841 : Début des raids vikings
Les Vikings commencent à faire de fréquentes incursions dans la vallée de la Seine : ils ravagent une première fois Rouen et pillent les abbayes de Saint-Ouen et Jumièges.
On trouve dans ces raids des hommes du nord (les « north men », normands) l’origine directe de l’installation de la dynastie Capétienne. Les Carolingiens, en effet, après les débuts brillants de leur dynastie, se révèleront incapables de protéger les populations contre ces envahisseurs. Et ce sont les Robertiens – ancêtres des Capétiens… – qui, défendant une population abandonnée par ses chefs, trouveront à la longue, dans ce service rendu, la source de leur légitimité.
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo « I/III Les invasions normandes »
De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre IV, La révolution de 987 et l’avènement des Capétiens :
« …Mais, comme les Carolingiens, les Capétiens devront leur fortune aux services qu’ils ont rendus. Robert le Fort, le vrai fondateur de la maison, s’est battu dix ans contre les Normands et il est mort au champ d’honneur. Robert le Fort était certainement un homme nouveau, d’origine modeste puisque la légende lui donne pour père un boucher. Son fils Eudes défend héroïquement Paris contre les mêmes adversaires, tandis que Charles le Gros se couvre de honte.
Charles le Gros déposé, Eudes est candidat à une sorte de consulat à vie. Le duc de France fut élu à Compiègne en 888. Il faudra encore cent ans pour qu’un autre Robertinien, un autre duc de France devienne vraiment roi. Eudes, après avoir essayé d’étendre son autorité, comprit que les temps n’étaient pas mûrs. Une opposition légitimiste subsistait dans l’Est. Un descendant de Charlemagne la ralliait et les petits princes qu’alarmait la nouvelle grandeur du duc de France, leur égal de la veille, soutenaient les Carolingiens pour se consolider eux-mêmes.
Eudes trouva meilleur de ne pas s’entêter. Il réservait l’avenir. Il se réconcilia avec Charles le Simple et transigea avec lui : à sa mort, le Carolingien prendrait sa succession et retrouverait son trône. Cette restauration eut lieu en effet et ce fut une partie politique habilement jouée. Sans la prudence et la perspicacité d’Eudes, il est probable que les ducs de France eussent été écrasés par une coalition… »
Pourtant Charlemagne, couronné en 800 n’est mort que depuis 27 ans. Son immense et si puissant Empire lui aura donc si peu survécu !
Il est vrai que de sombres pressentiments l’avaient assailli – raconte Bainville – au soir de sa vie : ces « pressentiments » étaient liés aux rapports fait à l’empereur au sujet de ces êtres agressifs, venus du Nord – les « north men », ou normands… – sur leurs vaisseaux très maniables : les drakkars. Et, de fait, les premières incursions vikings – débutées en 841 – auront lieu d’une façon constante dès 856, soit cinquante ans à peine après la mort du grand Empereur ! (éphéméride du 28 décembre et du 28 novembre)
L’Histoire se répète : à huit siècles d’intervalles, Louis XIV aura, lui aussi, des « pressentiments »; et, hélas, ces « pressentiments » ne le tromperont pas plus qu’ils n’avaient trompé Charlemagne : le Grand électeur de Brandebourg venait de se proclamer « roi de Prusse » (éphéméride du 18 janvier)
1506 : Louis XII déclaré « Père du peuple »
Par la voix de Thomas Bricot, chanoine de Notre-Dame de Paris, les notables assemblés au Plessis-lès-Tours décernent à Louis XII – le fils du poète Charles d’Orléans – le titre de Père du Peuple.
Bricot justifiait cette consécration par trois arguments : la paix intérieure dans laquelle le roi avait maintenu son royaume, la réduction de la taille du quart de son montant et la réformation de la justice, accomplie pour l’essentiel entre 1499 et 1501.
D’autres textes disent « …pour avoir réprimé la licence des gens de guerre, pour avoir abandonné à son peuple le quart des tailles, pour avoir réformé la justice et appointé partout de bons juges ».
Voltaire l’a célébré ainsi, dans La Henriade :
« Le sage Louis XII, au milieu de ces rois,
S’élève comme un chêne et leur donne des lois.
Il pardonna souvent, il régna sur les cœurs,
Et des yeux de son peuple il essuya les pleurs. »
A lire les contemporains de Louis XII, la France connaît alors un âge d’or.
Claude de Seyssel écrit :
« …Par les champs aussi, on connaît bien évidemment la copiosité du populaire, parce que plusieurs lieux et grandes contrées, qui étaient incultes ou en friches ou en bois, à présent sont tous cultivés et habités de villages et de maisons…. Le royaume est plus riche en argent et en autres biens qu’il ne l’avait été jusqu’ici…. »; il explique que « les maisons sont remplies de meubles somptueux » et que le recouvrement des tailles se fait « plus aisément, avec moins de frais et de contraintes qu’au temps des derniers rois » parce que « on a mis en culture ou défriché nouvellement le tiers du sol ».
Après les tragédies de la Guerre de Cent ans, les épidémies se raréfient, ainsi que les disettes, et une phase de croissance démographique – entre 1470 et 1540 – permet à la population de retrouver ses niveaux d’avant la terrible Peste noire de 1348.
L’enrichissement et le mieux-être général, le développement de la production, l’accroissement de la population et l’optimisme partagé qui découle de tous ces facteurs font de ce siècle « le beau XVIème siècle ». C’est très certainement là qu’il faut chercher l’origine des réussites de Louis XII, et du surnom flatteur qu’il a reçu.
Statue équestre de Louis XII, au-dessus de la porte d’entrée du château de Blois (Démolie à la Révolution, et restituée par la suite).
1610 : Assassinat d’Henri IV
Alors que le carrosse royal s’engage rue de la Ferronnerie, ruelle étroite et encombrée, François Ravaillac saute sur le marchepied et poignarde Henri IV. Il sera écartelé place de Grève. Rue de le Ferronnerie: une plaque au sol marque le lieu de l’assassinat (Photo).
Louis XIII n’ayant que 9 ans, Marie de Médicis assurera la régence.
Elle fait partie de ces six femmes (dont quatre étrangères, ce qui était son cas) qui ont exercé la totalité du pouvoir en France, sous la monarchie, à l’occasion des Régences :
- Blanche de Castille (régente pour Saint Louis, et qui mourut d’ailleurs reine de fait, puisqu’exerçant une deuxième fois la « régence » pour permettre à son fils de rester quelques temps en Terre sainte…);
- Anne de Beaujeu (pour Charles VIII);
- Louise de Savoie (pour François 1er);
- Catherine de Médicis (pour Charles IX);
- Marie de Médicis (pour Louis XIII);
- Anne d’Autriche (pour Louis XIV).
Le couteau d’un fanatique a tranché sa vie, mais la postérité, à son tour, a tranché : pour le quatrième centenaire de son assassinat, « le bon roi Henri » fait la Une – élogieuse… – des revues et magazines ! Ici, Le Pèlerin et Le Figaro Magazine.
Ainsi, le grand roi qui mit fin à la guerre civile que furent les Guerres de Religion fut-il, malgré tout, victime d’une conséquence lointaine de ces mêmes guerres; une sorte de « queue de comète », pourrait-on dire.
Et pourtant : comme son règne avait été réparateur ! Le titre du chapitre X de l’Histoire de France de Bainville dit déjà tout : » Henri IV restaure la monarchie et relève l’Etat « :
« …En même temps, peu à peu, revenaient le calme et l’ordre. Aux premières années du dix-septième siècle, le passif du seizième commençait à se liquider. Le relèvement économique et financier alla du même pas que le relèvement politique. Avec Sully, type nouveau de l’homme d’affaires protestant, Henri IV travailla à rétablir la fortune de la France. Le délabrement du pays, le désordre de l’administration, l’appauvrissement des familles, étaient immenses. Lorsque le roi souhaitait que chacun pût, le dimanche, mettre la poule au pot, il évoquait des années de privations. Lorsque Sully disait l’autre mot célèbre : « Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France », il partait de cette idée juste que l’agriculture est la source de notre richesse. On reconstruisit, comme on reconstruit toujours, avec du bon sens, par le travail et l’épargne, avec des principes paysans et bourgeois. Sur sa base agricole, sa terre qui récompense toujours le labeur, la France refit de la richesse. Comme on dit, les affaires reprirent. Des industries, encouragées par le gouvernement, se fondèrent. L’esprit d’entreprise se ranima et nos Dieppois commencèrent nos colonies… »
1643 : Mort de Louis XIII
Singulier destin – pour l’Histoire – que d’être le fils d’Henri IV et le père de Louis XIV ! Un peu comme celui de Philippe III, fils de Saint Louis et père de Philippe le Bel…
De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XI, Louis XIII et Richelieu, la lutte nationale contre la Maison d’Autriche :
« … Envahie en 1636, la France, en 1642, avait avancé d’un large pas vers ses frontières historiques du Rhin et des Pyrénées. Rien n’était pourtant achevé, la guerre continuait du côté allemand et du côté espagnol, lorsque, cette année-là, le cardinal mourut. Cinq mois après Louis XIII le suivit dans la tombe. Ces deux hommes unis par la raison d’État, on peut dire par le service et non par l’affection, ne peuvent plus, pour l’histoire, être séparés.
Ce qu’ils avaient demandé à la France, pendant près de vingt ans, c’était un effort considérable de discipline, d’organisation, d’argent même. Richelieu, appuyé sur le roi, avait exercé une véritable dictature que le peuple français avait supportée impatiemment, mais sans laquelle l’œuvre nationale eût été impossible… »
Ni le Roi, ni le Ministre ne verront – cinq ans plus tard… – l’achèvement et le couronnement grandiose de leur oeuvre et de leur politique: les Traités de Westphalie. C’est pourtant à eux qu’on les doit, même si c’est Mazarin – introduit par Richelieu – qui les signera au début du règne de Louis XIV :
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo « Les Traités de Westphalie, chef-d’œuvre absolu »
1952 : Champs de Bataille classés Monument historique
La Fronde aura eu au moins ce mérite-là : exilé par Mazarin en Normandie, d’où il ne devait jamais plus revenir, Alexandre de Créqui s’y fit construire un superbe château, avec des jardins non moins superbes.
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