Pour rebâtir une patrie.
Par Michel MICHEL.
JSF ayant mis en ligne le 15 mai, en mémoire du jour où la Corse devint française (1768) le Dio vi salvi Regina, l’hymne corse – comme la Coupo Santo est celui des Provençaux – Michel Michel nous a adressé le commentaire qui suit. Michel Michel a le don des formules claires qui définissent et expliquent des idées de fond. Merci à lui !
« Dio vi salvi Regina », admirable hymne corse, auprès duquel La Marseillaise avec son « sanguimpur » qui « abreuve nos sillons » me fait honte.
Certes, le nationalisme conséquent doit assumer toute notre histoire mais il faut bien reconnaître la face sombre de la France quand elle se trahit elle-même.
La philosophie « des Lumières » et le jacobinisme restent les prototypes de tous les totalitarismes de la modernité.
Pour rebâtir une patrie, il faut savoir évaluer notre héritage ; c’est là que « la tradition doit être critique ». ■
Maître de conférence en sociologie.
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En plein dans la modernité, comme nous sommes, la Tradition ne peut apparaître que «critique» Et, en effet, comme le dit Michel, il s’agit bien de ne pas tout confondre dans l’«héritage»… Et c’est justement à la lumière de la Tradition (qui n’a rien à voir avec la ou les convention[s]) qu’il nous revient d’observer les faits et gestes attachés à l’Histoire et/ou à une patrie.
Il s’ensuit logiquement que «La Marseillaise» ou «la Bête vêtue de blanc, de bleu, de rouge» (Pierre Pascal) ne sauraient être comptés dans notre patrimoine. Sauf dans les systèmes mal doctrinés du genre Zemmour (qui se trouve n’être qu’un journaliste moderne, duquel on ne doit rien attendre de plus que ce qu’il est capable de donner). L’adaptation des notions élevées – comme celle de l’empirisme organisateur, ou des analyses suprêmement intellectuelles de Bainville – au goût des cervelles déconstruites par les cursus universitaires ne doit pas nous conduire à confondre les gymnastiques politologiques des diplômés avec la pensée aristocratique de l’«élite» véritable. Cela me remet en mémoire la réflexion centenaire d’un certain Italien (dont j’ai oublié le nom) : «Il y a ceux qui ont des diplômes, et les aristocrates.»
Aucune aristocrate, jamais, n’admettra l’odieux des vers de l’hymne révolutionnaire français ; il ne pourra qu’avoir honte, tout comme Michel, à l’idée que ceux-ci puissent, de près ou de loin, se trouver attachés à notre «patrie». Cela dit, en l’occurrence, il me semble préférable d’employer le mot de «nation» : ce dont nous sommes natifs, ce à quoi nous appartenons par DEVOIR de naissance.