Des banquiers, d’excellents fonctionnaires ou des profs musulmans dénoncent une atmosphère suffocante en France, et menacent de quitter le pays
Cet article intéressant et vigoureux est paru le 26 avril dans Causeur Son sujet étant plutôt d’ordre factuel, nous ne le commenterons pas. Simplement, s’agissant du phénomène frériste, nous conseillons de se reporter à l’importante étude – en 6 parties – de Rémi Hugues parue dans les colonnes de JSF en 2022 et 2023. Lien : Le complot des Frères musulmans contre l’Europe.
Par Aurélien Marq*.
C’est un phénomène méconnu de beaucoup de Français : figurez-vous que des musulmans quittent la France, pays bien trop inhospitalier. Du moins, c’est ce que constate Le Monde pour le déplorer…
Comme toujours quand s’accumulent les « faits divers » et que la réalité brutale de l’islamisation s’impose dans les médias, l’islamo-gauchisme tente d’allumer des contre-feux et de faire entendre sa complainte victimaire. Ainsi, un récent article du Monde évoquant des musulmans qui envisagent de quitter la France alors qu’ils y sont « bien installés », joue sa partition et rencontre ces jours-ci un certain écho[1].
A sa lecture, on pourrait d’abord être tenté par la compassion vis-à-vis des situations évoquées. Du moins au début du texte. Bien vite, l’absence totale d’évocation des victimes de l’islamisme devient insupportable, tout comme le refus de la moindre remise en cause. En 2014, déjà, Abdennour Bidar écrivait dans sa Lettre ouverte au monde musulman : « Tu te réfugies dans le réflexe de l’autodéfense sans assumer aussi et surtout la responsabilité de l’autocritique. Tu te contentes de t’indigner alors que ce moment aurait été une occasion historique de te remettre en question. » Rien n’a changé.
Une « islamophobie » d’atmosphère dénoncée
Le 7 octobre, par exemple, est mentionné dans le texte du Monde. Quatre fois. Comme un « paroxysme ». Mais pas comme un paroxysme d’horreur perpétrée au cri d’Allah akbar, non, seulement comme un paroxysme de « défiance » envers les musulmans. L’origine d’une « double peine », d’une atmosphère devenue « irrespirable, suffocante. » Pas un mot pour les victimes du Hamas. Pas un mot pour nos concitoyens Juifs. Pas un mot pour dénoncer la haine qui se hurle au nom de la Palestine et de l’islam, et qui pour beaucoup de non-musulmans (et même certains musulmans) rend l’atmosphère nettement plus « irrespirable, suffocante » que ne le fait pour les musulmans une « islamophobie d’atmosphère. »
Pire, un de ceux dont Le Monde rapporte les propos déclare : « Depuis le 7 octobre, je ne parle plus. On me soupçonne de tellement de choses déjà, je ne veux pas que l’on rajoute “antisémite” à la liste. » On en déduit que dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas, les propos que l’intéressé souhaiterait tenir seraient interprétés comme antisémites par son entourage… voilà qui laisse songeur.
Le texte reconnaît que « plus personne ne nous traite de “sale Arabe” comme dans les années 1970 ou 1980, personne ne nous traite de “sale musulman” non plus, ni ne nous agresse. » Et si des actes perpétrés contre des mosquées sont décrits (des tags, le dépôt d’une tête de sanglier…), en comparaison des crimes du Hamas ou de ceux de Mohamed Merah (que l’article, répétons-le, ne mentionne que pour déplorer le fait qu’ils « ont contribué à dégrader l’image » des musulmans), leur caractère dérisoire prêterait presque à sourire.
Rappelons d’ailleurs qu’en France, les actes anti-sémites et anti-chrétiens sont nettement plus nombreux que les actes anti-musulmans, alors que du côté des auteurs d’actes répréhensibles la proportion est toute autre, le recteur de la Grande Mosquée de Paris lui-même déclarant il y a peu que « 70% à 80% » des détenus dans les prisons françaises sont musulmans…
La litanie des doléances des musulmans français
Mais alors ? La liste des griefs est des plus révélatrices : on y trouve, pêle-mêle, la « loi sur l’interdiction du port de signes religieux ostensibles dans les écoles publiques, en 2004 », en clair la loi sur le voile dans les écoles, l’injonction de « condamner dans la seconde haut et fort les attentats » commis au nom de l’islam, la dissolution du CCIF, les « polémiques » sur le voile et le burqini, l’interdiction de l’abaya et du qamis dans les établissements scolaires, les « fermetures de mosquées », les « attaques, en décembre 2023, contre l’établissement scolaire Averroès ». Diantre ! Les musulmans « bien installés » sur le sort desquels Le Monde voudrait nous faire pleurer seraient donc gênés de devoir condamner les attentats commis au nom de la religion qu’ils choisissent de professer ? Troublés que l’on critique le voile et le burqini ? Dérangés par l’interdiction de l’abaya et du qamis dans les écoles ? Opposés aux fermetures de mosquées considérées comme trop radicales ? Favorables au CCIF et au lycée Averroès, dont la chercheuse Florence Bergeaud-Blackler rappelait les liens avec les Frères Musulmans (voir plus bas) ? Parmi les personnes que nous présente Le Monde, une femme pour qui il était hors de question d’ôter son voile au travail, et qui a donc choisi de travailler à son domicile, sans que l’article ne songe à questionner si peu que ce soit ses priorités. « La France est en train de perdre beaucoup de talents qu’elle a formés » : si ces « talents » sont favorables au CCIF et au port du hijab dans les établissements scolaires, considèrent le port d’un symbole sexiste militant comme indispensable, et trouvent gênant de devoir condamner les attentats islamistes, la perte ne sera pas bien grande ! On serait même tentés d’y voir un début de remigration qui ne serait pas forcément malvenu.
Peut-être y a-t-il une solution fort simple. La France serait horriblement islamophobe, alors qu’il n’y aurait – bien sûr – aucun problème avec l’islam. Soit. Si l’islam ne pose aucun problème, alors il ne devrait pas être problématique de s’en inspirer, n’est-ce pas ? Proposons donc aux musulmans qui trouvent l’atmosphère française « irrespirable, suffocante » que la France, s’ils préfèrent, les traite désormais de la manière dont beaucoup d’Etats musulmans traitent les non-musulmans. Ou mieux encore : de la manière dont la charia exige que soient traités les non-musulmans ! Comment pourraient-ils s’en plaindre ? Ce serait reconnaître qu’ils ont choisi d’adhérer à une idéologie qui pousse à un comportement inacceptable envers les non-musulmans, et donc qu’il y a bel et bien un problème avec l’islam… ■
Polytechnicien et haut fonctionnaire chargé de questions de sécurité intérieure. On peut également le suivre sur Twitter @AurelienMarq