 1793). Cette cour se composait de douze jurés, de cinq juges, d’un accusateur public et de ses deux substituts; ses jugements étaient exécutoires dans les vingt-quatre heures et ne pouvaient faire l’objet ni d’appel ni de cassation. La Convention choisissait les jurés et les juges.
Lorsque commença le régime de la Terreur, en automne 1793, le du Tribunal révolutionnaire fut considérablement augmenté (plus de 80 membres); il fut décidé que les débats pourraient être limités à trois jours, à la demande du jury (29 octobre), et le ressort du Tribunal, d’abord limité à la région parisienne, fut étendu à tout le pays (avril 1794). Enfin, en juin 1794, fut adoptée la terrible loi du 22 Prairial An II, qui supprimait l’instruction préliminaire, les témoins et les défenseurs. Pendant la Terreur, le Tribunal révolutionnaire fut présidé par Hermann, puis par Dumas, et Fouquier-Tinville en fut l’accusateur public. Réorganisé après le 9 Thermidor, le Tribunal révolutionnaire fut définitivement supprimé le 12 Prairial An III (31 mai 1795).
L’accusateur public Fouquier-Tinville (à gauche), en grand inquisiteur, est la figure marquante du Tribunal révolutionnaire. A ses cotés Hermann puis Dumas président le tribunal. Ses sentences sont radicales, laissant peu de place au « juste milieu » : c’est l’acquittement ou la guillotine !
Anatole France, dans Les Dieux ont soif, a remarquablement disséqué la démence terroriste révolutionnaire, et la folie sans issue de sa « logique » (!) épuratoire : voir l’éphéméride du 15 janvier.
Le but de cette cour de justice est, selon les révolutionnaires, de lutter contre « toute entreprise contre-révolutionnaire, tout attentat contre la liberté, tout complot royaliste. »
La « sainte guillotine », récemment inventée (première exécution en avril 1792), favorise le massacre. Chez certains s’instaure un véritable culte ou tout au moins un goût avoué pour le spectacle offert par cette guillotine. Amar ne dira-t-il pas en pleine Convention :
« Allons au pied du grand autel voir célébrer la messe rouge ».
La marmite épuratoire des Jacobins – 1793. Armé d’une écumoire le cuisinier Robespierre coiffé d’un bonnet phrygien, examine à la loupe Anarcharsis Cloots tandis que Chaumette, Page, Hébert, Danton et Desmoulins sont dans la marmite.
1906 : La pire des catastrophes minières en France
A Courrières, dans le pas de Calais, un coup de poussière ravage 110 kilomètres de galeries et tue officiellement 1099 mineurs, mais plus probablement 1200.
Ci-dessous l’évocation de la catastrophe par le Petit Journal.
herodote/10_mars_1906-evenement
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Place DAUPHINE :
Il existait une place Dauphine, à Versailles,c’est aujourd’hui la place Hoche , baptisé de ce nom en 1674.Par son plan ,elle préfigure la place Vendôme à Paris.
Actuellement ,la perspective vers la Place d’Armes,devant le château,donne sur la statue équestre de Louis XIV !
Humour :
Prise de pouvoir de LOUIS XIV :
10 Mars 1661.
10 Mars 2021. :
Le président Macron ,préside à VERSAILLES, le sommet européen !!