1370 : Pose de la première pierre de la forteresse de la Bastille
C’est sous le règne de Charles V qu’elle fut édifiée : destinée à défendre la porte Saint-Antoine et les remparts de l’est de Paris, la Bastille ou Bastide Saint-Antoine était initialement un véritable château-fort et un arsenal. Elle faisait 66 mètres de long pour 34 mètres de large et 24 mètres de hauteur au niveau des tours, et était entourée de fossés de 8 mètres de profondeur.
C’est le cardinal de Richelieu qui la transforma en prison d’État – plutôt confortable du reste… – pour les personnes de qualité (nobles, grands bourgeois) qui disposaient de grandes pièces avec repas fins et d’un domestique.
La Bastille – représentée ci dessous sur une gravure du XVIIIème – comportait également un quartier pour les prisonniers communs, ainsi que des cachots (et non des oubliettes) qui servaient de punitions aux prisonniers insubordonnés comme, par exemple, le fameux Latude.
Or, il se trouve que, depuis la Révolution, la Bastille est l’objet d’une falsification historique sans précédent, et d’une ahurissante réécriture des événements, qui laisse rêveur, et qui est bien l’une des choses les plus stupéfiantes, mais aussi les plus sordides, qui soient.
Revenons-y quelques instants.
N’ayant plus aucune valeur militaire depuis des lustres, totalement sous exploitée en tant que prison d’Etat, et gênant l’accroissement de la capitale vers l’est, il y avait bien longtemps que les rois avaient résolu sa disparition. Seules les difficultés financières chroniques de la royauté retardaient sa disparition.
En 1789 eut lieu, ici, l’un des événements les plus ignobles d’une Révolution qui n’en manque pourtant pas. Le gouverneur de Launay accepta de céder – sans combat – la forteresse aux émeutiers, à la condition expresse qu’il ne serait fait aucun mal à personne. Moyennant quoi, une fois les portes ouvertes, la garnison fut massacrée, et les têtes promenées au bout de pique.
Gravure de 1789 dépeignant des soldats ou des miliciens portant les têtes de Jaues de Flesselles et du marquis de Launay sur des piques.
« C’est ainsi que l’on se venge des traîtres. »
Le pseudo mythe d’une prétendue « prise de la Bastille » – prise qui n’a jamais eu lieu puisque la citadelle s’est rendue sans combattre – mêle donc le mensonge à l’ignoble, dans une réécriture volontairement falsificatrice de la vérité historique, où le burlesque le dispute au tragique et à l’horreur :
• Jacques Bainville parlait des « ridicules légendes de la Bastille » : dans notre catégorie Lire Jacques Bainville, voir la note Variations sur le 14 juillet, et l’erreur intériorisée de Louis XVI.
• Et, dans notre album Écrivains royalistes (I) : Chateaubriand, voir la photo « Mystifications et falsifications de l’Histoire »
François Furet (ci dessous) ne s’y est pas trompé, lui qui a très bien vu que dès cet épisode, la Terreur est en gestation :
« La culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l’été 1789 », explique-t-il, et la prise de la Bastille inaugure « le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires. »*
*Sur François Furet et son importance, voir l’éphéméride du 27 mars, jour de sa naissance
1769 : Louis XV instaure le « point zéro » des routes de France
Ce 22 avril 1769, les premières Lettres patentes de Louis XV fixent le point zéro, mais il faudra attendre 1784 pour qu’une Lettre royale (prise elle aussi un 22 avril) ordonne de matérialiser ce point par une borne, qui marquera le point zéro des routes de France, dont on se servira comme référence pour le calcul des distances entre la capitale et les autres villes de France.
Ce point zéro est situé une cinquantaine de mètre devant la cathédrale Notre-Dame, et, sous sa sa forme actuelle de rose des vents, fut posé en 1924.
1794 : Malesherbes est guillotiné
Juste après l’assassinat de Louis XVI, l’abbé Edgeworth de Firmont s’acquitta auprès de Malesherbes de la commission dont Louis XVI l’avait chargée : le roi voulait que Malesherbes sût – par l’abbé, chargé de le lui transmettre – le nom de la personne à qui le duplicata de son Testament avait été confié, pour le cas où celui remis aux Commissaires de la Commune ne serait pas rendu public.
Malesherbes, après l’avoir entendu, lui déclara :
« …Les scélérats, ils l’ont donc mis à mort ! Et c’est au nom de la Nation qu’ils ont commis ce parricide ! C’est au nom des français qui, s’ils eussent été dignes de ce bon roi, l’eussent regardé comme le meilleur des princes, le meilleur ! Aussi pieux que Louis XI, aussi juste que Louis XII, aussi humain qu’Henri IV, et exempt de leurs faiblesses. Son tort unique fut de nous aimer trop, de se montrer trop notre Père et point assez notre Roi… Son inébranlable vertu a triomphé de leur scélératesse. La Religion seule donne à l’esprit de l’homme la force de soutenir avec tant de dignité des épreuves aussi cruelles !
Sortez de cette ville, mon cher abbé, ne restez pas à Paris, je vous en conjure. Sortez de ce royaume, si vous pouvez. Fuyez une terre maudite, vous n’y trouverez pas d’asile contre des tigres altérés de votre sang. Moi je n’ai rien à redouter, ils savent que le peuple m’aime. Les assassins n’oseront toucher un seul de mes cheveux blancs. Cependant, dès demain, je partirai pour la campagne ; je ne veux plus respirer le même air que les régicides. Adieu, mon cher abbé ; partout où vous irez, soyez assuré que je prendrai l’intérêt le plus vif à tout ce qui vous regarde… »
En 1792, se trouvant à Lausanne chez sa fille émigrée, il revint vite en France et, par fidélité au roi qui l’avait notamment chargé de l’émancipation des protestants et des juifs, il se porta volontaire pour prendre sa défense à son pseudo procès : « J’ignore si la Convention nationale donnera à Louis XVI un conseil pour le défendre, et si elle lui en laissera le choix. Dans ce cas-là je désire que Louis XVI sache que, s’il me choisit pour cette fonction, je suis prêt à m’y dévouer ».
On connaît la réponse de Louis XVI : « Votre sacrifice est d’autant plus généreux que vous exposez votre vie et que vous ne sauverez pas la mienne ».
Le 20 janvier, Malesherbes fit partie de la délégation chargée de notifier au Roi le « verdict » (!), obtenu grâce à une ignominieuse pression sur les votants… Durant la Terreur, en décembre 1793, il fut arrêté avec toute sa famille, ramené à Paris et incarcéré pour « conspiration avec les émigrés » : tous seront guillotinés.
Les prétendues « Lumières » (!) avaient naufragé dans la Terreur !
Le prince Henri de Prusse lui a fait élever un monument à Rheinsberg (ci dessus), avec cette inscription rédigée par Stanislas de Boufflers :
« Il vieillissoit tranquille au milieu de l’orage,
Distrait de ses malheurs par ceux de son pays,
Tout-à-coup il s’élève, et son pieux courage
Ose offrir une égide aux vertus de Louis.
Ce n’est plus pour son Roi qu’il signale son zèle;
Mais il connoît le cœur de ce Roi malheureux ;
C’est l’homme qu’il défend, et de sujet fidèle
Il en devient ami généreux ».
1826 : Deuxième embarquement pour Dumont d’Urville
Nommé commandant de l’Astrolabe, Jules Dumont d’Urville est chargé d’effectuer un second tour du monde.
L’une de ses missions est de retrouver la trace de La Pérouse, navigateur français disparu en 1788. C’est d’ailleurs en son honneur que sa corvette (ci dessous) est ainsi renommée.
Parti de Toulon, il se rendra en Australie et fera le tour de la Nouvelle-Calédonie. Il découvrira les îles Fidji, cartographiera les îles Loyauté, effectuera un relevé des côtes de la Nouvelle-Zélande, entreprendra une exploration des îles Tonga et des Moluques.
Ses rapports ont permis la classification des îles en Mélanésie, Polynésie et Micronésie.
Arrivé à Vanikoro (1828), il confirmera les découvertes du capitaine britannique Peter Dillon : La Pérouse a bel et bien disparu à cet endroit, massacré par des indigènes. Son dernier message reçu datait du 7 février 1788 (éphéméride du 7 février).
Après avoir affronté – et surmonté – mille périls en mer, Dumont d’Urville devait connaître une fin tragique, dans l’un des premiers accidents de train de l’Histoire (éphéméride du 8 mai).
1853 : Naissance de Bertillon
C’est lui qui fonda en 1870 le premier laboratoire de police scientifique d’identification criminelle, et inventa l’anthropométrie judiciaire appelée système Bertillon ou bertillonnage: il avait découvert qu’en prenant quatorze mensurations (taille, pied, main, nez, oreilles, etc.) sur n’importe quel individu, il n’y avait qu’une seule chance sur deux cent quatre-vingt-six millions pour qu’on retrouve les mêmes chez une autre personne.
1915 : Premier emploi des gaz asphyxiant
Lors de la guerre des tranchées, les Allemands utilisent une nouvelle arme à Ypres (Belgique) : des gaz asphyxiants.
Contre ces gaz, les alliés se muniront au début de lunettes et de tampons. Puis ils se protégeront avec des masques respiratoires.
Cette arme toxique, interdite par la déclaration de la Haye de 1899, tua près de 100 000 soldats entre 1915 et 1916.
Il a suffi d’ouvrir les vannes: entre Langemarck et Ypres, une épaisse fumée jaune monte des tranchées allemandes, s’étendant comme un tapis, sur une largeur de six kilomètres.
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes…. voir la photo « 1914 : la France dévastée »
1998 : Mort de Régine Pernoud
Comme Jacques Bainville, Régine Pernoud, au début n’aimait guère l’Histoire; et pour les mêmes raisons que lui : on la lui enseignait mal, on lui enseignait quelque chose d’ennuyeux…
Si Régine Pernoud, qui fut aussi archiviste paléographe – a mené une œuvre d’historienne médiéviste, elle a aussi – et peut-être même surtout… – publié des ouvrages de vulgarisation : ceux-ci mettent en avant la place privilégiée de la femme dans la société médiévale, mais ils ont également contribué, d’une façon décisive, à remettre en cause le mythe d’un « âge sombre » du Moyen Âge, comme, par exemple, Pour en finir avec le Moyen Âge…
Régine Pernoud fut, par ailleurs, une des plus grandes spécialistes de Jeanne d’Arc, et aussi d’Aliénor d’Aquitaine.
De l’Encyclopedia universalis :
PERNOUD RÉGINE (1909-1998)
Mediéviste française. Née le 17 juin 1909 à Château-Chinon (Nièvre), Régine Pernoud est la quatrième d’une famille qui compte quatre garçons et deux filles. Elle passe les dix-neuf premières années de sa vie à Marseille et a toujours gardé le souvenir d’une enfance très difficile matériellement mais joyeuse.
Régine Pernoud a, très tôt, une grande soif de connaissances. Après avoir obtenu sa licence de lettres à Aix en 1929 afin de pouvoir intégrer l’École nationale des chartes, elle devient préceptrice dans une famille. Dans le même temps, elle passe un doctorat de lettres en Sorbonne ; sa thèse, Les Statuts municipaux de Marseille, édition critique du texte du XIIIème siècle., sera publiée en 1949.
Après sa sortie des Chartes en 1933, elle dut attendre quatorze ans avant d’avoir un poste ! Elle effectue alors toutes sortes de travaux, travaille comme répétitrice, classe des fonds d’archives pour des particuliers. Après la guerre, elle suit l’enseignement de Georges-Henri Rivière lors de ses études de muséologie au Louvre. Enfin, en 1947, Régine Pernoud est nommée conservateur du musée de Reims. On lui propose ensuite le poste de conservateur du musée de l’histoire de France qu’elle accepte en 1949, et elle restera aux Archives nationales jusqu’à sa retraite.
En 1974, à la demande d’André Malraux, elle fonde le Centre Jeanne d’Arc à Orléans dont elle sera la directrice jusqu’en 1987. Elle y a rassemblé, sur microfiches, le plus grand nombre possible de textes du XVème siècle ainsi que toute une documentation sur Jeanne depuis le Moyen Âge jusqu’à notre époque, le tout classé suivant un procédé numérique facilement utilisable par les lecteurs.
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J’aime beaucoup vos éphémérides. Mais comment avez-vous pu ignorer le 22 avril 1961 ? A-t-on déjà oublié que des généraux, le commandant Hélie de Saint Marc et tant d’autres ont préféré la prison au déshonneur ?
C’est impressionant!
Au sujet du sordide épisode de la prise de la Bastille dont s’enorgueillissent les écervelés, les ignorants et les misérables, rien de plus juste et de plus pertinent que le chapitre consacré à ce thème par Léon Bloy dans la « Femme pauvre ». Tout y est dit !
Il faudrait que beaucoup de personnes connaissent la verite
Sur les gaz asphyxiants, il faut préciser que durant la Première Guerre mondiale, les Français furent les premiers à utiliser des grenades chargées de gaz bromacétate d’éthyle en août 1914. Après plusieurs mois d’utilisation, cette substance fut remplacée par de la chloracétone, un produit encore plus toxique, et un deuxième type de grenade suffocante apparut en avril 1915. Par la suite les allemands, puis les britanniques utilisèrent le chlore, puis l’ypérite.
Merci à Antiquus pour cette mise au point ; Cette histoire de gaz asphyxiant paraissait curieuse ; contraire à ce qui , de souvenir , était enseigné sur les bancs du lycée .
Etait aussi enseigné qu’un vainqueur se grandit en honorant son adversaire vaincu .