1637 : Parution du Discours de la méthode
Le Discours de la Méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences est la première grande œuvre philosophique et scientifique écrite en français, et non en latin, Descartes souhaitant être accessible à tous.
Il y prône le doute méthodique et le recours à la raison, décidant de volontairement mettre en doute toutes ses connaissances et opinions. Que reste-t-il de cette remise en question : que c’est lui, sujet, qui doute. Or, pour douter, il faut penser. Donc, si je doute, je pense, et si je pense, je suis.
Le doute, qui au départ mettait tout en question, se renverse ainsi, et devient au contraire source de certitude, celle de l’existence du sujet pensant.
1638 : Naissance de Pierre Magnol
Dans le Jardin des plantes de Montpellier, le plus ancien de France, créé sous Henri IV, en 1593.
C’est un autre botaniste célèbre, Charles Plumier (éphéméride du 20 novembre) qui a eu l’idée de donner à certaines espèces le nom de botanistes méritants : Pierre Magnol, médecin montpelliérain et fils d’apothicaire, s’est donc vu attribuer… le magnolia !
Vrai scientifique, faisant preuve d’une remarquable finesse d’analyse, Pierre Magnol eut l’idée du classement des plantes par « familles », au-dessus du groupe des « genres » (comme on, le faisait déjà en zoologie) : » J’ai reconnu que les animaux se divisaient en familles, distinguées par des caractères spéciaux… J’ai retrouvé tous ces degrés d’affinités dans les plantes. » Alors que les classifications de l’époque se basaient sur des données artificielles (feuilles, graines, fruits…), Magnol introduisait, tout simplement, un classement véritablement scientifique des espèces : « …Il y a entre certaines plantes ressemblance et une affinité qui n’apparaît pas dans les parties séparées, mais qui résulte de l’ensemble ».
Gêné et retardé dans sa carrière par ses convictions réformées, Pierre Magnol – qui abjura le protestantisme – dut attendre la mort de son élève Joseph Pitton de Tournefort – qui fut son élève à Montpellier – pour accéder à l’Académie des Sciences. Et ce ne fut qu’après son abjuration que Louis XIV lui permit d’obtenir une chaire à la Faculté de médecine de Montpellier, dont il était diplômé, avant de lui confier, trois ans plus tard, la direction du Jardin botanique de Montpellier (ci contre).
Pierre Magnol décrivit 2.000 espèces nouvelles, dans 75 familles : malheureusement, on ne sait pas où se trouve son herbier : il ne se trouve pas à Montpellier, qui possède pourtant 3,5 millions d’échantillons de plantes, mousses et champignons (la deuxième collection de France, après celle du Muséum national d’Histoire naturelle).
1795 : Mort de Louis XVII
Depuis deux ans, un petit enfant est cruellement, épouvantablement soumis à un infanticide aussi lent qu’inhumain : le 3 juillet 1793, le petit roi Louis XVII, âgé alors de cinq ans, est arraché des bras de sa mère, et va rester seul, avec ses monstrueux bourreaux, les Sanson (éphéméride du 3 juillet, et les lignes de Balzac consacrées à cet horrible infanticide).
Aujourd’hui – enfin, serait-on tenté de dire, tant il s’agit, en un certain sens, d’une libération, de la fin de l’horreur… – ce petit enfant meurt seul, dans la prison du Temple, après presque deux ans d’une destruction méthodique, monstrueusement réglée jusque dans ses moindres détails.
Il est le troisième personnage de la trilogie martyre : Louis XVI, Marie-Antoinette, Louis-Charles, duc de Normandie.
Sans gouvernement et sans puissance, cet enfant était Roi légitime : il était Louis XVII, successeur de son père Louis XVI. Ce sont les Rois martyrs.
Ce 8 juin 1795, ce petit enfant martyrisé depuis plus de deux ans cesse enfin de souffrir : isolé, en proie aux terreurs nocturnes sans que jamais personne ne vienne répondre à ses détresses, rongé par la maladie due à ses conditions inhumaines de détention, la mort libère enfin le petit Louis-Charles, duc de Normandie, devenu Louis XVII – et deuxième roi martyr – à la mort de son père, Louis XVI, premier roi martyr – le 21 janvier 1793.
« L’enfant emmuré tel un cadavre au sépulcre, tenu dans un total isolement affectif et social, rongé par la vermine, ses articulations déformées et semées de tumeurs, passa seul sa dernière nuit en ce monde, sans avoir jamais cessé de croire que sa mère était encore présente à l’étage au-dessus de lui. » (Edmonde Charles-Roux, de l’Académie Goncourt).
Écouter In Paradisum du Requiem op.48 de Fauré
« In paradisum deducant te angeli, in tuo adventu suscipiant te martyres, et perducant te in civitatem sanctam Jerusalem. Chorus angelorum te suscipiat, et cum Lazaro quondam paupere aeternam habeas requiem. » (Que les Anges te conduisent au paradis, que les martyrs t’accueillent à ton arrivée, et t’introduisent dans la Jérusalem du ciel. Que les Anges, en choeur, te reçoivent, et que tu jouisses du repos éternel avec celui qui fut jadis le pauvre Lazare)
De Victor Hugo : ODE A LOUIS XVII.pdf
(Royaliste fervent, et membre du cercle des très proches de Chateaubriand, à l’époque où il composa cette Ode superbe, Hugo « dévia » malheureusement par la suite : voir l’éphéméride du 22 mai)
Encore pire que celui de ses parents, l’assassinat programmé d’un petit enfant – par définition innocent de tout crime – est l’horreur encore repoussée, l’abomination totale. L’enfance martyrisée et massacrée, les bornes sont franchies: il n’y a plus de limites à l’horreur.
Ceux qui ont rejeté Dieu, en se prenant eux-mêmes pour les réorganisateurs du monde, démultiplient au centuple les erreurs et les horreurs – par ailleurs bien réelles – de la religion et de la société qu’ils prétendaient combattre, abolir et remplacer. Les abominations se feront – à partir d’eux, et à cause de leurs présupposés idéologiques – sur une échelle mille fois fois supérieure à tout ce qui avait été connu avant.
Staline, Hitler, Mao, Pol Pot sont déjà nés dans le sillage de Robespierre; le mépris absolu de la personne humaine, les camps de la terreur et de l’extermination de masse sont en germe dans les décrets de la Convention.
On lira dans le lien ci-dessous les travaux définitifs de Philippe Delorme sur l’enfant du Temple (repris dans notre éphéméride du 19 avril : 2000 : L’expertise ADN révèle que l’enfant mort le 8 juin 1795 dans la prison du Temple est bien Louis XVII, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette)
« Les Français le savent-ils ? Au cœur de leur Histoire, il y a un infanticide. Cet infanticide fonde la légitimité de leur Etat moderne. Un enfant-roi a été sacrifié volontairement sur l’autel du Moloch républicain. La Terreur ? Un procédé de gouvernement inventé par la République, recopié jusqu’aujourd’hui et on sait comment. Des têtes coupées pour exprimer un nouveau droit absolu de diriger le monde ? C’est qu’il fallait que le sang royal et populaire giclât pour fonder l’ordre nouveau. C’est ainsi que la France se dit encore aujourd’hui un modèle pour le monde. Effectivement ! Et l’Enfant-roi Louis XVII ? Eh bien, ce fut pire : après avoir tué le roi parce qu’il était roi, la bande qui prétendait diriger la Révolution, comité de salut public en tête avec Robespierre et Commune de Paris avec son procureur et son substitut, Chaumette et Hébert, décidèrent de faire du petit Capet l’instrument de la condamnation de sa mère et il eut à cet effet pour précepteur Simon l’alcoolique. Puis l’horreur, savamment voulue, ayant été accomplie, il fallait, en enfermant l’enfant de manière ignoble, le réduire en rebut de l’humanité. Ce fut consciemment voulu, strictement exécuté. Thermidor ne le sauva pas. Mais, du moins, un peu d’humanité entoura ses derniers moments. Il mourut, il avait dix ans… Le crime est là, injustifiable » (Hilaire de Crémiers)
Sur Louis XVII, voir également les éphémérides du 27 mars (jour de sa naissance) du 19 avril (sur les travaux de Philippe Delorme, établissant définitivement que l’enfant mort au Temple est bien Louis XVII).
1939 : Charles Maurras est reçu à l’Académie Française par Henry Bordeaux
Il y avait été élu le 9 juin 1938. Il occupa le 16ème fauteuil, qu’occuperont après lui le duc de Lévis Mirepoix, Léopold Sédar Senghor et Valéry Giscard d’Estaing.
Ci dessus, Charles Maurras en costume d’Académicien (Archives de l’Académie) et, ci dessous, Charles Maurras prononçant son discours (du site Maurras.net)
Ci-dessous encore : allocution improvisée de Charles Maurras dans les bureaux de l’Action Française après son élection à l’Académie.
1959 : Mort de Jean de la Varende
Château de Bonneville, Le Chamblac (ci dessus) et (ci dessous) la couverture des Manants du Roi en livre de poche
« …le souvenir porte en soi une vitalité supérieure, et nous ramène à cette notion suprême : la chaîne, dont nous ne sommes qu’un maillon ».
« »Avec Roger Tainchebray mourait ultimement l’Ancien Régime, le prestige et l’amour : la vraie démocratie, celle qui ne condamnait pas l’âme du chef à s’abaisser aux désirs de la masse, mais qui soulevait cette masse de la poésie, de la noblesse de son chef. »
1969 : A Montmajour, premier Rassemblement Royaliste d’une longue série
Voir notre note : Les Rassemblements royalistes de Provence… 35 ans d’action politique
Notre album L’Aventure des Rassemblements Royalistes en Provence présente, en 57 photos, l’important militantisme, sur trente trois ans, qu’ont représenté les Rassemblements royalistes de Montmajour, Saint Martin de Crau et Les Baux de Provence : en voici cependant quelques unes du tout premier rassemblement.
La longue suite des rassemblements royalistes de Provence (1969-2005) fait maintenant partie de l’histoire du royalisme français. En quelque sorte, ce sont, au moins pour certains d’entre eux, des documents d’archives que nous présentons ici.
Mettons quelques chiffres en perspective : c’est en 1969 que s’est tenue la première de ces grandes réunions, et en 2005 la dernière : elles s’étalent donc sur une période de 36 années. Compte-tenu de 2 ou 3 années d’interruption, cela représente une impressionnante série de 33 réunions.
Vladimir Volkoff (ci dessus) est venu parler aux Baux, comme Gustave Thibon (ci dessous), le prince Sixte de Bourbon-Parme, Jacques Maurras, Pierre Boutang, Pierre Debray, Marcel Jullian, Jacques Trémollet de Villers, Michel de Saint Pierre, Michel Déon, Jean Raspail, Jean-Marc Varaut, Gérard de Gubernatis, Jean Sévillia, Gérard Leclerc, Hilaire de Crémiers, Jean-Philippe Chauvin, Jacques Luporsi, Houchang Nahavandi, Pierre Bernard (maire de Montfermeil).
Par leur durée, leur régularité, leur ampleur, l’importance des moyens publicitaires mis en œuvre pour leur organisation, par leur écho dans les médias régionaux et nationaux, leur impact en Provence et dans le Midi, par l’ensemble des personnalités qui y sont intervenues, ces rassemblements occupent une place singulière dans ce que fut le royalisme français de cette période. La venue des Princes, en 2002, les a, en quelque sorte, parachevés.
2002 : deux traditions vivantes se rencontrent: au sortir de la messe dans l’église Saint Vincent des Baux, la Nation Gardiane et la Famille capétienne se saluent mutuellement.
L’action prend aujourd’hui des formes nécessairement différentes. Les royalistes français ont su s’y adapter. Mais les rassemblements royalistes de Provence ont laissé des traces profondes. Ces images en restituent l’esprit qui, par delà les formes, demeure bien vivant.
Rien n’aurait été sans lui: modèle de dévouement et de générosité, Pierre Chauvet – président de l’Union Royaliste Provençale, organisatrice des Rassemblements – tout donné à ses idées et à ses fidélités.
Voici deux montages vidéos : le premier permet d’entendre Pierre Chauvet, Gustave Thibon, Jacques Luporsi, Jacques Maurras, Pierre Debray, Michel de Saint-Pierre…lors des Rassemblements Royalistes de Montmajour (1969/70/71) et Saint Martin de Crau (1972).
1970 : Le général de Gaulle rend visite au général Franco
Ce 8 juin 1970, au moment de leur rencontre, il reste à Franco un peu plus de cinq ans à vivre; à de Gaulle, un peu moins de cinq mois
Lors de la parution de l’ouvrage de Michel del Castillo, Le temps de Franco, Jean Sévillia avait posé « la » bonne question, dans Le Figaro magazine :
« …On omet toutefois de se poser une question : que serait-il advenu si c’était l’autre camp – dominé, à la fin, par les communistes les plus stricts – qui avait gagné la guerre civile ? A-t-on jamais vu des staliniens indulgents ?… »
Et, à la fin de son article, Sévillia rapporte ce fait historique :
« En 1970, après avoir quitté l’Elysée, le général de Gaulle rencontrera Franco à Madrid. Il a raconté son entretien à Michel Droit : « Je lui ai dit ceci : en définitive, vous avez été positif pour l’Espagne. Et c’est vrai, je le pense. Et que serait devenue l’Espagne si elle avait été la proie du communisme ? »
Ils se sont rencontrés, et ils se sont ont parlés : lui, de Gaulle, qui a très probablement – ne serait-ce qu’en pensée(s) – rêvé à une réinstauration de la royauté en France; et lui, Franco, qui a réussi à la réinstaurer en Espagne.
Oui, que serait devenue une Espagne membre de l’empire marxiste ? Songeons à la poubelle écologique que sont devenues la Roumanie avec Ceaucescu ou des régions entières de la Russie; à l’omniprésence de la Stasi en Allemagne de l’Est et de la Securitate en Roumanie; au Goulag de Russie bien sûr; et à tout ce qui a représenté pour près de la moitié de l’Europe, pendant près de 40 ans, ce règne sans partage, tragique et sanglant, du marxisme-léninisme, le plus épouvantable cauchemar et la plus horrible tragédie dont l’Histoire gardera le souvenir…
Tous les amis de l’Espagne diront, bien sûr, que l’idéal aurait été que la guerre civile n’ait jamais lieu. Il n’en demeure pas moins que, la tragédie s’étant produite, et n’en déplaise aux tenants de l’histoire orientée, Franco a ipso facto évité à l’Espagne le sort des démocraties populaires de l’Europe de l’Est. Et, que cela plaise ou non, ce simple fait est éminemment positif pour l’Espagne, pour la France et pour l’Europe.
Sur le rôle éminemment positif de Franco dans les affaires internationales, durant la seconde Guerre mondiale, voir l’éphéméride du 23 octobre.
En France, tous ceux qui se pourléchaient les babines lorsqu’on serrait la main de Mao poussèrent des cris d’orfraie, en apprenant cette visite.
Didier Godard raconte :
« ….En 1970, les époux de Gaulle partirent – le 3 juin – dans la DS noire, sans précautions particulières de sécurité. Ils parcoururent des centaines de kilomètres sous un soleil de plomb, s’arrêtant au bord des routes pour pique-niquer. Ils visitèrent la Castille, la Galice, l’Andalousie, l’Estramadure, et Saint-Jacques de Compostelle, pèlerinage auquel le Général attachait une particulière importance. De Gaulle avait déclaré avant de partir : « Naturellement, je verrai Franco. » La rencontre eut lieu. Franco, écrit Jean Mauriac dans son livre Mort du Général de Gaulle, mit les petits plats dans les grands, fut « très heureux » d’accueillir de Gaulle et fit part à notre ambassadeur de sa « profonde satisfaction ».
Ainsi Franco a rencontré deux chefs de l’Etat français : Pétain, avant qu’il ne le devienne, et de Gaulle, après qu’il ait cessé de l’être.
…Les réactions en France furent vives, même chez certains des plus fidèles soutiens du Général. François Mauriac, dans son Bloc-Notes, se déclara « glacé » par cette rencontre. Malraux confia à son biographe Jean Lacouture qu’il aurait quitté le gouvernement si de Gaulle avait fait cette visite en tant que chef d’Etat. »
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