49 avant J-C : Jules César entreprend le siège de Massalia
Maquette de la Massalia antique (Musée d’Histoire de la Ville) : «…Car la mer enveloppe Marseille de trois côtés ; on n’y accède par terre que du seul quatrième…» dit César
Depuis sa fondation, et bien qu’elle ait dû affronter plusieurs périls mortels, la ville de Rome n’a cessé de grandir et d’étendre son pouvoir et sa domination : d’abord à toute la péninsule italique, puis au-delà. Mais les institutions qui avaient présidé à sa naissance et à ses premiers agrandissements ne convenaient plus à une Cité – l’URBS – dont la vocation devenait méditerranéenne.
Gouvernée d’abord par des rois, Rome devint très vite une République, mais celle-ci, malgré ses grandeurs, se révéla rapidement incapable d’assurer l’autorité nécessaire pour maintenir la cohésion du nouveau grand ensemble qui, irrésistiblement, voyait le jour. Il fallait un pouvoir fort à une ville qui tendait à l’imperium.
La guerre civile, pour le pouvoir, se déclencha donc, presque naturellement. Au milieu du premier siècle avant J-C, un triumvirat se forma entre trois généraux : César, Pompée et Crassus. Le troisième, de loin le moins compétent, disparut rapidement en Asie, face aux Parthes : Dion Cassius prétend que le roi Suréna lui aurait fait couler dans la bouche de l’or fondu, pour le punir de sa cupidité !
Restaient les deux très grands généraux qu’étaient César et Pompée, tous deux hommes de grande valeur. Ne parvenant pas à s’entendre, la guerre totale était inévitable… Et il fallait que, dans toutes les régions où Rome dominait, l’on se déclarât pour l’un ou pour l’autre.
Or, Massalia était l’amie et l’alliée de Rome, et ne souhaitait pas prendre parti pour des Romains contre d’autres Romains.
Le 6 avril 49 avant J-C, César se rend à Marseille; le 16, alors qu’il est en route, il écrit à Cicéron pour l’inciter à prendre parti pour lui; le 19, il arrive à Marseille, qui lui ferme ses portes. Après quelques pourparlers infructueux, César met en place le blocus de Marseille, et installe son camp sur l’actuelle place de la Joliette (Julii statio). Mais la ville est trop bien défendue, et lui résiste victorieusement. Elle ne se rendra que le 25 octobre, vaincue par la famine, non par les armes : César reste sur place et essaye vainement de conquérir la ville pendant deux mois, mais, ne pouvant perdre plus de temps – car il doit aller en Espagne affronter Pompé… – il quitte Massalia le 5 juin, laissant à son lieutenant Trebonius le soin de faire tomber la ville.
César lui-même donne des renseignements très précis sur le siège : de Jules César, La Guerre civile (De Bello Gallico), La Pléiade, Historiens romains, Tome II, page 312 :
« César fait venir les quinze anciens de Marseille (Massalia était gouvernée par une hiérarchie de Conseils, au sommet desquels étaient les quinze Timouques, ndlr). Il les engage à ne pas être les premiers à ouvrir les hostilités. Leur devoir est de suivre l’exemple de l’Italie plutôt que de se soumettre aux caprices d’un seul homme. Il fait valoir devant eux tous les arguments susceptibles d’éclairer leur entendement. Ls quinze rapportent à leurs concitoyens les propos de César et reviennent porteurs de cette réponse :
« Les Marseillais voient que le peuple romain est divisé en deux parties. Ils n’ont ni qualité ni pouvoir pour décider quel est celui qui a raison. Mais comme les chefs de ces partis s’appellent Pompée et César, l’un et l’autre patrons de leur cité, l’un leur ayant donné les terres des Volques Arécomiques et des Helviens, l’autre leur ayant permis, par la conquête de la Gaule, d’augmenter leurs revenus, leur devoir est d’accorder à des bienfaits égaux une reconnaissance égale. Ils ne peuvent ni aider l’un contre l’autre, ni recevoir dans leur ville ou dans leurs ports aucun d’eux. ».
(pages 343/344) : « …Tandis que cela se passe en Espagne, le légat C. Trébonius, laissé au siège de Marseille, établit devant la ville un terrassement, des mantelets et des tours en deux endroits : l’un à proximité du port et des chantiers maritimes, l’autre sur le rivage qui touche à l’embouchure du Rhône du côté par lequel on arrive à la mer, venant de Gaule et d’Espagne. Car la mer enveloppe Marseille de trois côtés; on n’y accède par terre que du seul quatrième. Mais là aussi, le terrain attenant à la citadelle est défendu par sa nature même et par une dépression profonde qui rend son attaque longue et difficile.
Pour exécuter ce travail C. Trébonius fit venir de toute la province une multitude d’hommes et de bêtes de somme. Quand il fut en possession de tous les matériaux nécessaires il éleva un terrassement haut de quatre-vingt pieds.II
Mais la place disposait d’une telle quantité de munitions et de machines de guerre de toute sorte qu’aucune baraque roulante, faite d’osier entrelacé, ne pouvait résister à leur puissance. D’énormes balistes lançaient des poutres de douze pieds et munies de pointes de fer, qui, après avoir percé quatre rangs de claies, allaient s’enfoncer dans la terre. Il fallut donc construire des galeries couvertes avec des pièces de bois d’un pied d’épaisseur, jointes entre elles, et qui permettaient de passer de main en main les matériaux de construction. (illustration : buste de César trouvé dans le Rhône, à la hauteur d’Arles)
Une tortue de soixante pieds venait en avant. On s’en servait pour aplanir le terrain. Elle était formée, de même, de grosses poutres, et son toit était protégé contre les projectiles enflammés et contre les pierres. Mais l’importance des travaux, la hauteur des tours et des remparts, le grand nombre de machines de guerre chez l’ennemi, retardaient la marche du siège. De plus, les Albiques faisaient de fréquentes sorties, et les assiégés s’efforçaient de mettre le feu à la terrasse et aux mantelets. Nos soldats repoussaient facilement les assaillants et les rejetaient à l’intérieur de la place, tout en leur infligeant de lourdes pertes…VI
…Dans le combat qui s’était engagé, les Marseillais firent preuve d’une bravoure irréprochable… D’ailleurs, si l’on en venait à des corps à corps, les Marseillais, mêlés aux Albiques, tenaient bon, et leur courage n’était pas inférieur au nôtre. Des bateaux de moindre dimension lançaient de loin une grande quantité de projectiles qui faisaient parmi les nôtres, pris au dépourvu ou demeurés sans méfiance, de nombreux blessés… »
On s’était mis d’accord pour attendre l’arrivée de César, encore retenu en Espagne, pour régler définitivement le sort de la ville. Le siège semble avoir duré en tout plus de six mois, de mars à septembre 49. « La prise de la cité grecque avait coûté plus de temps que la conquête de toute l’Espagne » (Camille Jullian).
C’est à Tarragone, sur le chemin du retour, après avoir vaincu les Pompéiens, que César apprit la décision prise par les Marseillais : se rendre, vaincus par la famine, non par les armes.
Il traita la ville durement, ne lui laissant de ses riches domaines que Nice et les îles d’Hyères, et faisant démolir les remparts qui avaient osé lui résister et qu’il n’avait pu prendre de force.
De plus, à partir de cette date, c’est Arles qui fut favorisée, au détriment de Marseille, qui perdit ainsi, réellement, la prééminence.
Sur la première victoire navale remportée par la flotte de César sur celle de Massalia, voir notre éphéméride du 27 juin; sur la seconde, notre éphéméride du 31 juillet; et, plus généralement, notre évocation :
Les Basques puis les Celtes constituent les premiers peuplements connus de la Gaule, qui allait devenir la France. Sur ces deux populations premières vint se greffer l’influence décisive des Grecs et des Romains : voilà pourquoi nous évoquons largement, dans nos éphémérides, les pages fondatrices de notre identité profonde que nous devons à l’Antiquité : voici le rappel des plus importantes d’entre elles, étant bien entendu qu’un grand nombre d’autres éphémérides traitent d’autres personnalités, évènements, monuments etc… de toute première importance dans le lente construction du magnifique héritage que nous avons reçu des siècles, et qui s’appelle : la France.
En réalité, si la conquête de la Gaule était nécessaire à César pour sa prise du pouvoir à Rome, il faut bien admettre que « le divin Jules » avait été appelé à l’aide, en Gaule, par les Gaulois eux-mêmes, incapables de s’opposer au déplacement massif des Helvètes, quittant leurs montagnes – en 58 avant J.C – pour s’établir dans les riches plaines du sud ouest; César vainquit les Helvètes à Bibracte (éphéméride du 28 mars); cinq mois plus tard, envahis par les Germains d’Arioviste, les Gaulois le rappelèrent une seconde fois : César vainquit et refoula les Germains au-delà du Rhin (éphéméride du 5 août); et, cette fois-ci, auréolé de ses deux prestigieuses victoires, et gardant plus que jamais en tête son objectif premier (la conquête du pouvoir à Rome), César ne voulut plus se retirer de cette Gaule où on l’avait appelé, et dont la conquête serait le meilleur tremplin pour ses ambitions politiques à Rome… Il fallut six ans à Vercingétorix pour fédérer les divers peuples de Gaule contre le sauveur romain : le soulèvement général commença par le massacre des résidents romains à Cenabum (l’actuelle Orléans), en 52 (éphéméride du 23 janvier); le 28 novembre de la même année, Vercingétorix remporta la victoire de Gergovie (éphéméride du 28 novembre); mais, moins d’un an après, enfermé dans Alésia, Vercingétorix vécut l’échec de l’armée de secours venue à son aide de toute la Gaule (éphéméride du 20 septembre) : il capitula une semaine après (éphéméride du 27 septembre). Emmené captif à Rome, il fut mis à mort six ans plus tard, en 46 (éphéméride du 26 septembre).
Cependant, dans sa conquête des Gaules, César n’eut pas seulement à lutter contre les tribus gauloises proprement dites : il s’opposa également à Massalia, puissance amie et alliée de Rome, mais qui ne voulut pas choisir entre César et Pompée lorsque la guerre civile éclata entre ceux-ci : César réduisit Massalia, mais avec difficulté (éphémérides des 19 avril, 27 juin et 31 juillet).
Enfin, pour être tout à fait complet avec le rappel de ce que l’on peut trouver dans nos éphémérides sur ces pages de notre Antiquité, mentionnons également nos trois éphémérides traitant de :
• la victoire sur les Cimbres et les Teutons, remportée par Caius Marius, oncle par alliance de Jules César en 86. Il avait épousé sa tante, Julie, et mourut en 86 (éphéméride du 17 janvier);
• l’assassinat de Jules César en 44 Avant J-C (éphéméride du 15 mars);
• notre évocation de Massalia, sa puissance et son rôle à l’époque (éphéméride du 11 avril).
1054 : Mort du Pape Saint Léon IX
Statue de Léon IX à Dabo (Alsace)
Bruno d’Eguisheim-Dagsbourg fut couronné pape le 12 février 1049 sous le nom de Léon IX. Avec la « réforme Gégorienne », c’est bien lui qui a commencé le redressement de l’Église à cette époque, même si c’est Grégoire VII qui a, finalement, laissé son nom à cette réforme qui devait mettre près de trois siècles à s’imposer.
Elle s’articulait autour de trois points majeurs :
1. Affirmation de l’indépendance du clergé : les laïcs ne peuvent plus intervenir dans les nominations, notamment les empereurs germaniques, avec qui s’ouvre ainsi la Querelle des Investitures;
2. Réforme du clergé : celui-ci sera dorénavant mieux formé et mieux instruit, et l’Église impose le célibat des prêtres;
3. Affirmation du rôle du pape : en 1059, le pape Nicolas II crée le collège des cardinaux, qui élit le nouveau pape, et la Curie pontificale (le « gouvernement » de l’Eglise) prend son essor.
Léon IX est le seul pape alsacien de l’histoire, et reste comme l’initiateur de la « réforme Grégorienne ».
nominis.cef.fr/contenus/saint/1004/Saint-Leon-IX
C’est aussi, et malheureusement, sous son pontificat que son légat – maladroit et fort peu diplomate… – Humbert de Moyenmoutier déposa sur l’autel majeur de Sainte-Sophie de Constantinople la Bulle d’excommunication du Patriarche Michel Cérulaire (éphéméride du 16 juillet..
1164 : Le pape Alexandre III consacre l’autel de Saint Pierre et Saint Paul de la cathédrale de Sens
1314 : Epilogue du scandale dit « de la Tour de Nesle »
Philippe le Bel avait trois fils et une fille : le futur Louis X le Hutin; le futur Philippe V le Long; le futur Charles IV le Bel, et Isabelle, qui avait épousé le roi Edouard II d’Angleterre :
• le futur Louis X était l’époux de Marguerite, fille du duc Robert II de Bourgogne;
• Philippe était l’époux de Jeanne, fille d’Othon, comte palatin de Bourgogne (Franche-Comté) et de Mahaut d’Artois;
• le futur Charles IV était l’époux de Blanche, soeur de Jeanne.
Depuis la proclamation de la sainteté de Louis par le pape Boniface VIII (éphéméride du 4 août), le royaume de France en général, et la famille royale capétienne en particulier, jouissaient d’un prestige considérable. Un prestige encore augmenté par la grandeur du règne de Philippe le Bel, petit-fils de Saint Louis, qui confirma d’une façon décisive, pour l’époque, la suprématie française en Europe…
Or, la fin de ce règne prestigieux et glorieux, ainsi que la réputation de la famille royale, furent assombris par un scandale, lié à l’inconduite bien réelle d’au moins deux des trois belles-filles du roi : c’est ce que l’on a appelé, à l’époque romantique – mais à tort – le scandale « de la tour de Nesle », où les belles-filles du roi auraient reçu (la chose se passait ailleurs) les deux jeunes et beaux frères d’Aunay – mais aussi, dit-on, beaucoup d’autres – pour de longues nuits de débauche.
Cela fut très certainement rendu possible par le fait que, depuis Blanche de Castille, et après la proclamation de la sainteté de son fils, nul n’aurait pensé à surveiller les princesses du sang…
Informé de l’inconduite de ses brus, Philippe le Bel (ci dessus) se retira d’abord à Maubuisson pour arrêter la décision qu’il allait prendre : valait-il mieux étouffer l’affaire – en éliminant discrètement les frères d’Aunay – ou la laisser au contraire éclater au grand jour, et donc provoquer un scandale sans précédent dans les annales capétiennes. Des bruits ayant commencé à courir, et les murmures se mettant à enfler, Philippe le Bel pensa, probablement, qu’il était impossible d’étouffer le scandale, et que, du coup, il valait mieux faire un exemple, aussi cruel soit-il (il l’avait déjà fait avec les Templiers (éphéméride du 13 octobre).
Les trois princesses furent arrêtées et jetées en prison, où la plus compromise mourut peu de temps après; on permettra finalement à la deuxième de se retirer dans un couvent et de devenir religieuse; la troisième, moins compromise car elle n’avait pas participé aux débauches, se contentant de fermer les yeux, retrouva – après quelques mois de cachot, tout de même… – son rang et sa place à la cour et auprès de son mari, le futur Philippe V.
Par contre, Philippe et Gautier d’Aunay subirent un supplice atroce, bien propre à marquer les esprits…
Ainsi s’acheva cette pénible affaire, qui vint ternir et assombrir la fin d’un règne grand et glorieux : Maurice Druon s’est emparé de cet épisode, avec beaucoup de brio et une grande réussite, dans ses célébrissimes Les Rois maudits…
S’il fait évidemment oeuvre de romancier, par exemple en ajoutant certains personnages ou certains épisodes purement « romanesques », il n’en demeure pas moins que, dans son magistral roman, Maurice Druon respecte les éléments fondamentaux de l’histoire, et de l’Histoire.
Il prend cependant au pied de la lettre – intensité dramatique oblige… – les paroles qu’aurait prononcées, le 18 mars 1314, avant de périr sur son bûcher, Jacques de Molay, le dernier Grand Maître de l’Ordre du Temple : « Pape Clément, Roi Philippe, Chevalier Guillaume de Nogaret, avant un an, je vous cite à comparaître au Tribunal de Dieu… maudits… vous serez maudits jusqu’à la treizième génération… ».
Pourtant, s’il est vrai que le pape Clément mourut le 20 avril – soit un mois à peine après la « malédiction » – et le roi Philippe le 29 novembre, soit huit mois après, le chevalier Guillaume de Nogaret était, lui, déjà mort à l’époque des faits (il mourut en 1313). Y a-t-il confusion avec Guillaume Humbert, dit « Guillaume de Paris », Grand inquisiteur de France, confesseur du roi et instructeur du procès des Templiers ?
Comme le disent les Italiens, « Se non è vero, è bene trovato »…!
De même, n’est-il pas troublant – sans que, là non plus, on ne puisse s’accorder sur aucune certitude – que les « Capétiens directs » s’éteignent juste après cette pénible « affaire » ? Alors que la famille de Philippe était une « belle » famille (trois garçons et une fille) et que le royaume était le plus puissant d’Europe ? On connaît le titre du Chapitre V de l’Histoire de France de Jacques Bainville : « Pendant 340 ans, l’honorable famille capétienne règne de père en fils » (éphémérides des premier et deux février). Là aussi, « se non è vero… »
• Sur « l’affaire elle-même :
herodote.net/19_avril_1314-evenement-13140419
1614 : Louis XIII charge Marie de lotir l’Île Saint-Louis
…et, depuis, Paris doit à Christophe Marie, architecte de grand talent, l’un de ses plus beaux atours :
Aux termes du contrat qui fut passé le 19 Avril 1614 entre Louis XIII et Marie, celui-ci devait combler le fossé séparant les deux ilots dits « Notre-Dame » et « aux Vaches », ceinturer la nouvelle île ainsi formée de quais maçonnés, y tracer des rues et y bâtir des maisons, contre la jouissance de droits fonciers pendant soixante ans à partir de la fin des travaux de construction.
Le 24 Mai, Marie et Poulletier s’associèrent avec François Le Regrattier Trésorier des Cents-Suisses; les deux premiers entraient pour un quart dans l’affaire, le troisième pour la moitié. Le 11 octobre de la même année, Louis XIII en présence de Marie de Medicis, posait la première pierre du pont Nord, le futur pont Marie.
Des projets d’urbanisation des deux îles qui existaient avant leur réunion en une seule – la nouvelle Île Saint-Louis… – avaient déjà été élaborés sous le règne d’ Henri IV, grand roi bâtisseur, et Sully avait déjà contacté Marie en ce sens. Mais c’est sous le règne de son fils Louis XIII, sous la régence de Marie de Médicis, que la tâche fut confiée très précisément à Christophe Marie, entrepreneur général des Ponts.
Marie s’associa à deux autres entrepreneurs, Lugles Poulletier et François Le Regrattier, et se chargea – à ses frais – de combler le chenal, de construire des ponts pérennes et de renforcer les quais, en échange d’un droit sur le lotissement du terrain.
Malgré l’opposition des chanoines de Notre-Dame – propriétaires de l’ilot du même nom, et donc, perdants dans l’affaire… – les opérations d’urbanisme se poursuivirent pendant une trentaine d’années : le chenal séparant les deux îles fut comblé afin de ne former qu’une seule île. Celle-ci fut entourée de quais, visant à assurer la stabilité et l’horizontalité de la zone, leur hauteur permettant de maintenir le terrain à l’abri des crues du fleuve. Le plan adopté pour le tracé des rues fut le damier, où les voies de circulation se coupent à angle droit. L’île est structurée par la rue Saint-Louis-en-l’Isle , sa principale artère, qui la parcourt pratiquement sur toute sa longueur d’Est en Ouest.
L’île Saint-Louis abrite très rapidement un nombre important d’hôtels particuliers, qui la font surnommer « l’île des palais », et le lotissement est pratiquement achevé en 1645. Un certain nombre de ces hôtels sont l’œuvre de l’architecte Louis Le Vau (qui s’y installe d’ailleurs avec sa famille) et de son frère François Le Vau (lui aussi installé sur l’île).
C’est François Le Vau qui dessina les plans de l’église Saint-Louis-en-l’Isle, bâtie en 1644, et qui devait inspirer – avec son curieux clocher… – un de ses plus délicats poèmes à Charles Maurras (qu’on lira ci-après).
Si proches et, pourtant, si différentes : l’Île Saint-Louis, au premier plan, avec ses rues se coupant à angle droit, sa longue rue Saint-Louis en son centre, qui la traverse de part en part, et, au deuxième plan, le chevet de Notre-Dame et l’Île de la Cité.
Voisine de l’Île de la Cité, l’Île Saint-Louis en diffère cependant énormément, et à beaucoup de points de vue.
D’abord parce que sa formation définitive, beaucoup plus récente, a eu lieu un temps très court.
Ensuite, parce que cette île n’a jamais eu de vrai rôle administratif, et n’a pas d’édifices publics, à l’exception d’une seule église; et aussi – et surtout… – parce qu’elle est, à l’inverse de l’Île de la Cité, et avec beaucoup de charme, un lieu d’habitation privé, d’apparence aristocratique, et en même temps un petit monde intime et calme au milieu de la ville, qui n’a d’autre histoire que celle de sa construction et de ses habitants.
Si l’île de la Cité, enfin, oppose à ses merveilles médiévales le quadrillage un peu morne de ses grands édifices du XIXème siècle, sa voisine forme un ensemble presque homogène et assez peu altéré, qui porte la marque du Grand Siècle.
• Sur l’Île Saint Louis :
• Et sur le Pont Marie, qui relie, précisément, l’Île Saint-Louis à la rive droite (ainsi nommé par la Ville en remerciement à l’architecte) :
http://paris1900.lartnouveau.com/ponts/pont_marie.htm
Le « clocher à jour » actuel, haut de trente mètres, qui a inspiré Charles Maurras, est remarquable par sa forme d’obélisque et ses nombreux ajours, afin d’éviter toute prise au vent, qui souffle fortement sur l’île. L’horloge, accrochée perpendiculairement à la rue, date de 1741…
De Charles Maurras :
Premier poème, de trois strophes seulement, paru dans La Musique intérieure :
De Saint-Louis en l’Ile
Le clocher à jour
Monte au ciel tranquille
Qui rit à l’entour.
Et la douce flamme
D’une fin de jour
Peint de Notre-Dame
La flèche et les tours :
Telle, au fil de l’onde,
Florisse toujours
La Reine du monde,
La Ville d’amour.
· Second poème, dédié « au Parisien Pierre Pascal », paru dans La Balance intérieure et placé par Maurras dans les Œuvres Capitales (IV, pages 330, 331) :
De Saint-Louis en l’Ile
Le clocher à jour,
Offre à la Grand-Ville
Les roses du jour.
Et leur tendre flamme,
Meurt-elle à son tour,
Teint de Notre-Dame
Le porche et la tour.
Quelle ample verdure
Pend des rameaux lourds !
L’ombrage qui dure
Rit du temps qui court.
L’ombre ménagère
Fait de longs discours :
La rive étrangère
Les trouve trop courts.
Fidèle mémoire
Au beau carrefour
L’esprit de sa Gloire
Attend les Retours.
– Entends-tu qui traîne
Ses pas de velours ?
Nos rois et nos reines !
Les ouvrent leur cour,
Et qu’au fil de l’onde
Florisse toujours
La Reine du monde,
La ville d’amour !
1896 : Premier « Paris-Roubaix »
Au « Carrefour de l’Arbre » (ci-dessous), la course passe à l’endroit même où eut lieu, en 1214, la bataille de Bouvines :
Larousse.fr/encyclopedie/divers/Paris-Roubaix/137091
1906 : Mort accidentelle de Pierre Curie
Il avait 47 ans.
futura-sciences.com/personnalites/physique-pierre-curie
1934 : Sortie de la mythique 7 CV Traction avant
2000 : L’expertise ADN révèle que l’enfant mort le 8 juin 1795 dans la prison du Temple est bien Louis XVII, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette
La cruauté inédite des révolutionnaires, et la mort lente et atroce qu’ils ont infligée au petit roi martyr sont traités dans notre Ephéméride du 8 juin.
D’aucuns ayant jugé utile de créer, puis d’entretenir, un faux problème (!) sur l’authenticité de la personne morte à la prison du Temple, ce 8 juin 1795, rappelons qu’on trouvera tous les éléments dont on peut souhaiter disposer en lisant les excellentes – et définitives – analyses de Philippe Delorme.
Utilisant magistralement et d’une façon exhaustive toutes les données disponibles, y compris et surtout les dernières données scientifiques – irréfutables – on peut dire à bon droit – compliment que l’on ne peut faire, somme toute, que rarement – que Philippe Delorme a épuisé le sujet.
et aussi :
http://via-romana.fr/catalogue/219-louis-xvii-la-biographie-9782372710268.html
L’Ode à Louis XVII de Victor Hugo (Extrait)
Ils m’ont jeté vivant sous des murs funéraires;
Mes yeux voués aux pleurs n’ont plus vu le soleil;
Mais vous que je retrouve, anges du ciel, mes frères,
Vous m’avez visité souvent dans mon sommeil.
Mes jours se sont flétris dans leurs mains meurtrières,
Seigneur, mais les méchants sont toujours malheureux;
Oh, ne soyez pas sourd, comme eux, à mes prières,
Car je viens vous prier pour eux !
Ode à Louis XVII (extrait), Victor Hugo.
(Texte intégral : ODE A LOUIS XVII.pdf)
Sur Louis XVII et son destin tragique, voir également l’éphéméride du 8 juin (jour de sa mort, qu’il conviendrait d’appeler – mieux – sa délivrance) et l’éphéméride du 27 mars (jour de sa naissance).
Cette éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :
• la Table des Matières des 366 jours de l’année (avec le 29 février des années bissextiles…),
• l’album L’Aventure France racontée par les cartes (211 photos),
• écouter de nombreux morceaux de musique et enregistrements historiques ou culturels ;,
• et découvrir pourquoi et dans quels buts nous vous proposons ces éphémérides :
Éphémérides, pourquoi, dans quels buts ?