Par Mathieu Bock-Côté.
Cette chronique est parue dans le Figaro de ce samedi 13 avril. Nous n’y ajouterons pas de commentaire. L’analyse factuelle de Mathieu Bock-Côté n’en appelle pas si ce n’est pour noter qu’elle concorde avec un sentiment largement partagé parmi les Français y compris parmi ceux issus de communautés musulmanes qui aiment la France et courent le risque d’ agression pouvant entraîner la mort par la partie radicalisée, la plus jeune et la plus active, de leurs coreligionnaires. En laissant se répandre et s’enkyster en France une telle situation, les dirigeants du Pays portent – sur ce terrain là comme sur bien d’autres terrains. une responsabilité de l’ordre criminel.
CHRONIQUE – Après les drames de Montpellier, Viry-Châtillon et Bordeaux, plusieurs observateurs blâment les réseaux sociaux : ils passent à côté de l’essentiel s’ils ne voient pas que ces derniers servent surtout de vecteur à l’islamisme.
« Un pays ne saurait être indifférent à la population qui le compose ».
Ils sont nombreux à chercher leurs mots et une explication un temps soit peu convaincante pour comprendre la montée de ce qu’on nomme ces jours-ci l’ultraviolence chez les mineurs. Les histoires s’accumulent, s’agrègent, et dévoilent une tendance de société qu’il n’est plus possible de nier. Une explication facile s’est imposée : on blâme les réseaux sociaux, que l’on veut croire à l’origine d’à peu près tous les malheurs de notre temps. Nul ne niera qu’ils métamorphosent le lien social, mais ils deviennent le refuge d’une pensée paresseuse fournissant une explication sociologique apparemment imparable à des phénomènes autrement plus complexes – et troublants.
Quant aux politiques invités à qualifier ces événements ultraviolents, ils se réfugient souvent vers un terme écran : ils les jugent « inqualifiables ». Cette ruse rhétorique permet de témoigner de son émotion et de son indignation en sortant de la seule catégorie banalisante du fait divers sans prendre le risque d’un terme qui caractériserait les événements. Ils donnent l’impression de dire beaucoup alors qu’ils ne disent rien du tout. On y verra une petite lâcheté.
Car, justement, ces événements sont tout à fait qualifiables, à condition de sortir du périmètre médiatique autorisé. De l’affaire Samara, battue parce qu’elle voulait vivre à l’européenne, à la mise à mort de Shemseddine en passant par l’agression meurtrière de Bordeaux par un jeune Afghan reprochant à deux Algériens de ne pas respecter le ramadan, une trame de fond se dégage : l’islamisme entend désormais faire la loi dans l’islam et revendique explicitement sa souveraineté sur les populations musulmanes de France.
Il ne s’agit pas d’un islamisme organisé par le haut, ici, mais d’un islamisme d’atmosphère, pour paraphraser Gilles Kepel. La logique qui s’y déploie est celle de la police des mœurs, ou plus exactement d’une milice intégriste veillant à ce que chacun respecte les exigences sociales. De là, l’importance du voilement des jeunes filles : elles sont ainsi marquées socialement. Le voile, loin d’être l’expression d’une préférence spirituelle, s’impose d’abord par mimétisme et par contrainte : celle qui le retire sait ce qu’elle encourt.
Les musulmans les plus radicaux prennent en otage leurs coreligionnaires et sanctionnent ceux qui s’éloignent des pratiques sociales prescrites. Ils sont accusés de trahison culturelle : la logique du communautarisme est à l’œuvre, et se conjugue à celle, moins familière, mais bien réelle, du crime d’honneur. Celui qui ne respecte pas les normes les plus rigoristes est accusé implicitement de déstabiliser les repères existentiels d’une communauté, qui se désagrégera si elle ne fait pas un exemple avec le transgresseur.
Évidemment, ce système coercitif ne saurait prendre forme dans le vide : c’est dans la mesure où un territoire est démographiquement islamisé, que le peuple qui l’habite a changé, qu’une culture peut se substituer à une autre. Il faudra bien un jour se résoudre à parler d’une conquête islamiste, rendue possible par le basculement démographique. Bruno Retailleau n’a pas tort de dire que la charia est désormais la norme dans plusieurs quartiers en France – elle l’est aussi en Europe, d’ailleurs.
On notera aussi que cette conquête du quotidien s’accélère : la provocation islamiste de Strasbourg en témoigne. Une jeune femme, nouvellement voilée selon ses dires, s’est présentée dans une boutique pour y travailler avec son voile – ce qu’a refusé le gérant. C’était une mise en scène : elle a filmé le tout, l’a diffusé sur les réseaux sociaux, et cherche ainsi à passer pour une victime tout en désignant à la vindicte publique le gérant, désormais menacé de mort. L’islamisme veut imposer ses codes aux « non-musulmans ».
Encore une fois, plusieurs blâment les réseaux sociaux et l’exhibitionnisme qu’ils favorisent : ils passent à côté de l’essentiel s’ils ne voient pas qu’ils servent surtout de vecteurs d’une dynamique profonde qui touche à ce qu’il faut bien appeler un choc des civilisations au quotidien. Qui a vraiment cru qu’on pouvait changer la population d’un pays sans en changer l’identité profonde ? Qui a cru que l’islam deviendrait une forme de christianisme plus ou moins exotique dès lors qu’il pénétrerait en Europe ?
Les dérives intellectuelles accouchent toujours de dérives politiques. On trouve là la conséquence lointaine de la censure sociologique de l’importance du peuple historique et d’un substrat démographique particulier dans la composition d’une communauté politique. Un pays ne saurait être indifférent à la population qui le compose. L’islam ne se confond pas avec l’islamisme mais les deux ne sont pas sans liens. On a beau cacher le réel : tôt ou tard, il finit toujours par se venger. ■
Pour quelques crimes d’honneur ou pas, d’horreur, comptons fort une dizaine on est loin d’un choc des civilisations. Tout ce qui est excessif nuit à son auteur.
Quelque temps avant tout choc, «on est» plus ou moins «loin» de celui-ci : à, «comptons fort, une dizaine», sans le moindre doute, mais le moment de l’impact n’en approche pas pour si peu.
Le cording1 de service, dont le «pseudo» de circonstance a le don de m’exaspérer au plus haut point – car c’est une «signature» très diaboliquement réseau-socialesque, avec toute la chaotiquement rampante (cf. le Nyarlathotep lovecraftien) crétinerie qui s’y rattache –, le cording1, donc, n’est décidément pas très capable de «faire passer son message», tant il s’affale bêtement dans le lieu commun – grâce à une espèce de Providence en faveur des démunis spirituels, «le diable est toujours boiteux» et, par là, tout son art de la dissimulation trébuche immanquablement – à «comptons fort une dizaine» –, dès l’accomplissement décimal venu.