Proposé à la perspicacité des lecteurs, sans internet, bien sûr.
Par auteur mystère.
« Là est la contradiction de l’homme, le nœud de sa maladie… Il croit que tout ce qu’il pourrait faire, toute action qu’il dirigerait, toute force qu’il lancerait servirait d’abord à sa chute, en se retournant contre lui. Alors, autant qu’il le peut, il démolit. ll a le génie de diviser, de semer les jalousies, d’empêcher. Et tout ce qui n’est pas assez pourri, assez dans sa main, il l’abat. Il fait cela parce que c’est dans sa nature et aussi par pure politique délibérée. Le *** est un art psychologique de gouvernement par l’abjection, par la réduction subtile de tous à l’abjection. « J’ai appris à n’avoir confiance que dans les coquins », proclame-t-il souvent. Alors, au milieu des ruines, son « système » aboutit à la complicité d’une bande – on pourrait même dire d’un « gang » sur un pays dégradé. Et il se croit assez fort, par son habileté, pour être toujours à la hauteur, pour maintenir ce « gang » contre tout par une série de « coups » ■
C’est dans « sa nature » d’aller à sa perte, non sans le plaisir pervers de nous y entraîner. Bien vu. Echapper au vertige de l’autodestruction, de sa profonde complicité de fait avec les destructeurs, ultime jouissance de ce mauvais rêve. Sommes -nous des moutons? Réveillons-nous.
Cet «auteur-mystère» ressemble furieusement au siècle qui est le sien (XXe ou XXIe, à coup sûr) ; il n’y a guère de mystère au fond cette espèce de nihilisme, intellectuellement tout à fait snob (i.e. «sans noblesse»).
«[L’homme] fait cela parce que c’est dans sa nature», avance notre auteur-mystère. Eh bien non ! Si l’homme serait capable de faire ceci ou cela, c’est pour une raison exactement contraire, cela tient à ce qu’il lui est arrivé de sombrer dans une CONTRE-NATURE, justement.
Et c’est tout le problème du Mal : Où se situe-t-il ? D’où vient-il ? Où va-t-il ? … Quel est-il ?
La nature de l’homme n’est pas le mal. Ce qui est mal est inhumain ou, plutôt, infra-humain : non IN-conscient, mais SUB-conscient.
D’où ce qu’a répété Nietzsche, après quelques prédécesseurs dont je ne me rappelle plus les noms : «L’homme est quelque chose qui doit être dépassé.»
Moyennant quoi, tout homme qui ne cherche pas à se dépasser – effectivement, cela va sans dire – risque de se sous-traiter, de se sous-estimer, de se livrer à plus bas que lui.
Blaise Pascal a commis une grossière erreur en situant l’homme entre l’ange et la bête, pour cette raison fondamentale que l’homme ne provient pas de la bête, tandis que, au-delà de lui-même, il peut connaître un prolongement angélique.
Il y a des apparences d’homme qui ne sont radicalement pas ce qu’ils paraissent ; espèces de «golem» ou de «robots», seuls et exclusifs représentants du «mal» en exercice.