1331 : Naissance de Gaston Phoebus
Fébus trône « en majesté » entouré de ses veneurs, miniature du Maître des Adelphes, vers 1407, Livre de chasse, BnF.
Phoebus est le nom latin d’Apollon, dieu du soleil. Gaston de Foix et de Béarn – qui prit d’ailleurs le soleil comme emblème – reçut ce surnom flatteur dès sa naissance, en raison de sa grande beauté et de son éclatante chevelure blonde.
Ce n’est pas pour ses qualités politiques qu’il restera dans l’Histoire, car son action fut plutôt erratique : d’abord ami et allié du roi de France Philippe VI, il se brouilla avec son successeur Jean II le Bon, se rapprochant des Anglais, au tout début de la Guerre de Cent ans, puis se réconcilia avec Charles V, et laissa même tous ses biens en héritage à Charles VI, juste avant de mourir.
Ce sont plutôt ses qualités reconnues d’homme de goût, raffiné et grand amateur d’art qui font se souvenir de cet ami de Froissart, qui écrivit de lui :
« J’ai vu bien des chevaliers, des rois, des princes. Mais jamais je n’en vis qui fut de si magnifique stature et de si merveilleuse prestance. Son visage était très beau, coloré et rieur. Ses yeux étaient verts et amoureux. En toutes choses il était parfait. Il aimait ce qu’il devait aimer, haïssait ce qu’il devait haïr. Il était aimable et accessible à toutes gens et il leur parlait doucement et amoureusement. Mais dans son courroux nul n’avait pardon. »
Gaston Phoebus avait pris pour devise Toca-i se gausas (Touches-y si tu oses, qui est encore aujourd’hui la devise des villes de Foix et d’Orthez). Grand amateur de chasse, il écrivit le Livre de chasse, qui reste l’un un des meilleurs traités médiévaux sur le sujet, et curieusement écrit en français, alors que la langue maternelle de Gaston était le béarnais : même Buffon, dans sa célébrissime Histoire naturelle y puisera de nombreuses, et précieuses, informations !
Il composa également un Livre des oraisons, recueil de prières rédigées également en français, mais aussi – poète, grand amateur de musique et compositeur d’œuvres musicales – un recueil de chansons, le chansonnier provençal dit de Saragosse, conservant 18 pièces écrites, elles, non pas en français mais en langue d’oc.
Une tenace tradition orale – loin d’être absurde, ou impossible – lui attribue la paternité du magnifique chant Se canto (ou Aquelas montanhas), qui est de nos jours encore comme une sorte d’air commun, de signal de ralliement dans la beauté, la musique et le chant de tous les peuples du Midi.
Gaston Phoebus aurait composé cette sorte d’hymne, magnifique, en l’honneur de sa première épouse, Mirabel, assassinée alors qu’elle attendait leur premier enfant, par un envoyé de Charles le Mauvais; ou alors parce qu’elle l’aurait quitté, lassée de ses infidélités; ou encore, elle aurait été contrainte de se réfugier en Navarre, loin de lui, et de l’autre côté de ces montagnes, « que tan auto soun ».
Il existe un grand nombre de « textes » de ce chant, chaque province ayant, en quelque sorte le sien. La plus ancienne version écrite connue date de 1349, et elle est en béarnais. Nous donnons ci-après la version provençale, selon la graphie mistralienne.
Refrain
Se canto, que cante ! S’il chante, qu’il chante !
Canto pas pèr iéu : Il ne chante pas pour moi :
Canto pèr ma miò, Il chante pour ma mie,
Qu’es au liuen de iéu. Qui est loin de moi !
Aquéli mountagno Ces montagnes
Que tan auto soun Qui si hautes sont
M’empachon de vèire M’empêchent de voir
Mis amour ount soun. Mes amours là où elles sont.
II
Auto, bèn soun auto, Hautes, elles ont bien hautes,
Mai s’abeissaran Mais elles s’abaisseront,
E mis amoureto Et mes amourettes
Vers iéu revendran. Vers moi reviendront.
III
Souto ma fenèstro Sous ma fenêtre
I’a un auceloun : Il y a un petit oiseau :
Touto la niue canto, Toute la nuit il chante,
Canto sa cansoun Il chante sa chanson
IV
Avau dins la plano En-bas, dans la plaine
I’a ‘n pibòu trauca, Il y a un peuplier troué :
Lou couguiéu ié canto Le coucou y chante
Quand ié vai nisa. Quand il y va nicher.
V
A la font de Nimes, A la fontaine de Nîmes
I’a un amelié Il y a un amandier
Que fai de flour blanco Qui fait des fleurs blanches
Au mes de janvié. Au mois de janvier.
VI
S’aquéli flour blanco Si ces fleurs blanches
Eron d’ameloun Etaient de petites amandes
Culiriéu d’amelo Je cueillerais des amandes
Pèr iéu e pèr vous. Pour moi et pour vous.
1524 : Mort de Pierre Terrail, seigneur de Bayard
Celui que tout le monde connait comme « le chevalier sans peur et sans reproches » était coutumier des actions héroïques : il défendit seul, en 1503, le pont du Garigliano contre 200 ennemis ; en 1515, il contribua d’une manière décisive à la victoire de Marignan (éphéméride du 13 septembre), et François Premier voulut être armé chevalier par lui, sur le champ de bataille.
Témoignant d’un égal courage et d’un égal héroïsme dans la défaite comme dans la victoire, il fut mortellement blessé en couvrant la retraite de l’armée le 30 avril 1524, en traversant la Siesa, après la défaite de Romagnano : avant de mourir, le connétable de Bourbon – qui venait de trahir son roi et la France – vint le saluer, et le plaindre, s’attirant une réponse cinglante : voir notre éphéméride du 18 juillet.
Michel Mourre écrit de lui qu’il fut le « modèle des vertus de courage, d’honneur militaire, de générosité à l’égard de l’ennemi vaincu.».
Ci-dessus : Armure de Bayard au Musée de l’Armée (Hôtel des Invalides)
1803 : Napoléon vend la Louisiane aux Etats-Unis
Les États-Unis achètent à la France de Bonaparte, pour 80 millions de francs – soit 15 millions de dollars – les territoires de la Louisiane, qui avaient été repris à l’Espagne en 1800.
Le Premier Consul compte sur cet argent pour financer la guerre avec l’Angleterre.
De son côté, le président américain Thomas Jefferson peut se féliciter d’avoir doublé la superficie de son pays (dont la Louisiane sera le 18ème Etat) et d’avoir débloqué la frontière du Mississippi, ouvrant la voie à l’expansion de son pays vers l’Ouest.
Pourtant, l’Amérique du Nord avait été visitée par les Français, et aurait pu devenir française pour la plus grande partie de son territoire, s’il y avait eu une émigration massive d’habitants venus de France : mais les Français ne quittaient pas volontiers leur douce France, à la différence des anglo-saxonsqui s’expatrièrent beaucoup plus. C’est ce que montre l’excellent travail de Jacques Bodelle :
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes voir la photo « Rêves d’Empire : Louisiane (III/III) » et les deux précédentes.
1863 : Camerone
Pendant la guerre du Mexique, dans le village de Camerone, 65 légionnaires français, sous les ordres du capitaine Jean Danjou, résistent à une armée mexicaine de plus de 2.000 hommes.
Au bout de 9 heures de combats héroïques, seuls 3 légionnaires sont encore vivants.
En souvenir de ce fait d’armes, ce jour est devenu la fête annuelle de la Légion étrangère, formation militaire française créée par Louis-Philippe en 1831.
Un monument (ci dessus) fut élevé en 1892 sur les lieux de ce fait d’arme. Il porte l’inscription suivante :
ILS FURENT ICI MOINS DE SOIXANTE
OPPOSES A TOUTE UNE ARMEE,
SA MASSE LES ECRASA.
LA VIE PLUTÔT QUE LE COURAGE
ABANDONNA CES SOLDATS FRANCAIS LE 30 AVRIL 1863.
A LEUR MEMOIRE LA PATRIE ELEVA CE MONUMENT.
Et depuis, chaque année, à la maison-mère d’Aubagne – devant le monument qui se trouvait autrefois à Sidi-Bel-Abbès – la Légion célèbre l’esprit de Camerone :
• Écouter : Musique Principale De La Legion etrangere – Gai Legionnaire.mp3
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes voir la photo « Queretaro, Mexique : du rêve fou au cauchemar »
1876 : La statue de Notre-Dame d’Afrique d’Alger est couronnée « Reine d’Afrique ».
Si c’est le 14 octobre 1855 qu’eut lieu la pose de la première pierre de la basilique de Notre-Dame d’Afrique, à Alger, les travaux ne commencèrent réellement que le 2 février 1858. L’édifice fut consacré quatorze ans plus tard, le 2 juillet 1872, par Monseigneur Lavigerie (accessoirement, auteur du fameux « toast d’Alger », prônant ce qui deviendra la politique du « Ralliement » des catholiques à la République, et y préparant les esprits. (éphéméride du 18 novembre).
En mai 1873, Mgr Lavigerie entreprit le transfert de la statue de Marie tout en demandant au Pape Pie IX la faveur de pouvoir la couronner « Reine d’Afrique ». La requête fut agréée et la cérémonie fixée au 30 avril 1876, date retenue pour célébrer Notre Dame d’Afrique sur tout le continent.
La basilique est souvent considérée comme un équivalent, de l’autre côté de la Méditerranée, de Notre-Dame-de-la-Garde, à Marseille :
lemonde/culture/a-alger-la-basilique-notre-dame-d-afrique-retrouve-ses-couleurs
Et, dans notre album L’aventure France racontée par les cartes voir la photo « Conquête de l’Algérie (I) » et les deux suivantes.
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Voyez la Légion : il est des étrangers que nous aimons et admirons !