1509 : Consécration de la cathédrale Saint Jean Baptiste de Perpignan
Patrimoine des Pyrénées orientales, la cathédrale de Perpignan.
1770 : Mariage du duc de Berry (futur Louis XVI) avec Marie Antoinette d’Autriche
Ou : Voulu par Louis XV, le renversement des alliances en action.
Un triomphe de la lucidité politique, mais qui devait, de fait, dresser une opinion passéiste et rétrograde, qui raisonnait au « passé prolongé », contre la monarchie, novatrice et « progressiste » au véritable sens du terme : les vraies « lumières », les vrais « éclairés » étaient du côté de Louis XV et de la royauté, et l’obscurantisme et le passéisme du côté de ceux qui deviendront… les révolutionnaires !
De cette époque date aussi la « tradition négative » d’admiration de la Prusse, partagée par un grand nombre des autoproclamés « philosophes », et la formulation du funeste « principe des nationalités », qui devait aboutir à l’unité allemande : Lumières, Révolution, première République, premier et Second Empire et partisans de « l’amitié » franco-allemande sous la IIIème République, tous travaillèrent ainsi dans la plus parfaite « intelligence avec l’ennemi »… pour la création et la consolidation d’un État prussien, puis allemand, qui nous fit tant de mal.
Dans notre album Maîtres et témoins (II) : Jacques Bainville, voir les deux photos 1756 : le divorce entre Royauté et opinion (I) et 1756 : le divorce entre Royauté et opinion (II)
« Le « renversement des alliances » est un événement considérable dans notre histoire. Tout naturellement les austrophobes, les partisans aveugles de la tradition se récrièrent, et le pire fut que, bientôt, aux yeux du public, le résultat malheureux de la guerre parut leur donner raison. De l’alliance autrichienne date le divorce entre la monarchie et la nation, et ce sera encore, trente-cinq ans plus tard, le grief le plus puissant des révolutionnaires, celui qui leur donnera le moyen de renverser et de condamner Louis XVI.
Par le premier traité de Versailles, le gouvernement français n’avait conclu qu’une alliance défensive. Elle fut étendue après l’accession et les succès de Frédéric, mais, par un second traité, nous prêtions notre concours militaire à l’Autriche contre la promesse d’étendre notre frontière dans la partie méridionale des Pays-Bas autrichiens, d’Ostende à Chimay, le reste devant former un État indépendant, esquisse de la future Belgique, qui serait attribué à l’infant de Parme, gendre de Louis XV. Connues de nos jours seulement, les instructions de Bernis, devenu ministre des affaires étrangères, à Choiseul, nommé ambassadeur à Vienne, ont montré que l’alliance avec l’Autriche avait été l’effet du calcul et non du caprice.(Portrait : Marie Antoinette d’Autriche. Sur le voyage qui la conduisit de Vienne à Paris, voir notre éphéméride du 21 avril).
L’expérience, disait Bernis, a prouvé que nous avions eu tort de contribuer à l’agrandissement du roi de Prusse. L’intérêt de la France est qu’aucune puissance ne domine l’Allemagne et que le traité de Westphalie soit respecté. Or Frédéric a saisi l’occasion de notre conflit avec l’Angleterre pour s’allier avec cette puissance dans l’idée que nous serions trop occupés sur les mers pour nous opposer à ses entreprises dans les pays germaniques. Si nous laissions le roi de Prusse en tête-à-tête avec l’Autriche, il serait à craindre qu’il n’arrivât à ses fins et que le système de l’Allemagne fût bouleversé à notre détriment. Il ne restait d’autre parti que de répondre aux avances de l’Autriche et de s’associer à elle pour défendre l’équilibre européen.
En 1756 et en 1757, Bernis a donc compris que le danger en Allemagne était prussien. Il a vu aussi combien notre tâche devenait lourde, puisque, au moment où l’Angleterre nous provoquait à une lutte redoutable, nous étions engagés par Frédéric dans une guerre continentale et dans la complexité des affaires de l’Europe centrale et orientale. Cette complexité. s’accroissait du fait que l’impératrice de Russie entrait dans la coalition contre la Prusse, car nous avions à protéger notre autre et ancienne alliée, la Pologne, contre les convoitises de l’Autriche et de la Russie, nos associées, sans compter que, pour avoir le concours des Russes, il avait fallu conseiller à la Pologne de ne pas se mêler du conflit. On a ainsi l’idée d’un véritable dédale où la politique française se perdit plusieurs fois. La diplomatie secrète embrouilla souvent les choses en cherchant à résoudre ces contradictions. Mais on ne peut pas incriminer à la fois le « Secret du roi » et le renversement des alliances puisque le « secret » était polonais et cherchait à réserver l’avenir de nos relations avec la Pologne malgré nos liens avec la Russie et l’Autriche… »
1920 : Canonisation de Jeanne d’Arc
La Basilique Saint-Pierre de Rome, le jour de la canonisation.
Le pape Benoît XV canonise Jeanne : moins de deux mois après, pour la célébrer, le parlement français décrètera « le deuxième dimanche de mai, jour anniversaire de la délivrance d’Orléans » jour de Fête nationale.
« …Mgr Galli prend la parole et dit : « Voici donc venir l’heure que les bons attendent depuis si longtemps. L’autorité de Pierre va sanctionner la vertu universellement suréminente de Jeanne d’Arc. Que l’univers catholique dresse l’oreille et qu’il vénère dans l’héroïne, libératrice admirable de sa Patrie, une splendide lumière de l’Eglise triomphante ! »
A ces mots, l’Assemblée entière se lève et le Pape, mitre en tête, prononce la solennelle sentence :
« En l’honneur de la Sainte et Indivisible Trinité, pour l’exaltation de la Foi Catholique et pour l’accroissement de la religion chrétienne, par l’autorité de Notre Seigneur Jésus Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, après une mûre délibération et ayant souvent imploré le secours divin, nous décrétons et définissons Sainte et nous inscrivons au catalogue des saints la Bienheureuse Jeanne d’Arc, statuant que sa mémoire devra être célébrée tous les ans le 30 mai dans l’Église Universelle. »
La Geste héroïque de Jeanne est un moment fondamental de notre Histoire nationale : ses moments essentiels en sont relatés dans ces éphémérides aux 25 février (rencontre de Jeanne et du Dauphin, à Chinon), 8 mai (libération d’Orléans), 18 juin (victoire de Patay), 17 juillet (sacre de Reims), 23 mai et 21 novembre (capture, et livraison aux Anglais), 30 mai (martyre), 16 mai (canonisation), 10 juillet (instauration de la Fête nationale).
Et, aussi, pour le retour définitif en France de l’anneau de Jeanne, célébré comme il se devait au Puy du Fou : voir l’éphéméride du 20 mars.
Cette éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :
De la question du « renversement des alliances », il convient toutefois de ne pas oublier que la première faute fut commise par l’Autriche elle-même, dans son acharnement à se gagner la totalité de l’héritage espagnol … De cet acharnement résultera l’alliance avec l’électeur de Brandebourg et le duc de Savoie maître fourbe patenté et la terrible Guerre de la Succession d’Espagne (1701-1714) au terme de laquelle l’Autriche, si elle gagne quelques provinces compensatrice à sa renonciation à la succession espagnole est obligée de tenir les promesses de la double alliance Savoyo-prussienne : accorder la double qualité royale à l’électeur et au duc !!!
» … l’Autriche était agrandi, mais en laissant naître deux royautés nouvelles qui devaient lui être funestes plus tard » (Bordier et Charton – Histoire de France)
La plus rapide de ces royautés nouvelles, ce sera la Prusse qui, dès 1740, va contester la position encore éminente de l’Autriche en Allemagne en s’emparant de la Silésie … Trois grandes guerres (1740-42 – 1744-46 – 1756-63) seront nécessaires pour que cette annexion devienne définitive !!!
Entretemps, de fait, a eu lieu le « renversement des alliances », la France, dupée par un Frédéric II incomparablement plus « réaliste » que Louis XV (parce que cynique) et doué d’un génie militaire annonçant Napoléon, s’étant alliée avec l’Autriche … tout en semblant « oublier » (mésestimant, en tout cas) que son véritable ennemi, en l’occurrence, était l’Angleterre :
« … la France dénonça à l’Europe la violation flagrante du traité de Westphalie et dirigea trois armée sur l’Allemagne, l’une en Westphalie avec le maréchal d’Estrée, l’autre vers le haut Rhin avec Richelieu, l’autre sur le Mein avec Soubise, qu allait bientôt acquérir une fâcheuse célébrité. De la guerre maritime avec l’Angleterre, la véritable ennemie, à peine en était-il question ». (Bordier et Charton – Ibid)
Cette guerre « de Sept Ans » s’achèvera par un DESASTRE pour la France : ne gagnant rien en Europe comme « monnaie d’échange » (comme lors du traité d’Aix-la-Chapelle de 1748), elle perdra pratiquement tout son 1er Empire colonial au bénéfice de l’Angleterre : le Canada, la Louisiane cédée en compensation à l’Espagne, l’Inde, un instant promise !!! De ce jour (10 février 1763 – traité de Paris) commence l’élévation de l’Angleterre et, on DOIT le dire, la condition SINE QUA NON à la croissance de la langue anglaise aux dépens du français …
Jacques Bainville, cet immense historien (et quel écrivain !), si attentif à sa germanophobie, ne semble pas l’avoir suffisamment souligné :
« Au traité de Paris, cette leçon fu payée de notre domaine colonialpresque entier. Le Canada, la rive gauche du Mississipi, le Sénégal sauf Gorée, l’Inde suaf les quelques comptoirs que nous y possédons encore : le prix de notre défaite était lourd, d’autant plus lourd que les bases de l’Empire britannique étaient désormais jetées. Cependant ce n’en était que les bases. Cette grande victoire, l’Angleterre aurait encore à en défendre les résultats et, tout de suite, elle le sentit, elle reprocha à son gouvernement de n’avoir pas mis la France aussi bas que Pitt s’y était engagé » (Jacques Bainville – Histoire de France).
Certes, ce seront les guerres de la Révolution (quelle folie que d’avoir déclaré la guerre à l’Angleterre le 1er février 1793) et de l’Empire et la défaite finale de Waterloo qui consacreront la victoire définitive de l’Angleterre dans la « Seconde Guerre de Cent Ans » (1689-1815) … Mais il m’apparaît que les conséquences militaire du renversement des Alliances sont à l’origine, pour la France, de la croissance de sa VERITABLE ennemie : l’ANGLETERRE qui, conformément à sa DETESTABLE politique de « bascule », saura jouer de la carte allemande contre la France (1792-1815) et jouer de la carte française contre l’Allemagne (1914-1945) !!!
(A Michel Loncin) : bravo et merci pour cet excellent approfondissement de notre Ephéméride… Il y en a 366 dans l’année : ne vous gênez surtout pas pour intervenir de nouveau lorsqu’un sujet vous inspire !…
Cette politique de renversement des alliances ne fut en fait jamais menée complètement ni sincèrement. Pour que la France pût y trouver son avantage, il fallait que l’accroissement français fût accompagné d’un accroissement corrélatif de l’Autriche. Pour parler clair, que la cession des Pays-Bas autrichiens à la France fût compensée par la récupération de la Silésie, conquise en pleine paix par le prédateur Frédéric II, ou à défaut, de la Bavière, convoitée par Joseph II. Sinon, cette politique ne menait à rien. Bainville a raison de justifier cette politique de Choiseul, mais il masque le fait qu’elle fut sans effet, comme le remarque M. Loncin. Du reste, les évènements postérieurs à la guerre de sept ans vont continuer à montrer ce déplorable irréalisme sous la houlette de Breteuil: la paix de Teschen, tant vantée par Bainville et Gaxotte pour avoir consacré la France comme « arbitre de l’Europe », consacre surtout l’abaissement de la France, qui ne peut « arbitrer » que lorsqu’elle trahit ses alliés et renonce à tout avantage pour elle-même. Le résultat est qu’en 1787, le gouvernement de Maurepas, un des pires ministres que la France ait connu, ruiné par la guerre américaine, lâche nos alliés « regenten » aux Pays Bas du nord, et les laisse massacrer par les prussiens appelés à la rescousse par le Stathouder. Une alliance doit être faite avec des objectifs précis. Si ces objectifs sont réalistes, il faut la mener à fond.