Il n’est pas impossible que L’Humanité ait un peu raison, que le Provençal Gaudin ait partagé un fond d’idées avec Maurras. Seulement, J.C. Gaudin avait-il une autre idée que celle de sa carrière ?

Gaudin était un Provençal, enraciné par l’accent et la culture, surtout chrétien, plus précisément catholique, proche des bonnes sœurs, des curés et des archevêques, et habile à se servir de ces singularités si claironnées par ses soins, pour promouvoir son idée centrale, égotiste au plus haut point, celle de sa personne et de sa carrière. Il se trouve que cette dernière devait se déployer dans le cadre du Système politique français, puisqu’il était, c’est à dire, à la mairie de Marseille, à la suite de Gaston Defferre, à la Région, au Parlement, dans les partis, et pour finir au Sénat, où tout s’achève, où tout dure plus longtemps qu’ailleurs, et dans le sillage des Chefs successifs de ce que l’on hésite aujourd’hui à encore appeler l’exécutif. 

J.C. Gaudin voyait bien vers quels déclins nous conduisaient les vices de fond du Système où il s’activait. Sans-doute le déplorait-il. Il n’avait ni l’âme, ni le courage, ni la vocation d’un Maurras pour s’en extraire et le combattre. Quels « électeurs » l’auraient suivi ? Quelle carrière eût été la sienne ? 

Il connaissait l’Action Française, il respectait les personnalités régionales qui l’avaient incarnée, Quand il était un jeune élu d’importance à venir, il venait aux rassemblements royalistes de Montmajour ou des Baux. Il donnait sa carte à l’entrée pour qu’il fût salué à la tribune à l’heure des discours. il avait reçu le Prince plusieurs fois, avec égards, chaleur et sympathie dans sa Mairie Louis XIV, dessinée par Puget . Il avait dans son bureau un buste du même Louis XIV et de sa fenêtre, il disait regarder chaque jour la Bonne Mère tout en face. Il avait expliqué au Prince Jean que c’étaient là ses deux sources d’inspiration. Le sectarisme n’était pas son fort. Sans-doute se fût-il fort bien accommodé d’une monarchie qui lui eût donné sa place. 

Elle n’était pas là. Et lui, Jean-Claude Gaudin, comptait plus que tout.

Voilà. Qu’il repose en paix dans la terre de Provence.