1244 : Bûcher de Montségur, au Champ des Cramats
Deux jours auparavant, la citadelle avait été prise d’assaut après un siège de six mois: c’est la fin définitive de la Croisade des Albigeois.
herodote.net/histoire/evenement/jour=1244
La Croisade des Albigeois, si elle fut menée par certains pour des motifs religieux, devait surtout remettre en contact les immenses régions du Sud (les pays de langue d’Oc) et celles du Nord (les pays de langue d’Oïl). Et, en consacrant à terme l’effondrement de la puissance des Comtes de Toulouse, préparer l’intégration de ses vastes territoires au Royaume de France.
Certains ont parlé à cette occasion de latinisation du royaume franc, constitué à l’époque – pour sa plus grande part – de territoires situés au nord de la France : si le terme de latinisation est excessif, il est clair qu’un rééquilibrage se produit à cette occasion, qui ne fera que s’accentuer par la suite.
Dès 1213 et 1214, deux événements majeurs marquèrent le début de ce qui allait devenir un processus irréversible :
• En 1213, sous Philippe Auguste, et un an avant qu’il ne remporte l’éclatante victoire de Bouvines, le Comte de Toulouse et son allié et beau-père, le Roi d’Aragon, furent écrasés sous les remparts de Muret (ci dessous, enluminure des Grandes Chroniques de France).
La vraie conséquence de cette bataille fut que, de fait, les Aragonais furent repoussés pour toujours au delà des Pyrénées et que celles-ci devinrent de facto la frontière sud-ouest de la France.
• Ensuite, dès 1214 (par le Concile du Latran), Raymond VI fut dépossédé de son Comté en faveur de Simon de Montfort. Après la mort de celui-ci son fils, Amaury, transmit ses droits au Roi de France, Louis VII en 1224. Puis le Traité de Paris (ou de Meaux) de 1229 amorça la fin des hostilités militaires mais aussi, et surtout, la réunion effective du Languedoc au Royaume.
Par ce traité, le comte Raymond VII mettait en effet la plupart de ses terres à la disposition du roi et surtout promettait de donner sa fille unique, Jeanne, en mariage à l’un des frères du roi (peu importait lequel !). Ce qui signifiait forcément la fin de sa dynastie et de l’autonomie de son comté…
Le 30 octobre 1242, à Lorris, près d’Orléans, après avoir effectué quelques dernières tentatives pour recouvrer son indépendance, Raymond VII fut contraint de signer définitivement la paix avec Louis IX. Il donna en mariage sa fille Jeanne à Alphonse, frère du roi de France. Le couple n’aura pas d’enfant et à sa disparition, le comté de Toulouse tombera dans l’escarcelle des Capétiens. Le Midi toulousain perdra définitivement son indépendance.
Ironie de l’Histoire, deux siècles plus tard, c’est le Midi qui sauvera la dynastie capétienne en conservant sa fidélité au « petit roi de Bourges« , dépouillé de ses droits au profit de l’Anglais, maître de tous les territoires « du Nord » et, aussi, de la capitale : Paris.
1578 : Lettres patentes d’Henri III autorisant la construction du Pont Neuf
(Peint par Camille Pissarro en 1902).
Ce pont était tout à fait novateur à l’époque : d’abord, parce qu’il était totalement libre de toute construction ou habitations, constituant ainsi un espace dégagé, aéré et sain, dans un tissus urbain très dense; ensuite, parce qu’il fut le premier à disposer de trottoirs, permettant de séparer la circulation des personnes et celle des animaux et chariots; enfin, parce qu’il fut aussi le premier pont intégralement en pierre traversant la totalité de la Seine.
Devenu roi après l’assassinat d’Henri III, Henri IV décida de poursuivre et d’amplifier l’œuvre d’embellissement, commodité et salubrité initiée par son prédécesseur : il fit édifier, à l’extrémité sud du Pont neuf la superbe Place Dauphine (éphéméride du 10 mars).
lefildutemps/paris/pont_neuf
1634 : Naissance de Marie-Madeleine de Lafayette
Elle est l’auteur de La Princesse de Clèves, souvent considéré comme le premier roman moderne de la littérature française.
1815 : Dans Paris royaliste, opposé au retour de Napoléon de l’île d’Elbe (II)
« …Paris était tout royaliste, et demeura tel pendant les Cent-Jours. Les femmes particulièrement étaient bourbonnistes… » (Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe, La Pléiade, Tome I, page 920).
De Chateaubriand, témoin oculaire des faits :
« …Louis XVIII (ci-contre) se présenta le 16 mars à la Chambre des députés: il s’agissait du destin de la France et du monde. Quand Sa Majesté entra, les députés et les spectateurs des tribunes se découvrirent et se levèrent; une acclamation ébranla les murs de la salle. Louis XVIII monte lentement à son trône; les princes, les maréchaux et les capitaines des gardes se rangent aux deux côtés du roi. Les cris cessent; tout se tait : dans cet intervalle de silence, on croyait entendre les pas lointains de Napoléon. Sa Majesté, assise, regarde un moment l’assemblée et prononce ce discours d’une voix ferme :
« Messieurs,
Dans ce moment de crise où l’ennemi a pénétré dans une partie de mon royaume et qu’il menace la liberté de tout le reste, je viens au milieu de vous resserrer encore les liens qui, vous unissant avec moi, font la force de l’Etat; je viens, en m’adressant à vous, exposer à toute la France mes sentiments et mes voeux.
J’ai revu ma patrie; je l’ai réconciliée avec les puissances étrangères, qui seront, n’en doutez pas, fidèles aux traités qui nous ont rendu à la paix; j’ai travaillé au bonheur de mon peuple; j’ai recueilli, je recueille tous les jours les marques les plus touchantes de son amour; pourrais-je à soixante ans mieux terminer ma carrière qu’en mourant pour sa défense ?
Je ne crains donc rien pour moi, mais je crains pour la France : celui qui vient allumer parmi nous les torches de la guerre civile y apporte aussi le fléau de la guerre étrangère; il vient remettre notre patrie sous son joug de fer; il vient enfin détruire cette Charte constitutionnelle que je vous ai donnée (ci contre), cette Charte, mon plus beau titre aux yeux de la postérité, cette Charte que tous les Français chérissent et que je jure ici de maintenir : rallions-nous donc autour d’elle. »…
Lorsque le monarque législateur cessa de parler, les cris de Vive le Roi ! recommencèrent au milieu des larmes. « L’assemblée » – dit avec vérité le Moniteur – « électrisée par les sublimes paroles du Roi, était debout, les mains étendues vers le trône. On n’entendait que ces mots : Vive le Roi ! mourir pour le Roi ! le Roi à la vie et à la mort ! répétés avec un transport que tous les coeurs français partageront. »
En effet, le spectacle était pathétique : un vieux roi infirme qui, pour prix du massacre de sa famille et de vingt-trois années d’exil, avait apporté à la France la paix, la liberté, l’oubli de tous les outrages et de tous les malheurs; ce patriarche des souverains venant déclarer aux députés de la nation qu’à son âge, après avoir revu sa patrie, il ne pouvait mieux terminer sa carrière qu’en mourant pour la défense de son peuple ! Les princes jurèrent fidélité à la Charte; ces serments tardifs furent clos par celui du prince de Condé et par l’adhésion du père du duc d’Enghien. Cette héroïque race, prête à s’éteindre, cette race d’épée patricienne, cherchant derrière la liberté un bouclier contre une épée plébéienne, plus jeune, plus longue et plus cruelle, offrait, en raison d’une multitude de souvenirs, quelque chose d’extrêmement triste.
Le discours de Louis XVIII, connu au-dehors, excita des transports inexprimables. Paris était tout royaliste et demeura tel pendant les Cent-Jours. Les femmes particulièrement étaient bourbonnistes…
…Dans les rangs des volontaires royaux on comptait M. Odilon Barrot, grand nombre d’élèves de l’Ecole de médecine, et l’Ecole de droit tout entière; celle-ci adressa la pétition suivante, le 13 mars, à la Chambre des députés :
Nous nous offrons au Roi et à la patrie; l’Ecole de droit tout entière demande à marcher. Nous n’abandonnerons ni notre souverain, ni notre constitution. Fidèles à l’honneur français, nous vous demandons des armes. Le sentiment d’amour que nous portons à Louis XVIII vous répond de la constance de notre dévouement. Nous ne voulons plus de fers, nous voulons la liberté. Nous l’avons, on vient nous l’arracher : nous la défendrons jusqu’à la mort. Vive le Roi ! Vive la constitution ! »
Dans ce langage énergique, naturel et sincère, on sent la générosité de la jeunesse et l’amour de la liberté. Ceux qui viennent nous dire aujourd’hui que la Restauration fut reçue avec dégoût et douleur par la France sont ou des ambitieux qui jouent une partie, ou des hommes naissants qui n’ont point connu l’oppression de Bonaparte, ou de vieux menteurs révolutionnaires impérialisés qui, après avoir applaudi comme les autres au retour des Bourbons, insultent maintenant, selon leur coutume, ce qui est tombé, et retournent à leur instinct de meurtre, de police et de servitude… » (Mémoires d’Outre-Tombe, La Pléiade, Tome I, pages 918/919/920).
Pour une vision d’ensemble des Cent-Jours, voir aussi les éphémérides des 25 février, 8 mars, 17 mars, 30 mars, 18 juin, 22 juin, 15 juillet et 20 novembre.
1839 : Naissance de Sully Prudhomme
De son vrai nom René Armand François Prudhomme, il fut le premier lauréat du prix Nobel de Littérature, en 1901 :
Son premier recueil, Stances et Poèmes (1865) lança sa carrière : il renferme son poème le plus célèbre, Le Vase brisé, métaphore du cœur brisé par un chagrin d’amour.
Le vase où meurt cette verveine.pdf
Par Paul Chabas
Sully Prudhomme fut l’un des premiers à répondre à L’Enquête sur la Monarchie, lancée en 1900 par Charles Maurras (qui a, alors, trente-deux ans) : « Oui ou non, l’institution d’une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée est-elle de salut public ? »
poesie-francaise/francois-sully-prudhomme/
academie-francaise/sully-prudhomme
1844 : Ouverture du Musée de Cluny
Le musée national du Moyen Âge, est installé dans deux monuments parisiens exceptionnels : les thermes gallo-romains (Ier-IIIème siècles) et l’hôtel des abbés de Cluny (fin XVème siècle). Il a été fondé en 1843, grâce aux collections d’un amateur qui se passionnait pour le Moyen Âge, Alexandre du Sommerard, et qui habitait dans l’hôtel de Cluny (éphéméride du 31 août, naissance d’Alexandre du Sommerard).
Enrichies au cours des années, les collections offrent aujourd’hui un panorama unique sur l’art et l’histoire des hommes de la Gaule romaine au début du XVIème siècle. Elles permettent de parcourir en un lieu unique près de quinze siècles d’art et d’Histoire.
Le Pilier des Nautes est une colonne monumentale gallo-romaine érigée en l’honneur de Jupiter par les Nautes de Lutèce, au Ier siècle après J.C, sous le règne de l’empereur Tibère.
C’est le plus vieux monument de Paris et le plus ancien ensemble sculpté découvert en France, et daté par une inscription impériale. Il est exposé dans la salle du frigidarium des Thermes de Cluny.
musee-moyenage
2013 : Inauguration du Pont Chaban-Delmas, à Bordeaux
Il s’agit du plus haut « pont-levant » d’Europe.
Le pont en situation « normale »
et lorsque le Bélem le franchit…
BORDEAUX_(Pont_CHABAN-DELMAS).pps
Cette éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :
Bonjour
Il y a trois jours j’ai écris un texte à la suite du texte écrit par Choderlos de Laclos dans le journal des Jacobins de juillet 1791, mais je ne crois pas qu’elle soit passée. Je disais que le général Choderlos de Laclos avait été un des plus grands destructeurs des mœurs et de la Monarchie, et je citais une lettre d’un de ses correspondants, du nom d’Ephraïm, datée du 22 avril 1791 :
«J’ai compté que le Roi ne renverrait pas tout d’un coup les prêtres de sa chapelle et que par là nous trouverions encore quelques moyens de faire crier après lui. Point du tout il les renvoie, et nous sommes encore les dupes. Cet homme est imprenable; de quelque côté qu’on l’attaque il vous désarme tout à coup. Qui aurait calculé trouver sur son trône un homme qui sacrifie toutes ses jouissances personnelles à la tranquillité de son peuple ? …
Par les décrets il restait encore des gentilshommes de la chambre. Nous nous étions déjà arrangés pour organiser une belle et bonne émeute. Je croyais que nous pouvions réussir par là; il a prévu le coup, il a renvoyé ses gentilshommes et nous laisse à court avec tous nos projets.» (Puget de Saint-André : «Les auteurs cachés de la Révolution française». Lettre d’Ephraïm à Choderlos de Laclos. (BN : Lb39-9888)
Choderlos de Laclos était un Jacobin qui comme tous ces gens-là ont eu très peur après le retour du Roi de Varenne, que le Peuple leur fasse une «Saint-Barthelémy des patriotes», aussi voyait-il le Roi comme un paratonnerre, mais sous entendu qu’il serait domestiqué comme le roi d’Angleterre. C’est dans ce sens qu’il faut lire cette très belle lettre trompeuse.
Sauf erreur de ma part ce n’est pas le château de Montségur qui illustre votre article mais plutôt le magnifique Peyrepertuse.
L’hérésie cathare était un danger spirituel pour la population par son rigorisme mais aussi un danger politique pour l’unité du Royaume.