CHAPITRE III – UN SAVANT DRACÉNOIS CÉLÈBRE AU CHILI.
Il fut au XIXe siècle botaniste, pharmacien, historien, géographe, géologue, collectionneur, grand-voyageur, etc., bref un savant complet célèbre et célébré en Amérique latine et en Europe occidentale. S’il est à peu près oublié chez nous à présent, il reste fameux en son principal pays d’étude et action : le Chili où il a sa fondation.
Moi-même, je ne le découvris qu’en 2005, lors d’un séjour à Santiago-du-Chili (Photo de droite) où j’eus le bonheur d’être guidé sur le terrain par un enseignant français retiré en Amérique du Sud et fort érudit sur le Chili : M. Jean-Pierre Rabassa. L’homme dont il me conta le brillant cursus était un provençal, un Dracénois : Claude Gay-Mouret (1800-1873), né et mort en Dracénie dans une famille de paysans, devenu une sorte de génie scientifique à la Pasteur voire à la Bianchon, cette sommité médicale inventée par Balzac dans la Comédie humain, à partir de praticiens des années 1800-1850.
À Draguignan en 2024
Ô certes, la cité natale de ce puits de science compte de nos jours une place Claude-Gay avec son buste et même toute la façade aveugle d’un immeuble en plein centre, peinte avec un immense portrait du naturaliste. (Photo de droite) Last not least , le musée des Beaux-Arts de la ville où nous avons commencé cette petite virée historique dracénoise, compte une vitrine avec l’effigie de Gay-Mouret et quelques objets et curiosités de son temps. Mais, sauf parmi les cadres du musée, si vous interrogez des Dracénois, nul ne sait plus rien du grand homme. Localement la faute en revient largement aux dirigeants du collège dracénois où Gay fut éduqué, qui a supprimé en 1968 (pas étonnant ! …) les prix et médailles que cet établissement avait distribués aux élèves les plus méritants chaque année depuis 1879, à partir d’un legs de l’illustre fils du terroir, disparu en 1873 . Un point parmi d’autres du saccage de notre Éducation nationale …
Une vie de voyages
C’est sous Charles X, en 1828, après des incursions en Grèce et Asie mineure, que notre homme partit à la découverte de l’Amérique latino-amérindienne : Brésil, Argentine puis Chili ou il eut une sorte de coup de foudre scientifique pour la terre du cuivre et autres mines fabuleuses. Bientôt parfaitement hispanophone, Gay publia en castillan et en français des études, dont certaines font toujours autorité au pied des Andes, par exemple sur le mercure (1837) ou l’archipel Juan-Fernandez, l’histoire mouvementée de l’indépendance chilienne, les mines du Pérou etc. etc. (Illustration ci-dessus : Santiago du Chili vers 1850).
On se perd a compter les traversées et les séjours de celui qui, outre destinataire de la Légion d’honneur française, fut également naturalisé chilien par son pays d’élection qu’il ne quitta définitivement que sous Napoléon III, en 1863. Gay-Mouret était alors devenu une sorte de sosie physique (Photo ci-contre) d’un autre grand esprit du siècle : Ernest Renan. Le musée dracénois rénové compense en partie l’oubli dans lequel est tombé ici notre compatriote provençal, figure universelle et bienfaiteur du Chili. FIN ■ PÉRONCEL-HUGOZ
Longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, Péroncel-Hugoz a publié plusieurs essais sur l’Islam ; il a travaillé pour l’édition et la presse francophones au Royaume chérifien. Les lecteurs de JSF ont pu lire de nombreux extraits inédits de son Journal du Maroc et ailleurs. De nombreuses autres contributions, toujours passionnantes, dans JSF.
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