Par Richard de Seze.
L’association Présence de La Varende a entrepris de publier chez Via Romana les livres qu’on ne trouve plus, voire des recueils de textes épars dans des publications disparues et que La Varende n’avait jamais réunis (comme Mes contes de chouannerie).
Les Gentilhommes parut en 1948. « Ce petit livre prendra sa valeur parmi tous mes bouquins », écrivit Jean de La Varende. « Il est consacré aux débris de l’aristocratie ainsi bien qu’à ses germes. Il donne des regrets et des espérances. » Plaise au Ciel que chaque livre puisse en donner autant.
Être gentilhomme, selon l’auteur, c’est sentir que parmi ses devoirs et ses charges « dominent le courage, la gaieté, la bonne grâce – et le mépris. » Quelle belle idée de faire de la gaieté un devoir et du mépris, une charge (j’y suis exact) !
Les treize héros des treize contes, qui sont des récits vrais transformés en apologues, ne manquent pas de courage, de bonne humeur, d’appétit et d’ironie, celle de La Varende assaisonnant chaque nouvelle, avec aussi l’amour des mots précis (marmenteau : « se dit d’un arbre de haute tige qu’un usufruitier n’a pas le droit d’abattre ») mais ils ont aussi leur part de tristesse et d’amertume et on sent que la pente de l’auteur l’entraîne bien souvent du côté sombre (Un amour).
Qu’importe, on n’est pas obligé de lire tout d’un coup et même les liqueurs amères ont leur mérite, et leur leçon. ■ RICHARD DE SEZE
Jean de La Varende, Les gentilhommes. Via Romana, 2023, 206 p. ; 20 €
Article précédemment paru dans Politique magazine.