1144 : Consécration du chevet de Saint Denis
C’est un triomphe personnel pour l’abbé Suger, qui en présence du Roi Louis VII, inaugure le nouveau chevet lumineux de l’abbaye, en remplacement de celui du vieil édifice carolingien.
C’est aussi et surtout l’affirmation d’un art nouveau par ses techniques et par son esprit : l’art ogival, ou art français (ce n’est que trois siècles plus tard, à la Renaissance, que – dans un amour exclusif de l’Antiquité – l’on méprisera ce style jugé barbare, donc gothique).
L’abbé Suger, créateur de l’art gothique
Voir notre album
La Basilique de Saint Denis, nécropole royale
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ou
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En utilisant toutes les opportunités qu’offre le fonctionnement par pilier porteur, et non plus par muralité, les architectes poussent la croisée d’ogives, déjà connu des architectes romans, aux plus extrêmes limites. Qui leur permettent, entre autres, de faire entrer la lumière à flot dans les édifices religieux, autrefois beaucoup plus obscurs : c’est une véritable théologie de la lumière que Suger libère ainsi, et dont il livre le premier exemple à Saint-Denis.
Mais, pour en arriver là, il a fallu « 3 ans, 3 mois et 3 jours » à cet homme qui « petit de corps et de famille, poussé par sa double petitesse, refusa dans sa petitesse d’être petit » (selon son épitaphe) ! Il peut être fier et heureux: l’art Ogival (dit aussi art français) vient de naître.
Architecture nouvelle, il est à l’image du royaume capétien, en pleine expansion.
À propos de son œuvre, voir l’éphéméride du 13 janvier, jour de la mort de Suger.
Et, dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo « Expansion de l’art ogival (ou « art français) »
1738 : Naissance de Christophe Oberkampf
Industriel allemand d’origine, naturalisé français, Christophe Oberkampf a fondé la Manufacture royale de toiles imprimées de Jouy-en-Josas, où était fabriquée la célèbre toile de Jouy.
En 1756, à 18 ans, le jeune Oberkampf entra comme graveur dans une manufacture de Mulhouse et, trois ans après, en 1759, il proposa à Antoine Guernes, Suisse au service du roi de France, de s’associer pour la création d’une manufacture de toiles imprimées avec des planches de bois gravées, à Jouy-en-Josas.
Les premières toiles furent imprimées en mai 1760 et, en 1770, Oberkampf fut naturalisé français. Il remplacera vite les planches de bois par des plaques de cuivre, gravées également, mais souples, qui vont pouvoir être fixées sur des tambours cylindriques : l’entreprise entra, ainsi, dans l’ère de la mécanisation.
En 1783, la fabrique reçut du roi Louis XVI le titre de Manufacture royale et en 1787, Oberkampf reçut du roi le titre d’écuyer, ainsi que le droit d’utiliser des armoiries et sa devise Recte et vigilanter (Avec droiture et vigilance).
Lui et son entreprise traverseront la Révolution sans dommage, et, le 20 juin 1806, à l’occasion d’une visite des ateliers, Napoléon lui décernera la Légion d’honneur.
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1784 : « Ce mur murant Paris rend Paris murmurant » : Calonne accepte la construction du Mur des Fermiers généraux
Depuis l’arrivée au pouvoir des Capétiens, en 987, la ville de Paris, à l’image de la dynastie, de la France et de sa puissance, ne cessait de s’étendre et de grandir. Une multitude de problèmes pratiques découlaient tout naturellement de cette expansion, en quelque sorte, indéfinie : police et sécurité; hygiène, salubrité et approvisionnement d’une population toujours plus nombreuse; et, bien sûr, problèmes fiscaux, liés aux taxes et aux perceptions des droits de douane pour les marchandises entrant dans la ville (l’octroi).
Après les règnes de Louis XIV et Louis XV, la puissance française avait tellement augmenté, et la ville-capitale s’était tellement modifiée et étendue, que plus aucune règle fiscale ne s’appliquait vraiment, et que la perte par non-recouvrement des droits sur les marchandises était énorme : non seulement pour le Trésor royal, mais aussi pour les Fermiers-généraux, qui étaient chargés de percevoir ces impôts. Il fallait, de toutes manières et de toute évidence, faire quelque chose.
Le « mur murant Paris » rapporté au Paris d’aujourd’hui
Par une lettre datée du 22 février 1784, Louis Auguste Le Tonnelier de Breteuil, secrétaire d’Etat de la Maison du Roi, adressa à Antoine-Louis Lefebvre de Caumartin, Prévôt des Marchands de Paris, un mémoire de la Ferme générale concernant l’établissement d’un mur de clôture sur la rive gauche : l’idée était lancée.
Le 7 mai, Caumartin lui donna son accord sur la nécessité d’endiguer la fraude tout en précisant qu’il ne fallait pas sous-estimer des réactions imprévisibles de la population.
Le 11 juin de la même année, le projet d’une enceinte devant enfermer Paris fut présenté à Charles-Alexandre de Calonne, contrôleur général des finances par le premier commis de la Ferme, Pierre Joseph de Colonia.
Le plan général, établi par le scientifique et fermier-général Antoine Lavoisier, fut accepté. Selon ce projet, environ soixante-neuf hectares furent nouvellement assujettis aux droits d’entrée et six cent quarante-trois hectares rendus à la taillabilité.
Ainsi, Paris, qui avait connu plusieurs enceintes militaires tout au long de son histoire, se dota-telle pour la première fois d’une ceinture, complète cette fois-ci, mais destinée non à la protéger militairement mais à mieux faire rentrer l’impôt, et, donc, forcément impopulaire.
Pourtant, conçue et réalisée par le grand architecte Ledoux (ci contre), ce mur devait être très beau : il enfermait 3.370 hectares, et comportait, au niveau des passages, appelés barrières, une cinquantaine de bâtiments, appelés propylées. Il y avait 57 barrières, gardées par les employés de l’octroi.
Cette splendide parure, tout à fait originale, qu’aucune autre grande ville n’a jamais possédée, fut l’ornement – et la détestation – de Paris pendant soixante ans. Déjà abimée pendant la Révolution, elle fut presque intégralement démolie en 1844, lors de la construction de l’enceinte de Thiers, décidée par Louis-Philippe, ce qui est bien regrettable, du strict point de vue esthétique, architectural et patrimonial.
Aujourd’hui, il ne subsiste plus du « mur murant Paris » que quatre monuments :
Pourquoi « d’Enfer » ? On ne sait pas vraiment. Trois possibilités : la rue d’Enfer, qui débouchait là, traversait le faubourg Saint-Jacques, réputé au Moyen-Âge – à tort ou à raison – « lieu de débauches et de voleries »; ou bien ce nom est une modification de via inferior (voie inférieure), la rue Saint-Jacques étant, elle, via superior (voie supérieure); ou bien encore il s’agirait d’un dérivé du surnom donné à une porte de l’enceinte de Philippe-Auguste, porte qui était, tout simplement, « en fer ».
Et la barrière du Trône, place de la Nation, avec ses deux guérites supportant deux colonnes de 28 mètres de haut (surmontées en 1845 des statues de Saint-Louis et de Philippe-Auguste).
…et ses deux pavillons identiques, au Nord
Claude-Nicolas Ledoux est également l’auteur du chef d’œuvre qu’est la Saline royale d’Arc et Senans, classée Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1982 (éphéméride du 18 novembre). Cela dit, la Saline royale d’Arc et Senans n’aurait pas été un moindre chef d’œuvre si cette distinction onusienne lui avait manqué.
1909 : Tremblement de terre meurtrier en Provence
Le séisme, de magnitude 6,2 sur l’échelle de Richter, fait 46 morts et 250 blessés, et touche Salon, Vernègues, Lambesc, Saint Cannat et Rognes :
1916 : La « Tranchée des baïonnettes »
De Michel Mourre (Dictionnaire encyclopédique d’Histoire, page 4514) :
TRANCHEE DES BAÏONETTES. Nom donné à une tranchée de la défense de Verdun, située à l’ouest du fort de Douaumont. Le 11 juin 1916, ses défenseurs, appartenant au 1er bataillon du 137ème d’infanterie, y furent ensevelis par un bombardement allemand d’obus de 150 et 210; seules leurs baïonnettes continuèrent à émerger du sol.
1928 : Naissance de Michel Mourre
Très présent dans ces éphémérides, cet autodidacte érudit s’est très rapidement – dans sa courte vie : 49 ans – entièrement consacré à l’Histoire.
Il a défrayé la chronique, à 22 ans, avec le « Scandale de Notre-Dame », lorsque, le 9 avril 1950, avec trois de ses amis, il se rendit dans la cathédrale Notre Dame de Paris, pendant la messe de Pâques, et monta en chaire pour annoncer aux fidèles : « Dieu est mort … pour qu’enfin vive l’Homme. » Les quatre jeunes gens furent arrêtés et l’événement provoqua un grand scandale dans la presse.
Mais, très vite, il passa à autre chose, et devint ce qu’il est resté, en décidant de se spécialiser dans l’Histoire : son Dictionnaire Encyclopédique d’Histoire, publié chez Bordas et couramment appelé « le Mourre », est l’une des Bibles indispensables pour quiconque veut connaître et comprendre l’histoire universelle…
Il a écrit également un remarquable Charles Maurras, préfacé par Henry Bordeaux et Pierre Dominique (aux Éditions universitaires, « Classiques du XXème siècle », Paris, 1953).
Pour bien comprendre pourquoi il a rédigé son Dictionnaire :
Gilbert Comte sur Michel Mourre.pdf
2010 : Le Collège des Bernardins reçoit le Prix du Patrimoine culturel de l’Union Européenne/Concours Europa Nostra, dans la catégorie « Conservation ».
Ce 11 juin 2010, en récompense d’une restauration exemplaire, le Collège des Bernardins a reçu le Prix du Patrimoine culturel de l’Union Européenne / Concours Europa Nostra, dans la catégorie « Conservation ».
Ce prix récompense chaque année les meilleures réalisations de mise en valeur du patrimoine culturel.
Le 4 novembre 2010, la cérémonie locale de remise de prix s’est tenue dans le Collège : une plaque commémorative est visible en bas de l’escalier XVIIIe.
C’est dans ce lieu prestigieux et magnifique que le pape Benoit XVI, le 12 septembre 2008, a rencontré « le monde de la culture » et a prononcé son discours magistral, repris comme l’un de nos Grands Textes :
GRAND TEXTE : Discours du pape Benoît XVI au collège des Bernardins.
2012 : Le Louvre préempte l’un des plus beaux chefs d’oeuvre de Bouchardon
Il s’agit d’un buste exceptionnel, représentant Charles Frédéric de La Tour du Pin, marquis de Gouvernet (1698-1762), préempté à 3.750.630 € par le Musée du Louvre.
Ce buste en marbre blanc, d’une exceptionnelle puissance et d’une impressionnante vérité, œuvre magistrale de l’artiste, a été exposé au salon de 1738 et est resté dans la famille depuis 1736, devenant l’un des plus grands chef-d’oeuvres de la sculpture française du règne de Louis XV conservé en mains privées.
Il est signé au revers EDMONDUS BOUCHARDON SCULPTOR REGIUS FACIEBAT
Edmé Bouchardon fut certainement le sculpteur le plus célèbre du règne de Louis XV, considéré par ses contemporains, confrères et amateurs, comme l’incarnation la plus éblouissante du renouveau de l’art de la grande sculpture française. Sa carrière fut jalonnée de commandes royales et privées prestigieuses, parmi lesquelles figurent le monument funéraire de la duchesse de Lauraguais, la fontaine de la rue de Grenelle… sans oublier sa participation à la Place Louis XV (aujourd’hui, de la Concorde).
Éloigné du portrait de cour et de toute autre représentation sculptée de l’époque, le buste en marbre du marquis de Gouvernet rompt avec l’art du portrait développé par les sculpteurs français depuis le règne de Louis XIV. Il doit être considéré comme la toute première manifestation de l’Antiquité appliquée au portrait en buste d’une personnalité française au XVIIIe siècle.
Dans sa composition, Bouchardon fait preuve d’une incroyable audace et s’affiche comme le sculpteur le plus avant-gardiste de son temps. Ce type de représentation met en scène le modèle en le présentant telle une figure héroïque caractérisée par la nudité, totale ou partielle, à laquelle Bouchardon apporta quelques éléments modernes, notamment le traitement réaliste de la chevelure et le rejet de la composition axiale du visage par rapport au corps, en le plaçant volontairement de profil.
Il s’agit de la première personnalité française représentée « à l’antique ».
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