1672 : Ils ont traversé le Rhin !
Lors de la guerre contre la Hollande, les Dragons de Louis XIV franchissent le Rhin au Gué de Tolhuys et envahissent les Pays-Bas. Le lieu-dit Tolhuys désigne la maison de douane, près d’Arnhem, où l’armée franchit le Rhin à gué (Arnhem fait, ajourd’hui, partie de l’agglomération Arnhem-Nimègue).
Les Dragons de Noailles sont nés en 1688 sous la direction de la famille de Noailles. Dès l’hiver 1674-75, ils ont à leur tête Henri de la Tour d’Auvergne-Bouillon, maréchal de France et vicomte de Turenne, connu comme Monsieur de Turenne.
Ci dessous, Dragon vers 1705
Écoutez
Les Dragons de Noailles (chanté)
Les dragons de Noailles (Instrumental)
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo Vers le Rhin et les deux suivantes.
Voir aussi notre album Drapeaux des Régiments du Royaume de France.
1709 : Louis XIV écrit à la Nation
La longue et terrible Guerre de succession d’Espagne – qui visait à mettre un Bourbon sur le trône d’Espagne, conformément aux vœux du dernier roi Habsbourg et du peuple espagnol – dure depuis presque dix ans; les forces françaises sont presque partout défaites; l’hiver est peut-être le plus rigoureux que la France ait connu.
L’épuisement du pays est tel que le Roi a proposé la paix à nos adversaires, mais ceux-ci exigent de lui des conditions humiliantes et impossibles à satisfaire : il faudrait abandonner le roi d’Espagne – le petit-fils de Louis XIV ! -, livrer Bayonne et Perpignan, rétablir dans le royaume la religion prétendument réformée, et remettre aux huguenots les places fortes de Bordeaux et de La Rochelle. Il faudrait faire boucher le port du Havre et raser Dunkerque. Il faudrait céder l’Alsace et la Franche-Comté, le Dauphiné et la Provence !
Louis XIV aura alors ce mot : Puisque l’on me force à faire la guerre, j’aime mieux la faire à mes ennemis qu’à mes enfants. (ci contre, Philippe V, roi d’Espagne, petit-fils de Louis XIV)
Il adopte donc le parti d’écrire à tous les habitants du royaume une lettre, dans laquelle il leur explique la situation et leur demande de poursuivre l’effort de guerre. Cette lettre sera lue en chaire, le dimanche, par tous les prêtres et dans toutes les paroisses du royaume. Près de huit à neuf habitants sur dix se rendant à l’église le dimanche, dans la plupart des provinces, on peut considérer que l’ensemble du peuple français a été touché, directement ou par relation :
12 juin 1709
Messieurs, l’espérance d’une paix prochaine était si généralement répandue dans mon Royaume, que je crois devoir à la fidélité que mes peuples m’ont témoignée pendant le cours de mon règne, la consolation de les informer des raisons qui empêchent encore qu’ils ne jouissent du repos que j’avais dessein de leur procurer.
J’aurais accepté, pour le rétablir, des conditions bien opposées à la sûreté de mes Provinces frontières ; mais plus j’ai témoigné de facilité et d’envie de dissiper les ombrages que mes ennemis affectent de conserver de ma puissance et de mes desseins, plus ils ont multiplié leurs prétentions, en sorte qu’ajoutant par degrés de nouvelles demandes aux premières, et se servant ou du nom du Duc de Savoie, ou du prétexte de l’intérêt des Princes de l’Empire, ils m’ont également fait voir que leur intention était seulement d’accroître aux dépens de ma Couronne les Etats voisins de la France, et de s’ouvrir des voies faciles pour pénétrer dans l’intérieur de mon Royaume, toutes les fois qu’il conviendrait à leurs intérêts de commencer une nouvelle guerre. Celle que je soutiens, et que je voulais finir, ne ferait pas même cesser, quand j’aurais consenti aux propositions qu’ils m’ont faites : car ils fixaient à deux mois le temps où je devais de ma part, exécuter le Traité, et pendant cet intervalle ils prétendaient m’obliger à leur livrer les Places qu’ils me demandaient dans les Pays-Bas et dans l’Alsace, et à raser celles dont ils demandaient la démolition. Ils refusaient de prendre de leur côté d’autre engagement, que de faire cesser tous actes d’hostilités jusqu’au premier du mois d’Août, se réservant la liberté d’agir alors par la voie des armes, si le Roi d’Espagne, mon petit-fils, persistait dans la résolution de défendre la Couronne que Dieu lui a donnée, et de périr plutôt que d’abandonner des peuples fidèles qui depuis neuf ans le reconnaissaient pour leur Roi légitime. Une telle suspension, plus dangereuse que la guerre, éloignait la paix plutôt que d’en avancer la conclusion ; car il était non seulement nécessaire de continuer la même dépense pour l’entretien de mes armées, mais le terme de la suspension d’armes expiré, mes ennemis m’auraient attaqué avec les nouveaux avantages qu’ils auraient tiré des Places où je les aurais moi-même introduits, en même temps que j’aurais démoli celles qui servent de remparts à quelques-unes de mes Provinces frontières. Je passe sous silence les insinuations qu’ils m’ont faites, de joindre mes forces à celles de la Ligue, et de contraindre le Roi mon petit-fils à descendre du Trône, s’il ne consentait pas volontairement à vivre désormais sans Etats, et à se réduire à la simple condition d’un Particulier. Il est contre l’humanité de croire qu’ils aient seulement eu la pensée de m’engager à former avec eux une pareille alliance. Mais quoique ma tendresse pour mes peuples ne soit pas moins vive que celle que j’ai pour mes propres enfants, quoique je partage tous les maux que la guerre fait souffrir à des Sujets aussi fidèles, et que j’ai fait voir à toute l’Europe que je décidais sincèrement de les faire jouir de la paix, je suis persuadé qu’ils s’opposeraient eux-mêmes à la recevoir à des conditions également contraires à la justice et à l’honneur du Nom Français.
Mon intention est donc que tous ceux qui depuis tant d’années me donnent des marques de leur zèle, en contribuant de leurs peines, de leurs biens, et de leur sang, à soutenir une guerre aussi pesante, connaissent que le seul prix que mes ennemis prétendaient mettre aux offres que j’ai bien voulu leur faire était celui d’une suspension d’armes, dont le terme borné à l’espace de deux mois, leur procurait des avantages plus considérables qu’ils ne peuvent en espérer de la confiance qu’ils ont en leurs troupes. Comme je mets la mienne en protection de Dieu, et que j’espère que la pureté de mes intentions attirera la bénédiction sur mes armes, je veux que mes peuples, dans l’étendue de votre Gouvernement, sachent de vous qu’ils jouiraient de la paix, s’il eût dépendu seulement de ma volonté, de leur procurer un bien qu’ils défirent avec raison, mais qu’il faut acquérir par de nouveaux efforts, puisque les conditions immenses que j’aurais accordées, sont inutiles pour le rétablissement de la tranquillité publique.
J’écris aux archevêques et évêques de mon royaume d’exciter encore la ferveur des prières dans leurs diocèses; et je veux en même temps que mes peuples sachent qu’ils jouiraient de la paix, s’il eut dépendu seulement de ma volonté de leur procurer un bien qu’ils désirent avec raison, mais qu’il faut acquérir par de nouveaux efforts.
Procédé étonnamment moderne et novateur : 250 ans avant que la télé n’entre dans chaque foyer, Louis XIV n’a-t-il pas établi, ainsi, une sorte de record d’audience, difficile à battre, même pour les « audimats » d’aujourd’hui ?
1750 : Naissance d’Anne-Eléonore Franchi
Bien peu connue du grand public, son rôle – et celui de son mari – durant l’évasion de Varennes méritent qu’on lui donne la place qui lui revient.
Née en Toscane, d’un père costumier d’une troupe de comédiens ambulants, Eléonora épousa, à quinze ans, l’un des danseurs de la troupe, Martini. Devenue comédienne, son mari étant mort, elle devint la maîtresse du duc de Wurtemberg, puis de l’Empereur d’Autriche lui-même, Joseph II (le frère de Marie-Antoinette), jusqu’à ce que la mère de celui-ci lui ordonnât de disparaître. Elle quitta donc Vienne, et alla se fixer à Paris, où elle se maria, pour la deuxième fois, avec un certain Sullivan, frère d’un diplomate anglais. Parti avec elle aux Indes, pour faire fortune, Sullivan y fit fortune en effet, mais y mourut aussi : à nouveau seule, mais cette fois fort riche, elle revint à Paris, où elle tomba amoureuse d’un homme encore plus riche, l’Ecossais Quentin Crawfurd (éphéméride du 22 septembre).
Fervents royalistes tous les deux, Eléonora fut non seulement l’une des instigatrices de l’évasion de Varennes, mais c’est elle qui la finança, prenant tous les risques en commandant la berline du voyage et les faux passeports de la famille royale à son nom… Elle – et son époux – firent preuve en cette circonstance d’un courage peu commun..
Une fois la Terreur passé, Talleyrand, qui était leur ami, obtint leur radiation de la Liste des émigrés : toujours aussi riches, ils s’installèrent alors à l’Hôtel Matignon.
1793 : Cathelineau devient général en chef de la Grande armée catholique et royale
BREVET DE NOMINATION DE CATHELINEAU AU POSTE DE GENERAL EN CHEF DE L’ARMEE CATHOLIQUE ET ROYALE
Aujourd’hui 12 juin 1793, l’an 1er du règne de Louis XVII, nous soussignés, commandant les armées catholiques et royalistes, voulant établir un ordre stable et invariable dans notre armée, avons arrêté qu’il sera nommé un général en chef, de qui tout le monde prendrait l’ordre. D’après le scrutin, toutes les voix se sont portées sur M. Cathelineau qui a commencé la guerre, et à qui nous avons tous voulu donner des marques de notre estime et de notre reconnaissance. En conséquence, il a été arrêté que M. Cathelineau serait reconnu en qualité de général de l’armée, et que tout le monde prendrait l’ordre de lui.
Fait à Saumur en Conseil, au quartier général, le dit jour et an que dessus.
Signé :
Lescure, De Beauvollier (x2), de Bernard de Marigny, de Hargues, Stofflet, De Laugrenier, Delaville de Beaugé, De la Rochejaquelein, D’Elbée, Duhoux de Hauterive, De Boissy, Tonnelet, Des Essarts, De Bonchamps ».
Le Pin en Mauge : la statue du Généralissime s’élève fièrement sur la place du village.
De Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d’Histoire, page 809 :
« Il (Cathelineau) exerçait la profession de tisserand lorsque, en 1793, une révolte éclata à Saint Florent parmi les jeunes vendéens appelés à tirer au sort. Cathelineau, quoique exempt de service militaire en tant qu’homme marié, se mit à le tête des insurgés, battit les républicains (10 mars 1793), s’empara de Cholet, de Thouars, puis de Saumur, et devint (12 juin 1793) « commandant en chef de l’armée catholique et royale ».
Il ne craignit pas de s’attaquer à Nantes, mais fut repoussé et reçut, au cours des combats, une blessure dont il devait mourir. »
« Mais si, profitant de leurs étonnants succès, Charette et Cathelineau eussent réuni toutes leurs forces pour marcher sur la capitale… c’en était fait de la République, rien n’eût arrêté la marche triomphante des armées royales ; le drapeau blanc eût flotté sur les tours de Notre-Dame. » (Mémoires pour servir à l’histoire de France sous Napoléon, écrits à Sainte-Hélène, tome 6, 1825, Paris : Firmin Didot, pp. 221-222.)
1827 : Création de la première ligne de chemin de fer française
Longue de 23 kilomètres, entre Saint-Etienne et Andrézieux (Loire), la concession en avait été faite en 1823 – et à perpétuité – par une ordonnance de Louis XVIII à Messieurs Beaunier et de Gallois pour le transport de la houille.
Les passagers seront transportés dès 1832, sur la même ligne.
1867 : Naissance de Charles Fabry
Il est le co-découvreur – avec Alfred Perot – de la couche d’ozone.
De l‘Encyclopédia Universalis :
« Physicien français né à Marseille et mort à Paris, Charles Fabry entra à l’École polytechnique à dix-huit ans. Il s’orienta ensuite vers l’enseignement secondaire, puis, son doctorat obtenu, fut nommé à la faculté des sciences de Marseille en 1894. En 1921, il occupa une chaire de physique à la Sorbonne et en 1926 à l’École polytechnique. Il entra à l’Académie des sciences en 1924.
Dans l’œuvre scientifique de Fabry, qui comprend plus de trois cents titres, les travaux relatifs à l’optique l’emportent de loin en nombre et en importance. Il n’est guère de grandeur physique concernant le rayonnement visible et ultraviolet dont la mesure ne doive quelque perfectionnement à une méthode, à un dispositif ou à un appareil auquel est attaché le nom de Fabry. »
2015 : 500 ans après son introduction par François premier, le cépage royal « Romorantin » revient à Chambord
Le cépage Romorantin, François 1er l’avait fait planter à partir de ceps bourguignons. Le directeur du Domaine de Chambord (en 2015, Jean d’Haussonville), a décidé de replanter ce cépage à l’intérieur du domaine – sur 8 ha autour de la ferme de l’Ormetrou, proche du mur d’enceinte, et sur le haut d’un versant – et de vendre dès 2019 un prestigieux vin blanc “Château de Chambord“.
Ce retour est bien la sauvegarde d’un patrimoine historique, la sauvegarde du cépage Romorantin, unique survivant de vignes authentiques non greffées, et qui n’est pas un cépage ordinaire puisque, pour une raison qui échappe aux spécialistes, il a traversé les siècles sans être tué par le redoutable Phylloxéra qui décima les vignes françaises en 1870.
Cépage de vin blanc, le Romorantin est toujours présent en Sologne où il est le cépage unique de l’appellation Cour-Cherverny, mais les vignes que replante le domaine de Chambord sont des vignes historiques retrouvées dans une parcelle bicentenaire d’un viticulteur de Soings-en-Sologne, Henry Marionnet (ci dessous), qui explique :
« Ces vignes ont été plantées il y a 200 ans, à partir des sarments prélevés sur une des vignes plantées à la demande de François 1er; en quelques sortes, ces vignes sont les petites filles de celles de François 1er. Elles ont dans leurs gènes cette faculté de résister au Phylloxera, maladie de la vigne qui sévit toujours. Ce sont ces vignes qui produisent sur mon domaine de la Charmoise notre cuvée Provignage, sans ajout de soufre, le même vin que François 1er buvait. »
Henry Marionnet (ci dessus) rappelle que la région de l’Orléanais – entre Tours et Orléans – était au temps de François 1er la première région productrice de vins fins consommés dans les cours royales avec le cépage Auvernat (pinot noir). En 1519, pour diversifier la production, François 1er a fait venir 80.000 plants de Bourgogne qui furent plantés près du domicile familial à Romorantin qui donna ainsi son nom au cépage, puis replantés ensuite autour de Chambord, domaine royal.
Ces vignes d’une durée de vie d’environ 150 ans, ont donné ensuite d’autres plants qui vécurent 150 ans puis furent transmis à la vigne d’Henry Marionnet vieille de 200 ans : c’est donc la troisième génération de ce Romorantin planté par François 1er il y a 500 ans !
« Tant pour l’achapt de la quantité de quatre vingt milliers de complans de Beaune par luy achapté par ordonnance… conduict lesdits complants depuis ladite ville de Beaune … jusques en la ville de Romorantin… Iceluy complan ledit seigneur a ordonné estre planté ».(Extrait d’un courrier de 1518 des Archives Nationales relatant l’implantation de cépage Romorantin en Sologne).
D’autre part, d’anciens plans de Chambord attestent qu’en 1786, six hectares des terres de la ferme de l’Ormetrou sur le domaine étaient plantés de vignes. En 2015, la moitié des pieds plantés, soit trois hectares, sont issus d’une sélection massale sur des plants pré-phylloxériques certifiés d’avant 1840. Ce sont des plants dits « francs de pied », n’ayant subi aucun greffage ni aucune transformation génétique. « Il y a 15 ans, nous avons récupéré 36 ares de cette vigne sur Soings-en-Sologne », explique alors Jean-Sébastien Marionnet. Si bien que cette variété est aujourd’hui considérée comme la descendante la plus directe des « complans de Beaune » acheminés par François 1er en 1519. « A Chambord, nous les plantons sur une terre très sableuse (ci dessous), légèrement argileuse… cela donnera un vin élégant et racé »
Sur Chambord en général, son Domaine et son Parc, voir notre évocation du 29 septembre :
Quand François 1er a lancé le chantier de Chambord
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« il faudrait […] rétablir dans le royaume la religion prétendument réformée… »
Ah ! Si seulement il l’avait fait ! Mais peut-être était-il déjà trop tard.