Alors que la flamme arrive à Marseille le 8 mai, la ville semble en état de siège
Par Jean-Paul Brighelli.
Cet article – qui colle à l’actualité car Marseille est bel et bien, sinon en état de siège, du moins fortement perturbée – est paru dans Causeur tout juste hier, 7 mai. Son auteur a tôt fait de poser les questions qui fâchent sur les craintes des autorités. Les populations, elles, savent que la France est en train de devenir un État policier pour cause d’immigration massive, et que, par surcroit, lesdites autorités ne cessent de se vanter de l’ampleur des mobilisations de nos forces de maintien de l’ordre qu’elles sont capables d’organiser ! Ce n’est pas cela une société en ordre…. Sauf dans un régime failli. Et c’est notre cas.
Rentrant tout juste du Japon, Jean-Paul Brighelli s’est retrouvé éberlué de se retrouver dans une ville en état de siège. Quatre jours avant que le Belem ne débarque la flamme olympique, les restrictions de circulation et les précautions sont telles qu’on en vient à se demander ce que craignent exactement les autorités.
Le décalage horaire a fait que, couchés à deux heures, nous étions sur le pont et le port à sept heures — soit, au Japon, deux heures de l’après-midi.
Nous sommes donc sortis faire quelques courses pour ré-alimenter cette machine insatiable qu’on appelle un frigo.
½ million de badauds attendus à Marseille
Stupeur et tremblement. À sept heures du matin, des centaines de CRS en armes patrouillaient sur le Quai de Rive-Neuve. Et tout le long du Prado, sur cinq kilomètres, de grosses gueuses de béton coupaient les voies dans l’espoir d’interdire à un camion fou de se précipiter sur la foule — que les autorités estiment à 400 000 badauds mercredi et jeudi prochain. On y arrivera peut-être, malgré les restrictions de circulation — pas de métro, pas de bus, interdiction de se garer, voire de rouler, aussi bien en voiture qu’en deux-roues, et fouille des passants. L’épisode Covid a appris aux Français à obéir à ce genre de contraintes… Et pour faire venir les foules, les autorités marseillaises montent sur le port un concert de Soprano et de Alonzo, deux intellectuels locaux.
Dans le détail, les bars-restaurants restent ouverts, avec interdiction d’offrir des couverts en métal, des verres en verre ou des assiettes en faïence. Interdiction aux serveurs d’arriver en deux-roues à moteur, et ils ne passeront que sur présentation de leurs papiers et d’un contrat de travail. Ça s’annonce compliqué, pour nombre de restos qui font travailler comme des nègres toutes sortes de sans-papiers.
Tout stationnement est proscrit dans un large périmètre, les voitures enlevées, les parkings souterrains fermés. Quant au ferry-boate, comme disait Escartefigue, il ne fonctionne que sous filtre et haute surveillance. Les touristes seront déçus…
Le port bouclé
Demain lundi, le GIGN doit inspecter tous les immeubles, monter sur tous les toits. Une brigade cynophile inspectera tous les bateaux du port qui, allez savoir, pourraient être bourrés de C4. Des plongeurs-démineurs vérifieront toutes les coques — et les voiliers n’ont pas le droit de quitter le port, ni d’arborer des drapeaux autres que celui de leur nationalité. Pour éviter, sans doute, que des islamo-gauchistes vautrés sur leur yawl bermudéen ne hissent les couleurs de la Palestine, ou, horresco referens, celles d’Israël.
Loin de moi de contester la stratégie policière — sinon que les centaines d’hommes mobilisés (et en armes dès ce dimanche matin) auraient mieux à faire dans une ville dopée aux narco-trafics.
Mais je me pose une question.
L’enthousiasme inquiétant d’Amélie Oudéa-Castéra
Les mesures visent de toute évidence à prévenir un attentat. Assez curieusement, rien n’a filtré dans la presse — ni locale, ni nationale — des signalements que les Renseignements généraux font remonter depuis des mois. Mme Oudéa-Castéra, ministre des Sports, se garde bien d’afficher autre chose qu’un enthousiasme délirant.
Apparemment de graves menaces pèsent sur la France (et sur le reste du monde occidental : le Japon prévient sans masque ses ressortissants que l’archipel est passé en « alerte maximum »), et les Français ne sont pas mis au courant.
Ces menaces, il faudrait peut-être avoir le courage de les nommer. Se protéger contre les attaques de camions-suicides, après l’attentat de Nice le 14 juillet 2016 ; se protéger contre les attentats à l’explosif ; avoir la crainte de tireurs embusqués, cela a un nom : la menace islamiste.
Tt-tt, JPB, n’écris pas de mots interdits, que la morale, Libé et Mediapart réprouvent. Déjà que tu passes pour un raciste (sic) et un pilier d’extrême-droite (re-sic — mes lecteurs jugeront)…
Je serais curieux de savoir quelles mesures seront localement prises, au fur et à mesure de la remontée de la flamme vers Paris. Curieux aussi de connaître l’état réel des menaces pour juillet-août dans la capitale : là, ce sont quatre millions de touristes supplémentaires que l’on attend. Autant de cibles. J’y habiterais, je déménagerais deux mois, histoire de voir à la télé l’écroulement des tours jumelles — c’est une métaphore, bien sûr.
En attendant, je vais passer ailleurs cette fin de semaine. Loin de Marseille, où pourtant je suis sûr qu’il ne se passera rien : les narcos veillent à ce qu’aucun excité n’interrompe les affaires. ■
Agrégé de Lettres modernes, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, Jean-Paul Brighelli est enseignant à Marseille, essayiste et spécialiste des questions d’éducation. Il est notamment l’auteur de La fabrique du crétin (éd. Jean-Claude Gawsewitch, 2005).