Présentation des Éditions de Flore publiée par l’Action Française, reprise ici par JSF pour l’information de ses lecteurs. Un lien sur le catalogue des productions des Éditions de Flore peut sembler utile, le voici : Librairie de Flore.
À la toute fin du XIXe siècle, raconte Charles Maurras dans un livre de souvenirs, lui-même et quelques jeunes intellectuels patriotes avaient pris l’habitude de se retrouver tous les jours « Boulevard Saint-Germain, au coin de la rue Saint-Benoît, assis de guingois » sur leurs chaises « au premier étage d’un café de quartier que décora jadis une statue de sa marraine, la jeune Flore, au-dessus de la porte d’entrée ». C’est là, un demi-siècle avant que « le Flore », envahi par Sartre, Beauvoir et les existentialistes, ne devienne le grand quartier général de la gauche bien-pensante, que Maurras et ses amis vont élaborer, en fumant, en mangeant et en buvant, les premiers éléments d’une réflexion nationale et royaliste « sous le signe et la protection de cette déesse du printemps ». C’est sous le signe de cette même déesse, dans l’héritage de cette tradition qui est aussi celle de la critique constructive, de l’ouverture et de la libre discussion, qu’ont été fondées les Éditions de Flore. Leur objectif est aussi simple qu’ambitieux. Elles se proposent, d’une part, de rééditer de façon scientifiquement satisfaisante les textes classiques de la doctrine « néo-royaliste » ; d’autre part, d’en montrer la fécondité en poursuivant la réflexion, y compris dans des directions que n’auraient pu imaginer les joyeux convives de Flore, à travers la publication d’essais, d’études savantes, mais aussi de pamphlets, de nouvelles, de romans et, pourquoi pas, de livres de cuisine.
Aux Éditions de Flore, plusieurs collections :
• Au signe de Flore, dirigée par Axel Tisserand
Centrée sur l’œuvre de Charles Maurras et reprenant pour titre celui du livre de souvenirs publié, en 1933, par le penseur du « nationalisme intégral », la collection « Au signe de Flore » constitue le navire amiral des Éditions de Flore. Elle se donne pour objectif de faire connaître (ou mieux connaître) son œuvre immense, en publiant des textes classiques ou inédits, accompagnés d’une introduction et de notes visant à les éclairer en les replaçant dans un contexte qui n’est plus familier au lecteur contemporain. Le rouge de la couverture, couleur traditionnelle du pouvoir en Occident, renvoie au point de départ de la construction doctrinale maurrassienne : Politique d’abord !
• Maîtres et témoins, dirigée par Charles de Meyer
L’œuvre intellectuelle de Charles Maurras n’est pas tombée du ciel avant de disparaître sans laisser de trace. Au contraire, elle s’enracine dans une tradition que Maurras n’a jamais hésité à reconnaître, celle de la philosophie antique et médiévale, de la pensée classique, du conservatisme et de la contre-révolution. Par ailleurs, elle a suscité d’emblée un nombre important de disciples, de continuateurs ou de compagnons de route. C’est à cet ensemble apparemment hétérogène, mais présentant une réelle cohérence interne, qu’est consacrée cette collection. Quant à la couleur de la couverture, elle est un clin d’œil aux Princes d’Orange et à leur royale devise : « Je Maintiendrai »
• Actualité et permanence de la monarchie, dirigée par Stéphane Blanchonnet
« On démontre la nécessité de la Monarchie comme un théorème. La volonté de conserver notre patrie française une fois posée comme postulat, tout s’enchaîne, tout se déduit d’un mouvement inéluctable », écrit Maurras au début du XXe siècle dansL’Enquête sur la Monarchie. Un siècle et quelques décennies plus tard, non seulement la formule n’a pas pris une ride, mais la monarchie, réponse à la nécessité d’une politique du temps long, apparaît à beaucoup d’égards plus actuelle que jamais, tant il est devenu évident que les problèmes réellement importants ne se règlent ni durant les cent jours qui suivent une élection présidentielle, ni même durant les quelques années du mandat. La couleur verte de la couverture signifie que c’est du côté des princes que se trouve l’espérance.
• La Dentelle du rempart, dirigée par Olivier Coté
Il importe de tenir la forteresse contre les assauts des barbares : d’où l’importance de la solidité des remparts, et de la dentelle de pierre qui les surmonte, là où se trouvent les guetteurs et où auront lieu les combats décisifs. Cette collection entend rappeler quelles furent, dans l’ordre des idées, les batailles d’autrefois, notamment en s’intéressant aux revues et en proposant des présentations et des anthologies des principales d’entre elles (La revue grise, La Nation française, Aspects de la France, JSF, Réaction, etc.). En parallèle, elle s’interroge sur les combats d’aujourd’hui, sur les raisons de s’engager et sur la manière de le faire. La couleur bleue symbolise cette volonté de défendre la Cité et la civilisation.
• Kiel et Tanger, dirigée par Aristide Leucate
En 1972, Georges Pompidou, lors d’une conférence à Sciences Po, déclare, après l’avoir cité, que « quelqu’un qui n’a jamais été mon maître à penser, tant s’en faut, Charles Maurras a, dans Kiel et Tanger, dès 1910, prévu le monde actuel » : le monde, les menaces qui pèsent dans ce cadre sur les nations de taille moyenne, mais aussi les difficultés d’une démocratie, surtout parlementaire, face aux questions diplomatiques et internationales. La collection Kiel et Tanger, qui aurait pu prendre pour titre celui d’un des grands livres de Jacques Bainville, est centrée sur ces questions : géopolitique, affaires étrangères, construction européenne et souverainisme. La crème des problèmes, d’où la couleur des couvertures, qui rappelle en outre celle de l’ancien drapeau de la France, repris comme emblème par les royalistes du XIXe siècle.
• L’Ordre et le désordre, dirigée par Christophe Boutin
L’essence de la démarche maurrassienne consiste à refuser les constructions a priori et à se soumettre humblement aux enseignements de l’expérience pour tenter de discerner les réponses politiques les plus pertinentes – autrement dit, les plus favorables à l’intérêt national. Sans doute l’histoire n’elle pas un catalogue de solutions toutes faites, susceptibles d’être reproduites telles quelles : mais elle n’en est pas moins un immense réservoir de faits et d’expérimentations, qui permettent de déterminer de façon relativement sûre, à partir de ce qui a fonctionné, ce qui peut marcher et ce qui ne le pourrait en aucun cas. La collection L’ordre et le désordre publie donc des ouvrages historiques, anciens ou contemporains, avec une prédilection pour les périodes de crise et les révolutions, qui sont les plus susceptibles de fournir des pistes à la réflexion contemporaine. La couverture est noire, comme le drapeau de l’anarchie qu’il faut combattre.
• La bagarre de Fustel, dirigée par Frédéric Rouvillois
Pendant plus d’un siècle, la Sorbonne a joué un rôle important,donc le déploiement de la pensée contre-révolutionnaire, comme du reste dans l’opposition à celle-ci. Les débats houleux autour de l’historiographie, de la légende nationale, du romantisme ou, plus tard, de la nomination de Pierre Boutang à la chaire de métaphysique de la Sorbonne, ont été des moments-clefs dans l’histoire française de cette pensée. Cette collection, portant couverture jaune comme la toge des professeurs de lettres, réunit des études universitaires (thèses, mémoires de Masters, colloques, etc.) consacrées à l’étude de ces courants de pensée.
• Les Morticoles, dirigée par Rémi Soulié
Le titre de la collection renvoie à la première grande dystopie de Léon Daudet, Les Morticoles (1894) où, plus d’un siècle avant le confinement et les « Conseils de défense sanitaires », l’auteur imagine un pays dominé par l’hygiénisme et dirigé par des médecins. Le roman dystopique s’est développé à partir de cette époque, notamment pour démontrer que le paradis sur terre décrit par les utopies et annoncé par les apôtres du Progrès dissimule un avenir infiniment moins souhaitable. D’où l’intérêt d’y consacrer une collection, d’une part afin de rééditer des textes anciens, français ou étrangers qui s’avèrent souvent (atrocement) prophétiques, d’autre part pour publier des ouvrages contemporains, la vogue actuelle du genre dystopique répondant à un besoin très largement ressenti. Quant au gris de la couverture, il indique ce qui nous attend si nous ne réagissons pas.
• Le Petit Poussin, dirigée par Richard de Sèze
« Le petit poussin brise sa coquille et se met à courir. Peu de choses lui manquent pour crier : “Je suis libre”… Mais le petit homme ? » Sur un mode souriant, c’est à cette interrogation fondatrice, l’incipit de La politique naturelle de Maurras, que fait allusion le titre de cette collection. Celle-ci entend publier des livres ou des images qui permettront au « petit homme » de grandir puis de se mettre à courir à son tour, « dans l’enceinte d’une autre nature empressée, clémente et humaine » qui lui offrira le nécessaire. ■